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Poésie

Posts Tagged ‘deviner’

Sur l’oreiller (Juliette)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023




    

Sur l’oreiller

J’aurai beaucoup trop chaud peut-être
Il fera sombre, que m’importe
Je n’ouvrirai pas la fenêtre
Et laisserai fermée ma porte
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Votre parfum Sur L’oreiller
Laissez-moi deviner
Ces subtiles odeurs
Et promener mon nez
Parfait inquisiteur
Il y a des fleurs en vous
Que je ne connais pas
Et que gardent jaloux
Les replis de mes draps
Oh, la si fragile prison!
Il suffirait d’un peu de vent
Pour que les chères émanations
Quittent ma vie et mon divan
Tenez, voici, j’ai découvert
Dissimulées sous l’évidence
De votre Chanel ordinaire
De plus secrètes fulgurances
Il me faudrait les retenir
Pour donner corps à l’éphémère
Recomposer votre élixir
Pour en habiller mes chimères
Sans doute il y eut des rois
Pour vous fêter enfant
En vous disant « Reçois
Et la myrrhe et l’encens »
Les fées de la légende
Penchées sur le berceau
Ont fleuri de lavande
Vos yeux et votre peau
J’ai deviné tous vos effets
Ici l’empreinte du jasmin
Par là la trace de l’oeillet
Et là le soupçon de benjoin
Je pourrais dire ton enfance
Elle est dans l’essence des choses
Je sais le parfum des vacances
Dans les jardins couverts de roses
Une grand-mère aux confitures
Un bon goûter dans la besace
Piquantes ronces, douces mûres
L’enfance est un parfum tenace
Tout ce sucre c’est vous
Tout ce sucre et ce miel
Le doux du roudoudou
L’amande au caramel
Les filles à la vanille
Les garçons au citron
L’été sous la charmille
Et l’hiver aux marrons
Je reprendrais bien volontiers
Des mignardises que tu recèles
Pour retrouver dans mon soulier
Ma mandarine de Noël

Voici qu’au milieu des bouquets
De douces fleurs et de bonbons
S’offre à mon nez soudain inquiet
Une troublante exhalaison
C’est l’odeur animale
De l’humaine condition
De la sueur et du sale
Et du mauvais coton
Et voici qu’ils affleurent
L’effluve du trépas
L’odeur d’un corps qui meurt
Entre ses derniers draps

Avant que le Temps souverain
Et sa cruelle taquinerie
N’emportent votre amour ou le mien
Vers d’autres cieux ou d’autres lits
Je veux garder pour en mourir
Ce que vous avez oublié
Sur les décombres de nos désirs
Toute votre âme Sur L’oreiller

(Juliette)

Recueil: Des chansons pour le dire Une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (Baptiste Vignol)
Editions: La Mascara TOURNON

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AU TEMPS PRÉSENT (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
AU TEMPS PRÉSENT

Au crépuscule je me lève et m’envole
dans ma grande chemise d’ange
au-dessus de la terre ;
je vole sur les fleuves et les arbres,
je vole sur le bois tendre et fragile
des paliers de ce monde.

Mais mes yeux restent fermés.
Ma bouche à peine montre la tristesse,
pour les humbles jours de terreur qui m’attendent
derrière et devant moi,
comme un grand pont.

Penché sur le bord de ce fleuve à Paris
appelé la «Seine»,
celui qui va aux marchés
les matinées du Samedi
transportant la cendre et la lumière d’autres temps,
je me suis retourné pour me deviner
plus clairement dans l’eau.

Peut-être je me suis perdu,
comme disent les bonnes gens.
Peut-être je me suis perdu
en bougeant la tête,
en secouant la manche de chemise,
en retournant la chaussure
multipliant mon ombre
sur la terre
à chaque geste, chaque mot,
avec la voix qui s’éloigne
et la voix qui revient
sur ce miroir d’eaux.

Nous imaginons des anges et des voix,
nous imaginons des bois et des visages
au travers de l’obscurité
sans personne qui grandit,
au travers du linceul
que jours et nuits nous imposent
avec leurs quatre saisons,
leurs jours, leurs mois,
leurs heures.

Mais où est la grâce ?
En regardant dans quelle direction
au-dessus ou au-dessous de moi ?
Mais où est la grâce ?

