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Poésie

Posts Tagged ‘translucide’

Le vent se tait dans le ciel vide (Boris Pasternak)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2024



Illustration 
    
Le vent se tait dans le ciel vide,
Le sol s’inonde de soleil,
Et le feuillage est translucide
Comme l’ouvrage d’un vitrail.

On dirait des vitraux d’un temple,
Vers l’éternité, le regard
Auréolé de vigilances
Des ermites, des saints, des tsars.

Et l’espace entier de la terre
M’est une nef d’où me parvient
Comme à travers une verrière
Parfois l’écho d’un choeur lointain.

Nature, monde, sanctuaire
De l’univers, accorde-moi
D’assister à ton long office
Avec des larmes de délices
Et saisi d’un frisson sacré.

(Boris Pasternak)

 

Recueil: Ma soeur la vie et autres poèmes
Traduction: sous la direction d’Hélène Henry
Editions: Gallimard

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Prendre corps (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2023



    

Illustration: Pascal Renoux

Prendre corps
(extrait)

je te flore
tu me faune

je te peau
je te porte
et te fenêtre
tu m’os
tu m’océan
tu m’audace
tu me météorite

je te clé d’or
je t’extraordinaire
tu me paroxysme

Tu me paroxysme
et me paradoxe
je te clavecin
tu me silencieusement
tu me miroir
je te montre

tu me mirage
tu m’oasis
tu m’oiseau
tu m’insecte
tu me cataracte

je te lune
tu me nuage
tu me marée haute
je te transparente
tu me pénombre
tu me translucide
tu me château vide
et me labyrinthe
tu me parallaxes
et me parabole
tu me debout
et couché
tu m’oblique

je t’équinoxe
je te poète
tu me danse
je te particulier
tu me perpendiculaire
et soupente

tu me visible
tu me silhouette
tu m’infiniment
tu m’indivisible
tu m’ironie

je te fragile
je t’ardente
je te phonétiquement
tu me hiéroglyphe
tu m’espace
tu me cascade
je te cascade
à mon tour mais toi

tu me fluide
tu m’étoile filante
tu me volcanique

nous nous pulvérisable
Nous nous scandaleusement
jour et nuit
nous nous aujourd’hui même
tu me tangente
je te concentrique

tu me soluble
tu m’insoluble
en m’asphyxiant
et me libératrice
tu me pulsatrice
pulsatrice
tu me vertige
tu m’extase
tu me passionnément
tu m’absolu

je t’absente

tu m’absurde

je te marine
je te chevelure
je te hanche

tu me hantes

je te poitrine
je buste ta poitrine
puis ton visage
je te corsage

tu m’odeur
tu me vertige
tu glisses

je te cuisse
je te caresse
je te frissonne

tu m’enjambes
tu m’insupportable

je t’amazone
je te gorge
je te ventre
je te jupe
je te jarretelle
je te peins
je te bach
pour clavecin
sein
et flûte
je te tremblante

tu m’as séduit
tu m’absorbes

je te dispute
je te risque
je te grimpe

tu me frôles
je te nage
mais toi

tu me tourbillonnes
tu m’effleures
tu me cerne
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerine rouge
et quand tu ne haut talon pas mes sens
tu es crocodile
tu es phoque
tu es fascine
tu me couvres

et je te découvre
je t’invente
parfois
tu te livres

tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t’épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n’omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m’aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dent je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine
je t’aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues je te veines

je te main
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t’ombre je te corps je te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris

je t’écris
tu me penses

(Ghérasim Luca)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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LA SOLITUDE… (Sandrine Faivre)

Posted by arbrealettres sur 16 Mai 2023




    
LA SOLITUDE…

La solitude ,
Cet état étrange ,
Ce phénomène réel ,
Irréel à la fois ,
Lucide et …
Quelquefois translucide ,
Epanouie je suis le jour ,
Transit je demeure à la nuit ,
Telle une métamorphose ,
Tout comme le papillon ,
Le papillon de nuit …
La solitude ,
Cet état qui a fait de moi ,
Un être étrange ,
Froid, glacial ,
Un personnage introverti ,
Démuni d’expression, de sensation .
La solitude ,
Celle-ci me ronge ,
Celle qui tue le monde .
Souriante je suis le jour ,
Vulnérable à la nuit je suis …
La solitude ,
Cet état naturel ,
Dans lequel j’ai fondé ma vie ,
Ce tunnel infini ,
Dans lequel, je l’espère ,
Je verrai la lumière ,
La lueur du jour ,
Tel un soleil ,
Synonyme de bonheur ,
D’utopie, de désir ,
Ce désir fugace ,
Qui illuminera mon coeur ,
Ce jour ou je me dirai ,
A quand un moment de solitude ?
La solitude …

(Sandrine Faivre)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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Ode à l’école du soir (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2020



Illustration: Marc Chagall 
    
Ode à l’école du soir

Employés et manouvriers
s’en vont à l’école du soir
quand la peau des femmes est plus douce
et que les enfants translucides
tracent les dernières marelles
aux carrefours couleur de rose
et par-delà la ville s’étendent
des archipels de villages
remplis aussi d’écoles du soir ;
au haut d’un arbre l’idéal
chante par la voix d’un oiseau,
lentement les rivières coulent,
un fantassin sur un pont d’or
baise aux joues la servante blanche,
douceurs de vivre, ô serpents
emmêlés dans la pourpre vaine,
de lourds passés meurent au ciel ;
qu’Eve à jamais rendit amère
la lourde beauté du feuillage,
mais l’Ecole du soir dans ses bras
de République fortunée
recueille les grands apprentis sages.

