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Taverne bénie (Kate Chopin)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2024



    

Taverne bénie

Taverne bénie, pourquoi te cacher?
perdue de frayeurs j’ai longtemps marché.
Je rêvais d’abri, de repos.
Si je te supplie resteras-tu close?

***

0! Blessed Tavern

O! blessed tavern wherefore art thou hidden
I’ve journeyed far with fears and cares beridden,
Longing to find a shelter and a rest.
Wilt thou not open thy door if kindly bidden?

(Kate Chopin)

Recueil: Sous le ciel de l’été
Traduction: Gérard Gâcon
Editions: Université de Saint-Étienne

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L’AMOUR EN RÊVE ET EN VRAI (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023



Illustration: François Boucher
    
L’AMOUR EN RÊVE ET EN VRAI

1

L’autre jour la jeune Annette
Reposait tranquillement.
Un ruisseau près cette belle
Murmurait paisiblement.
L’amour faisait sentinelle
Pour garder ce bel enfant.

2

Je lui dis « Dieu trop sensible,
Ah je te prie d’approuver
Que je fasse un tour risible :
C’est pour t’attendre rêver.
Tu verras qu’il est possible
Le secret je vais trouver. »

3

Je lui pose sur la tête
Des focustes de pavots blancs
Elle s’écrie « Berger arrête,
Je ne crois point tes serments.
Ah méchant, depuis ma fête
Tu m’as troublé tous mes sangs.

4

Finis donc je te supplie
Je vais perdre la raison.
Voyez donc quelle folie !
N’agis point de trahison
Ou je quitte la prairie
Pour courir à la maison.

5

L’amour éclate de rire,
Voyant mon projet rempli.
Le berger qu’il inspire
S’éveille ensuite et pâlit.
Je l’embrasse elle soupire
Voilà le rêve accompli.

(Chansons du XVIIIè)

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LE BRUIT QUE VOUS FAITES GÂTE TOUT (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2023



Illustration: Jean-Honoré Fragonard  
    
LE BRUIT QUE VOUS FAITES GÂTE TOUT

1

– J’entre ici sans cérémonie
Conduit par un parfait amour.
Disposez-vous chère Sophie
A recevoir un petit bonjour.
– Restez dit Sophie, où vous êtes
N’approchez pas de moi surtout,
Le bruit que vous faites gâte tout ! (bis)

2

– Quel changement de caractère !
D’où vient cette vérité ?
N’ai-je plus le don de vous plaire ?
Ah, j’espère à votre bonté
– Quoi, faut-il que je répète
Je vous le dis encore un coup,
Le bruit que vous faites gâte tout ! (bis).

3

– Permettez moi je vous supplie
De toucher votre belle main
Encore une fois dans ma vie.
Je voudrais mais je suis trop loin
– Que vos poursuites m’inquiètent
C’est vouloir me pousser à bout
Le bruit que vous faites gâte tout (bis).

4

– J’ai pour vous ici dans ma poche,
Un mignon et galant bouquet
Permettez au moins que j’approche
Pour l’attacher à ce corset.
– Je crois vos façons indiscrètes
Vous ne vous gênez pas beaucoup
Le bruit que vous faites gâte tout (bis).

5

– Se peut-il, étant aussi belle
Donner des lois qui font languir.
Si vous étiez toujours cruelle.
Je crois qu’il en faudra mourir
– Loin d’ici toutes vos fleurettes
La crainte en fait passer le goût.
Le bruit que vous faites gâte tout (bis)(2).

(Chansons du XVIIIè)

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LE DEVOIR CONJUGAL (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023




    
LE DEVOIR CONJUGAL

1

C’est la fête à Philippine.
Amour, je viens t’implorer
D’une rose sans épine.
Il s’agit de la parer
Si tu m’aides je devine
Où je puis la rencontrer.

2

Dans mon cœur est cette rose.
L’hymen un jour s’y planta.
Le désir qui vit la chose,
De sourire la supplia.
Bientôt elle fut éclose
Et le plaisir l’arrosa.

3

Si le soin de sa culture
A trompé mon doux exploit
Le tort en est à la nature
Qui m’en ôta le pouvoir.
Amour tu sais l’aventure :
J’ai péché sans le vouloir.

4

Mais une santé brillante
Reprenant son heureux cours,
Maintenant rose charmante
Tu seras seul mes amours
Et ta culture enivrante
Les délices de mes jours.

5

Va-t’en dire à Philippine,
Amour, que j’ai refleuri.
Que ma rose est sans épine
Et que moi son cher mari
J’en voudrais à la sourdine
Orner son panier joli.

6

Je me plains à vous ma femme
De cette opposition
Que vous marquez pour ma flamme
D’une vive passion
Quand on coupe ainsi sa trame
C’est vouloir l’extension.

7

Les devoirs du mariage
Furent faits pour maintenir
L’union dans le ménage.
Par le charme du plaisir.
Ce n’est donc pas être sage
Que de ne les point remplir.

(Chansons du XVIIIè)

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J’ai entendu s’éjouir (Gaucelm Faidit)

Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2023




    
J’ai entendu s’éjouir
Par amour, dans son langage
Le rossignolet sauvage.
Il me fait mourir d’envie,
Car celle que j’aime
Ne veut aujourd’hui
Ni m’écouter ni me voir.
Le doux chant que font l’oiseau et sa mie
Conforte un peu mon courage.
Je console donc
Mon coeur en chantant.
Je n’aurais pas cru pouvoir !

Mais rien de ce que je vois
Ne saurait me réjouir.
Je reconnais ma folie,
Il est juste que je souffre,
Juste et mérité.
J’ai laissé mon coeur
S’enivrer de rêves fous.
Résultat : angoisse
Tristesse et dommage
Il faut que je me l’avoue,
J’ai perdu l’année,
Elle fut sans plaisir,
Rien n’y vint à mon désir.

