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Poésie

Posts Tagged ‘tremblant’

Elle vit dans la cité (Jim Morrison)

Posted by arbrealettres sur 27 avril 2024




    
Elle vit dans la cité
sous la mer
Prisonnière des pirates
prisonnière des rêves
je veux être avec elle
je veux qu’elle voie
Les choses que j’ai créées
coquillages qui saignent
Semences délicates
d’impossibles cuirassés

La libellule voltige
tremblante et taquine
Les herbes folles et ses ailes
sont terriblement en colère

***

She lives in the city
under the sea
Prisoner of pirates
prisoner of dreams
I want to be with her
want her to see
The things I’ve created
sea-shells that bleed
Sensitive seeds
of impossible warships

Dragon fly hovers
& wavers & teases
The weeds & his wings
are in terrible fury

(Jim Morrison)

Recueil: La nuit américaine
Traduction: de l’anglais (Etats-Unis) par Patricia Devaux
Editions: Christian Bourgois

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Vulnérables (Christophe Manon)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024



Illustration: Tomas Januska
    
Vulnérables
si vulnérables et cependant
portés par la tremblante joie
de respirer mais sans jamais
pouvoir panser les blessures
aux abords du désir
car les mots
dans leur tension extrême
augmentent le volume de leur résonance
par les profonds silences
cristallisés entre les espaces blancs
ainsi d’infimes fluctuations de la lumière
sur l’eau mouvante
où lentement s’épuise
la perspective oblique des émotions.

(Christophe Manon)

Recueil: Provisoires
Editions: NOUS

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Le matériau dont les mots sont faits (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024



Illustration: Wordart Nuages de Mots
    
Le matériau dont les mots sont faits et le mortier qui les unit
m’ont peu à peu enseigné un rythme secret et solitaire.

J’ai appris que toute construction est une musique
et que toute musique est faite de regards.
Le regard d’un mot est son sens,
entre les paupières tremblantes d’une perte.

Car ce n’est pas nous qui regardons les mots :
ce sont eux qui nous regardent
et peut-être aussi au-delà de nous,
en battant des paupières d’un rythme secret et solitaire.

Peut-être que demain je trouverai un mot
qui ne regarde plus vers nulle part
et ne batte pas non plus des paupières.
Un mot qui se laisse regarder.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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LES BONNES RAISONS (Pierre Ferran)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2024



LES BONNES RAISONS

On commence par tuer les oiseaux
parce qu’y en a trop
les couleuvres
parce que si on les laissait faire…
les hérissons trottant comme de petits porcs
parce que ça serait-y pas des fois nuisible
puis on tire sur les biches tremblantes
parce que c’est fait pour ça
sur les ânes sauvages qui broutent
dont le dos frissonne sous les mouches
parce que ça sert à quoi voulez-vous me le dire
et puis ils puent de plus ils bouffent tout les salauds
Enfin un beau jour on s’en va
lâcher des bombes sur les viets
parce que ce bétail-là
croyez-moi c’est pas tellement catholique !

(Pierre Ferran)

 

 

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Toutes deux (Jean-Louis Rambour)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2023



Toutes deux.
L’une plus âgée.
La conversation a changé.
Quelques murs plus loin, on a posé
un livre
Tout en tremblant encore du bruit
d’une voiture.
Ses yeux ne se résignaient pas encore
à en parler.
Que de freins lâchent pour la main
d’un vitrier.

(Jean-Louis Rambour)

 

 

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Petite perle cristalline (Michel d’Amboise)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2023



perle-de-rosee1
Petite perle cristalline
Tremblante fille du matin,
Au bout de la feuille de thym
Que fais-tu sur la colline ?

Avant la fleur, avant l’oiseau,
Avant le réveil de l’aurore,
Quand le vallon sommeille encore
Que fais-tu là sur le coteau ?

(Michel d’Amboise)

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Grand air (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2023



La rive les mains tremblantes
Descendait sous la pluie
Un escalier de brumes
Tu sortais toute nue
Faux marbre palpitant
Teint de bon matin
Trésor gardé par des bêtes immenses
Qui gardaient elles du soleil sous leurs ailes
pour toi
Des bêtes que nous connaissions sans les voir

Par-delà les murs de nos nuits
Par-delà l’horizon de nos baisers
Le rire contagieux des hyènes
Pouvait bien ronger les vieux os
Des êtres qui vivent un par un

Nous jouions au soleil à la pluie à la mer
A n’avoir qu’un regard qu’un ciel et qu’une mer
Les nôtres.

(Paul Eluard)

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SOUVENIR (Emile Ripert)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2023




SOUVENIR

Depuis que tu n’es plus, je te sens bien plus près…
Ah ! que d’autres, au pied des funèbres cyprès,
Se lamentent, croyant que, sombre autoritaire,
La tombe a séparé ceux qui s’aimaient sur terre !
Mon père, je te sens marcher à mes côtés
Ainsi que dans la gloire et l’or des beaux étés
Nos pas faisaient jadis sonner la blanche route…
Ces vers, n’est-ce pas toi qui les dictes sans doute ?
Ah ! dans tes derniers jours, si mornes et si lents,
Quand tu traînais péniblement tes pas tremblants,
Quand ta vue hésitait au bord de la distance,
Nous prolongions, craintifs, ta fragile existence,
Imaginant qu’après ce grand pas traversé
Tu serais à jamais perdu dans le passé…
Or tu vis dans un présent sûr et sans tristesse…
Tes cheveux blancs, ton pas tremblant, père, qu’était-ce ?
Qu’était-ce donc ta vieille pipe, ton chapeau
De feutre noir penché sur ton front ? Le tombeau
A saisi l’apparence et la forme des choses,
Ta voix, ton pas, ton front, tout ce dont se composent
A nos yeux les portraits de ceux qui ne sont plus…
Mais par delà nos yeux, dans les airs absolus,
Père, je ne sais point par quel divin mystère,
Je te sens bien plus près de mon coeur que naguère,
Et je sens de nouveau, quand tantôt c’était moi
Qui protégeais ton pas devenu maladroit,
Que maintenant,- et c’est une douceur amère,-
Je retrouve au-delà de cette ombre mon père,
Qui me protège encor, me guide et me défend,
Car c’est dans l’infini que je suis ton enfant…