(Jean Follain)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: La Main Chaude
Traduction:
Editions: Gallimard

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Sur l’arbre, la feuille (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2020



Sur l’arbre, la feuille
Translucide encore –
Et déjà
Le vent de la chute.

(Guillevic)

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Un jour (Boris Vian)

Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2019



 

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Un jour
Il y aura autre chose que le jour
Une chose plus franche, que l’on appellera le Jodel
Une encore, translucide comme l’arcanson
Que l’on s’enchâssera dans l’oeil d’un geste élégant
Il y aura l’auraille, plus cruel
Le volutin, plus dégagé
Le comble, moins sempiternel
Le baouf, toujours enneigé
Il y aura le chalamondre
L’ivrunini, le baroïque
Et tout un planté d’analognes
Les heures seront différentes
Pas pareilles, sans résultat
Inutile de fixer maintenant
Le détail précis de tout ça
Une certitude subsiste : un jour
Il y aura autre chose que le jour

(Boris Vian)

Illustration: ArbreaPhotos
 

 

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Lunaire (Frédéric Jacques Temple)

Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2019




    
Lunaire

Hostie translucide
monnaie d’or blanc
pour la gloire papale
et les jeux d’enfants.

(Frédéric Jacques Temple)

 

Recueil: Dans l’erre des vents
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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SOIR AVANT L’HIVER (Srecko Kosovel)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2018



 

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SOIR AVANT L’HIVER

L’air est limpide comme l’aile
De la libellule,
Le vide sans temps s’est couché sur la sente
Du soir d’automne.

Dans la rue seules l’inscription
Et des affiches rouge-sang,
A travers l’obscur, une silhouette,
A travers le vide, des pas.

L’espace est vide, l’air sec,
Pesant, comme s’il y avait du plomb dans le ciel;
L’esprit de liberté fléchit,
Comme du sang l’eau dans la gouttière tombe.

L’air est translucide : ainsi regarde le mort,
Oh! rencontrer un homme!
Du vide sans voix grandit le Néant.
L’eau dans la gouttière goutte.

(Srecko Kosovel)

Illustration: Adamov Alexey

 

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AIR D’AUTOMNE (Srecko Kosovel)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2018



 

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AIR D’AUTOMNE

L’air est vif, translucide,
Epandu dans la cité;
De l’étang l’éclat argenté
Est muet, froid, paisible.

Nulle brise ne se lève
Pour briser l’argent qui luit
Sur ces eaux, pour éveiller
L’arbre.

Comme si l’étang dormait,
Comme si le fond était mort,
Comme si prêtait l’oreille
Près de l’étang l’arbre noir.

(Srecko Kosovel)

Illustration: Alexey Steele

 

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LA ROUE DANS LA ROUE (Seamus Heaney)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2018



    

LA ROUE DANS LA ROUE

Première prise sur le monde :
L’art de faire tourner à la main
Les pédales d’un vélo renversé, imprimant
À la roue arrière une vitesse surnaturelle.
J’aimais en voir disparaître les rayons,
Et le bourdon translucide de l’espace
Entre la jante et le moyeu. Quand on y lançait
Une pomme de terre, le tournoiement de l’air
Vous renvoyait au visage une purée vaporeuse ;
Quand on la frôlait avec une paille,
La paille se mettait à vibrer.
Les pédales avaient une manière de résister
D’abord de façon très tangible
Avant d’entraîner la main
Dans un nouvel élan — et je m’en absorbais
Comme d’un pouvoir soudain absolu: la certitude
Avait rattrapé, relancé l’objet de ma certitude
Dans l’orbite même où tournait le désir.

***

WHEELS WITHIN WHEELS

The first real grip I ever got on things
Was when I learned the art of pedalling
(By hand) a bike turned upside down, and drove
Its back wheel preternaturally fast.
I loved the disappearance of the spokes,
The way the space between the hub and rim
Hummed with transparency. If you threw
A potato into it, the hooped air
Spun mush and drizzle back into your face;
If you touched it with a straw, the straw frittered.
Something about the way those pedal treads
Worked very palpably at first against you
And then began to sweep your hand ahead
Into a new momentum — that all entered me
Like an access of free power, as if belief
Caught up and spun the objects of belief
In an orbit coterminous with longing.

(Seamus Heaney)

 

Recueil: La lucarne
Traduction: Patrick Hersant
Editions: Gallimard

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