Je suis suspendu
sans ombre entre les doigts,
sans ombre aux semelles,
espérant qu’ils m’empoignent
pour entendre.

***

EN EL TIEMPO PRESENTE

Al anochecer me levanto y vuelo
en mi gran camisón de ángel
sobre la tierra;
vuelo sobre los ríos y los árboles,
vuelo sobre la madera tierna y fácil
de los pisos de este mundo.

Pero mis ojos permanecen cerrados.
Mi boca apenas muestra la tristeza,
po los días humildes de terror que me aguardan,
detrás y delante de mí,
como un gran puente.

Reclinado al borde de ese río en París,
llamado «La Seine »,
aquel que va a los mercados
en las mañanas del sábado
trayendo la ceniza y luz de otros tiempos,
me he volteado para adivinarme
más claramente sobre las aguas.

Acaso me he perdido,
como dicen las buenas gentes.
Acaso me he perdido
moviendo la cabeza,
sacudiendo la manga de la camisa,
doblando el zapato,
multiplicando mi sombra
sobre la tierra
con cada gesto, cada palabra,
con la voz que se aleja
y la voz que regresa
sobre este espejo de aguas.

Imagínamos ángeles y voces,
imaginamos bosques y rostros
a través de la oscuridad
sin gente que crece,
a través de la mortaja
que los días y las noches nos imponen
con sus cuatro estaciones,
sus días y sus meses,
sus horas.

Pero dónde está la gracia ?
Y mirando hacia qué lado,
encima o debajo de mí?
Pero dónde está la gracia ?

Estoy suspendido
sin sombra entre los dedos,
sin sombra en las suelas,
esperando que me empujen
para oír.

(Henrique Huaco)

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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SUR UN AIR LIMPIDE ET TRANQUILLE (Zhu Shu Zhen)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR UN AIR LIMPIDE ET TRANQUILLE

Un jour d’été, promenade sur le lac
Ennuyée de brume, trempée de rosée,
Retenue un moment je demeure,
Pour lui tenir la main en chemin,
au dessus du lac aux fleurs de lotus,
Toute une bruine, aux prunes mûres, de pluie fine.

Charmante ingénue sans craindre qu’il me devine,
Toute habillée assoupie renversée sur son coeur…
Enfin voici qu’on se lâche les mains, c’est l’heure
De s’en retourner lente s’accouder à la coiffeuse.

***

(Zhu Shu Zhen) (vers 1131)

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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EXIL (Christoph Janacs)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2022



Stefan Zweig
    
Poem in French, English, Spanish, Dutch and in Albanian, Arabic, Bangla, Bosnian, Catalan, Chinese, Farsi, German, Greek, Hebrew, Hindi, Icelandic, Indonesian, Irish, Italian, Japanese, Kiswahili, Kurdish, Polish, Portuguese, Romanian, Russian, Serbian, Sicilian, Tamil

Stefan Zweig, Kapuzinerberg, Salzburg, Clemensfranz

Poetry without borders
Ithaca 748 “EXILE” Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)

from „der Rede wert “, Edition kelper, Graz 2018

– All Translations are made in collaboration with Germain Droogenbroodt –

EXIL

pour Stefan Zweig

Etre un pèlerin du monde
a toujours été ton désir,
mais non être un expatrié.

pourtant tu le devins,
l’avais deviné dès l’origine :
comme écrivain

on perd son pays ;
ce qui reste, n’est que
sa propre langue

et la conscience
de partir un jour,
pour disparaître.

(Christoph Janacs)

, Österreich (Linz 1955)
Traduction Elisabeth Gerlache

***

EXILE

for Stefan Zweig

A world traveller,
you always wanted to be
but not an emigrant.

That you became one,
you suspected from the beginning:
As a writer,

you become homeless;
what you have left is nothing but
your own language

and consciousness,
to leave one day,
to disappear.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Translation Germain Droogenbroodt-Stanley Barkan

***

EXILIO

para Stefan Zweig

Un viajero del mundo
siempre quisiste ser,
mas no un emigrante

que acabarías siéndolo,
lo sospechaste desde el principio:
como escritor

uno ya no tiene país,
lo que queda no es más que
el propio idioma

y la conciencia
de partir un día,
para desaparecer.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Traducción: Germain Droogenbroodt – Rafael Carcelén

***

EXIL

voor Stefan Zweig

Wereldreiziger
wou je altijd zijn,
maar geen emigrant.

dat je het werd,
vermoedde je vanaf het begin:
als een schrijver

wordt men landloos;
wat je rest, is niets anders dan
de eigen taal

en het bewustzijn,
op een dag te vertrekken,
om te verdwijnen.

