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Poésie

Posts Tagged ‘tenter’

Ce rien (Tristan Cabral)

Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024




    
Ce rien

Certains soirs,
On appuierait bien sur la gâchette,
On tenterait bien le trou noir et la tendre blessure
Mais on ne le fait pas
Par peur
Par peur qu’après
Il n’y ait plus Rien
Même pas cette fêlure
Qui fait danser la Vie !

(Tristan Cabral)

Recueil: Poèmes à dire
Editions: Chemins de Plume

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Tenter, braver, persister, persévérer (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024



Illustration: Eugène Delacroix
    
Tenter, braver, persister, persévérer,
être fidèle à soi-même,
prendre corps à corps le destin,
étonner la catastrophe
par le peu de peur qu’elle nous fait,
tantôt affronter la puissance injuste,
tantôt insulter la victoire ivre,
tenir bon, tenir tête;

voilà l’exemple dont les peuples ont besoin,
et la lumière qui les électrise.

(Victor Hugo)

 

Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Editions: Bruno Doucey

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LA FILLE DE NOÉ (Christine Chia)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2024



Illustration: Marie Amalia
    
LA FILLE DE NOÉ

T’as jamais entendu parler de moi ?
Ça m’étonne pas — les filles sont le sale petit secret du patriarcat.
Moi aussi j’étais dans l’arche réduite à pelleter la merde avec mes belle-soeurs.
Un éléphant, ça chie énormément.

Donc imagines-en deux et multiplie les tas de merdes fumantes par le nombre d’animaux.
On écopait la merde toute la journée, toute la nuit,
bravant vent de loup et mer déchaînée pour tenter d’échapper à la puanteur suffocante.

Et donc, qu’ont fait les patriarches ?
Du vin, bien sûr. Du fromage.

Nous avons fait le pain.

***

NOAH’S DAUGHTER

You never heard of me?
No surprise — daughters are the dirty secret
of the patriarchy. I too, was in the Ark,
slaved with my sisters-in-law to shovel
shit. An elephant is a pooping machine.

Now imagine two elephants.
Multiply the steaming piles of shit by ail the animais.
We tipped shit over ail day, ail night, braving the wolf wind and storm waters
to save ourselves from the suffocating stench.

Now, what did the patriarch do?
They made wine, of course. And cheese.

We made the bread.

(Christine Chia)

Recueil: La Sauvagerie
Editions: Biophilia

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Ève (Marie Krysinska)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2023



Illustration: Albrecht Dürer
    
Ève
À Maurice Isabey.

Ève au corps ingénu lasse de jeux charmants
Avec les biches rivales et les doux léopards
Goûte à présent le repos extatique,
Sur la riche brocatelle des mousses.

Autour d’elle, le silence de midi
Exalté la pâmoison odorante des calices,
Et le jeune soleil baise les feuillées neuves.

Tout est miraculeux dans ce Jardin de Joie :
Les branchages s’étoilent de fruits symboliques
Rouges comme des coeurs et blancs comme des âmes;

Les Rosés d’Amour encore inécloses
Dorment au beau Rosier;
Les lys premiers-nés
Balancent leurs fervents encensoirs
Auprès
Des chères coupes des Iris
Où fermente le vin noir des mélancolies;
Et le Lotus auguste rêve aux règnes futurs.

Mais parmi les ramures,
C’est la joie criante des oiseaux;
Bleus comme les flammes vives du Désir,
Roses comme de chastes Caresses
Ornés d’or clair ainsi que des Poèmes
Et vêtus d’ailes sombres comme les Trahisons.

Ève repose,
Et cependant que ses beaux flancs nus,
Ignorants de leurs prodigieuses destinées,
Dorment paisibles et par leurs grâces émerveillent
La tribu docile des antilopes,

Voici descendre des plus hautes branches
Un merveilleux Serpent à la bouche lascive,
Un merveilleux Serpent qu’attire et tente
La douceur magnétique de ces beaux flancs nus,
Et voici que pareil à un bras amoureux,
Il s’enroule autour
De ces beaux flancs nus
Ignorants de leurs prodigieuses destinées.

