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Poésie

Posts Tagged ‘tranquille’

Matin tranquille (Sumitaku Kenshin)

Posted by arbrealettres sur 8 avril 2024



Matin tranquille
On n’a fait que
Prendre mon pouls.

(Sumitaku Kenshin)

 

 

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Les peupliers d’argent (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024


Les peupliers d’argent
Qui s’inclinent sur l’eau
Savent tout, mais ne parleront jamais.
Le lys de la fontaine
Tait sa tristesse.
Tout est plus digne que l’humanité!

Face au ciel étoilé, la science du silence
Appartient à la fleur tout autant qu’à l’insecte.
La science du chant pour le chant
Habite les bois murmurants
Et les flots de la mer.
Le silence profond de la terre qui vit,
C’est la rose qui nous l’enseigne
Au rosier épanouie.

Il faut répandre le parfum
Que nos âmes enclosent!
Il faut être musique,
Tout lumière et bonté.
Il faut s’ouvrir entier
A l’obscur de la nuit
Pour nous emplir d’immortelle rosée!

Il faut coucher le corps
Dans notre âme inquiète!
Aveugler nos regards du jour de l’au-delà.
Nous devons nous pencher
Sur l’ombre de nos coeurs
Et jeter à Satan l’astre qu’il nous tendit.

Il faut imiter l’arbre
Constamment en prière
Et l’eau de la rivière
Fixe en l’éternité!

Il faut blesser son âme aux griffes des douleurs
Pour qu’y entrent les flammes
De l’horizon astral!

Alors dans l’ombre de l’amour défait
Jaillirait une aurore
Tranquille et maternelle.
Des cités dans le vent disparaîtraient
Et sur un nuage Dieu même
Viendrait nous visiter.

(Federico Garcia Lorca)

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Que cherches-tu (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 30 mars 2024



Illustration: Silvia Leveroni Calvi
    
Que cherches-tu
Tu avances erres te traînes renonces repars rebrousses chemin tournes en rond
Ton oeil empli par la nuit tu cherches le lieu
Le lieu où tu serais rassasié
Où se déploierait la réponse
Où bouillonnerait la source
Tu ne sais que marcher
La nuit et la peur te harcèlent
Et aussi la soif
Mais à chaque pas la hantise de faire fausse route
D’accroître encore la distance
Tu cherches le lieu
Le lieu et le nom
Le nom qui saurait tout dire de ce en quoi consiste l’aventure

Tu ne sais où tu vas ni ce que tu es ni même ce que tu désires mais tu ne peux t’arrêter
Et tu progresses
À moins que tu ne t’éloignes
Sans fin tu erres te traînes rampes tournes en rond
Et tu renonces
Et tu repars
Jusqu’à n’être plus qu’épuisement

Survient l’instant où tu dois faire halte
Faire ton deuil du lieu et du nom
Et à l’invitation de la voix définitivement tu renonces t’avoues vaincu
Alors que tu découvres que tu auras chance de trouver ce que tu cherches
si précisément tu ne t’obstines pas à le chercher

Tu repars
Des forces nouvelles te sont venues
Ton oeil qui s’écarquille n’est plus dévoré par la soif
Tu ne sais où tu vas mais tu connais ce que tu es

Tu avances d’un pas tranquille désormais convaincu que le lieu se porte à ta rencontre
Le lieu où mûrir l’hymne la strophe le nom
Où jouir enfin de ce qui s’est jusque-là dérobé

(Charles Juliet)

Recueil: Pour plus de lumière Anthologie personnelle 1990-2012
Editions: Gallimard

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LE BERGER (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2024



Illustration: William Blake
    
LE BERGER

Le sort du berger est le sort le plus doux.
Du matin au soir, doucement, il s’en va
Et tout le long du jour il va suivre ses moutons
Et sa bouche est pleine de louanges,

Car il entend le faible appel de l’agneau
Et la tendre réponse des brebis.
Il veille sur son troupeau qui repose,
Tranquille, parce qu’il est là, le berger.

***

The Shepherd

How sweet is the Shepherd’s sweet lot,
From the morn to the evening he strays:
He shall follow his sheep all the day
And his tongue shall be filled with praise.

