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Poésie

Posts Tagged ‘flanc’

Vent (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2024



Illustration: Alexandre Podgorny
    
vent

haute
houle

lumière
déferlante

la mer
est là
où je
suis

sous ta
peau

dans
tes flancs

en amont
de ma
naissance

(Charles Juliet)

Recueil: Ce pays de silence précédé de Trop ardente et L’Inexorable
Editions: P.O.L.

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Paix (Yannis Ritsos)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2024




    

Paix

Le rêve de l’enfant, c’est la paix.
Le rêve de la mère, c’est la paix.
Les paroles de l’amour sous les arbres, c’est la paix.
Quand les cicatrices des blessures se ferment sur le visage du monde
et que nos morts peuvent se tourner sur le flanc et trouver
un sommeil sans grief
en sachant que leur sang n’a pas été répandu en vain,
c’est la paix.

La paix est l’odeur du repas, le soir,
lorsqu’on n’entend plus avec crainte
la voiture faire halte dans la rue,
lorsque le coup à la porte désigne l’ami
et qu’en s’ouvrant la fenêtre
désigne à chaque heure le ciel
en fêtant nos yeux aux cloches lointaines des couleurs,
c’est la paix.

La paix est un verre de lait chaud
et un livre posés devant l’enfant qui s’éveille.
Lorsque les prisons sont réaménagées en bibliothèques,
lorsqu’un chant s’élève de seuil en seuil, la nuit,
à l’heure où la lune printanière sort du nuage
comme l’ouvrier rasé de frais
sort du coiffeur du quartier, le samedi soir
c’est la paix

Lorsque le jour qui est passé
n’est pas un jour qui est perdu
mais une racine
qui hisse les feuilles de la joie dans le soir,
et qu’il s’agit d’un jour de gagné
et d’un sommeil légitime, c’est la paix.

Lorsque la mort tient peu de place dans le coeur
et que le poète et le prolétaire
peuvent pareillement humer le grand oeillet du soir,
c’est la paix.

Sur les rails de mes vers,
le train qui s’en va vers l’avenir chargé de blé et de roses,
c’est la paix.

Mes frères,
au sein de la paix, le monde entier
avec tous ses rêves respire à pleins poumons.
Joignez vos mains, mes frères,
C’est cela, la paix.

(Yannis Ritsos)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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Je sais bien que je les immortaliserai (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024




    
Je sais bien que je les immortaliserai,
ces moments cruellement mortels.
Tananarive.

Les aiguillons de l’horloge en mon flanc
comme ils sont prompts ou lents Ah!
L’heure me blesse, trop vite tardive,
de ses épines vives.
Quand sonnera l’heure que rien ne tend
dans la suite du temps
l’heure dont les armes ne tourneront
qu’au fond d’un piège rond
d’où nous serons l’un loin de l’autre absents
alors de ce présent
qui me vise et m’écorche et me dépèce
je ferai la caresse
du passé.

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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On croit que tout le pensable (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024



Illustration
    
On croit que tout le pensable
put pénétrer dans la maison
par les fenêtres
grandes ouvertes
sur la passée
des sentiments

On croit que tout le dicible
fut accueilli
par la porte cochère offerte
à la parole des passants

On croit avoir tout bien pesé, rangé
une bonne fois pour toutes
dans la claire et profuse demeure

Et voilà qu’une porte secrète
s’ouvre en ses flancs étonnés
où s’engouffrent les noirs inconnus
de nous-mêmes
qui bouleversent
l’ordre du jour
et du passé

(Robert Mallet)

 

Recueil: Cette plume qui tournoie
Editions: Gallimard

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À peine descendu sur la berge (Pier Paolo Pasolini)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2024




    
À peine descendu sur la berge, j’écoute
les grillons en déire, dispersés, qui disent
que rien ne se réjouit de mon retour.
Et je m’en vais seul. Alors de sa secrète solitude
la lune immobile me rejoint et ravive un peu
mes cheveux, ma joue, mon flanc vigoureux.
Où aller maintenant? À quoi bon
le vieux foin sous la première gelée
les mornes étoiles; il n’y a plus qu’un désert
horrible, sans fin…

***

Riascolto, appena sceso giù dall’argine,
grilli in delirio, radi, corne a dirmi
che niente si rallegra al mio ritorno.
E m’incammino solo. Da nascoste
solitudini intanto mi raggiunge
l’immota luna, e appena mi riaccende
i capelli, la gota, il vivo fianco.
Dove m’inoltro? Ahi, non ha più senso
sotto la prima brina il vecchio fieno,
e le squallide stelle, ed è un deserto
orribile, inesteso…

(Pier Paolo Pasolini)

 

Recueil: Je suis vivant
Traduction: Olivier Apert et Ivan Messac
Editions: NOUS

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Jeunesse (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2023



Illustration: Odile Wysocki-Grec
    
Jeunesse

Tu chantes !

