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Poésie

Posts Tagged ‘parfois’

Enfance (Brigitte Baumié)

Posted by arbrealettres sur 29 avril 2024




    
Enfance

Les voitures passent sur la route.
Perchés sur la barrière,
on joue à deviner la couleur
de celle qui va surgir du virage.
Parfois on parie des cailloux
ou des boutons d’or.

Moi, j’attends,
j’attends autre chose…
autre chose…

Une chose
que je ne sais pas…

(Brigitte Baumié)

Recueil: paysages intermittents
Editions: La Boucherie littéraire

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Parfois (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 27 avril 2024



Illustration: Ludovic Florent
    
parfois
pétrifié
par le mystère
parfois
pareil à lui
plein d’une transparente
poussière
parfois
personne

(Bernard Noël)

Recueil: Extraits du corps
Editions: Gallimard

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Pour mon coeur (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2024




    
Pour mon coeur suffit ta poitrine,
pour ta liberté suffisent mes ailes.
De ma bouche parviendra au ciel
ce qui était endormi sur ton âme.

Est en toi la joie naïve de chaque jour.
Tu viens comme la rosée aux corolles.
Tu sapes l’horizon par ton absence.
Éternellement en fugue comme la vague.

J’ai dit que tu chantais dans le vent
comme les pins et comme les mâts.
Comme eux tu es haute et taciturne.
Et tu t’attristes soudain, comme un voyage.

Accueillante comme un vieux chemin.
Tu es peuplée d’échos et de voix nostalgiques.
Je me suis éveillé et parfois émigrent et fuient
des oiseaux qui dormaient sur ton âme.

***

Para mi corazón basta tu pecho,
para tu libertad bastan mis alas.
Desde mi boca llegará hasta el cielo
lo que estaba dormido sobre tu alma.

Es en ti la ilusión de cada día.
Llegas como el rocío a las corolas.
Socavas el horizonte con tu ausencia.
Eternamente en fuga como la ola.

He dicho que cantabas en el viento
como los pinos y como los mástiles.
Como ellos eres alta y taciturna.
Y entristeces de pronto, como un viaje.

Acogedora como un viejo camino.
Te pueblan ecos y voces nostálgicas.
Yo desperté y a veces emigran y huyen
pájaros que dormían en tu alma.

(Pablo Neruda)

Recueil: Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée suivi des vers du capitaine
Traduction: Claude Couffon et Christian Rinderknecht
Editions: Gallimard

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Presque hors du ciel (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2024



Illustration: Silvia Leveroni Calvi
    
Presque hors du ciel jette l’ancre entre deux montagnes
la moitié de la lune.
Tournante, errante nuit, la terrassière des yeux.
Que d’étoiles en morceaux à voir dans la flaque.

Elle fait une croix de deuil entre mes sourcils, elle fuit.
Forge de métaux bleus, nuits des luttes silencieuses,
mon coeur tourne comme un volant fou.
Petite venue de si loin, amenée de si loin,
parfois fulgure son regard sous le ciel.

Plainte incessante, tempête, tourbillon de furie,
traverse sur mon coeur, sans t’arrêter.
Ô vent des sépulcres charrie, détruis,
disperse ta racine somnolente.

Déracine les grands arbres de l’autre côté d’elle.
Mais toi, claire petite, question de fumée, épi.
Elle était celle que formait peu à peu le vent
avec des feuilles illuminées.

Derrière les montagnes nocturnes, blanc lys d’incendie,
ah je ne peux rien dire !
Elle était faite de toutes les choses.

Désir violent, toi qui me fendis la poitrine à coups de couteau,
il est l’heure de suivre un autre chemin,
où elle ne sourira pas.

Tempête qui enterra les cloches,
trouble et nouvel essor des tourments
pourquoi la toucher maintenant,
pourquoi l’attrister.

Suivre hélas le chemin qui s’éloigne de tout,
où ne taillade pas l’angoisse, la mort, l’hiver,
avec ses yeux ouverts parmi la rosée.

***

Casi fuera del cielo ancla entre dos montañas la mitad de la luna.
Girante, errante noche, la cavadora de ojos.
A ver cuántas estrellas trizadas en la charca.

Hace una cruz de luto entre mis cejas, huye.
Fragua de metales azules, noches de las calladas luchas,
mi corazón da vueltas como un volante loco.
Niña venida de tan lejos, traída de tan lejos,
a veces fulgurece su mirada debajo del cielo.
Quejumbre, tempestad, remolino de furia,
cruza encima de mi corazón, sin detenerte.