Christoph Janacs, Oostenrijk (Linz 1955)
Vertaling: Germain Droogenbroodt

***

MËRGIMI

për Stefan Cvajgun

Një udhëtar në botë
dëshiroje të ishe gjithmonë
por jo një emigrant.

që u bëre i tillë,
e dyshoje qysh në fillim:
si shkrimtar.

u bëre i pastrehë;
ajo që le s’është gjë tjetër veçse
gjuha jote

dhe vetëdija,
për t’u larguar një ditë,
për t’u zhdukur përgjithnjë.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Translated into Albanian by Irma Kurti

***

مَنْفَى

لأجل ستيفان زويغ

لَطَالَمَا أَردْتَ أَن تَكُونَ
مُسَافِرًا عَبرَ العَالَم
وَليسَ كَمُهَاجِرٍ
لِتُصْبِحَ وَاحِدًا
يُشتَبه بِه مُنْذُ البِدَايَة
كَالكَاتِبِ
أَصْبَحْتَ يَائِسًا
لَمْ يَتَبَقَّى لَك سِوَى
لُغَتُكَ الأمُ
وَوعْيِكَ لِلمُغَادَرةِ فِي يَوْمٍ مِنَ الأيام
و لِت خْتَ فِ يْ

كريستوفر جاناكس (Christoph Janacs)، النمسا (لينز 1955)
ترجمة للعربية: عبد القادر كشيدة
Translation into Arab: Mesaoud Abdelkader

***

িনবাসন

ফান জইুগ এর জন

একজন িব মণকাির
হত চয়ছ তিম সবসময় িক হত চাও িন
একজন অিভবাসী ।

তিম য এখন হয়ছ একজন অিভবাসী,
তিম থম থকই করিছল
সহ:
একজন লখক প ।

তিম এক গহৃ হীন;
যা আছ তামার অবিশ
তা তামার িনজর ভাষা

এবং আচতনা,
আছ ছড় যাওয়ার জন একিদন,
অদশৃ হওয়ার জন িচরতর।

ফ জানাকস, ওরইচ
(লনজ ১৯৫৫)
Translation into Bangla: Tabassum Tahmina Shagufta Hussein

***

EXILE

za Stefana Zweiga

Svjetski putnik
oduvek si želeo da budeš
ali ne i emigrant.

da si postao jedan,
sumnjao si od pocetka:
kao pisac.

jedan ti beskućnik;
ono što ti preostaje nije ništa drugo nego
svoj jezik

i svijest,
otići jednog dana,
da nestane.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955.)
Prevjod na bosanski: Maid Čorbić

***

EXILI

Per al Stefan Zweig

Un viatger del món
sempre vas voler ser,
més no l’emigrant

que acabaries sent,
ho vas sospitar des del principi:
com a escriptor

hom ja no té país,
el que queda no és res més que
el propi idioma

i la consciència
de partir un dia,
per desaparèixer.

Christoph Janacs, Àustria (Linz 1955)
Traducció al català: Natalia Fernández Díaz-Cabal

***

放 逐

给斯特凡·茨威格

你一直想成为
一位世界旅行者
而不是移民。

你变成了一个,
从一开始你就怀疑的:
当一名作家。

一个人变得无家可归;
你所剩下的只有
你自己的语言

和你的意识,
有一天离开,
消失。

原作:奧地利 克里斯托夫·贾纳科斯(林茨,1955年)
英译:比利时-西班牙 杰曼·卓根布鲁特
汉译:中 国 周道模 2022-10-8
Translation into Chinese: Willam Zhou

***

تبعید

یک مسافر جهان
همیشه می‌خواستی باشی
نه یک مهاجر.
تو از همان ابتدا مشکوک بودی:
به عنوان یک نویسنده.
وقتی بی‌خانمان شدی؛
تنها چیزی که برایت می‌ماند
زبانت است
و وجدانت،
تا روزی بروی،
تا ناپدید شوی.

