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Poésie

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Fais ta monture du feu (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024




    
Fais ta monture du feu plutôt que des nuages,
si tu veux voyager loin.
Sceautres.

Avec le feu je pars, je reste, je voyage
tout entier libre entre cendre et fumée
D’un coup de vent, je monte en croupe des nuages
mais une part de moi demeure enracinée
dans la terre où l’image a germé

Je m’envole et je plane aux lisières des flammes
chevauchant les flocons soyeux des cheminées
La bise a dissipé les vives caravanes
qui peuplaient les déserts de rêves sans foyer
dans un ciel où se fanaient les blés

et ce sont les tisons que je glane
sur les pailles grises du brasier.

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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Le Prophète (Khalil Gibran)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2023



Illustration: Khalil Gibran
    
Le Prophète
(extrait)

Alors Almitra dit : Parlez-nous d’Amour.
Et il leva la tête et contempla le peuple,
et un silence tomba sur eux.
Et d’une voix grande il dit :

Quand l’amour vous appelle, suivez-le,
Bien que son chemin soit dur et escarpé.
Et lorsque ses ailes vous couvent, cédez-lui,
Bien que l’épée cachée en elles vous blesse.
Et s’il vous parle, croyez en lui,
Bien que sa voix brise vos songes
comme le vent du nord ravage vos jardins.

Car tout comme l’amour vous couronne doit-il vous crucifier.
De même qu’il est pour votre croissance est-il pour votre émondage.
Tout comme il s’élève à votre hauteur
pour caresser vos plus tendres branches
qui frémissent dans le soleil,
Ainsi descendra-t-il à vos racines
pour les secouer en leur attachement à la terre.

Telles des gerbes de blé il vous glane.
Il vous bat pour vous mettre à nu.
Il vous tamise pour vous séparer de vos épis.
Il vous broie jusqu’à la blancheur.
Il vous pétrit jusqu’à ce que vous soyez souples;
Et alors il vous dévoue à sa flamme, pour que vous
puissiez devenir le pain sacré du festin de Dieu.

Toutes ces choses vous seront faites par l’amour,
pour que vous puissiez connaître les secrets de votre coeur,
et en cette connaissance, devenir un fragment du coeur de la Vie.

[…]

(Khalil Gibran)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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LA GOURMANDISE (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2023




    
LA GOURMANDISE

A coups de langue et de dents
Qu’as-tu fait de tes artères
Pauvre convive imprudent ?
Car les dépôts délétères
Qui durcissent leurs parois
Resserrant les fils d’un drame
Dans le métal de leur trame
Tissent ton chemin de croix

Si tu veux retarder l’heure
D’un trépas prématuré
A ce poison, riche en beurre
Savamment édulcoré
Préfère l’eau des fontaines
Et va glaner au désert
Cette manne que Dieu sert
Sur la table d’autres Cènes.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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Sourate des guérisons (Khayr al-Din al-Asadi)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2023




    
Sourate des guérisons
(extrait)

Je me suis consumé comme bois d’agar dans le feu du repentir
sans avoir même atteint la terrasse du palais de notre union

la colombe de mon cœur a tressailli sous mes côtes
voyant les pièges posés en chaque lieu

une trombe couleur du crépuscule est tombée mais
l’éclair de l’espérance n’a pas lui

j’ai parcouru les quatre coins du monde en quête de soulagement à ma douleur
et j’ai trouvé le chagrin de la passion ivre. Inconsciente

ivre et la voix fanée, elle tisse des rêves de soie
fine et de brocart et elle glane des souhaits

mon ivresse s’est enivrée, ma voix s’est fanée et on est passé
au langage des signes

(Khayr al-Din al-Asadi)

***

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Nos instants les plus précieux… (François Jacqmin)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2021



    

Nos instants les plus précieux…

Nos instants les plus précieux ne furent-ils
pas des états
que rien ne permettait de retenir ? Instants
glanés lors du passage des oiseaux, nous les avons
laissé s’enfuir
afin de ne garder que l’indistinct et l’éphémère
pour preuve de leur traversée.

(François Jacqmin)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Manuel des agonisants
Traduction:
Editions: Tétras Lyre

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CHÂTEAU RURAL (Emile Nelligan)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2020



CHÂTEAU RURAL

J’eus ce rêve. Elle a vingt ans, je n’en ai pas moins;
Nous habiterons ces chers coins
Qu’embaumeront ses soins.

Ce sera là tout près, oui, rien qu’au bas du val;
Nous aurons triple carnaval :
Maison, coq et cheval.

Elle a les yeux de ciel, tout donc y sera bleu :
Pignon, châssis, seuil, porte, heu!
Dedans peut-être un peu.