Bien que j’aie fort à me plaindre
Je m’incline et je supplie
Celle qui a seigneurie
Sur mon âme et ma personne.
Elle ne put rien dire
Quand je dus partir.
Je l’entendis soupirer,
La main sur les yeux :
« Que Dieu vous protège ».
Et quand en moi je revois
Son air amoureux,
Je me dis, en larmes :
Sans elle plutôt mourir.

La dame qui tient mon coeur
Je la prie je la supplie
De ne point m’être cruelle
de ne point croire les fourbes,
De ne point penser
Que j’en aime une autre.
De bonne foi je soupire,
Sans mentir je l’aime,
Mon coeur est vrai coeur.
Je n’ai rien des faux amants
Dont les tromperies
Ont fait que l’Amour
Ne récolte que mépris.

Chanson sois ma messagère,
Sans plus tarder cours et parle
À celle qui me plaît tant,
Hôtesse de toute joie.
D’un mot dis-lui comme
Je meurs de désir,
Et si elle veut m’accueillir
Rappelle à son coeur,
Sans perdre un instant,
Mon souci et mon désir,
Mon amour si grand
Que l’envie me tue
De la voir et l’embrasser.
Ma Dame Marie,
Tel est votre Prix
Que tous estiment plaisants
Mes dits et mes chants
Et l’éloge grand
Que je fais en vous chantant.

(Gaucelm Faidit)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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FEMME (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2023




    
FEMME

I
FEMME
Que je menace, désigne, fuis.

Ombre,
Feu de sarments, étincelle,
Grande ombre sur ma nuit.

Noir,
Voile sacré de mes ténèbres.

Femme
Je te brûle, te tue, je te supplie.

Fauve,
Fausse promesse.

O reine,
O souveraine indigne, ô belle
Griffe.

Herse,
Milliers de couteaux solaires.

II
JE suis ton fasciné, ta poussière
Furieuse, adorante,
Ta fumée.

Je suis ton juge, ton bourreau, ta trace,
Folle
Écharpe d’aubépine autour de ma vie,
Merveille
Étrangère,
Innocent bourreau.

Je te vois, je te cerne, je te veux
Mais
Vouloir l’ombre, le feu, l’étincelle,
L’aubépine d’ombre sur ma nuit,
L’écharpe de ténèbres?

(Georges-Emmanuel Clancier)

Recueil: Terres de mémoire
Editions: La Table Ronde

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En trois minutes (Pef)(Pierre Elie Ferrier)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2023



Illustration: Pef 
    
En trois minutes

Minute papillon,
crie
le souci.
Minute escargot,
divague
la salade.
Minute peau de vache,
supplie
le pissenlit.

Trois minutes plus tard,
vide est la fleur,
plus de salade
et broutée, l’herbe.

N’arrêtez pas les papillons,
les escargots ou cette vache !

Arrêtez les aiguilles,
la grande et la petite,
le temps d’une minute
dans la guerre de la Vie.

(Pef)(Pierre Elie Ferrier)

Recueil: Poëtic-Tac
Editions: Lo Païs d’enfance

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Dans la pénombre des océans (Tahar Bekri)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2022




    

Dans la pénombre des océans
Où finit la terre
Loin de toi ma geôlière
J’écoutais Haendel
Son Tremblement de terre de Rome
Comme granit dans la démesure de la fissure
L’île de Groix en face
Où Bourguiba faisait surface
Barbe généreuse et yeux perçants
Où le phare balayait la mer
Ses signaux verts battaient la nuit plaintive
Je ne savais si les airs du hautbois
Suppliaient l’océan d’être plus clément
Ou si les vagues frappant les rochers
Libéraient la falaise des bunkers de brume

(Tahar Bekri)

 

Recueil: Je te nomme Tunisie
Editions: Al Manar

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Un homme malade se traînait (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022




    
Un homme malade se traînait sur la berge.
Une file de chariots rampait à ses côtés.

Les Tziganes roulaient vers la ville fumante ;
Des belles filles et des gars éméchés.

Et les blagues et les cris fusaient des chariots.
Et l’homme clopinait avec son baluchon.

Il suppliait de l’emmener jusqu’au village.
Une petite Tzigane lui a tendu sa main brune.

Il a couru vers elle clopinant tant et plus,
Et jeté dans le chariot son lourd baluchon.

Mais l’écume à la bouche, son coeur a lâché.
La Tzigane a hissé un mort dans son chariot.

La Tzigane a assis le mort à ses côtés,
Et il se balançait et tombait en avant.

Chantant la liberté, elle allait au village
Pour rendre à la femme son époux trépassé.

(Alexandre Blok)

 

Recueil: L’HORIZON EST EN FEU Cinq poètes russes du XXè siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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J’AI ENTENDU DIRE (Paul Celan)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2021



Illustration
    
J’AI ENTENDU DIRE

J’ai entendu dire : il y a
dans l’eau une pierre et un cercle
et au-dessus de l’eau un mot
qui met le cercle autour de la pierre.
J’ai vu mon peuplier descendre à l’eau,
j’ai vu son bras aller s’accrocher dans la profondeur,
j’ai vu ses racines supplier le ciel que vienne une nuit.
Je n’ai pas couru derrière lui,
j’ai seulement ramassé par terre la miette
qui de ton oeil a la forme et noblesse,
j’ai ôté à ton cou la chaîne des formules
et j’en ai ourlé la table où la miette se trouvait maintenant.
Et je n’ai pas revu mon peuplier.

(Paul Celan)

Recueil: Choix de poèmes
Traduction: Jean-Pierre Lefebvre
Editions: Gallimard

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