کریستوفر جاناش، اوستریخ ( لینز، ۱۹۹۵)
ترجمه از سپیده زمانی
Translation into Farsi: Sepideh Zamani

***

EXIL

für Stefan Zweig

Ein Weltreisender
wolltest du schon immer sein,
nur kein Emigrant.

daβ du es wurdest,
ahntest du vom Beginn:
als ein Schreibender

wird man heimatlos;
was einem bleibt, ist nichts als
die eigne Sprache

und das Bewuβtsein,
eines Tages aufzubrechen,
um zu verschwinden.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Übersetzung: Germain Droogenbroodt und Wolfgang Klinck

***

ΕΞΟΡΙΑ

Του κόσμου ταξιδιώτης
πάντα σου ήθελες να `γίνεις
κι όχι ο εμιγκρές

Που έγινες
απ’ την αρχή το υποπτευόσουν:
Σαν συγγραφέας

δίχως σπίτι που έμεινες
μόνο η γλώσσα σου `μεινε
και η συνείδηση σου

μια μέρα για να φύγεις
να εξαφανιστείς

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Μετάφραση Μανώλη Αλυγιζάκη
Translation into Greek: Manolis Aligizakis

***

גלות / כריסטוף יאנאש, אוסטריה (נ’ לינץ 1955)
CHRISTOPH JANACS
לסטפן צוויג

תָּמִיד רָצִיתָ
לָנְסֹעַ בָּעוֹלָם
אֲבָל לֹא כִּמְהַגֵּר.

שֶׁתַּהֲפֹךְ לְכָזֶה,
נִחַשְׁתָּ מִלְּכַתְּחִלָּה:
כְּסוֹפֵר.

אִם אָדָם הוֹפֵךְ לַחֲסַר בַּיִת;
לֹא נוֹתָר לוֹ דָּבָר
אֶלָּא שְׂפָתוֹ שֶׁלּוֹ

וְהַמּוּדָעוּת,
שֶׁיּוֹם אֶחָד יַעֲזֹב,
יֵעָלֵם.

תרגום מגרמנית לאנגלית: ג’רמיין דרוגנברודט
תרגום מאנגלית לעברית: דורית ויסמן
הפסל של סטפן צוויג
Translation into Hebrew: Dorit Weisman

***

निर्वासन

स्टीफन ज़्विग के लिए

एक विश्व यात्री
आप हमेशा बनना चाहते थे
लेकिन प्रवासी नहीं।
कि तुम एक हो गए,
आपको शुरू से ही शक था:
एक लेखक के रूप में।
एक कि तुम बेघर हो;
तुमने जो छोड़ा है वह और कुछ नहीं है
आपकी अपनी भाषा
और चेतना,
एक दिन जाने के लिए,
गायब होने के लिए।

क्रिस्टोफ़ जानक्स, ओस्टररेइच (लिंज़ 1955)
ज्योतिर्मय ठाकुर द्वारा हिंदी अनुवाद l
Translation into Hindi: Jyotirmaya Thakur.

***

ÚTLEGÐ

til Stefans Zweig

Þig langaði alltaf
að ferðast um heiminn
en ekki að flytja úr landi.

þig grunaði alltaf
að svo mundi fara:
sem rithöfundur.

heimilislaus;
þú skildir ekkert eftir
nema tungumál þitt

og vitund
um að fara einn daginn burt,
hverfa.

Christoph Janacs, Austurríki (Linz 1955)
Þór Stefánsson þýddi eftir enskri þýðingu Germains Droogenbroodt
Translation into Icelandic: Thor Stefansson

***

EKSIL

untuk Stefan Zweig

Seorang pengelana dunia
yang selalu kau ingin menjadi
tapi bukan imigran.

yang kau adalah salah satunya,
kau curiga dari awal:
sebagai penulis.

sekali kau menjadi tuna-wisma;
apa yang kau tinggalkan bukan apa-apa
bahasamu sendiri

dan kesadaran,
untuk pergi suatu hari,
untuk menghilang.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Translation: Lily Siti Multatuliana (Indonesia)

***

IMIRCEACH

do Stefan Zweig

Níor mhian leat a bheith
i d’imirceach,
ach i do thaistealaí.

Ach rinneadh imirceach díot
sa deireadh
in éadan do thola.

Duine gan stát;
gan tada fágtha agat
ach do theanga féin.

Do choinsias glan,
do do leanúint
mar scáth i do dhiaidh.

