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FAIS CHANTER TA LYRE (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023



Illustration
    
FAIS CHANTER TA LYRE

Sais-tu qu’il faut aimer pour devenir heureux ?
C’est la loi de la vie on ne peut la trahir
Sans se blesser soi-même et parfois se haïr
Heureuse condition pour le coeur généreux.

Tu n’as jamais médit. Surtout n’y songe pas
Reste bien grand de paix et fais chanter ta lyre
Au-dessus du pardon comme l’amour délire
C’est la belle prière à faire encor tout bas.

Il te faut donc aimer au grand jeu du destin
Le soleil et les fleurs, le prix de la souffrance
Alors t’apparaîtra celui de l’espérance
Plus grand que la douleur lumineux et certain.

Puisque tu crois au ciel il faut lever les yeux
Ne fais jamais douter ton cœur de sa puissance
Prends ce chemin qui monte et console joyeux
Toutes choses, un jour perdent leur suffisance.

Il te faut donc aimer au fort de l’aquilon
Et même plus encor comme au jour le plus long
Dieu peut-il oublier et le roseau qui tremble
Et l’amour qui se donne à lui et marche d’amble.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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PAMPOÉSIE (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022




    
PAMPOÉSIE

Poésie, patrimoine étoilé :
il fallut découvrir peu à peu ventre vide et sans guide
ton terrestre héritage,
la clarté lunaire et l’épi secret.

La clef, de la solitude à la foule,
se perdait dans les rues et dans les bois
et sous les pierres et dans les trains.

La condition obscure en est le premier sceau,
l’ivresse grave avec un simple verre d’eau,
le corps rassasié sans avoir mangé,
le coeur qui mendie avec son orgueil.

Et bien d’autres choses que taisent les livres
remplis d’une splendeur sans joie : il faut
entamer peu à peu la pierre qui écrase,
dissoudre peu à peu le minerai de l’âme
jusqu’à ce que tu sois celui qui lit,
jusqu’à ce que l’eau chante par ta bouche.

Ce qui est plus facile que la mer à boire
et plus difficile aussi que naître sans fin.
C’est un étrange office qui te cherche
et qui se cache quand on l’a cherché,
c’est une ombre au toit crevassé
mais où dans chaque trou il y a une étoile.

(Pablo Neruda)

Recueil: Mémorial de l’Île Noire
Traduction: Claude Gouffon
Editions: Gallimard

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Le Loup et le Chien (Isaac de Benserade)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2020



Illustration:  Jean-Jacques Grandville
    
Le Loup et le Chien.

Que tu me parais beau, dit le loup au limier,
Net, poli, gras, heureux et sans inquiétude !
Mais qui te pèle ainsi le col ? Mon collier.
Ton collier ? fi des biens avec la servitude.

Dépendre dans les fers du caprice d’un maître,
Dure condition, disait le loup au chien ;
Il lui fit bien connaître
Que sans la liberté, tout le reste n’est rien.

(Isaac de Benserade)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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Et si l’on vous demande (Barbara Auzou)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020




    
Et si l’on vous demande

Et si l’on vous demande
Vous répondrez que je ne suis qu’une crieuse d’herbes
Cultivant son âge et sa déraison dans un rire frais
Découpé dans les clairières de l’enfance et que je répare
En toutes saisons l’oiseau que le vent indocile a cassé
Qu’il aurait été trop facile de faire rimer demande avec amandes
Dans ces conditions et au coin de votre oeil hilare.

(Barbara Auzou)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Revue Traction-Brabant 88
Traduction:
Editions: Patrice Maltaverne

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L’HOMME ET SON OMBRE (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 10 avril 2020



Illustration
    
(Recueil Pages d’écriture)
L’HOMME ET SON OMBRE

La déroute des idoles n’a pas étouffé en nous le désir
de construire quelques êtres démesurés, étrangers à la raison,
capables de contenir toutes nos craintes, et, en même temps,
de nous conduire aux portes d’un empire incorruptible, paré
des augustes prestiges de l’impersonnalité.
Mais, par un bizarre paradoxe, puisque nulle chose, même
au bord du néant, ne peut nous arracher au souvenir de notre
condition, il semble qu’aujourd’hui la première de ces figures
mythiques, encore obscure et tremblante comme un monde
naissant, ne soit autre que l’Homme lui-même. Dans les
définitions qu’il se donne de sa propre nature et de son propre
destin, il n’est pas un trait, pas une notion qui ne le dépasse.
Son ombre gigantesque l’entraîne et il la suit en gémissant.