Elle a les cheveux blonds, nous glanerons épis,
Soleils, printemps, beaux jours, foins, lys
Et l’amour sans dépits.

Sans doute, elle m’aura, m’ayant vu si peu gai
— Ne fût-ce que pour me narguer —
Un ange délégué !

Brusque je m’éveillai. Mon coq au jour qui gagne
Pleurait là-bas dans la campagne
Son poulailler d’Espagne.

(Emile Nelligan)


Illustration: Georges Paul François Laurent Laugée

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L’oiseau-merci (Marcelin Pleynet)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2020




L’oiseau-merci

J’ai vu un rossignol par la queue

J’ai récolté les fils de la vierge
glané les roses de la rosée
fait un bouquet de ces poissons d’argent qui vivent dans mon ombre

J’ai vu un merle qui avait toute la noblesse de la rivière

(Marcelin Pleynet)

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MOUVEMENT DU CŒUR (Ingerborg Bachmann)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2019



Ingeborg Bachmann

    
MOUVEMENT DU CŒUR

Après des jours gris

Être libre une heure seulement !
Libre, loin !
Comme des chants nocturnes dans les sphères célestes.
Et voler très haut au-dessus des jours,
voilà ce que je voudrais
et chercher l’oubli […]
au-dessus des eaux sombres
glaner des roses blanches,
donner à mon âme des ailes
et, oh Dieu, ne plus rien savoir
de l’amertume des longues nuits
où les yeux s’ouvrent grand d’étonnement
devant la détresse sans nom.
Des larmes sur mes joues
témoignent des nuits de démence,
du bel espoir délirant,
du souhait de briser les chaînes
et de m’abreuver de lumière […]
Voir la lumière une heure seulement !
Être libre une heure seulement !

***

BEWEGUNG DES HERZENS

Nach grauen Tagen

Eine einzige Stunde frei sein!
Frei, fern!
Wie Nachtlieder in den Sphdren.
Und hoch fliegen über den Tagen
m6chte ich
und das Vergessen suchen […]
über das dunkle Wasser gehen
nach weißen Rosen,
meiner Seele Flügel geben
und, oh Gott, nichts wissen mehr
von der Bitterkeit langer Nächte,
in denen die Augen groß werden
vor namenloser Not.
Tränen liegen auf meinen Wangen
aus den Nächten des Irrsinns,
des Wahnes schöner Hoffnung,
dem Wunsch, Ketten zu brechen
und Licht zu trinken […]
Eine einzige Stunde Licht schauen!
Eine einzige Stunde frei sein!

(Ingerborg Bachmann)

 

Recueil: Toute personne qui tombe a des ailes
Traduction: Françoise Rétif
Editions: Gallimard

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Quand la peur m’envahit (John Keats)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2019



 

Rockwell Kent 19 [1280x768]

Quand la peur m’envahit que je puis cesser d’être avant
que ma plume n’ait tout glané de mon cerveau fécond, avant
que de hautes piles de livres en beaux caractères ne gardent
comme d’opulents greniers le grain pleinement mûri ; quand
je contemple, sur la face étoilée de la nuit, les énormes
symboles ennuagés d’un céleste poème, et songe que peut-être
ne vivrai-je pas assez pour dessiner leurs ombres d’une
main guidée par l’inspiration magique ; et quand je sens, belle
créature éphémère ! que jamais plus je ne te regarderai, jamais
plus ne savourerai la puissance féerique du don total
d’amour, — alors, sur le rivage du monde immense, je reste
solitaire et médite, — au point qu’amour et gloire s’abîment
jusqu’au néant.

(John Keats)

Illustration: Rockwell Kent

 

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Ritournelle (François Coppée)

Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2019



 

Philippe Loubat _n

Ritournelle

Dans la plaine blonde et sous les allées,
Pour mieux faire accueil au doux messidor,
Nous irons chasser les choses ailées,
Moi, la strophe, et toi, les papillons d’or.

Et nous choisirons les routes tentantes,
Sous les saules gris et près des roseaux,
Pour mieux écouter les choses chantantes,
Moi, le rythme, et toi, le choeur des oiseaux.

Suivant tous les deux les rives charmées
Que le fleuve bat de ses flots parleurs,
Nous vous trouverons, choses parfumées,
Moi, glanant des vers, toi, cueillant des fleurs.

Et l’amour, servant notre fantaisie,
Fera, ce jour-là, l’été plus charmant :
Je serai poète, et toi poésie ;
Tu seras plus belle, et moi plus aimant.

(François Coppée)

Illustration: Philippe Loubat

 

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