Christoph Janacs, An Ostair (Linz 1955)
Aistriúchán le Rua Breathnach
Translation into Irish (Gaelic): Rua Breathnach

***

ESILIO

per Stefan Zweig

Hai sempre voluto essere
uno che viaggia per il mondo
ma non un emigrato.

Cos’eri tu,
lo sospettavi fin dall’inizio:
come uno scrittore.

Uno senza fissa dimora;
ciò che resta non è altro che
la propria lingua

e la consapevolezza,
di andarsene un giorno,
per scomparire.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Traduzione di Luca Benassi

***

亡命

〜ステファン・ツバイクのために

世界の旅人に
あなたはいつもなりたかった
移住者ではなく

そうなってからも
最初からすべてを疑った
ライターとして

あなたはホームレスになった
残したものは
自分の言葉と
良心だけ

それらもある日
消え去っていった

クリストフ・ジャナクす(オーストラリア・リンツ)
Translation into Japanese: Manabu Kitawaki

***

UHAMISHO

Kwa Stefan Zweig

Msafiri wa ulimwengu ambaye ulitaka kuwa, lakini sio mhamiaji.
kwamba ulikuwa mmoja ulishuku tangu mwanzo: kama mwandishi.
mtu asiye na makazi;
ulichoacha si kingine, ila ni lugha yako
na fahamu, kuondoka siku moja, kutoweka.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Watafsiri na Bob Mwangi Kihara.
Translation into Kiswahili: Bob Mwangi Kihara

***

TARAWGE

Bona Stefan Zweig

Te tim dixwast bibî
geştiyarekî cîhanî,
lê ne koçber.

ku tu bûyî çi,
te di destpêkê de zanî:
çawa nivîskar.

mera ji welêt bê par dibe;
lê çi ji yekî re dimîne
her zimanê xweyî ye

û hişyarî
rojekê wê bê şikandin,
ta hindabibe.

Christoph Janacs, (Linz 1955), Nemsa
Translation into Kurdish: Hussein Habasch

***

WYGNANIE

Stefanowi Zweigowi

Podróżnikiem dookoła świata
zawsze być chciałeś,
lecz nie emigrantem.

że się takim stałeś,
podejrzewałeś od początku:
jako człowiek piszący.

Jeśli się stajesz kimś bez ojczyzny
to nie pozostaje nic więcej
jak własny język

i świadomość
że się pewnego dnia odejdzie
zniknie.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Translation to Polish: Mirosław Grudzień – Anna Maria Stępień

***

EXÍLIO

para Stefan Zweig

Um viajante do mundo
sempre quiseste ser,
mas não um migrante

que acabarias por ser,
suspeitaste-o desde o início:
como escritor

um já não tem país,
o que resta não é mais que
a própria língua

e a consciência
de partir um dia,
para desaparecer.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Tradução: Carlos Ramos

***

EXIL

lui Stefan Zweig

Mereu ai vrut să fii
prin lume călător,
nicidecum emigrant

de la bun început
ai intuit cumva
că, scriitor fiind,

vei fi un apatrid;
nu mai ai altceva
decât limba natală

și încredințarea că
ai să pornești cândva
la drum, ca să dispari.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Traducere: Gabriela Căluțiu Sonnenberg

***

ИЗГНАНИЕ

Стефану Цвейгу

Путешественником
будешь всегда,
не эмигрантом.

Что так будет,
ты знал с начала:
писатель

теряет родные корни;
а что останется после – только
твой собственный язык

и осознание –
в один момент уезжаешь,
чтобы исчезнуть.

Christoph Janacs, Австрия (Линц 1955)
Перевод Гермайна Дрогенбродта
Перевод на русский язык Дарьи Мишуевой
Translation into Russian: Daria Mishueva

***

IZGNANSTVO

Za Stefana Cvajga

Hteo si uvek da budeš
svetski putnik
ali ne i iseljenik.

slutio si
da si postao upravo to
kao pisac, od samog početka.

usamljen beskućnik;
ostavi samo tvoj jezik

i saznanje
da ćeš otići jednog dana,
nestati.

Christoph Janacs, Austrija (Linz 1955)
Sa engleskog prevela S. Piksiades

***

ESILIU

Viaggiaturi di lu munnu
avissi vulutu essiri,
ma non un emigranti,
ca lu divintasti,
lu suspittavi dû principiu.

