Paroles du poème
que nous ne disons jamais
Le poème nous dit
***
Palabras del poema
no las decimos nunca
El poema nos dice
(Octavio Paz)
Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024
Paroles du poème
que nous ne disons jamais
Le poème nous dit
***
Palabras del poema
no las decimos nunca
El poema nos dice
(Octavio Paz)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Octavio Paz), dire, jamais, parole, poème | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024
Chanson persane
Celle qui tiens mon cœur m’a dit languissamment :
« Pourquoi donc es-tu triste et pâle, ô mon Charmant ? »
M’a dit languissamment celle qui tient mon cœur.
Celle qui tient mon cœur m’a dit moqueusement :
« Quel miel d’amour a donc englué mon Charmant ? »
M’a dit moqueusement celle qui tient mon cœur.
Moi, j’ai pris un miroir et j’ai dit à la Belle :
« Regarde en ce miroir, regarde, ô ma cruelle ! »
Et j’ai dit à la Belle, en brisant le miroir :
« Comme une perle d’ambre attire un brin de paille,
La langueur de ton teint m’appelle, je défaille,
Je suis le brin de paille et toi la perle d’ambre. »
« Apportez-moi des fleurs fleurantes et des cinnames
Pour ranimer le cœur de mon Roi qui se pâme,
Des cinnames pour son âme et des fleurs pour son son cœur ! »
(Rémy de Gourmont)
Posted in poésie | Tagué: (Rémy de Gourmont), ambre, amour, appeler, attirer, âme, brin, briser, chanson, charmant, cinname, coeur, cruel, défaillir, dire, engluer, fleur, langueur, languir, miel, miroir, moqueur, paille, pâle, perle, persan, prendre, regarder, roi, se pâmer, teint, tenir, triste | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 Mai 2024
Illustration: Georges Antoine Rochegrosse
RONDEAU
Il n’est plaisir, divertissements, ni joie
Qui vienne au coeur, si ce n’est par aimer ;
Je veux le dire, partout où que je sois :
Il n’est plaisir, divertissements, ni joie ;
Les ignorant, je voudrais volontiers
Être amoureux, pour honorer cet état.
Il n’est plaisir, divertissements, ni joie
Qui vienne au coeur, si ce n’est par aimer.
(Jean Froissart)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Froissart), aimer, amoureux, état, coeur, dire, divertissement, honorer, ignorer, joie, partout, plaisir, rondeau, venir, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 Mai 2024
SEIGNEUR, DITES-MOI FRANCHEMENT
Seigneur, dites-moi franchement
ce qui vous plairait davantage :
que votre amie
vous ait invité
à passer la nuit
allongé à ses côtés, nu à nu,
mais sans que vous la regardiez,
ou que, de jour, elle vous embrasse et vous sourie
dans un beau pré,
sans toutefois vous accorder
de plus grandes faveurs ?
Guillaume, c’est une bien grande folie
que propose votre chanson :
le berger d’une abbaye
n’aurait pas mieux parlé !
Quand j’aurai, étendue à mes côtés,
mon coeur, ma dame, mon amie,
celle que j’ai toute ma vie
désirée,
je vous abandonnerai volontiers le badinage
et les menus propos du pré.
(… )
Seigneur, je ne voudrais pour rien au monde
qu’on m’eût mené jusque là. Si je pouvais contempler
le visage de celle que j’aimerais,
à qui j’appartiendrais,
l’embrasser pour ma plus grande joie
et la serrer dans mes bras
à ma guise,
sachez-le, si je ne choisissais pas ce parti,
je ne serais pas un vrai amant.
Guillaume, par Dieu,
vous avez choisi un parti bien peu sage :
si je la tenais nue entre mes bras,
je ne donnerais pas le Paradis en échange,
et contempler son visage
ne me suffirait pas
si je n’obtenais rien d’autre.
J’ai pris le meilleur parti :
quand vous vous séparerez, si elle vous suit du regard,
vous n’emporterez qu’un sourire menteur.
Seigneur, Amour est mon maître,
je suis à lui, où que je sois,
et je m’en remettrai à la décision de Gilles
pour savoir qui a pris le bon chemin
et qui a pris le mauvais.
Guillaume, vous connaîtrez toujours
folie et inquiétude :
qui fait ainsi sa cour
est bien misérable !
Je veux bien en croire Gilles,
mais je m’en remets à Jean.
(Guillaume Le Vinier)
Posted in poésie | Tagué: (Guillaume Le Vinier), abandonner, abbaye, accorder, aimer, allongé, amant, ami, amie, amour, appartenir, échange, badinage, beau, berger, bon, bras, côte, chanson, chemin, choisir, coeur, connaître, contempler, cour, croire, dame, davantage, décision, désirer, dire, embrasser, emporter, faveur, folie, franchement, inquiétude, inviter, joie, maître, mauvais, mener, menteur, misérable, nu, nuit, paradis, parler, parti, passer, plaire, pré, proposer, regard, regarder, s'en remettre, sage, savoir, séparer, seigneur, serrer, sourire, suffire, suivre, toujours, vie, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024
J’ai fait en arrivant dans l’île connaissance
Avec un frais vallon plein d’ombre et d’innocence,
Qui, comme moi, se plaît au bord des flots profonds.
