Posted by arbrealettres sur 5 mars 2024
Leçon de poésie niveau IV
Laisse les étoiles tranquilles
leur cadastre est déjà impeccable
Laisse le coeur dans la poitrine
tu n’es pas médecin
Laisse la nuit aux veilleurs
et la nature aux espèces disparues
Laisse ton être et ton âme
picoler dans un coin
Laisse la vie devenir capitaliste
et la mort communiste
Laisse l’éternité faire du stop
et se planter de route
Laisse les fleurs se vendre
et adoucir les couples
Laisse tes morceaux
mijoter une heure ou dix ans
Ça va aller
n’écris pas tout de suite
Tu es trop propre
tu n’es pas prêt
Ce n’est pas toi que tu cherches
on s’en fout de toi
Tu peux calculer tous les jours
le diamètre de ta sphère
Le petit vieux marrant du rez-de-chaussée
est plus important
Le jour des encombrants
est plus important
Des sachets plastique s’accrochent aux arbres
drapeaux blancs de ta banlieue
Si tu veux des signes va les chercher
négocie chaque chose que tu vois
Ne te laisse pas faire
Ne te laisse pas faire
(Marc Guimo)
Recueil: La poésie, personne n’en lit
Editions: la Boucherie littéraire
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Posted by arbrealettres sur 23 février 2018
PERSPECTIVE
l’autoroute sous la pluie
les stops de la voiture
devant
et le ciel aux nuages
d’un gris impressionnant
cette étrange sensation
— décompte des kilomètres
on se connaît par coeur —
quand on rentre
fin de week-end
sans parler entre nous
seulement cette voiture
devant
en point de mire
et demain qui avance
(François de Cornière)
Recueil: Ces moments-là
Traduction:
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2015
Non, je n’y suis pas, je crois y être.
A chaque instant, avec la fourmi, la tasse et l’horizon.
Je tape dans mes mains, je crie bravo.
Le ballon roule, l’enfant jubile.
Quand le chien aboie, toutes les têtes se retournent.
Qui voit quelque chose?
Ce qu’on voit n’a que la forme qu’on lui donne.
Je vois la neige, je dis:
c’est un nuage; j’entends la mer, je dis:
ce sont les arbres.
Le temps s’arrête.
C’est ce qu’on croit:
moto, cactus, volet, serviette.
Chaque nom dit stop, écoute, regarde.
Mais rien ne répond.
Où en sommes-nous?
Je dis:
je suis perdu.
Le ciel s’est confondu avec la mer,
ta main avec la mienne,
demain avec hier,
etc.
(Jacques Ancet)
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