Comu scritturi
diventi senza patria;
chiddu ca ti rimani
autru non è
ca la to lingua

e la cuscenza
ca un jornu
ti nn’hai a ghiri
e scumpariri.

CHRISTOPH JANACS, Österreich (Linz 1955)
Traduzioni in sicilianu di Gaetano Cipolla

***

நாடு கடத்தப் பட்டவர் .

for Stefan Zweig

ஒரு உலகப்பயணி
எப்பொழுதுமே இருக்க விரும்பினீர்
நாடு விட்டுக் குடி பெயர்ந்து செல்பவராக இல்லை!

நீர் ஒருவரானீர்
எழுத்தாளராக
துவக்கத்திலிருந்தே சந்தேகப்பட்டீர்.

வீடு இல்லாதவராக ஆனீர்
உங்களுடைய மொழியையும்
உணர்வுகளையும்
மறைவதர்க்காக!

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Translation into Tamil: DR. N V Subbaraman

Recueil: ITHACA 748
Editions: POINT
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Sapphô (Sébastien-Charles Leconte)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2022



Illustration: John William Godward 
    
Sapphô

L’insomnie a brûlé mes douloureuses veines,
Et, dans la cruauté de ces étreintes vaines,
Tu ne devines pas, doux maître de mes sens,
Que vers toi, dans ce corps que l’amante te livre,
Quand ma forme t’enivre,
Mon immortalité fume comme un encens.

(Sébastien-Charles Leconte)

 

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Berceuse pour le dieu de la guerre (Souad Labbize)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022




    
Berceuse pour le dieu de la guerre (Extrait)

Certaines nuits Allah
dans Son sommeil
parle l’arabe dialectal
de choses surprenantes dans une
bouche divine les imams
refusent que Ses mots soient
ajoutés à Son journal D’autres
nuits nous L’entendons marcher
sur talons aiguilles nous
devinons au bruit du plafond
qu’Il se déguise devant un miroir
pour descendre faire un tour
dans les rues de Bab el-Oued

(Souad Labbize)

 

Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Devine (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2022




    
Devine

Qui se donne qui se refuse
Qui cherche qui trouve
Qui défend qui accuse
Qui se dépense qui se repose

Qui fait des noeuds qui les dénoue
Qui meurt qui ressuscite
Qui donne la vie qui tue
Qui doute qui croit

Qui affirme qui se dédit
Qui se repentit qui ne dit pas
Qui est heureux malheureux
Qui est mon coeur qui est.

***

Adivinha

Quem se dá quem se recusa
Quem procura quem alcança
defende quem acusa
Quem se gasta quem descansa

Quem faz nós quem os desata
Quem morre quem ressuscita
Quem dá a vida quem mata
Quem duvida e acredita

Quem afirma quem desdiz
Quem se arrepende quem não
Quem é feliz infeliz
Quem é quem é coração.

(José Saramago)

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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J’ai un secret (Bruno Munari)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2022



Illustration: Enzo Arnone
    
j’ai un secret
que je ne peux te dire
à toi de deviner

***

non te lo posso raccontare
lo ho un segreto
lo devi indovinare

***

I’ve got a secret
I can’t tell you
you’ll just have to guess

(Bruno Munari)

Recueil: Ciccì coccò
Traduction: traduit de l’italien par Annie Pissard Mirabel – Isabel Butter Caleffi anglais
Editions: Maurizio Corraini

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Oh! j’y suis né deux fois (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 9 décembre 2021



Oh! j’y suis né deux fois, de ma mère
Et de cette eau.
Mon âme a cette transparence
Qui ne découvre pas le fond
Mais le devine plus profond
Que sa propre profondeur.

(Franz Hellens)

 

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Le poème, lui aussi, est une présence (Gérard Bocholer)

Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2021



Illustration: Carrie Vielle
    
Le poème, lui aussi, est une présence.

Elle peut accompagner et réchauffer.
Elle témoigne de la présence absolue

dont elle n’est qu’un bref éclat.
Elle nous laisse deviner
qu’une parfaite simplicité de coeur
est seule capable d’accueillir
le miracle des miracles,

l’éternité de la Vie.

(Gérard Bocholer)

 

Recueil: Le poème Exercice spirituel
Traduction:
Editions: Ad Solem

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