(Marie Krysinska)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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FANCHON REFUSE, MAIS… (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 14 novembre 2023



Illustration: William Bouguereau

    

FANCHON REFUSE, MAIS…

Fanchon dans ce beau vallon
Viens unir ta voix à ma musette
Pourquoi me répéter toujours « non » !
Laissons nos troupeaux à l’ombrage
Profitons du temps du rossignol sauvage
… Profitons de la saison
Viens, viens. N’appréhendez rien.
Je suis un berger sage
Mon plaisir est de chanter ton nom
Fanchon (bis).

2

Berger fuyons le danger
Je ne te suis pas, je crains ma mère.
Berger fuyons le danger :
Maman me défend de m’éloigner,
Car si le loup rempli de rage
Dessus mon troupeau venait faire ravage
Qui pourrait me consoler ?
L’on dirait partout dans nos villages
Fanchon abandonne le verger.
Berger fuyons le danger, Berger… (bis).

3

Viens, viens, n’appréhendez rien.
Bravons les discours du voisinage
Viens, viens, n’appréhendez rien.
Nos troupeaux sont gardés par nos chiens.
Peut-on refuser un hommage
D’un berger discret
Tendre fidèle et sage,
Qui cherche tout pour nos biens ?
Promets moi la foi du mariage.
Donne-moi ton cœur et prends le mien.
Viens, viens (bis).

4

Non, non je n’y consens pas
A vous donner mon cœur
Je suis trop jeunette
Non, non je n’y consens pas
Vos discours flatteurs ne me tentent pas
Souvent j’entends dire à ma mère…

[…]

(Chansons du XVIIIè)

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A l’est de la ville (Wang Wei)

Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2023



Illustration: Shen Zhou
    
A l’est de la ville
Le jour des Repas froids
Le clair ruisseau traverse
les pêchers et les pruniers,
Les roseaux verts jouent dans les remous
à cacher de blanches ombelles.
Combien sont-ils à vivre là,
au bord du ravin,
Parmi les fleurs tombées à moitié
sur l’eau pour l’Orient?

Un ballon parfois s’envole
plus haut que les oiseaux,
Les balançoires tentent de dépasser
les saules pleureurs.
Dès le jour de l’équinoxe la jeunesse
part en grande flânerie,
Sans attendre la Pure Lumière
ni le Dixième Supérieur…

(Wang Wei)

Recueil:Les saisons bleues
Traduction: Patrick Carré
Editions: Phébus

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Fled is that music (Jean Fanchette)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2023




    
Fled is that music

Mon âme est ce ciel de novembre
Aux lianes-mains jointes des arbres
Levées en quel élan mystique ?
Mon âme est une douceur d’automne
Jaillie du flanc de ton amour
De mon enfance retrouvée
Endormie dans la rumeur
Lointaine de la mer absente

Mon âme est une immense aurore
Que la nuit a tentée en vain
Et qui entr’ouvre en souriant
Ma nostalgique douceur d’automne

Mais quel oiseau a pris l’essor
Là-bas sur les collines du temps
Quel vol harcelant de colombes
Dans le brouillard en filigrane ?

(Jean Fanchette)

Recueil: L’île Équinoxe
Editions: Philippe Rey

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Je sais fort bien parler d’amour (Raimbaut d’Orange)

Posted by arbrealettres sur 20 septembre 2023



Illustration: Frederic Leighton
    
Je sais fort bien parler d’amour
Au profit des autres amants
Mais pour moi, qui m’importe tant,
Je ne sais dire ni conter.
Rien ne me vient, pas plus louange
Que railleries ou mots pointus.
C’est qu’en amour je suis ainsi :
Trop bon, trop franc et trop sincère.

J’enseignerai donc la manière
D’aimer aux autres amoureux.
Et s’ils croient mon enseignement
Ils me devront bien des conquêtes !
Qu’on pende ou brûle sans tarder
Quiconque ne me croira pas,
Et gloire à ceux-là qui sauront
Se servir des clés de ma science !

Voulez-vous conquérir les dames
Qui vous feront peut-être honneur ?
Si leurs propos sont méprisants,
Faites les gros yeux, menacez !
Si elles se font trop insolentes,
Frappez-les du poing sur le nez !
Soyez aussi durs qu’elles sont.
Grand mal à elles, à vous grand paix !

Voulez-vous encore savoir
Comment conquérir les meilleures ?
Par méchants mots, par vantardises
Chants mauvais que vous leur ferez.
Honorez les pires de toutes,
Tentez d’égaler leurs défauts,
Veillez à ce que vos logis
N’aient pas l’air d’austères églises.