Au même rayon d’or tous deux nous nous chauffons ;
J’ai tout de suite avec cette humble solitude
Pris une familière et charmante habitude.
Là deux arbres, un frêne, un orme à l’air vivant,
Se querellent et font des gestes dans le vent
Comme deux avocats qui parlent pour et contre ;
J’y vais causer un peu tous les jours, j’y rencontre
Mon ami le lézard, mon ami le moineau ;
Le roc m’offre sa chaise et la source son eau ;
J’entends, quand je suis seul avec cette nature,
Mon âme qui lui dit tout bas son aventure ;
Ces champs sont bonnes gens, et j’aime, en vérité,
Leur douceur, et je crois qu’ils aiment ma fierté.
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), aimer, ami, arbre, arriver, aventure, avocat, âme, île, bon, bord, causer, chaise, champ, charmant, connaissance, contre, croire, dire, douceur, eau, entendre, entrée, exil, familier, fierté, flot, frais, frêne, gens, geste, habitude, humble, innocence, léeard, moineau, nature, offrir, ombre, or, orme, parler, pour, prendre, profond, rayon, rencontrer, roc, se chauffer, se plaire, se quereller, seul, solitude, source, tout bas, vallon, vérité, vent, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2024
Illustration: Edvard Munch
Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage
Quien no ama, no vive.
Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage,
Si jamais vous n’avez épié le passage,
Le soir, d’un pas léger, d’un pas mélodieux,
D’un voile blanc qui glisse et fuit dans les ténèbres,
Et, comme un météore au sein des nuits funèbres,
Vous laisse dans le coeur un sillon radieux ;
Si vous ne connaissez que pour l’entendre dire
Au poète amoureux qui chante et qui soupire,
Ce suprême bonheur qui fait nos jours dorés,
De posséder un coeur sans réserve et sans voiles,
De n’avoir pour flambeaux, de n’avoir pour étoiles,
De n’avoir pour soleils que deux yeux adorés ;
Si vous n’avez jamais attendu, morne et sombre,
Sous les vitres d’un bal qui rayonne dans l’ombre,
L’heure où pour le départ les portes s’ouvriront,
Pour voir votre beauté, comme un éclair qui brille,
Rose avec des yeux bleus et toute jeune fille,
Passer dans la lumière avec des fleurs au front ;
Si vous n’avez jamais senti la frénésie
De voir la main qu’on veut par d’autres mains choisie,
De voir le coeur aimé battre sur d’autres coeurs ;
Si vous n’avez jamais vu d’un oeil de colère
La valse impure, au vol lascif et circulaire,
Effeuiller en courant les femmes et les fleurs ;
Si jamais vous n’avez descendu les collines,
Le coeur tout débordant d’émotions divines ;
Si jamais vous n’avez le soir, sous les tilleuls,
Tandis qu’au ciel luisaient des étoiles sans nombre,
Aspiré, couple heureux, la volupté de l’ombre,
Cachés, et vous parlant tout bas, quoique tout seuls ;
Si jamais une main n’a fait trembler la vôtre ;
Si jamais ce seul mot qu’on dit l’un après l’autre,
JE T’AIME ! n’a rempli votre âme tout un jour ;
Si jamais vous n’avez pris en pitié les trônes
En songeant qu’on cherchait les sceptres, les couronnes,
Et la gloire, et l’empire, et qu’on avait l’amour !
La nuit, quand la veilleuse agonise dans l’urne,
Quand Paris, enfoui sous la brume nocturne
Avec la tour saxonne et l’église des Goths,
Laisse sans les compter passer les heures noires
Qui, douze fois, semant les rêves illusoires,
S’envolent des clochers par groupes inégaux ;
Si jamais vous n’avez, à l’heure où tout sommeille,
Tandis qu’elle dormait, oublieuse et vermeille,
Pleuré comme un enfant à force de souffrir,
Crié cent fois son nom du soir jusqu’à l’aurore,
Et cru qu’elle viendrait en l’appelant encore,
Et maudit votre mère, et désiré mourir ;
Si jamais vous n’avez senti que d’une femme
Le regard dans votre âme allumait une autre âme,
Que vous étiez charmé, qu’un ciel s’était ouvert,
Et que pour cette enfant, qui de vos pleurs se joue,
Il vous serait bien doux d’expirer sur la roue ; …
Vous n’avez point aimé, vous n’avez point souffert !