For he hears the lambs innocent call,
And he hears the ewes tender reply,
He is watchful while they are in peace,
For they know when their Shepherd is nigh.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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SPÉCIALISTE (Georges L. Godeau)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2024



feu t [800x600]

SPÉCIALISTE

Les feux verts que tu manipules sur le trottoir sont plus lourds que toi.
Pourtant, tu les hisses à l’épaule et tranquille
tu les mets en place, tu les visses, tu les synchronises.
J’ai envie de rester jusqu’au bout pour comprendre.
Moins la mécanique des feux que la tienne.
Car tu vins en ville à trente ans sans l’idée d’un métier.
Quelle marche dans l’ombre as-tu faite pour ce droit de dresser au soleil
et tout seul un carré de machines qui fonctionnent au micron ?

(Georges L. Godeau)

 

 

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Leçon de poésie niveau IV (Marc Guimo)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2024




    
Leçon de poésie niveau IV

Laisse les étoiles tranquilles
leur cadastre est déjà impeccable

Laisse le coeur dans la poitrine
tu n’es pas médecin

Laisse la nuit aux veilleurs
et la nature aux espèces disparues

Laisse ton être et ton âme
picoler dans un coin

Laisse la vie devenir capitaliste
et la mort communiste

Laisse l’éternité faire du stop
et se planter de route

Laisse les fleurs se vendre
et adoucir les couples

Laisse tes morceaux
mijoter une heure ou dix ans

Ça va aller
n’écris pas tout de suite

Tu es trop propre
tu n’es pas prêt

Ce n’est pas toi que tu cherches
on s’en fout de toi

Tu peux calculer tous les jours
le diamètre de ta sphère

Le petit vieux marrant du rez-de-chaussée
est plus important

Le jour des encombrants
est plus important

Des sachets plastique s’accrochent aux arbres
drapeaux blancs de ta banlieue

Si tu veux des signes va les chercher
négocie chaque chose que tu vois

Ne te laisse pas faire
Ne te laisse pas faire

(Marc Guimo)

Recueil: La poésie, personne n’en lit
Editions: la Boucherie littéraire

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Je suis né poumon (Ludovic Janvier)

Posted by arbrealettres sur 4 mars 2024




    
Je suis né poumon comme tout le monde
la grâce attendue tardait à venir
jusqu’au jour où pour mieux m’entendre
j’ai marché mot à mot sur des pages au hasard
voilà que d’un seul coup ça respirait tranquille
j’avais trouvé je continue j’inspire
j’expire calmement sous le vent des paroles

(Ludovic Janvier)

Recueil: La mer à boire
Editions: Gallimard

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J’AI ACCEPTÉ DE NE PAS SAVOIR (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2024




    
J’AI ACCEPTÉ DE NE PAS SAVOIR

Je quitte le monde des mystères
tranquillement.
Jamais de ma vie je n’ai fait de mal à une énigme :
je n’en ai résolu aucune.
Même pas celles qui voulaient mourir
aux côtés de mon enfance :
j’ai dans mon petit tonneau deux petits vins différents.
Je l’ai gardée jusqu’à présent
intacte inexpliquée,
car jusqu’à présent
deux petits vins différents, c’est ce que contient
tout ce qui m’arrive, soluble ou insoluble.
J’ai cohabité rudement
avec un grand moine qui n’a pas d’os
sans jamais lui demander
de quel feu il est le fils,
vers quel dieu il monte et me quitte.

Je n’ai pas réduit le nombre
des êtres masqués du monde,
j’ai nourri le mystère du monde
par sacrifices et privations.
Avec le sang qui m’a été donné
pour l’expliquer.

Ce qui est venu les yeux bandés
avec des intentions cachées
je m’en suis séparée
tel que je l’avais reçu :
Énigme empruntée,
énigme rendue.
J’ai accepté de ne pas savoir
comment se résout un hier,
un ça dépend,
l’énigme des asymptotes.
J’ai accepté de ne pas savoir ce que je touche,
un visage ou un je suis pressé.

Toi je ne t’ai pas non plus tiré dans la lumière
pour mieux te voir.
Je suis restée Pénélope
dans ton incurie obscure.
Et si une fois j’ai demandé comment te résoudre,
et si tu es source ou fontaine,
ce devait être un jour d’été
où, Pénélopes ou non,
s’empare de nous ce démon de l’eau
pour que grâces soient rendues à l’énigme
de ce que nous gardons notre soif.
Je quitte le monde des mystères
tranquillement.
Sans péché :
avec ma soif.

