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Poésie

Posts Tagged ‘gris’

Mimosa (Jacqueline Commard)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2024




    
Mimosa

Je te regarde avec le coeur
Ne te touche qu’avec les yeux
Car vois-tu… tu n’es qu’une fleur
Mais je te crois béni des Dieux.

Tes raisins de plumes légères
Aux couleurs d’un soleil d’été
Viennent nous égayer l’hiver
De ses grappillons embaumés.

Tu promènes tes éventails
De feuillage d’un gris bleuté
Au gré des vents qui t’encanaillent
Pour séduire avec volupté.

Février va s’échevelant
Dans tes bras tendus vers le ciel
Faisant signe à des goélands
De ne point s’y briser les ailes.

Je te regarde et je t’admire
Comme le tableau d’un grand Maître
Je te ressens, je te respire
Toi, qui chaque année sais renaître.

Parfum suave et envoûtant
Laissant son empreinte au passage
Arôme doux et caressant
Ressuscitant le paysage…

Je te contemple avec ferveur
Car je te crois béni des Dieux
Arbrisseau si cher à mon coeur
Agitant ses doigts vers les cieux.

(Jacqueline Commard)

Recueil: Astérie
Editions:

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À L’HÔPITAL (Jean-Michel Maulpoix)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2024




    
À L’HÔPITAL

Dans un couloir de l’hôpital civil
Une fillette pousse du bout du pied
Vers le ciel un caillou de marelle
Sur le damier blanc et noir du linoleum

Devant la porte des urgences
Une vieille femme ronfle dans son lit
Ses yeux gris-blanc grands ouverts

Deux infirmières roses
À demi nues sous leur blouse de nylon
Roulent le fauteuil d’un unijambiste

La ruche blanche bourdonne
Étrange messe étranges prêtresses
Enfants de choeur étranges

Des brancardiers transportent
On ne sait où
Des Christs de toutes sortes.

(Jean-Michel Maulpoix)

Recueil: Rue des fleurs
Editions: Mercure de France

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Mur gris (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024




    
Mur gris
et même, impalpable.
Mur pour effacer tous les noms
et pour écrire sur lui la parole qui ne dénomme,
mais qui existe.

Falaise où la lumière
concentre sa nostalgie de pensée
et où la pensée s’absente
comme un départ inéluctable.

La fleur que nous portons sans le savoir
Y perd ses couleurs,

mais gagne son vide du dedans,
l’antiforme d’ombre
où la fleur a compassion d’être fleur.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Tant de saisons ont passé (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 5 avril 2024




    
tant de
saisons
ont passé

les ronces
ont envahi
tes chemins

des taillis
ont poussé
dans tes chaumes

des bandes de corbeaux
tournent dans ton ciel
immuablement gris

toi l’assoupie
laisse accourir
laisse pénétrer dans tes collines

le laboureur qui ne peut
tolérer de te savoir en friche
la hache et le feu te retirer

tes taillis tes buissons
mettre à nu
tes sillons endormis

et laisse la charrue se planter
à l’angle de ta terre
faire lever en toi un immédiat printemps

(Charles Juliet)

Recueil: Ce pays de silence précédé de Trop ardente et L’Inexorable
Editions: P.O.L.

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RÉPONSE À LA TERRE (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2024



Illustration: William Blake
    
RÉPONSE À LA TERRE

Terre leva la tête
Au-dessus de l’obscurité redoutable et lamentable.
Sa lumière enfuie
Cruelle lugubre
Et les cheveux couverts d’un gris désespoir.

Moi, prisonnière des eaux,
La rivalité des étoiles emprisonne mon antre
Dans un gel blanc ;
En gémissant
J’entends le père des hommes antiques.
Père égoïste des hommes,

Cruel, jaloux, égoïste Effroi,
La joie peut-elle,
Enchaînée dans la nuit.
Enfanter les vierges de la jeunesse et du matin ?

Le printemps cache-t-il sa joie,
Quand éclatent les bourgeons et les fleurs ?
Le semeur
Sème-t-il pendant la nuit ?
Le laboureur laboure-t-il dans l’obscurité ?

Romps cette lourde chaîne
Qui glace mes os.
Égoïste, vaine,
Éternelle malédiction,
Qui réduit le libre amour en esclavage.

***

EARTH’S ANSWER

Earth raised up her head
From the darkness dread and drear,
Her light fled,
Stony, dread,
And her locks covered with grey despair.

Prisoned on watery shore,
Starry jealousy does keep my den
Cold and hoar;
Weeping o’er,
I hear the father of the ancient men.

Selfish father of men!
Cruel, jealous, selfish fear!
Can delight,
Chained in night,
The virgins of youth and morning bear.

Does spring hide its joy,
When buds and blossoms grow?
Does the sower
Sow by night,
Or the ploughman in darkness plough?

Break this heavy chain,
That does freeze my bones around!
Selfish, vain,
Eternal bane,
That free love with bondage bound.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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EFFACEMENT (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2024




    
EFFACEMENT

L’herbe a grandi au fossé profond
l’homme en marchant fixe
le nuage étiré
frangé comme son habit gris
des chiens aux horizons béants
diversement aboient
pourtant c’est la paix
le jour va s’incliner
il faudra bien encore
couper le pain à la nuit
assis sur le billot rustique
avec en fin de compte
l’impensable mort.

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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Le pain perdu (Edith Bruck)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2024




    
Le pain perdu

Mes tresses retombaient avec les rubans
et on m’a rasée, désinfectée,
rhabillée avec un long tablier gris,
des sabots en bois aux pieds
et on m’a accroché une pancarte
avec un numéro : 11152,
qui serait désormais mon nom.

(Edith Bruck)

Recueil: Le pain perdu
Editions: Points

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Le Petit Cambodge (Pascale Senk)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024



Illustration
    
Le Petit Cambodge

sur le trottoir gris
les bouquets de fleurs fanées
comme ils sont mouillés
La poésie est sève,
feu, parfum envahissant,
énergie transformatrice
passant d’un être
à un autre…

(Pascale Senk)

 

Recueil: L’effet Haïku Lire et écrire des poèmes courts agrandit notre vie
Editions: Leduc. S

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Ah, ces cloches du dimanche (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024




    
Ah, ces cloches du dimanche,
nous les avons trop écouté ensemble.
Amiens

Puissante mémoire, impossible réveil
aux plages de l’oubli

soif inapaisable, insomnieux sommeil
entre silence et gris

peur de raviver le visage immortel
d’un dieu déjà péri

désir de guérir ses brûlures du ciel
en refusant midi

volonté de courir au bout du tunnel
mais vers un jour pâli

ombre sans nom où s’enlise le soleil
et qui n’est pas la nuit

en toi je veille
et fuis.

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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Fais ta monture du feu (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024




    
Fais ta monture du feu plutôt que des nuages,
si tu veux voyager loin.
Sceautres.

Avec le feu je pars, je reste, je voyage
tout entier libre entre cendre et fumée
D’un coup de vent, je monte en croupe des nuages
mais une part de moi demeure enracinée
dans la terre où l’image a germé

Je m’envole et je plane aux lisières des flammes
chevauchant les flocons soyeux des cheminées
La bise a dissipé les vives caravanes
qui peuplaient les déserts de rêves sans foyer
dans un ciel où se fanaient les blés

et ce sont les tisons que je glane
sur les pailles grises du brasier.

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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