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), adorer, agoniser, aimer, allumer, amour, amoureux, appeler, aspirer, attendre, aurore, automne, âme, éclair, église, émotion, épier, étoile, bas, battre, beauté, bleu, bonheur, briller, brume, cacher, chanter, charmer, chercher, choisir, ciel, circulaire, clocher, coeur, colère, colline, compter, connaître, couple, courir, couronné, crier, croire, déborder, départ, désirer, descendre, dire, divin, doré, dormir, doux, effeuiller, empire, enfant, enfouir, entendre, expirer, femme, flambeau, fleur, frénésie, front, fuir, funèbre, glisser, gloire, groupe, heure, heureux, illusoire, impur, inégal, jamais, jeune, jeune fille, jour, laisser, lascif, léger, luire, lumière, main, maudire, mère, météore, morne, mourir, noir, nuit, oeil, ombre, oublieux, ouvert, parler, pas, passage, passer, pitié, pleurer, poète, porte, posséder, radieux, ragard, réserve, rêve, remplir, riche, rose, roue, s'envoler, s'ouvrir, sage, sceptre, se jouer, sein, semer, sentir, seul, sillon, soir, soleil, sombre, songer, souffrir, soupirer, suprême, ténèbres, tilleul, tour, trône, trembler, urne, valse, veilleuse, venir, vermeil, vieux, voile, voir, vol, volupté, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2024
Lorsque l’enfant paraît
Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux.
Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d’un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l’enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l’appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.
Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l’âme
Qui s’élève en priant ;
L’enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poètes saints ! la grave causerie
S’arrête en souriant.
La nuit, quand l’homme dort, quand l’esprit rêve, à l’heure
Où l’on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L’onde entre les roseaux,
Si l’aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d’oiseaux.
Enfant, vous êtes l’aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez ;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S’emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !
Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies,
N’ont point mal fait encor ;
Jamais vos jeunes pas n’ont touché notre fange,
Tête sacrée ! enfant aux cheveux blonds ! bel ange
À l’auréole d’or !
Vous êtes parmi nous la colombe de l’arche.
Vos pieds tendres et purs n’ont point l’âge où l’on marche.
Vos ailes sont d’azur.
Sans le comprendre encor vous regardez le monde.
Double virginité ! corps où rien n’est immonde,
Âme où rien n’est impur !
Il est si beau, l’enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !
Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j’aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l’été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), abeille, adieu, aile, aimer, ami, ange, apaiser, appeler, applaudir, arche, arriver, aube, auréole, azur, âge, âme, éclairer, été, étonner, éveiller, baiser, bénir, beau, blond, bouche, briller, cage, causerie, cercle, chaise, chambre, champ, cheveux, clarté, cloche, colombe, comprendre, corps, cri, Dieu, dire, doré, dormir, douceur, doux, embaumer, enfant, ennemi, errer, esprit, faire, famille, fanfare, fange, Fô, feu, flamme, fleur, forêt, frère, front, grave, haleine, immonde, impur, infini, innocent, jamais, joie, joyeux, là-bas, luire, main, maison, mal, marcher, mère, monde, murmuré, nuit, oiseau, onde, or, paraître, parent, parler, patrie, petit, phare, pied, plaine, pleur, pleurer, poète, préserver, prier, pur, ramure, ravi, rayon, rêver, regard, regarder, remuer, respirer, rien, rire, roseau, ruche, s'arrêter, s'élever, s'emplir, sacré, saint, se dérider, se récrier, se toucher, seuil, sombre, souillé, sourire, suave, tête, tendre, toucher, trembler, triomphant, triste, vaciller, venir, verdir, vermeil, vie, virginité, voir, voix, vue, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2024
Ghérasim Luca
LES CRIS VAINS
personne à qui pouvoir dire
que nous n’avons rien à dire
et que le rien que nous nous disons
continuellement
nous nous le disons
comme si nous ne nous disions rien
comme si personne ne nous disait
même pas nous
que nous n’avons rien à dire
personne
qui pouvoir le dire
même pas à nous
Personne à qui pouvoir dire
que nous n’avons rien à faire
et que nous ne faisons rien d’autre
continuellement
ce qui est une façon de dire
que nous ne faisons rien
une façon de ne rien faire
et de dire ce que nous faisons
Personne à qui pouvoir
dire que nous ne faisons rien
que nous ne faisons
que ce que nous disons
c’est-à-dire rien
(Ghérasim Luca)
Posted in poésie | Tagué: (Gherasim Luca), autre, continuel, cri, dire, faire, personne, pouvoir, rien, vain | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024
THE CATS WILL KNOW
La pluie tombera encore
sur tes doux pavés,
une pluie légère
comme un souffle ou un pas.
La brise et l’aube légères
fleuriront encore
comme sous ton pas,
quand tu rentreras.
Entre fleurs et balcons
les chats le sauront.
Il y aura d’autres jours,
il y aura d’autres voix.
Tu souriras toute seule.
Les chats le sauront.
Et tu entendras des mots très anciens,
des mots las et vains
comme les vieux habits
des fêtes d’hier.
Toi aussi,
tu auras des gestes.
Tu diras des mots
— visage de printemps,
(Cesare Pavese)
Posted in poésie | Tagué: (Cesare Pavese), ancien, aube, balcon, brise, chat, dire, doux, encore, entendre, fête, fleur, fleurir, geste, habit, hier, jour, las, léger, mot, pas, pavé, pluie, printemps, rentrer, savoir, seul, souffle, sourire, tomber, vain, vieux, visage, voix | Leave a Comment »