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MA MAISON EST ASSISE AU VENT (Cécile Sauvage)

Posted by arbrealettres sur 8 juin 2023




    
MA MAISON EST ASSISE AU VENT

Ma maison est assise au vent
Dans une plaine sombre et nue
Comme un tombeau pour un vivant
Où s’agite ma chair menue.

Les longs brouillard viennent frôler
Au soir ma porte solitaire,
Et je ne sais rien de la terre
Que ma tristesse d’exilé.

(Cécile Sauvage)

Recueil: Je serai le FEU (Diglee)
Editions: La ville brûle

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Mes vers, dansons la ronde (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 25 mai 2023




Illustration: Pierre Corratgé
    
Mes vers, dansons la ronde,
Mes vers jeunes et fous,
Je n’ai plus rien au monde
Que le plaisir de vous.

Ma peine solitaire
Crie à remplir le soir.
Chantons, faisons-la taire,
Dansons dans mon coeur noir.

Dans mon coeur, hors du monde,
Voici le mois de mai —
Dansons une. seconde
Comme si c’était vrai!

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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L’amour par terre (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 20 mai 2023




    
L’amour par terre

Le vent de l’autre nuit a jeté bas l’Amour
Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc,
Souriait en bandant malignement son arc,
Et dont l’aspect nous fit tant songer tout un jour !

Le vent de l’autre nuit l’a jeté bas ! Le marbre
Au souffle du matin tournoie, épars. C’est triste
De voir le piédestal, où le nom de l’artiste
Se lit péniblement parmi l’ombre d’un arbre.

Oh ! c’est triste de voir debout le piédestal
Tout seul ! Et des pensers mélancoliques vont
Et viennent dans mon rêve où le chagrin profond
Évoque un avenir solitaire et fatal.

Oh ! c’est triste ! – Et toi-même, est-ce pas ? es touchée
D’un si dolent tableau, bien que ton œil frivole
S’amuse au papillon de pourpre et d’or qui vole
Au-dessus des débris dont l’allée est jonchée.

(Paul Verlaine)

Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette

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JE T’AIMERAI SANS TOI (Anne-Marie Kegels)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2023




    
JE T’AIMERAI SANS TOI…

Je t’aimerai sans toi. Ne me fais jamais signe.
Un ajonc peut flamber sur la lande, à midi,
solitaire en son mal et seulement nourri
d’argile avaricieuse au bout de sa racine.

Enterre au fond de toi mon nom ensommeillé.
Reste plus ténébreux qu’un buis de cimetière.
Je t’ai volé jadis les neiges de janvier et j’ai
coupé sur toi mes plus hautes javelles.

Va, ressemble à un mort. Debout dans mon désert
je sens bouger en moi des foisons de semences.
L’amour qui te cherchait dans sa famine immense
t’a dépassé enfin et brûle l’univers.

(Anne-Marie Kegels)

Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Traduction:
Editions: Marabout

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À la maison (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2023



Illustration: Edvard Munch
    
À la maison, ma tante
mon frère et mes soeurs
croient que la mort n’est que sommeil —
que mon père voit et entend —
Qu’il se promène
dans la splendeur et la joie là-haut.
Qu’ils le retrouveront dans quelque temps —

Je ne peux rien faire d’autre
que de laisser libre cours à mon chagrin
dans le jour qui pointe
et le jour qui décline
Je reste assis solitaire
avec des millions de souvenirs…

autant de millions de poignards
qui me déchirent le coeur —
et mes plaies sont béantes

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

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DANS LE BROUILLARD (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2023




    
DANS LE BROUILLARD

Aller par le brouillard… mystère !
Buisson, caillou, chacun est solitaire,
L’arbre n’aperçoit pas son frère,
Chacun est seul.

Que d’amis je comptais au monde
Quand ma vie avait son éclat !
A présent que le brouillard tombe,
Nul n’est plus là.

Nul ne possède la sagesse
Qui ne connaît ce voile doux,
Cette ombre inéluctable qui, sans cesse
Le sépare de tout.

Aller par le brouillard… mystère !
Vivre, c’est être solitaire.
Nul homme ne connaît son frère,
Chacun est seul.

***

IM NEBEL

Seltsam, im Nebel zu wandern !
Einsam ist jeder Busch und Stein,
Kein Baum sieht den andern,
Jeder ist allein.

