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Posts Tagged ‘plonger’

LA RONDE DES HEURES (Pascal Bonetti)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024




LA RONDE DES HEURES

Tes doigts sont les fuseaux où s’enroulent mes rêves.
Ta voix est le rouet qui berce mon destin.
J’oublie auprès de toi que les heures sont brèves
Et que la vie est lourde et son but incertain…

*

Vivons pareils aux deux ailes d’un même oiseau
Qui toutes deux battent ensemble,
Et laissons notre amour pointer comme un roseau
Vers l’infini qui te ressemble.
Allons pareils aux deux rames d’un même esquif
Qui toutes deux plongent ensemble,
Et penchons comme un ciel notre bonheur pensif
Sur l’océan qui te ressemble.

(Pascal Bonetti)

Illustration

 

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Enracine-toi (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024




    
enracine-toi
et expose-toi
dans cet oeil
qui se scrute

*

quand
l’oeil
s’inverse

plonge
en lui-même

la lumière
inonde
la lumière

(Charles Juliet)

Recueil: L’oeil se scrute
Editions: Fata Morgana

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BALLADE POUR UN VIEUX CAPITAINE (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024



Jacques Higelin
    
BALLADE POUR UN VIEUX CAPITAINE

Surgissant du fond des nuits
assoiffé de lumière

Entravé du lourd boulet
des croyances éteintes

Ballottant au gré des vents
mes passions incertaines

J’écumais les marécages
où l’on côtoie la mort

Où le souffle des ombres
vous étrangle le coeur

Où les esprits gluants
vous plongent dans les fosses

Équilibriste en feu
sur l’arête des abîmes

J’avais traqué la peur
et juré par ma mère

Lié aux épaves
quand un cyclone décochant

Une lame m’a cloué
sur le bord du rivage

Et j’ai pleuré,
hurlé en implorant du Diable

Une trêve,
tant le temps était lourd

Et le Jour
enfoui sous la ténèbre

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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Le chant et le bourdonnement des gongs (Mukai Kyorai)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2024



Le chant et le bourdonnement des gongs
Plongent la verte vallée
Dans des vagues d’air frais.

(Mukai Kyorai)

 

 

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PHOTO 1948 (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2024



Kiki Dimoula
    
PHOTO 1948

Je tiens une fleur, je crois.
Bizarre.
On dirait qu’un jour dans ma vie
un jardin est passé.

Dans l’autre main
je tiens une pierre.
L’air gracieux, arrogant.
Sans me douter qu’il y a là pour moi
l’annonce d’altérations,
et l’avant-goût de résistances.
On dirait qu’un jour dans ma vie
une ignorance est passée.

Je souris.
La courbe du sourire,
le creux de cette humeur,
semble un arc bien tendu,
fin prêt.
On dirait qu’un jour dans ma vie
une cible est passée.
Une aptitude à la victoire.
Le regard plongé
dans le péché originel :
il goûte au fruit défendu
de l’espoir.
On dirait qu’un jour dans ma vie
une foi est passée.

Mon ombre, simple jeu de soleil.
En uniforme d’hésitation.
Elle n’a pas encore eu le temps
d’être pour moi compagne ou délatrice.
On dirait qu’un jour dans ma vie
une suffisance est passée.

Toi, tu n’apparais pas.
Mais pour qu’il y ait dans le paysage un précipice,
pour que je sois au bord
tenant une fleur
et souriant,
c’est que tu ne vas pas tarder.
On dirait qu’un jour dans ma vie
la vie est passée.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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Un jour (Kate Chopin)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2024




    
Un jour

Attends-moi, ami, jusqu’au terme de ce jour;
Ce jour si parfait de l’été
Qui me retient de charmes sans fin,
Chaleur, musc des roses, enchantement des lumières.
Je vais m’arrêter, orner mon sein d’une fleur;
Anémone est son nom; elle vient de me tenir
Les plus doux, les plus légers propos qu’entende un coeur.
Je vais sur l’herbe m’allonger
Et plonger mes mains dans l’eau ridée du ruisseau
Puis me retourner, contempler le ciel bleu-blanc,
Et rire, pour écouter le rire des collines.
Je veux de ce jour qu’il soit mien,
Et au dernier baiser du soleil à la terre
Je vous rejoindrai toi et ta sobriété,
J’irai à ta guise, sans halte, sans regret,
Sans même garder sur mon sein la frêle fleur.
Attends seulement le terme de ce jour.

