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Poésie

Posts Tagged ‘familier’

Le don du poème (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 21 mars 2023



Le don du poème est à la fois
insolite et familier.
On aborde des terres inconnues
dont on pressentait
l’air et le sel.

(Andrée Chedid)

Illustration: François Malespine 

 

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C’est facile, d’écosser les petits pois (Philippe Delerm)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2023




    
C’est facile, d’écosser les petits pois.
Une pression du pouce sur la fente de la gousse
et elle s’ouvre, docile, offerte.
Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes
– une incision de l’ongle de l’index
permet alors de déchirer le vert,
et de sentir la mouillure et la chair dense,
juste sous la peau faussement parcheminée.

Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt.
La dernière est si minuscule.
Parfois, on a envie de la croquer.
Ce n’est pas bon, un peu amer,
mais frais comme la cuisine de onze heures,
cuisine de l’eau froide, des légumes épluchés
– tout près, contre l’évier,
quelques carottes nues brillent sur un torchon,
finissent de sécher.

Alors on parle à petits coups,
et là aussi la musique des mots
semble venir de l’intérieur, paisible, familière.
On parle de travail, de projets, de fatigue
– pas de psychologie.

L’écossage des petits pois n’est pas conçu pour expliquer,
mais pour suivre le cours, à léger contretemps.
Il y en aurait pour cinq minutes, mais c’est bien de prolonger,
d’alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées.

On passe les mains dans les boules écossées
qui remplissent le saladier.
C’est doux ; toutes ces rondeurs contiguës
font comme une eau vert tendre,
et l’on s’étonne de ne pas avoir les mains mouillées.
Un long silence de bien-être clair

[…]

(Philippe Delerm)

Recueil: La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules
Traduction:
Editions: L’Arpenteur

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L’AUBERGE DES ERRANTS (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023




    
L’AUBERGE DES ERRANTS

Comme il est étrange et saisissant
Que chaque nuit, sans cesse,
Coule la fontaine discrète
Dans l’ombre fraîche des érables,

Et encore et toujours, tel un parfum,
S’étale le clair de lune sur les toits,
Et par les airs, frais et sombres,
Vole l’essaim léger des nuages.

Tout cela existe, est bien réel,
Mais nous, errants, reposons une nuit,
Puis repartons par les champs,
Et nul ne pense plus à nous.

Bien plus tard, des années après peut-être,
Un rêve en nous évoque la fontaine,
La porte et le toit, et comme tout était là,
Et comme maintenant et longtemps encore tout sera là.

C’est en nous un petit jardin familier,
Et pourtant il n’y eut qu’une halte brève,
Un toit étranger pour l’hôte inconnu,
Il ignore la ville et le nom.

Comme il est étrange et saisissant
Que chaque nuit, sans cesse,
Coule la fontaine discrète
Dans l’ombre fraîche des érables…

(Hermann Hesse)

 

Recueil: L’Allemagne en Poésie
Traduction: Rémi Laureillard
Editions: Folio Junior

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SUR L’AIR DE LAVER LE SABLE DU TORRENT (Yàn Shu)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR L’AIR DE LAVER LE SABLE DU TORRENT

Une chanson, nouvelle mélodie, d’alcool une pleine coupe,
L’an dernier passa un souffle céleste sur la terrasse de l’ancien pavillon.
Le soleil du soir descend à l’occident, quand s’en reviendra-t-il ?
Qu’y peut-on faire ? Les fleurs sont tombées, parties,
Comme les hirondelles déjà familières sont de retour au nid ;
Au petit jardin par la sente parfumée seul je chemine.

