Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘buste’

AVANT LA NUIT (Léopold Sédar Senghor)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2021




    
AVANT LA NUIT

Avant la nuit, une pensée de toi pour toi, avant que je ne tombe
Dans le filet blanc des angoisses, et la promenade aux frontières
Du rêve du désir avant le crépuscule, parmi les gazelles des sables
Pour ressusciter le poème au royaume d’Enfance.

Elles vous fixent étonnées, comme la jeune fille du Ferlo, tu te souviens
Buste peul flancs, collines plus mélodieuses que les bronzes saïtes
Et ses cheveux tressés, rythmés quand elle danse
Mais ses yeux immenses en allés, qui éclairaient ma nuit.

La lumière est-elle encore si légère en ton pays limpide
Et les femmes si belles, on dirait des images ?
Si je la revoyais la jeune fille, la femme, c’est toi au soleil de Septembre
Peau d’or démarche mélodieuse, et ces yeux vastes, forteresses contre la mort.

(Léopold Sédar Senghor)

 

Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
Traduction:
Editions: Points

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Où réside l’esprit? (Seamus Heaney)

Posted by arbrealettres sur 7 août 2020



Où réside l’esprit? Au-dedans, au-dehors
Des choses remémorées, des choses faites ou défaites?
Premier le cri de l’oiseau de mer, première l’âme

Imaginée dans l’aube froide de son cri?
Et son perchoir ultime? Le bâton fangeux d’un nid
De corneille, au sommet de la vieille tour de pierre,

Ou le buste de marbre dominant le parterre?
Habitable, la forme accomplie?
Habitée, la lumière venteuse?

Pourquoi la note maintenue, pourquoi la ligne maintenue
Sinon pour l’assaut qui rassure?

***

Where does spirit live? Inside or outside
Things remembered, made things, things unmade?
What came first, the seabird’scry or the soul

Imagined in the dawn cold when it cried?
Where does it roost at least? On dungy sticks
In a jackdaw’s nest up in the old stone tower

Or a marble bust commanding the parterre?
How habitable inhabited the windy light?

What’s the use of a held note or held line
That cannot be assailed for reassurance?

(Seamus Heaney)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les bijoux (Charles Baudelaire)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018



nue aux bijoux 1 [800x600]

Les bijoux

La très-chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.

Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !

Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !

(Charles Baudelaire)

Illustration

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

CHOSES (Jules Tordjman)

Posted by arbrealettres sur 25 août 2018



CHOSES

Il y a pour m’étonner et me convaincre cette lampe sûre
de sa clarté double, ce buste de penseur aux tempes
irritées de signes, ce miroir qui n’épuise pas sa multiple aventure.

Irradiation des choses !

L’envers et l’endroit se trahissent en croisant leurs feux :
ce verre d’eau me parle avec les mots de la source,
cette main nervurée m’explique le marbre.

… Puis il y a ce couteau planté dans l’écorce de la nuit.

(Jules Tordjman)

Illustration: Ben Madeska

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

AUX CROQUE-MORTS (Francis Jammes)

Posted by arbrealettres sur 22 août 2018



 

Francis Jammes [1280x768]

AUX CROQUE-MORTS

Laissez-moi reposer auprès de mes enfants,
Avec ma femme, loin des pompes et des bustes.
Je ne veux
que la croix et pas même un arbuste :
Que me pleure la pluie et me plaigne le vent.

(Francis Jammes)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Abricot (Jacqueline Astégiano)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2018



Abricot

Mais

donc
est
le buste

qui va
avec
tes
petites
fesses
de
Chinoise ?

(Jacqueline Astégiano)

Posted in humour, poésie | Tagué: , , , , | 9 Comments »

C’est dans des chambres (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2017




C’est dans des chambres à commodes bombées,
à crucifix de bois noir,
à albums de photographies reliés de cuir de couleur vieux vin
que les pères ont pu tordre les poignets
de leurs filles, ou des oncles ceux de leurs nièces;
ces femmes étant en crinoline soufre
et leurs amoureux en redingotes couleur feu d’enfer.
Sous des gravures représentant l’Ombrie,
les lacs suisses ou les Etats du Pape,
elles tombaient à genoux, le visage blanc,
et sur leurs bustes éclatants, dans la pénombre,
plus éclatants encore des esclavages d’or.