***

One Day

Wait for me friend, until the day be past:
This one most perfect summer day,
That hold me with an hundred varying spells
Of warmth, of rose scents and entrancing lights.
I’ll stop to place this flower on my breast;
‘Tis called anemone, and spake to me but jus, a moment gone
The softest, faintest speech that heart could listen to.
Now will I lie upon the sward
Plunging my hands deep in the rippling brook.
Now turn and gaze into the blue white sky
And laugh, and only laugh to hear the hills laugh back at me.
Let me but call the day my own,
And when the sun’s last kiss bath touched the earth
Then will I join thee on thy sober way
Whither thou wilst—nor linger—nor regret
Nor even keep the little flower at my breast.
Only but wait until the day be past.

(Kate Chopin)

Recueil: Sous le ciel de l’été
Traduction: Gérard Gâcon
Editions: Université de Saint-Étienne

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LE PÉRISCOPE (Ron Padgett)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2024



Illustration: Odilon Redon
    
LE PÉRISCOPE

«Je»
est une façon de voir les choses comme
à travers un périscope
par lequel arrive la peur
ou la satisfaction du capitaine
et de l’équipage quand l’ennemi est pulvérisé.

Ensuite on plonge, on plonge
se cacher tout au fond,
on rentre en soi-même comme des animaux
dont la mémoire a perdu les choses
qu’ils ont tuées et ce qu’ils sont,

quel grand cadeau et quelle terreur plus grande encore
quand l’animal et l’ange s’unissent derrière une étoile
le maigre «je » passe doucement dans le noir.

(Ron Padgett)

 

Recueil: On ne sait jamais
Traduction: Claire Guillot
Editions: Joca Seria

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La cétoine (Jean Orizet)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2023




Illustration
    
La cétoine

Vivante émeraude
c’est au coeur des pivoines
que la cétoine rôde.
Elle plonge dans les calices
où elle aspire avec délices
le suc de la fleur aimée
parfois jusqu’à s’y abîmer
en un naufrage parfumé.

(Jean Orizet)

Recueil: La peau bleue des rêves
Editions: Le Cherche Midi

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Le fantôme (Jean Orizet)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2023




    
Le fantôme

Mon enfant se niche dans l’herbe
pour y chercher un magicien.

Il plonge au secret de la mer
pour chanter avec les sirènes.

Il escalade les sommets là
où des fées tissent le temps.

Quand il se réveille à la fin
un doux fantôme le surveille.

(Jean Orizet)

Recueil: La peau bleue des rêves
Editions: Le Cherche Midi

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Destination : arbre (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2023



Illustration: Christine Delfosse
    
Destination : arbre

Parcourir l’Arbre
Se lier aux jardins
Se mêler aux forêts
Plonger au fond des terres
Pour renaître de l’argile

Peu à peu
S’affranchir des sols et des racines
Gravir lentement le fût
Envahir la charpente
Se greffer aux branchages

Puis dans un éclat de feuilles
Embrasser l’espace
Résister aux orages
Déchiffrer les soleils
Affronter jour et nuit

Évoquer ensuite
Au coeur d’une métropole
Un arbre un seul
Enclos dans l’asphalte
Éloigné des jardins
Orphelin des forêts

Un arbre
Au tronc rêche
Aux branches taries
Aux feuilles longuement éteintes

S’unir à cette soif
Rejoindre cette retraite
Écouter ces appels

Sentir sous l’écorce
Captives mais invincibles
La montée des sèves
La pression des bourgeons
Semblables aux rêves tenaces
Qui fortifient nos vies

Cheminer d’arbre en arbre
Explorant l’éphémère
Aller d’arbre en arbre
Dépistant la durée.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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