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Poésie

Posts Tagged ‘(Alexandre Blok)’

Un homme malade se traînait (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022




    
Un homme malade se traînait sur la berge.
Une file de chariots rampait à ses côtés.

Les Tziganes roulaient vers la ville fumante ;
Des belles filles et des gars éméchés.

Et les blagues et les cris fusaient des chariots.
Et l’homme clopinait avec son baluchon.

Il suppliait de l’emmener jusqu’au village.
Une petite Tzigane lui a tendu sa main brune.

Il a couru vers elle clopinant tant et plus,
Et jeté dans le chariot son lourd baluchon.

Mais l’écume à la bouche, son coeur a lâché.
La Tzigane a hissé un mort dans son chariot.

La Tzigane a assis le mort à ses côtés,
Et il se balançait et tombait en avant.

Chantant la liberté, elle allait au village
Pour rendre à la femme son époux trépassé.

(Alexandre Blok)

 

Recueil: L’HORIZON EST EN FEU Cinq poètes russes du XXè siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Par-delà les montagnes, par-delà les forêts (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2019



Par-delà les montagnes, par-delà les forêts,
Par-delà les chemins poussiéreux,
Par-delà les mamelons funéraires,
Tu fleuris sous d’autres cieux.

Et quand la montagne blanchira,
La vallée s’habillera de verdure printanière,
Je me souviendrai avec une tristesse accrue
De mon passé, comme s’il était d’hier.

Dans mes rêves tristes, je te reconnaîtrai,
Et je serrerai dans mes mains
Ta douce main porteuse de miracles,
Et je répéterai ton nom lointain.

(Alexandre Blok)

Illustration: Arnold Böcklin

 

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Je suis l’enfant qui allume les cierges (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2019



 

Je suis l’enfant qui allume les cierges,
Qui garde le feu de l’encensoir.
Sans penser à rien, sans rien dire
Elle se rit sur l’autre rive.

J’aime la prière du soir,
Dans l’église blanche auprès de la rivière,
Le village avant le crépuscule,
La confusion de l’ombre bleue.

Docile à son doux regard
Je contemple le secret de la beauté ;
Je jette des fleurs blanches
Par dessus les murs de l’église

(Alexandre Blok)

Découvert chez Lara ici

Illustration: Chaïm Soutine

 

 

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Qu’il est dur d’aller parmi les hommes (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2019



Qu’il est dur d’aller parmi les hommes
Et de faire semblant de ne pas être mort,
Et le jeu tragique des passions
Le raconter à ceux qui sont jeunes,

Et, scrutant son cauchemar nocturne,
Trouver une harmonie au tourbillon désordonné des sentiments,
Pour que d’après les pâles lueurs de l’art
On apprenne de ta vie le fatal incendie !

(Alexandre Blok)

Illustration: Hans Bellmer

 

 

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Quand sous un mur (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2018



Tombe-de-Blok  [800x600]

Quand sous un mur, dans les orties,
Mes pauvres os seront pourris,
Quelque tardif historien
Écrira une oeuvre importante.

Il martyrisera, le maudit,
Des écoliers innocents :
Dates de naissance et de mort,
Tas de citations mal choisies !

Triste sort qu’une vie si confuse,
Difficile ensemble, et oisive :
Devenir la chose d’un docteur,
Et grossir l’armée des critiques !

Ah, pouvoir se terrer sous les herbes,
S’endormir d’un sommeil éternel !
Taisez-vous donc, livres maudits :
Je ne vous ai jamais écrits !

(Alexandre Blok)

 Illustration

 

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Aujourd’hui, Tu marchais solitaire (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2018



Aujourd’hui, Tu marchais solitaire ;
Je n’ai pas vu Tes miracles.
Là-bas, au-dessus de Ta haute montagne,
S’étendait la forêt dentelée :
Et cette forêt étroitement serrée,
Et ces chemins montagneux
M’empêchaient de me fondre dans l’inconnu,
De fleurir de Ton azur.

(Alexandre Blok)

Illustration: ArbreaPhotos
 

 

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Elle a rejoint le choeur des autres astres (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2018




Elle a grandi par-delà les montagnes,
Née dans la solitude des vallées.
Aucun de nous n’a pu jeter sur elle
Un regard de désir. Elle était seule.
L’astre immortel regardait chaque jour
Resplendir son aurore pure.
Elle montait vers lui comme une fleur,
Gardait en elle une trace secrète.
Dans le désir et l’angoisse elle est morte;
Aucun de nous n’a contemplé sa cendre…
Elle a fleuri soudain parmi l’azur,
Triomphante, dans un ailleurs, sur d’autres cimes.
Elle vit maintenant parmi la neige.
Insensés! Qui de vous as visité son temple?
Elle a fleuri par-delà les montagnes,
Elle a rejoint le choeur des autres astres.