***

(Yàn Shu) (991-1055)

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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J’ai l’âme lourde encore d’amour inexprimé (Edmond Rostand)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022




J’ai l’âme lourde encore d’amour inexprimé,
Et je meurs ! Jamais plus, jamais mes yeux grisés,
Mes regards dont c’était les frémissantes fêtes,
Ne baiseront au vol les gestes que vous faites;
J’en revois un petit qui vous est familier
Pour toucher votre front, et je voudrais crier…

(Edmond Rostand)

Illustration: Louis Janmot

 

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C’est seulement dans l’extrême de l’ici et maintenant (Belinda Cannone)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2022



Illustration: Belinda Cannone
    
C’est seulement dans l’extrême de l’ici et maintenant
que monte le sentiment de la beauté du monde et du privilège d’y vivre.

J’ai nommé ailleurs sur-présence
cette façon que nous avons parfois d’être entièrement présent au moment vécu.

Mais la notion de sur-présence s’applique aussi aux objets de notre attention,
parfois banals ou familiers et acquérant soudain sous notre regard devenu voyant
une lumière extraordinaire qui les met en gloire
— ou plutôt qui révèle leur beauté secrète, cachée aux regardeurs pressés.

(Belinda Cannone)

 

Recueil: Un chêne
Traduction:
Editions: Le vistemboir

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Compagnon familier (Pierre Reboul)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    

compagnon familier
mon bol ébréché
sous mes lèvres

(Pierre Reboul)

Recueil: Un désir de haïku
Traduction:
Editions: Le Prunier Sully

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Arabesques (Béatrice Bastiani-Helbig)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2022



    
Arabesques

« Arabesques » : depuis toujours ce mot me plaît.
En peinture, sculpture, musique ou ballet,
Il évoque pour moi de gracieux mouvements
Et il me parle à l’oreille si doucement.

Selon que je me trouve au bord d’un lac en Chine
Ou bien au bord de la mer Méditerranée,
Moi, sur des cucurbitacées je les dessine
Ou sur des galets, et ce depuis des années.

Je laisse aller ma main, mon esprit rêvasser.
Dans un beau voyage intérieur à chaque fois
Il m’emmène très loin, au plus profond de moi,
Enfin pacifiée, unifiée, réconciliée.

Il arrive que certains viennent bavarder.
Mes dessins leur rappellent des contrées lointaines.
Mes amis pékinois m’ont souvent demandé
Si j’avais séjourné en terre tibétaine.

« Arabesque » : exotique et pourtant familier…
Car ce mot me ramène au temps de mon enfance.
Papa passait du Chopin et me disait : « Danse ! »
Et moi, bien sûr, je ne me faisais pas prier.

D’arabesques en sauts de biche, je rêvais
D’entrer à l’Opéra, d’y consacrer ma vie.
J’étais faite pour danser, et ne concevais
Aucun autre avenir, n’avais pas d’autre envie.

Le destin fut tout autre mais je danse encore.
J’aime la poésie, les beaux-arts, la musique
Et les langues, et le théâtre. Oui, je dévore
La vie, que, bien souvent, je trouve magnifique.

(Béatrice Bastiani-Helbig)

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La voix (Henri-Frédéric Blanc)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2022


La-Voix-de-Son-Maitre

Quelle est cette voix qui m’appelle
du fond du sommeil?
Comme elle prononce étrangement mon nom,
comme elle m’est familière!

(Henri-Frédéric Blanc)

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J’ai souvent fait et refait un rêve (Jean-François Manier)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022



 

 

J’ai souvent fait et refait un rêve
qui raconte toujours plus ou moins la même chose :
je me retrouve dans une maison très familière,
la mienne ou peut-être une maison de vacances, ou d’amis proches,
quand soudain sans raison apparente,
je comprends avec un immense bonheur
qu’une partie de cette habitation m’était demeurée cachée.
Que j’avais ainsi vécu longtemps, des années peut-être,
à côté d’une chambre close, sans le savoir,
jusqu’à ce moment précis où je vais pousser la porte.
Le rêve s’arrête là,
à cette joie qui me laisse ému, tremblant, au seuil de l’inconnu.

J’ai eu envie d’écrire un long poème
qui serait comme une invitation à entrer dans l’espace réel et mystérieux
qui commence derrière cette porte.

(Jean-François Manier)

 

 

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