(Emile Ripert)

Illustration

 

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Prendre corps (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2023



    

Illustration: Pascal Renoux

Prendre corps
(extrait)

je te flore
tu me faune

je te peau
je te porte
et te fenêtre
tu m’os
tu m’océan
tu m’audace
tu me météorite

je te clé d’or
je t’extraordinaire
tu me paroxysme

Tu me paroxysme
et me paradoxe
je te clavecin
tu me silencieusement
tu me miroir
je te montre

tu me mirage
tu m’oasis
tu m’oiseau
tu m’insecte
tu me cataracte

je te lune
tu me nuage
tu me marée haute
je te transparente
tu me pénombre
tu me translucide
tu me château vide
et me labyrinthe
tu me parallaxes
et me parabole
tu me debout
et couché
tu m’oblique

je t’équinoxe
je te poète
tu me danse
je te particulier
tu me perpendiculaire
et soupente

tu me visible
tu me silhouette
tu m’infiniment
tu m’indivisible
tu m’ironie

je te fragile
je t’ardente
je te phonétiquement
tu me hiéroglyphe
tu m’espace
tu me cascade
je te cascade
à mon tour mais toi

tu me fluide
tu m’étoile filante
tu me volcanique

nous nous pulvérisable
Nous nous scandaleusement
jour et nuit
nous nous aujourd’hui même
tu me tangente
je te concentrique

tu me soluble
tu m’insoluble
en m’asphyxiant
et me libératrice
tu me pulsatrice
pulsatrice
tu me vertige
tu m’extase
tu me passionnément
tu m’absolu

je t’absente

tu m’absurde

je te marine
je te chevelure
je te hanche

tu me hantes

je te poitrine
je buste ta poitrine
puis ton visage
je te corsage

tu m’odeur
tu me vertige
tu glisses

je te cuisse
je te caresse
je te frissonne

tu m’enjambes
tu m’insupportable

je t’amazone
je te gorge
je te ventre
je te jupe
je te jarretelle
je te peins
je te bach
pour clavecin
sein
et flûte
je te tremblante

tu m’as séduit
tu m’absorbes

je te dispute
je te risque
je te grimpe

tu me frôles
je te nage
mais toi

tu me tourbillonnes
tu m’effleures
tu me cerne
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerine rouge
et quand tu ne haut talon pas mes sens
tu es crocodile
tu es phoque
tu es fascine
tu me couvres

et je te découvre
je t’invente
parfois
tu te livres

tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t’épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n’omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m’aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dent je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine
je t’aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues je te veines

je te main
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t’ombre je te corps je te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris

je t’écris
tu me penses

(Ghérasim Luca)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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NELSON SONGERAS-TU A MOI (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023



André Ernest Modeste Grétry   (L’Amitié à l’épreuve 1770)

    
NELSON SONGERAS-TU A MOI

1

A quels maux tu me livres
Nelson, Nelson ?
Mon âme va te suivre.
Sans toi pourrais-je vivre ?
Et tu m’en fais la loi
Au lieu d’un bien suprême
Tu vas d’un cœur qui t’aime
Rendre la peine extrême.
Mais moi qui suis toi-même
Vas, tu penseras à moi.
Songeras-tu à moi ?

2

Dans nos bois dans nos plaines
Hélas, Hélas,
Mes larmes seront vaines.
J’irai briser mes chaînes
Et gémir loin de toi.
De l’une à l’autre aurore
Tu vas nourrir encore
Un tourment qui me dévore
Mais toi qu’en vain j’implore
Va, tu penseras à moi.
Songeras-tu à moi ?

3

Si j’étais contente
J’osais, j’osais
Me dire ton amante.
J’ai ma voix tremblante
T’assurer de ma foi,
C’est là que ma tendresse
Prit soin de ma jeunesse.
Je songerai sans cesse
Mais toi qui me délaisse
Va, tu penseras à moi
Songeras-tu à moi ?

4

Des charmes de t’entendre
Comment, comment
Pourrais-je me défendre.
Si mon cœur fut trop tendre
Ah ne t’en prends qu’à toi.
Tu n’en as plus l’usage.
Je t’en devais l’hommage.
Mais toi que rien n’engage,
J’emporte ton image.
Va tu penseras à moi.
Songeras-tu à moi ?

5

Si l’amour te rappelle
Ce cœur, ce cœur
Si tendre et si fidèle
Dans ta fierté cruelle
A dédaigner ma foi
Que je sois retracée.
Dans ton âme oppressée
Mais, que dis-je insensée
Bannis de ta pensée
Tout souvenir de moi,
Tout souvenir de moi

(Chansons du XVIIIè)

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