Ainsi vous aurez du succès.
Moi, j’agirai d’une autre sorte
Car il ne me plaît pas d’aimer.
Je ne veux pas plus en souffrir
Que si toutes étaient mes soeurs.
Je serai donc sûr et précieux,
Soumis et modeste, loyal,
Doux, amoureux, fidèle et tendre.

Mais gardez-vous de m’imiter,
Ma conduite sera folie !
Ne soyez pas comme je suis,
Tenez-vous-en à ma leçon,
Si vous ne voulez pas souffrir
De peines et pleurs infinis.
Si je voulais les courtiser
Je serais dur, rude, teigneux.

Sûr, j’ai le droit d’être moqueur
Car — ce n’est pas à mon honneur —
Je n’aime rien. Qu’est-ce qu’aimer?
J’ai un anneau, là, à mon doigt.
Il a fait ma joie, mais silence !
Tais-toi, ma langue, trop parler
Fait plus de mal qu’un grand péché.
Je tiendrai donc mon coeur bien clos

J’ai une Belle qui sait lire.
Tel est son prix, son dévouement,
Qu’aucun mal ne me viendra d’elle.
Ce poème est fait, qu’il s’en aille
À Rodez, dont je suis vassal.

(Raimbaut d’Orange)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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Chanson (Guillaume de Poitiers)

Posted by arbrealettres sur 18 septembre 2023




    
Chanson

Je ferai chansonnette neuve
Avant qu’il vente, gèle ou pleuve.
Ma dame me tente et m’épreuve
Pour savoir quel amour me tient.
Malgré les peines qui m’émeuvent
Je ne dénoue pas ses liens.

Je me rends à elle et me livre,
Elle peut m’inscrire en ses livres,
Ne croyez pas que je sois ivre,
Désir de ma Dame me tient.
Sans elle je ne peux pas vivre.
De son amour j’ai si grand faim !

Vous êtes plus blanche qu’ivoire,
Je vous adore et vous veux boire,
Je veux bien mourir de mort noire
Si je n’ai secours d’amour vrai.
Par la tête de saint Grégoire
Au lit ou sous l’arbre, un baiser !

Que gagnerez-vous jolie Dame
A me tenir loin de votre âme ?
Ne jouez pas la sainte femme !
Sachez donc, tant je vous chéris,
Que je crains dur tourment de larmes
Si vous n’entendez pas mon cri.

Je sombrerai en patenôtres
Si vous ne me tenez pour vôtre.
Toute la joie du monde est nôtre
Bonne dame, si vous m’aimez.
Je te prie, mon ami Daurostre
De chanter ces vers sans bramer !

Car pour elle j’ai froid, je tremble
Tout amour en elle s’assemble,
Il n’en est point qui lui ressemble
Dans la lignée du père Adam.

Chanson

Dans la douceur du temps nouveau
Les bois verdissent, les oiseaux,
Chacun dans son langage, chantent
Les vers plaisants du renouveau.
Il faut bien que tout être cherche
À satisfaire son désir !

Ne me viennent du lieu béni
Ni message ni lettre close,
Et mon coeur ne dort ni ne rit.
Accourir vers elle je n’ose
Tant que j’ignore en vérité
Si nos cœurs sont bien accordés.

Ainsi va-t-il de notre amour
Comme la branche d’aubépine
Tout au long de la nuit, tremblante
Elle endure le froid, la pluie,
Le lendemain vient le soleil
Sur la feuille et le rameau vert.

Je me souviens d’un beau matin
Où nous mîmes fin à la guerre.
Elle me fit le don, ce jour-là
De son amour, de son anneau.
Dieu veuille que je vive assez
Pour passer les mains sous sa cape !

Peu m’importe ce que l’on dit
Pour me pousser à fuir Voisine.
Je sais ce que valent les mots,
Et comment ils vont çà et là.
D’autres d’amour se gargarisent
Moi j’en ai la chair et le dard.

(Guillaume de Poitiers)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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Si vive était la clarté (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 7 août 2023




    
Si vive était la clarté
Que je fermai les yeux
Si pure était la beauté
Que se taire valait mieux
Et maintenant s’il m’arrive de les citer
C’est un peu
Comme on demande pardon de tenter
Dieu

(Anne Perrier)

 

Recueil: Anne Perrier
Editions: Seghers

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