(Jean Tardieu)

 

Recueil: Jean Tardieu Un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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Trois causes principales de querelles (Hobbes)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2020



Illustration: Salvador Dali
    
Trois causes principales de querelles

Nous pouvons trouver dans la nature humaine trois causes principales de querelles :
premièrement, la rivalité ;
deuxièmement, la méfiance ;
troisièmement, la fierté.

La première de ces choses fait prendre l’offensive aux hommes en vue de leur profit.
La seconde, en vue de leur sécurité.
La troisième, en vue de leur réputation.

Dans le premier cas, ils usent de la violence
pour se rendre maîtres de la personne d’autres hommes, de leurs femmes, de leurs enfants, de leurs biens.
Dans le second cas, pour défendre ces choses.
Dans le troisième cas, pour des bagatelles,
par exemple pour un mot, un sourire, une opinion qui diffère de la leur,
ou quelque autre signe de mésestime, que celle-ci porte directement sur eux-mêmes,
ou qu’elle rejaillisse sur eux, étant adressée à leur parenté, à leurs amis, à leur nation, à leur profession, à leur nom.

Il apparaît clairement par là qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect,
ils sont dans cette condition qui se nomme guerre,
et cette guerre est guerre de chacun contre chacun.

(Hobbes)

 

Recueil: Léviathan
Traduction:
Editions:

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Le Bonheur (Albert Camus)

Posted by arbrealettres sur 3 août 2019



L’erreur est de croire qu’il faut choisir,
qu’il faut faire ce qu’on veut,
qu’il y a des conditions du bonheur.

Le Bonheur est ou il n’est pas.

C’est la volonté du bonheur qui compte,
une sorte d’énorme conscience toujours présente.
Le reste, femmes, oeuvre d’art, succès mondains,
ne sont que prétextes.

Un canevas qui attend nos broderies.

(Albert Camus)

 

 

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Etre (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2019



    

L’inépuisable lutte entre les êtres
est la première condition d’être.

Etre une rose c’est lutter contre une autre rose,
visible ou invisible,
contre toutes les roses.
Et même plus:
c’est lutter contre ce qui n’est pas une rose.
Et plus encore:
c’est lutter contre sa propre absence de rose.

La lutte scandaleuse
entre deux êtres qui s’aiment
est une évidente affirmation d’être.
La défaite de l’amour
est son triomphe.

***

LA lucha inagotable entre los seres
es la primera condición de ser.

Ser rosa es luchar contra otra rosa,
visible o invisible,
contra todas las rosas.
Y más aún:
es luchar contra lo que no es rosa.
Y mas todavía :
es luchar contra su propia ausencia de rosa.

La lucha escandalosa
entre dos seres que se aman
es una manifiesta afirmación de ser.
La derrota del amor
es su triunfo.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Onzième Poésie Verticale
Traduction: Fernand Verhesen
Editions: Lettres Vives

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J’ai un oiseau noir (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2019



Illustration: Georges Braque
    
J’ai un oiseau noir
pour qu’il vole de nuit.
Et pour qu’il vole de jour
j’ai un oiseau vide.

Mais j’ai découvert
que les deux se sont mis d’accord
pour occuper le même nid,
la même solitude.

C’est pourquoi, parfois,
je leur ôte ce nid,
pour voir ce qu’ils font
quand leur manque le retour.

Ainsi j’ai appris
un incroyable dessin :
le vol sans conditions
dans l’absolument ouvert.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Nouvelle Poésie Verticale
Traduction: Roger Munier
Editions: Lettres Vives

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A côté de chaque ligne, il y a un vide (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 5 mars 2019



 

Illustration
    
A côté de chaque ligne, il y a un vide.
Est-ce l’ombre que la ligne projette
ou le modèle qu’elle copie ?
De toute manière, qu’est-ce qui soutient la ligne
et comment ne se perd-elle pas dans le vide ?

Sous chaque couleur, il y a un vide.
Chaque couleur est-elle la naissance d’un abîme
ou seulement sa surface habitable ?
De toute façon, que dit ainsi la couleur
et que dirait-elle s’il n’y avait pas de vide ?

Dans chaque corps, il y a un vide.
Le corps est-il un refuge du néant
ou seulement un malentendu entre ses cavités ?
Mais alors pourquoi, au lieu de corps,
n’y a-t-il pas diverses densités de vide ?

Dans la pensée même est le vide.
Est-il une condition de la pensée
ou est-ce à l’inverse la pensée qui le crée?
Néanmoins, pourquoi tant de fantômes de fantômes
et non le vide en sa plénitude de vide?

(Roberto Juarroz)

Recueil: Nouvelle Poésie Verticale
Traduction: Roger Munier
Editions: Lettres Vives

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