Viento de los sepulcros acarrea, destroza, dispersa tu raíz soñolienta.
Desarraiga los grandes árboles al otro lado de ella.
Pero tú, clara niña, pregunta de humo, espiga.
Era la que iba formando el viento con hojas iluminadas.
Detrás de las montañas nocturnas, blanco lirio de incendio,
ah nada puedo decir! Era hecha de todas las cosas.

Ansiedad que partiste mi pecho a cuchillazos,
es hora de seguir otro camino, donde ella no sonría.
Tempestad que enterró las campanas, turbio revuelo de tormentas
para qué tocarla ahora, para qué entristecerla.

Ay seguir el camino que se aleja de todo,
donde no esté atajando la angustia, la muerte, el invierno,
con sus ojos abiertos entre el rocío.

(Pablo Neruda)

Recueil: Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée suivi des vers du capitaine
Traduction: Claude Couffon et Christian Rinderknecht
Editions: Gallimard

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Penché dans les soirs (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2024




    
Penché dans les soirs
je jette mes tristes filets
à tes yeux océaniques.

Là s’étire et flambe
dans le plus haut brasier ma solitude
qui tourne les bras comme un naufragé.

Je fais de rouges signaux sur tes yeux absents
qui palpitent comme la mer au pied d’un phare.

Tu ne retiens que ténèbres,
femme distante et mienne,

de ton regard émerge parfois
la côte de l’effroi.

Penché dans les soirs
je tends mes tristes filets
à cette mer qui bat tes yeux océaniques.

Les oiseaux nocturnes picorent
les premières étoiles
qui scintillent comme mon âme
quand je t’aime.

La nuit galope sur sa sombre jument
répandant des épis bleus sur la campagne.

***

Inclinado en las tardes tiro mis tristes redes a tus ojos oceánicos.

Allí se estira y arde en la más alta hoguera mi soledad que da vueltas los brazos como un náufrago.

Hago rojas señales sobre tus ojos ausentes que olean como el mar a la orilla de un faro.

Sólo guardas tinieblas, hembra distante y mía, de tu mirada emerge a veces la costa del espanto.

Inclinado en las tardes echo mis tristes redes a ese mar que sacude tus ojos oceánicos.

Los pájaros nocturnos picotean las primeras estrellas que centellean como mi alma cuando te amo.

Galopa la noche en su yegua sombría desparramando espigas azules sobre el campo.

(Pablo Neruda)

Recueil: Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée suivi des vers du capitaine
Traduction: Claude Couffon et Christian Rinderknecht
Editions: Gallimard

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Nos mains posent parfois (Christophe Manon)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2024




    
Nos mains posent parfois
sur d’invisibles objets
de tremblantes
et timides caresses
et nous rêvons
espérant pouvoir apaiser
ce qui ne peut être apaisé
— notre soif inextinguible
la joie
d’aimer de vivre
et de mourir
dans la pleine lumière
du jour.

(Christophe Manon)

Recueil: Provisoires
Editions: NOUS

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Parfois, j’écris (Tachibana Hokushi)

Posted by arbrealettres sur 10 avril 2024



Parfois, j’écris
Parfois j’efface tout
Ainsi, des fleurs de pavot.

(Tachibana Hokushi)

Illustration

 

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Je joue parfois (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2024



Illustration: Suzanne Clairac
    
Je joue parfois à m’atteindre.
Je fais avec celui que je fus
et avec celui que je serai
la course de celui que je suis.

Parfois je joue à me dépasser.
Je fais alors peut-être
la course de celui
que je ne suis pas.

Mais il est une autre course
on je jouerai à me faire dépasser.
Celle-là sera la véritable course.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Certains regards (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2024




    
Certains regards seulement passent par les yeux,
d’autres ne passent à travers rien.
La terre, par exemple, regarde.
Il y a parfois un puits,
parfois un trouble dans le vent,
parfois une ligne au fil de l’eau.
Mais parfois il n’y a rien,
hors le regard pur de la terre,
le regard où nous palpitons.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Je tourne les yeux vers l’arrière (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2024



Illustration: Odilon Redon
    

Je tourne les yeux vers l’arrière,
comme parfois j’ai placé dieu vers l’avant
ou le toucher pensif avec quoi j’ai aimé.

Et comme parfois je n’ai rien placé,
ni devant ni derrière,
j’ai mis mon ombre
ou celle peut-être de quelque chose qui m’échappe.

Je tourne les yeux vers l’arrière et je meurs derrière moi,
je meurs de ce qu’il n’est là dieu ni quelqu’un.

La mort serait-elle
une pure marche arrière,
une marche arrière sans personne ?

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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