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Poésie

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« Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière… » (Les Dix-Neuf Poèmes anciens des Han)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2024



Illustration: Zheng Jian
    
« Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière… »

Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière
Amples, si amples se déploient les saules du jardin
Belle, si belle cette femme qui se tient en haut des marches
Claire et brillante, elle apparaît dans la fenêtre
Charmant, si charmant son visage poudré
Fines, si fines ses mains blanches qui se découvrent
Autrefois chanteuse, elle ornait la maison de musique
La voilà aujourd’hui à un petit qui délaisse son foyer
Comment se résoudre à voir encore son lit inoccupé ?

Le banquet remplit le jour d’échos hilares
Et les joies délicieuses épuisent encore nos mots.
Comment dire cette merveille que le luth accentue ?
Son chant m’amène au voisinage céleste,
Le génie musical embrase l’écoute de ceux qui s’attardent
Et c’est d’un seul coeur que nous portons l’élan de nos souhaits
Mais la fête entamée garde encore une pensée silencieuse.
Les jours des hommes tourbillonnent puis se dispersent.
Si peu de temps pour jouir du beau séjour !
Pourquoi ne pas laisser ses ambitions galoper ?
Pour être ainsi le premier arrivé aux commandes du monde
Pourquoi rester pauvre et ignoré,
Enlisé dans les marais aigres du ressentiment !

(Les Dix-Neuf Poèmes anciens des Han)
(Ier siècle apr. J.-C.)

Recueil: Classiques de la poésie chinoise
Traduction: Alexis Lavis
Editions: Presses du Châtelet

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L’écume (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2023




Illustration: ArbreaPhotos
    
L’écume

Sur la plage candide
L’écume lâcha sels et débris

Elle zébra de rainures
Le sable immaculé
Entama la soie de sa trame
Entailla le grain de son tissu

Sur les plages ingénues
Les vagues accordèrent leurs dissonances
Rythmant le sol
d’algues de nacre et de scories.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Verte, si Verte, si verte l’herbe… (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022




Illustration: Shan Sa
    
Verte, si Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière
Amples, si amples se déploient les saules du jardin
Belle, si belle cette femme qui se tient en haut des marches
Claire et brillante, elle apparaît dans la fenêtre
Charmant, si charmant son visage poudré
Fines, si fines ses mains blanches qui se découvrent
Autrefois chanteuse, elle ornait la maison de musique
La voilà aujourd’hui à un petit qui délaisse son foyer
Comment se résoudre à voir encore son lit inoccupé ?

Le banquet remplit le jour d’échos hilares
Et les joies délicieuses épuisent encore nos mots.
Comment dire cette merveille que le luth accentue
Son chant m’amène au voisinage céleste
Le génie musical embrase l’écoute de ceux qui s’attardent
Et c’est d’un seul coeur que nous portons l’élan de nos souhaits
Mais la fête entamée garde encore une pensée silencieuse
Les jours des hommes tourbillonnent puis se dispersent
Si peu de temps pour jouir du beau séjour !
Pourquoi ne pas laisser ses ambitions galoper ?
Pour être ainsi le premier arrivé aux commandes du monde
Pourquoi rester pauvre et ignoré,
Enlisé dans les marais aigres du ressentiment !

La première lune d’hiver annonce les courants froids
Le vent du nord s’engouffre cruel et tranchant.
J’endure la peine et sais la nuit longue.
Les étoiles hiérarques s’égrènent dans la nuit claire
Au quinzième jour, la lune est pleine
Et au vingtième déjà ses ombres se brisent.
Un voyageur pâle me tend une lettre seule.
J’ai lu au premier vers « amour immortel »
J’ai lu au dernier vers « douleur infinie d’être encore
J’ai conservé cette lettre dans les plis de ma robe
Trois ans déjà sont passés mais les mots n’ont pas blanchi.
Je m’offre entière à cette unique ferveur
Et je tremble que jamais tu n’en voies la valeur.

(Anonyme)

Les dix-neuf poèmes anciens des Han (ler siècle ap. J.-C.)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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PAMPOÉSIE (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022




    
PAMPOÉSIE

Poésie, patrimoine étoilé :
il fallut découvrir peu à peu ventre vide et sans guide
ton terrestre héritage,
la clarté lunaire et l’épi secret.

La clef, de la solitude à la foule,
se perdait dans les rues et dans les bois
et sous les pierres et dans les trains.

La condition obscure en est le premier sceau,
l’ivresse grave avec un simple verre d’eau,
le corps rassasié sans avoir mangé,
le coeur qui mendie avec son orgueil.

Et bien d’autres choses que taisent les livres
remplis d’une splendeur sans joie : il faut
entamer peu à peu la pierre qui écrase,
dissoudre peu à peu le minerai de l’âme
jusqu’à ce que tu sois celui qui lit,
jusqu’à ce que l’eau chante par ta bouche.

Ce qui est plus facile que la mer à boire
et plus difficile aussi que naître sans fin.
C’est un étrange office qui te cherche
et qui se cache quand on l’a cherché,
c’est une ombre au toit crevassé
mais où dans chaque trou il y a une étoile.

(Pablo Neruda)

Recueil: Mémorial de l’Île Noire
Traduction: Claude Gouffon
Editions: Gallimard

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L’Innocence (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2022



 

A l’école on répétait
le problème
de l’étoffe et de la citerne
et sur la route personne
hormis l’homme à blouse soutachée
se désaltérant aux fontaines
dans sa poche tintaient des sous
du même bronze que les couches
mais dans l’été la pianiste
entamait ce vieil air
innocentant le monde.

(Jean Follain)

Illustration

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Je ne veux ni acheter ni vendre (Aya Cheddadi)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2018



 

Illustration: Galya Bukova    
    
Je ne veux ni acheter ni vendre
mais que les dettes soient annulées
À quoi bon ? Les autels sont en cendres
Dans le temple un oiseau a brûlé

Je ne veux ni lire ni écrire
mais que la page soit envolée
J’ai perdu et ma plume et ma lyre
Dans le temple un oiseau a brûlé

Je ne veux finir ni entamer
faire chanter ni d’amour souffrir
Je ne veux ni charbon ni saphir
mais seule contempler la fumée

La forêt en est tout assombrie
Les lièvres épient le ciel et disent
qu’il est temps d’appeler l’éclaircie
en dansant ce que la mort ne brise

(Aya Cheddadi)

 

Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard

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Plongé (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 1 novembre 2017



 Illustration
    
Je ne pense que quand j’entame la descente
Vers nos corps, que
Plongé dans ce qui n’a pas de fond

(Adonis)

 

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Mon œil en te voyant (Annibal de Lartigue)

Posted by arbrealettres sur 7 juin 2017



Illustration: Abel Dominique Boye   
    
Mon œil en te voyant fut épris de ta flamme,
Mon oreille fléchit sous le son de ta voix,
Mon nez goûta l’odeur de ton précieux basme,
Et ma bouche avala le sucre de tes lois.

Mon cœur sent la rigueur de ton dard qui m’entame,
Mes yeux sont des torrents alors que je te vois,
Bouche qui ne produis que glaçons et que flamme.
Sous ton souffle odorant je me meurs mille fois.

(Annibal de Lartigue)

 

Recueil: Poètes du Baiser
Editions: Société des Éditions LOUIS-MICHAUD

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Un homme se penche (Kateri Lemmens)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2017



un homme se penche
sur le poignet d’une femme
trace des signes de croix
entame les prières
fait taire les marques
suite d’aspérités
du bout des doigts
effleurant son poignet
un homme
un désert
abandonné par le temps

(Kateri Lemmens)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

 

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