Voll von Freunden war mir die Welt,
Als noch mein Leben licht war ;
Nun, da der Nebel fällt,
Ist keiner mehr sichtbar.

Wahrlich, keiner ist weise,
Der nicht das Dunkel kennt,
Das unentrinnbar und leise
Von allem ihn trennt.

Seltsam, im Nebel zu wandern !
Leben ist Einsamsein.
Kein Mensch kennt den andern,
Jeder ist allein.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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Le silence se meut (Dong Qiang)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2023



oiseau bleu

Lumière sombre, médium
aux senteurs végétales pénètre les habits.
Silence, repos de tous les êtres,
quand naissent ces vers secrets.
L’eau qui coule, là-bas, n’offre
aucune musique au roseau solitaire.
L’Oiseau Bleu, doté d’un esprit,
sait consoler les deux tiges enlacées.

(Dong Qiang)

Illustration: Remy Disch

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Le Buddleia (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2023




    
Le Buddleia

Délaissant les sous-bois,
Le discret buddleia
Grandit en solitaire,
Dans les endroits déserts.

C’est un cousin chinois
De nos printemps-lilas
Venu ensoleiller
Nos coins déshérités.

Il égaie les talus,
Les friches de nos villes,
Silhouette incongrue
Dans ces banlieues hostiles.

Certains jours de chaleur,
Dans l’air chaud qui bourdonne,
Il se couvre de fleurs
Qui bientôt papillonnent …

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte

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LES FILLES DES GOBES (André Pieyre de Mandiargues)

Posted by arbrealettres sur 9 mars 2023



 

Kristine Kvitka [1280x768]

LES FILLES DES GOBES

Dans un de ces jours-là qui sont pâles et gris
Comme les flancs humides de la craie
Dans le jour gris d’une marée de novembre
Qui attire très loin le bord bruissant de l’eau
Un homme inquiet regarde le ciel noir
Entre les découpures de la crête de marne
Au-dessus de la crête le ciel sombre où passent
Des voiliers d’oies sauvages en route vers le sud.

Il faut descendre encore un peu parmi les éboulis
Aller sur le chemin des ramasseurs d’épaves
De l’autre côté d’un tas rocheux où le pied glisse
Passer un cailloutis où des charognes pourrissent
Pour la joie des crabes verts à marée haute
Là-bas se trouve une grève secrète
Murée de blocs précipités jadis
Solitaire entre toutes les plages de ce rivage désolé.

Nous vîmes là dans un matin de fin d’automne
Trois filles de la mer qui dansaient tristement
Pâles aussi couronnées de varech
Nues comme la craie soumise à l’érosion.

Leurs cheveux ondulaient sur leurs épaules maigres
Comme les laminaires flottant aux creux des Haumes
Leurs ventres plats remuaient des croûtes de sable
Avec des mousses marines rouges et roses.

La plus belle portait un long collier d’or
Toutes trois apportaient le grand froid de la mort.

Trois filles nues battues du vent du nord
Le sel brillait au bout de leurs menus seins gris
Leurs pieds dans l’eau faisaient un clapotis
Monotone. Et la mort habitait leurs yeux clairs.

Froides filles accrues aux trous de la falaise
En quelque vieux nid de pygargue
Elles se paissent de moules crues et d’algues
Pêchées à mer basse
L’iode seul court dans leurs veines.

Quand le vent chasse la brume du matin
Déroulée comme un suaire en lisière du ciel
Quand le vent du nord hérisse de glaçons
Les rets blonds des parcs qui sèchent sur les pieux
Les filles des falaises sortent de leurs cavernes
Dans un tourbillon de plumes blanches.

Aux cris des guillemots et des grèbes
Les filles des falaises dansent devant les gobes.

(André Pieyre de Mandiargues)

Illustration: Kristine Kvitka

 

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Le rossignol râle et frémit (Sappho)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2023




    
Le rossignol râle et frémit par saccades,
Et l’ombre engloutit la lune et les Pléiades :
L’heure sans espoir et sans extase fuit
Au sein de la nuit.

Parmi les parfums glorieux de la terre,
Je rêve d’amour et je dors solitaire,
O vierge au beau front pétri d’ivoire et d’or
Que je pleure encor…

(Sappho)

 

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