Pour un temps s’apaise
L’univers en tornade
que tu portes dans tes flancs

Tu danses !

Ton corps brûle ses frontières
T’emporte hors de ton corps

Tu cries !

Ta fureur attise l’âme
des univers éteints

Tous les appels du monde
te traversent jeunesse !

Tu enfantes le feu.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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MON FEU (Anne-Marie Kegels)

Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2023



MON FEU

Ne me demandez pas les flammes les plus hautes.
Le feu que j’ai choisi demeurera caché.

Ne me demandez pas les tumultes, les sautes,
Du vent tourbillonnant au-dessus du bûcher.
Le feu que j’ai choisi s’enclôt dans une braise.
Il gîte au ras du sol, y scelle son baiser.
Il ignore les jeux crépitants des fournaises.
Vous ne le verrez pas de loin quand vous passez.
Il faut vous approcher de sa lumière sourde
Et doucement penché connaître son odeur
De forêt calcinée où les lierres s’accoudent.
Mon feu gémit sans fin d’un étrange bonheur.
Passez. Ne cherchez pas quelle est sa nourriture.
Il vit d’ombre, d’un cri, d’un long consentement.
Chaque nuit vient rôder à l’entour de ses flancs.
Et le ciel attentif souffle sur sa brûlure.

(Anne-Marie Kegels)

 

 

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Ève (Marie Krysinska)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2023



Illustration: Albrecht Dürer
    
Ève
À Maurice Isabey.

Ève au corps ingénu lasse de jeux charmants
Avec les biches rivales et les doux léopards
Goûte à présent le repos extatique,
Sur la riche brocatelle des mousses.

Autour d’elle, le silence de midi
Exalté la pâmoison odorante des calices,
Et le jeune soleil baise les feuillées neuves.

Tout est miraculeux dans ce Jardin de Joie :
Les branchages s’étoilent de fruits symboliques
Rouges comme des coeurs et blancs comme des âmes;

Les Rosés d’Amour encore inécloses
Dorment au beau Rosier;
Les lys premiers-nés
Balancent leurs fervents encensoirs
Auprès
Des chères coupes des Iris
Où fermente le vin noir des mélancolies;
Et le Lotus auguste rêve aux règnes futurs.

Mais parmi les ramures,
C’est la joie criante des oiseaux;
Bleus comme les flammes vives du Désir,
Roses comme de chastes Caresses
Ornés d’or clair ainsi que des Poèmes
Et vêtus d’ailes sombres comme les Trahisons.

Ève repose,
Et cependant que ses beaux flancs nus,
Ignorants de leurs prodigieuses destinées,
Dorment paisibles et par leurs grâces émerveillent
La tribu docile des antilopes,

Voici descendre des plus hautes branches
Un merveilleux Serpent à la bouche lascive,
Un merveilleux Serpent qu’attire et tente
La douceur magnétique de ces beaux flancs nus,
Et voici que pareil à un bras amoureux,
Il s’enroule autour
De ces beaux flancs nus
Ignorants de leurs prodigieuses destinées.

(Marie Krysinska)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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L’étoile a pleuré rose (Arthur Rimbaud)

Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2023



Illustration
    
L’étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles,
L’infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l’Homme saigné noir à ton flanc souverain.

(Arthur Rimbaud)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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Sed non satiata (Charles Baudelaire)

Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2023




Illustration: Edvard Munch
    
Sed non satiata

Bizarre déité, brune comme les nuits,
Au parfum mélangé de musc et de havane,
Oeuvre de quelque obi, le Faust de la savane,
Sorcière au flanc d’ébène, enfant des noirs minuits,

Je préfère au constance, à l’opium, au nuits,
L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane ;
Quand vers toi mes désirs partent en caravane,
Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.

Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme,
O démon sans pitié ! verse-moi moins de flamme ;
Je ne suis pas le Styx pour t’embrasser neuf fois,

Hélas ! et je ne puis, Mégère libertine,
Pour briser ton courage et te mettre aux abois,
Dans l’enfer de ton lit devenir Proserpine !

(Charles Baudelaire)

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