(Alexandre Blok)

Illustration: Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson

 

 

 

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À Anna Akhmatova (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2018



Anna Akhmatova
    
À Anna Akhmatova

Quand on vous dit — « La beauté est terrible » —
Indolente, sur vos épaules
Vous jetez un châle espagnol.
Dans vos cheveux — une rose rouge.

Quand on vous dit — « La beauté est simple » —
Vous couvrez, un peu maladroite,
L’enfant d’un châle bigarré.
La rose rouge a chu par terre.

Mais, indifférente à ces mots
Qui résonnent autour de vous,
Vous resterez pensive et triste
Tout en répétant pour vous-même :

« Je ne suis ni terrible ni simple :
Pas assez terrible pour tuer
Tout simplement ; ni assez simple
Pour ignorer que la vie est terrible. »

***

Анне Ахматовой

«Красота страшна» — Вам скажут, —
Вы накинете лениво
Шаль испанскую на плечи,
Красный розан — в волосах.

«Красота проста» — Вам скажут, —
Пёстрой шалью неумело
Вы укроете ребенка,
Красный розан — на полу.

Но, рассеянно внимая
Всем словам, кругом звучащим,
Вы задумаетесь грустно
И твердите про себя:

«Не страшна и не проста я;
Я не так страшна, чтоб просто
Убивать, не так проста я,
Чтоб не знать, как жизнь страшна».

***

To Anna Akhmatova

They say to you, « Beauty is terrible, »
And lazy, around your shoulders,
You wind your Spanish shawl,
You tuck a red rose in your hair.

They say to you, « Beauty is simple, »
And awkward, with your many-colored shawl,
You cover a child
And the rose falls to the floor

Distracted, you listen
to the words around you.
Sad, thoughtful
you say to yourself,

I am not so terrible
nor so simple as that,
Not terrible enough to kill simply
Or too simple to know
that life is terrible.

(Alexandre Blok)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Le Monde terrible
Traduction: Pierre Léon – Lenore Mayhew and William McNaughton
Editions: Gallimard

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Nous nous retrouvions (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2018



Illustration: Zorn
    
Nous nous retrouvions au couchant.
Ta rame fendait l’eau du golfe.
Amoureux de ta robe blanche,
Je n’aimais plus l’élégance du rêve.

Retrouvailles muettes, étranges.
Devant nous — sur la langue de sable —
S’allumaient les cierges du soir.
On songeait à la pâle beauté.

Qu’on s’approche, s’effleure et se brûle —
Le silence d’azur n’entend rien.
Mais nous nous retrouvions dans les brumes,
Où l’onde frémit sous les roseaux.

Ni douleur, ni amour, ni offense,
Tout pâlit, tout s’en va, tout s’enfuit…
Ton image blanche, les requiems,
Et la rame d’or dans ta main.

(Alexandre Blok)

 

Recueil: Le Monde terrible
Traduction:Pierre Léon
Editions: Gallimard

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J’attends l’appel (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2017



 Illustration: Robert Cattan
    
J’attends l’appel, je cherche la réponse,
Le ciel se tait, la terre est muette.
Par-delà les champs jaunes — au loin, là-bas —
Mon cri s’est levé le temps d’un éclair.

Et l’écho qui répond aux paroles lointaines,
Et le ciel de la nuit, les champs assoupis,
Annoncent le mystère de la rencontre prochaine,
Les rendez-vous radieux, mais si vite effacés.

J’attends — un neuf frémissement me touche.
Le ciel devient plus clair, le silence plus sourd…
Le verbe abolira le mystère nocturne…
Aie pitié, Seigneur, des âmes de la nuit!

Par-delà les champs jaunes, le temps d’un éclair,
L’écho lointain de mon cri s’est levé.
J’attends toujours l’appel, je cherche la réponse,
Mais la terre étrangement s’obstine dans le silence.

(Alexandre Blok)

 

Recueil: Le Monde terrible
Traduction:Pierre Léon
Editions: Gallimard

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