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CHANT DE FEUILLE MORTE (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 25 mai 2023




    
CHANT DE FEUILLE MORTE

Si j’eus un charme, il m’est ôté.
Une autre fut belle à côté,
Fut reine… et moi si pauvre ! si

Mais qui de la feuille a souci ?…

Hors l’aimer, je ne valais rien.
Il m’a quittée, il a fait bien :
On punit les pauvres ainsi.

Mais qui de la feuille a souci ?…

Pour quoi – si dur ! – ah ! pour quoi tant
L’aimé-je, comme si le temps
N’avait changé, n’avait noirci ?

Mais qui de la feuille a souci ?…

J’ai beau très tard errer, très loin,
Je ne sais pas l’aimer moins
D’un coeur brisé, d’un coeur transi.

Mais qui de la feuille a souci ?…

Dis-moi, le vent, dis-moi, la mer,
Dis-moi, la grand neige d’hiver,
La Mort est-elle par ici ?…

Mais qui de la feuille a souci ?…

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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Ecoutez, ô mes amis, l’amour est un soleil (Younous Emré)

Posted by arbrealettres sur 5 avril 2023




    
Ecoutez, ô mes amis, l’amour est un soleil
Le coeur sans amour est une pierre

Au coeur de pierre que pousse-t-il ? de sa langue sourd le poison
Il a beau dire des douceurs, ses mots font la guerre

Le coeur d’amour, lui, brûle, fond et devient cire
Quant aux noirs coeurs de pierre, ils sont pierre âpre et dure

Au service de ce seigneur, dans le registre saint
L’étoile des amoureux est toujours un messager

Traverse, Younous, les soucis, la forêt s’il le faut
A l’homme il faut d’abord l’amour, puis il est un derviche

(Younous Emré)

Recueil: Poèmes des derviches anatoliens
Traduction: Guzine Dino,Michèle Aquien,Pierre Chuvin
Editions: Fata Morgana

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L’espace (Jacques Dupin)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2023


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l’espace est à l’oiseau, à la femme
qui danse, le sol est dur
l’air vibre comme un caillou

(Jacques Dupin)

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L’hymne de la Bretagne (William Jenkyn Jones)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2023




    
L’hymne de la Bretagne

Vieux Pays de nos Pères

Nous, Bretons de cœur, nous aimons notre vrai pays !
L’Arvor est renommée à travers le monde.
Sans peur au cœur de la guerre, nos ancêtres si bons
Versèrent leur sang pour elle.

Refrain :

Ô Bretagne, mon pays, que j’aime mon pays
Tant que la mer sera comme un mur autour d’elle.
Sois libre, mon pays !

Bretagne, terre des vieux Saints, terre des Bardes,
Il n’est d’autre pays au monde que j’aime autant,
Chaque montagne, chaque vallée est chère dans mon cœur.
En eux dorment plus d’un Breton héroïque !

Refrain

Les Bretons sont des gens durs et forts,
Aucun peuple sous les cieux n’est aussi ardent.
Complaintes tristes ou chants plaisants s’éclosent en eux.
Ô ! Combien tu es belle, ma patrie !

Refrain

Si autrefois, Bretagne, tu as fléchi durant les guerres,
Ta langue est restée vivante à jamais,
Son cœur ardent tressaille encore pour elle.
Tu es réveillée maintenant ma Bretagne !

***

Bro Gozh Ma Zadou

Ni, Breizhiz a galon, karomp hon gwir Vro !
Brudet eo an Arvor dre ar bed tro-dro.
Dispont kreiz ar brezel, hon tadoù ken mat,
A skuilhas eviti o gwad.

Refrain :

O Breizh, ma Bro, me ‘gar ma Bro.
Tra ma vo mor ‘vel mur ‘n he zro.
Ra vezo digabestr ma Bro !

Breizh, douar ar Sent kozh, douar ar Varzhed,
N’eus bro all a garan kement ‘barzh ar bed,
Pep menez, pep traonienn, d’am c’halon zo kaer,
Enne kousk meur a Vreizhad taer !

Refrain

Ar Vretoned ‘zo tud kalet ha kreñv,
N’eus pobl ken kalonek a zindan an neñv,
Gwerz trist, son dudius a ziwan eno,
O ! pegen kaer ec’h out, ma Bro !

Refrain

Mar d’eo bet trec’het Breizh er brezelioù bras,
He yezh a zo bepred ken beo ha bizkoazh,
He c’halon birvidik a lamm c’hoazh ‘n he c’hreiz,
Dihunet out bremañ, ma Breizh !

(William Jenkyn Jones)
  

  

 

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LAMENTO (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Illustration: Marianne Clouzot
    
LAMENTO

Tout prend, dans ma bouche,
un goût persistant de larmes :
le pain de chaque jour, le chant
et jusqu’à la prière.

Je n’ai point d’autre office,
après celui de t’aimer en silence,
que cet office de larmes, dur,
que tu m’as laissé.

Yeux gonflés
de chaudes larmes!
Bouche triste et tremblante
où tout devient prière!

J’ai honte de vivre
dans cette lâcheté,
sans aller à ta recherche
ni réussir à t’oublier!

Un remords me fait saigner
de voir un ciel
que ne voient plus tes yeux,
de caresser des roses
nourries de tes os!

Chair misérable,
pulpe piteuse, accablée de lassitude
qui ne descend pas dormir à ton côté,
mais s’accroche, tremblante,
au sein impur de la vie!

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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Quand l’aube navrée (Jean-Vincent Verdonnet)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2023




    
Quand l’aube navrée contemple
les cendres du rêve mort
le cavalier plie bagage
enfiévré d’une veille
et plus pauvre d’un départ

Le fouet du froid prolonge le
sommeil épais des sèves

Le bourg tassé s’emmitoufle
d’une brume sans remords

D’anciens levers de soleils
grincent de mille caries

et le mont dur se crevasse
de la rencontre impossible

(Jean-Vincent Verdonnet)

 

Recueil: D’ailleurs
Editions: Saint-Germain-des-Prés

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Une poule sur un mur (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2023




    
Une poule sur un mur
Qui picote du pain dur
Picoti, picota,
Lèv’ la queue et puis s’en va.

(Anonyme)

 

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SUR UN AIR LENT (Li Qing Zhào)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR UN AIR LENT

Quêter, quérir, fouiller, fureter,
Froidure vide, froid dur limpide,
Morne monotonie, amère mélancolie, lamentable ennui…
Douceur subite, retour du froid,
Cette saison où je souffre le plus de respirer ;
Avec trois gobelets et deux coupes de vin clair,
Comment y résister, quand le soir vient, quand le vent s’énerve ?
Voici les oies sauvages parties,
Le plus cruel à mon coeur,
Pourtant nous étions bien complices aux temps passés.

Partout au sol les chrysanthèmes s’amoncellent,
Défraîchis et déchus
à présent, qui viendrait prendre la peine de les ramasser ?
Veillant près de la fenêtre,
Solitaire, par moi-même comment parviendrai-je à rejoindre l’obscurité ?
Au sterculier vient s’adjoindre la bruine,
Qui jusqu’au crépuscule dégoutte et dégouline ;
Et toute cette composition,
Comment le seul mot de « souci » pourrait-il en donner le sens ?

***

(Li Qing Zhào) (1084 — après 1149)

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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La grâce se paie toujours au prix fort (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Il y a quelque chose de terrible dans chaque vie.
Il y a, dans le fond de chaque vie,
une chose terriblement lourde, dure et âpre.
Comme un dépôt, un plomb, une tache.

Un dépôt de tristesse, un plomb de tristesse, une tache de tristesse.
À part les saints et quelques chiens errants,
nous sommes tous plus ou moins contaminés par la maladie de la tristesse.
Plus ou moins. Même dans nos fêtes elle peut se voir.

La joie est la matière la plus rare dans ce monde.
Elle n’a rien à voir avec l’euphorie, l’optimisme ou l’enthousiasme.
Elle n’est pas un sentiment. Tous nos sentiments sont soupçonnables.
La joie ne vient pas du dedans,
elle surgit du dehors — une chose de rien, circulante, aérienne, volante.

On lui accorde beaucoup moins de crédit qu’à la tristesse qui, elle,
fait valoir ses antécédents, son poids, sa profondeur.
La joie n’a aucun antécédent, aucun poids, aucune profondeur.
Elle est toute en commencements, en envols, en vibrations d’alouette.

C’est la chose la plus précieuse et la plus pauvre du monde.
Il n’y a guère que les enfants pour la voir. Les enfants, les saints, les chiens errants.
Et toi. Tu l’attrapes au vol, tu la redonnes aussitôt, il n’y a rien d’autre à en faire.
Et tu ris, tu ne sais que rire devant tant de richesse donnée, reçue.

Tu as pourtant affaire, comme chacun, à cette chose terrible dans ta vie,
à cette ombre terriblement lourde, dure, âpre.
Tu lui fais place comme au reste.
Tu ouvres la porte à la tristesse si aimablement qu’elle en est perdue,
qu’elle en perd ses manières sombres et qu’on ne la reconnaît plus.

La grâce se paie toujours au prix fort.
Une joie infinie ne va pas sans un courage également infini.
Dans tes rires c’est ton courage que j’entendais:
un amour de la vie si puissant que même la vie ne pouvait plus l’assombrir.

(Christian Bobin)

 

 

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Le monde prolongé (Miroslav Krleža)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022




    
Le monde prolongé

Un moine de Zagorje que le vin fait pleurer
et la fille de serf aux seins durs comme des coings

d’où viennent les martyrs au corps marbré de bleu
et pourquoi le soleil si soudain il décline ?

Il neige pour nos luges dans le brouillard
sanglant le monde est mort ô mon amour de noir ennui

— pourtant d’un seul éclat de rire
il fait savoir qu’il est là.

***

 

(Miroslav Krleža)

Traduction d’Alain Borer

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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