Vers l’énigme de la mort
je m’en vais bravement.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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Dialogue entre moi et moi (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2024




    
Dialogue entre moi et moi

Je t’ai dit:
– J’ai fléchi
Et tu as dit:
– Ne t’en fais pas.
Déçois-toi tranquillement.
Accepte sereinement
la pendule arrêtée.
Désespère-toi raisonnablement
de ce qu’elle soit pourtant remontée
de ce que ton temps à toi fonctionne ainsi.
Et si soudain
l’un des aiguilles vient à bouger,
ne te risque pas à te réjouir.
Ce mouvement ne sera pas du temps.
Mais de certains esprits le faux témoignage.
Descends sérieusement,
détrône-toi sobrement
passant par tes mille fenêtres.
Pour un peut-être tu les as ouvertes.
Et puis oublie-toi joyeusement.
Ce que tu avais à dire,
sur l’automne, les chants du cygne,
les souvenirs, canaux des amours,
les heures qui s’entretuent,
la fiabilité des statues,
ce que tu avais à dire
sur ceux qui peu à peu fléchissent,
tu l’as dit.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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PASSÉE (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2024



Illustration: ArbreaPhotos
    
PASSÉE

Je marche et la nuit tombe.
Je décide et la nuit tombe.
Non, je n’ai pas de chagrin.

J’ai été curieuse et studieuse.
Je sais un peu de tout. Rien qu’un peu.
Le nom des fleurs quand elles se fanent,
et quand les mots verdissent et quand nous avons froid.
La serrure des sentiments si simple à ouvrir
avec la moindre clé d’oubli.
Non, je n’ai pas de chagrin.

Passée par des journées de pluie
je me suis tendue derrière
ces barbelés liquides
patiente, inaperçue,
comme la douleur des arbres
quand l’ultime feuille les quitte
et comme la peur des courageux.
Non, je n’ai pas de chagrin.

Passée par des jardins, m’arrêtant aux fontaines
j’ai vu plein de petites statues sourire
à d’invisibles causes de joie.
Et des petits Amours vantards.
Leurs arcs bandés sont apparus
demi-lunes dans mes nuits mes rêveries.
J’ai fait bien des beaux rêves
et me suis vue oubliée.
Non, je n’ai pas de chagrin.

J’ai beaucoup marché parmi les sentiments,
les miens et ceux des autres,
et il restait toujours de la place entre eux
pour le passage du temps si large.
Passée par des bureaux de poste j’y suis repassée.
J’ai écrit, réécrit des lettres
et inlassable j’ai prié le dieu des réponses.
J’ai reçu des cartes brèves :
cordial adieu de Patras
et les salutations de la vieille Tour de Pise.
Non, je n’ai pas de chagrin de voir le jour vieillir.

J’ai beaucoup parlé. Aux gens,
aux lampadaires, aux photos.
Beaucoup aux chaînes aussi.
J’ai appris à lire les mains
et à perdre les mains.
Non, je n’ai pas de chagrin.

J’ai même voyagé.
Je suis allée par-ci, allée par-là …
Partout le monde prêt à vieillir.
J’ai perdu par-ci, perdu par-là.
Perdu à cause de mon attention
et de mon inattention.
Je suis allée aussi à la mer.
On me devait une étendue. Disons que je l’ai eue.
J’ai craint la solitude
j’ai imaginé des gens.
Je les ai vus tomber
de la main d’une poussière tranquille,
qui traversait un rayon de soleil
et d’autres du son d’une cloche minuscule.
J’ai retenti dans des carillons
de désert orthodoxe.
Non, je n’ai pas de chagrin.

J’ai même pris feu et me suis consumée.
J’ai même eu droit à l’expérience des lunes.
Leur disparition au-dessus des mers et des yeux,
obscure, m’a aiguisée.
Non, je n’ai pas de chagrin.

Autant que j’ai pu j’ai résisté au fleuve
quand il était plein d’eau,
j’ai vu de l’eau tant que c’était possible
dans les rivières à sec
et elles m’ont emportée.

Non, je n’ai pas de chagrin.
La nuit tombe à l’heure juste.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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