(Jean Follain)

Illustration: Albert von Keller

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Bien avant d’avoir pu contempler (Jean Richepin)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2017



 

Bien avant d’avoir pu contempler à mon gré
Ta statue en chair toute nue,
J’avais vu tout ton corps, quoiqu’il me fût muré.
Et sa beauté m’était connue.

Des corsages jaloux traversant les rideaux,
Mes yeux touchaient ta gorge blanche ;
Et j’avais deviné la chute de ton dos,
Ta croupe, ton ventre, ta hanche,

Ton mollet rond, ta cuisse au contour ferme et plein,
Rien qu’à voir ta cheville preste.
Le bas de jambe est comme un espion malin
Qui trahit les secrets du reste.

Depuis lors je t’ai tenue
Entre mes doigts curieux.
J’ai vu ta chair toute nue
Sous mes yeux.

J’avais bien deviné juste
Tes invisibles trésors,
Tes flancs, tes reins et ton buste.
Tout ton corps.

Il faudrait un dithyrambe
Pour célébrer tes appas.
Car, sang-dieu ! ton bas de jambe
Ne ment pas.

(Jean Richepin)

 Illustration: Charles Amable Lenoir

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Nos deux ombres au clair de l’eau des lunes (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 22 août 2016



Nos deux ombres au clair de l’eau des lunes
sont plus proches que nos corps qui les font

elles s’offrent, se pénètrent chacune
mieux que nos bustes rêveurs sur le pont

mais qu’une épave glisse à fleur de Seine
et les ombres se déprennent, se cassent

les corps sans ombres se donnent eux-mêmes
les raisons qui les lient ou les espacent.

(Robert Mallet)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le laveur de carreaux (Jacques Charpentreau)

Posted by arbrealettres sur 29 mai 2016


 

laveur de carreaux 1 [800x600] [800x600]

Le laveur de carreaux

Suspendu comme une araignée
Au bout de son fil argenté
Le laveur de carreaux descend
Du haut de la tour. En passant,
Il dit bonjour aux habitants :

30 Le monsieur du trentième étage
Qui ne mange que du fromage.

29 Celui de l’étage au-dessous
Qui n’aime que la soupe aux choux.

28 Les gens qui viennent de Pluton
Et marchent les pieds au plafond

27 Le baryton de l’opéra
Qui se fait des oeufs sur le plat.

26 Ceux qui ont semé du gazon
Pour rendre plus gai leur béton.

25 Ceux qui élèvent des lapins
Sur l’herbe d’un salon de jardin.

24 Ceux qui ont mis dans leur baignoire
Un bébé phoque blanc et noir.

23 Le chat qui vit seul, noir et blanc,
(Il a dû louer l’appartement).

22 Le vieil Auvergnat à moustaches
Qui che regarde dans la glache.

21 Le militaire en permission
Qui compte ses décorations.

20 La foule du vingtième étage
C’est la réception d’un mariage.

19 La receveuse de la poste
Qui ne grignote que des toasts.

18 L’académicien nostalgique
Qui s’amuse au train électrique.

17 L’élève de Napoléon
Qui range ses soldats de plomb.

16 Le collectionneur de timbales
Qui joue du violon à pédales.

15 Un abbé qui fait du trapèze
Sur un bâton entre deux chaises.

14 L’amateur de scie musicale
Qui coupe l’Internationale

13 Le passionné d’exploration
Qui chasse le tigre au salon

12 Deux bustes de marbre au nez grec
Qui contemplent un jeu d’échecs.

11Un athlète en maillot de corps
Qui s’est allongé et qui dort .

10 La dame du dixième étage
Qui garde un sapajou en cage.

9 Plus bas une belle famille
Les parents et quatorze filles.

8 Des campeurs chantant à mi-voix
En rond autour d’un feu de bois

7 Un grand polytechnicien morne
Qui ne porte que son bicorne.

6 Un peu plus bas un éléphant
Prisonnier dans l’appartement.

5 Un couple se bat au cinquième
À coup de tartes à la crème.

4 La petite fille aux yeux bleus
Qui a les yeux verts quand il pleut.

3 La jeune fille du piano,
Qui se tricote un allegro.

2 La dentiste qui vient d’extraire
Une redoutable molaire.

1 Le petit garçon du premier
Qui fourre ses doigts dans son nez.

0 Tout est vide au rez-de-chaussée
La concierge est dans l’escalier.

On voit les secrets de la ville
Quand on descend au bout d’un fil.

(Jacques Charpentreau)

Illustration

 

 

Posted in humour, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :