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Poésie

Posts Tagged ‘soi-même’

Tenter, braver, persister, persévérer (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024



Illustration: Eugène Delacroix
    
Tenter, braver, persister, persévérer,
être fidèle à soi-même,
prendre corps à corps le destin,
étonner la catastrophe
par le peu de peur qu’elle nous fait,
tantôt affronter la puissance injuste,
tantôt insulter la victoire ivre,
tenir bon, tenir tête;

voilà l’exemple dont les peuples ont besoin,
et la lumière qui les électrise.

(Victor Hugo)

 

Recueil: L’Ardeur ABC poétique du vivre plus
Editions: Bruno Doucey

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LE PÉRISCOPE (Ron Padgett)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2024



Illustration: Odilon Redon
    
LE PÉRISCOPE

«Je»
est une façon de voir les choses comme
à travers un périscope
par lequel arrive la peur
ou la satisfaction du capitaine
et de l’équipage quand l’ennemi est pulvérisé.

Ensuite on plonge, on plonge
se cacher tout au fond,
on rentre en soi-même comme des animaux
dont la mémoire a perdu les choses
qu’ils ont tuées et ce qu’ils sont,

quel grand cadeau et quelle terreur plus grande encore
quand l’animal et l’ange s’unissent derrière une étoile
le maigre «je » passe doucement dans le noir.

(Ron Padgett)

 

Recueil: On ne sait jamais
Traduction: Claire Guillot
Editions: Joca Seria

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Je reviens d’un pays… (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2023



Illustration
    
Je reviens d’un pays…

Je reviens d’un pays plus désert que ma tête
Où les gens que j’ai vus ne me connaissaient pas.
J’étais sale, oscillant, velu comme une bête.
Des enfants me suivaient qui riaient sur mes pas,
Moi je n’entendais rien… Le soleil ni la pluie
Ne me concernaient plus… Je dormais tout debout,
Les pommiers, les iris étaient couleur de suie,
J’avançais sans espoir d’en jamais voir le bout.

Je ne connaissais rien de ces mornes contrées.
Dans ma nuit j’entendais sonner l’heure au clocher,
Des airs de limonaire, de kermesses passées,
Et je ne savais plus de quel côté pencher.
C’est affreux d’avancer sans savoir qu’on recule,
De laisser des lambeaux de soi-même partout,
De n’être en plein soleil qu’un point noir minuscule
Qui bientôt ne sera sans doute rien du tout.

Je sais que l’on m’avait retiré des organes
Mais je ne savais pas très bien lesquels… et c’est curieux
De voir en trois secondes un bouquet qui se fane,
Une rose du jour s’effeuiller sous vos yeux.
C’est une étrange affaire… alors on se demande
Où sont les vérités dans ces effondrements.
À quel Dieu présenter sa déroute en offrande ?
On dit «mourir d’amour », il faut savoir comment.

L’enfer est un pays sans fenêtre ni porte
Où la femme que j’aime est peinte en trompe-l’oeil.
Je sais bien, malgré tout, qu’il faudrait que j’en sorte.
Même si j’y parviens, qui m’attend sur le seuil ?
Je ne remonterai jamais sur ces manèges,
Mes beaux chevaux de bois ne seraient plus pareils.
Je voudrais devenir un bonhomme de neige
Et fondre doucement, en silence, au soleil…

(Bernard Dimey)

Recueil: Le milieu de la nuit
Editions: Christian Pirot

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AIMER, C’EST PEUT-ETRE… (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 Mai 2023




    
AIMER, C’EST PEUT-ETRE…

C’est peut-être sourire encor plus qu’on ne peut
C’est toujours écouter, afin de mieux comprendre…
C’est offrir sa bonté ne cessant de surprendre
Avec un mot choisi… tel un fruit savoureux
Attire le regard fait fleurir l’espérance
Pour alléger un sort aux soupirs frémissants
Oh ! Ce bien bel amour penché sur la souffrance
Qu’il monte vers les cieux, brûlant comme l’encens
— Pour simplement aimer et s’oublier soi-même
Et dire à notre vie, au fil de ses jours, Aime !.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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FAIS CHANTER TA LYRE (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 Mai 2023



Illustration
    
FAIS CHANTER TA LYRE

Sais-tu qu’il faut aimer pour devenir heureux ?
C’est la loi de la vie on ne peut la trahir
Sans se blesser soi-même et parfois se haïr
Heureuse condition pour le coeur généreux.

Tu n’as jamais médit. Surtout n’y songe pas
Reste bien grand de paix et fais chanter ta lyre
Au-dessus du pardon comme l’amour délire
C’est la belle prière à faire encor tout bas.

Il te faut donc aimer au grand jeu du destin
Le soleil et les fleurs, le prix de la souffrance
Alors t’apparaîtra celui de l’espérance
Plus grand que la douleur lumineux et certain.

Puisque tu crois au ciel il faut lever les yeux
Ne fais jamais douter ton cœur de sa puissance
Prends ce chemin qui monte et console joyeux
Toutes choses, un jour perdent leur suffisance.

Il te faut donc aimer au fort de l’aquilon
Et même plus encor comme au jour le plus long
Dieu peut-il oublier et le roseau qui tremble
Et l’amour qui se donne à lui et marche d’amble.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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NEZAHUALCOYOTL (Miguel León-Portilla)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2023




NEZAHUALCOYOTL
    
Nulle part ne se trouve la maison de l’inventeur de soi-même.
Dieu, notre seigneur, est invoqué partout,
partout il est vénéré.
On cherche sa gloire, sa renommée sur terre.
Il est celui qui invente les choses,
celui qui s’invente soi-même : Dieu.
Partout il est invoqué
partout il est vénéré,
on cherche sa gloire, sa renommée sur terre.

Nul ne peut ici
nul ne peut être l’ami
de Celui qui donne vie :
seulement quand il est invoqué
à son côté
près de lui
on peut vivre sur cette terre.
Celui qui l’a trouvé
sait seulement ceci : invoqué
à son côté
près de lui
on peut vivre sur cette terre.

Nul en vérité
n’est ton ami,
ô toi qui donnes vie !
Ainsi qu’entre les fleurs
nous chercherions quelqu’un
ainsi nous te cherchons,
nous qui vivons sur terre
bien que nous soyons à ton côté.
Ton coeur se lassera
et pour peu de temps
nous serons avec toi, près de toi.

Celui qui donne vie nous rend fous,
nous enivre ici.

Nul sans doute ne peut être à son côté
être heureux, régner sur terre.

Toi seul altères les choses,
notre coeur le sait bien :
nul sans doute ne peut être à ton côté,
être heureux, régner sur terre.

traduit du Nahuátl

(Miguel León-Portilla)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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Extrêmement se perdre aux bornes de soi-même (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023




    
Extrêmement se perdre aux bornes de soi-même
Grâce au fil qui nous fut donné
Aboutira peu loin mais c’est le seul extrême
Permis par un monde borné.
Si dans sa propre nuit le voyageur s’enfonce
Il n’en peut atteindre le bout.
Un sphinx garde la porte et ne donne réponse
Autre que ses yeux de hibou.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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Parfois, en ces jours (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Parfois, en ces jours à la lumière exacte et parfaite,
En lesquels les choses ont toute la réalité qu’elles peuvent avoir,
Je me demande à moi-même lentement
Pourquoi je vais moi aussi jusqu’à attribuer
De la beauté aux choses.

De la beauté, une fleur en aurait-elle par hasard ?
Un fruit aurait-il par hasard de la beauté ?
Quе non : ils ont couleur et forme
Et existence, rien de plus.
La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas
Quе je donne aux choses en échange du plaisir qu’elles me donnent.
Elle ne signifie rien.
Alors pourquoi est-ce que je dis des choses : elles sont belles ?

Eh oui, même en moi, qui ne vis que de vivre,
Invisibles, ils s’immiscent, les mensonges des hommes
Devant les choses,
Devant les choses qui tout simplement existent.
Qu’il est difficile d’être soi-même et de ne voir que le visible!

(Fernando Pessoa)

Recueil: Oeuvres poétiques
Traduction:
Editions: Gallimard

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La surface est là pour qu’on la traverse (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2021



La surface est là
Pour qu’on la traverse –

La traverse vers quoi?
On ne le sait pas.

Une fois la surface traversée,
On se vivra

Epousant un intérieur
Autre que soi-même.

(Guillevic)

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Tu es seul… (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2021




    
Tu es seul…

Tu es seul. Nul ne le sait. Tais-toi et feins,
Mais feins, surtout, sans faux-semblant.
N’espère rien qui en toi déjà n’existe.
Chacun avec soi-même est triste.
Tu as le soleil s’il fait soleil, des branches
Si c’est des branches que tu cherches,
Et la chance si la chance t’échoit.

(Fernando Pessoa)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Visage avec masques
Traduction: Traduit du portugais par Armand Guibert
Editions: Alfred Eibel

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