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Poésie

Posts Tagged ‘éclatant’

S’allument soudain toutes les lampes (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024




    
S’allument soudain toutes les lampes
et la lumière nous exténue
comme un drap trop blanc
pour qu’on puisse s’en couvrir.

L’écheveau intérieur
lui prête alors un peu de son fil,
un peu de sa réserve d’ombre,
pour modérer le tissu éclatant
et que l’homme puisse se couvrir.

Le tout de la lumière
est plus insupportable que le néant.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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UN ARBRE EMPOISONNÉ (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024



Illustration: William Blake
    
UN ARBRE EMPOISONNÉ

J’en voulais à mon ami :
Je dis mon courroux, et mon courroux prit fin.
J’en voulais à mon ennemi ;
Je ne le dis point, mon courroux grandit.

Et je l’arrosai en tremblant,
Nuit et matin, de mes larmes,
Et je l’ensoleillai de sourires,
De douces ruses trompeuses,

Et il grandit nuit et jour
Jusqu’à ce qu’il engendrât une pomme éclatante,
Et mon ennemi la vit briller
Et il sut qu’elle était mienne,

Et dans mon jardin il se glissa
Quand la nuit eut volé le pôle,
Au matin, joyeux, je vis
Mon ennemi étendu mort sous l’arbre.

***

A Poison Tree

I was angry with my friend;
I told my wrath, my wrath did end.
I was angry with my foe:
I told it not, my wrath did grow.

And I waterd it in fears,
Night & morning with my tears:
And I sunned it with smiles,
And with soft deceitful wiles.

And it grew both day and night.
Till it bore an apple bright.
And my foe beheld it shine,
And he knew that it was mine.

And into my garden stole,
When the night had veild the pole;
In the morning glad I see;
My foe outstretched beneath the tree.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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Pourrais-je prendre (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2024




    
Pourrais-je prendre où elle est
L’apparence qui me manque
Sur les rives d’un visage
Le jour la force éclatante

Le dur besoin de durer

(Paul Eluard)

Recueil: Le livre ouvert 1938-1944
Editions: Gallimard

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APPEL CHAMPÊTRE (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2024




    

APPEL CHAMPÊTRE

Un morceau de pain
couvert de raisiné sombre
est le goûter du garçon assis
sur un mur d’éclatante argile
et ses pieds pendants sont chaussés
de brodequins cloutés de fer;
lorsqu’on l’appelle de loin
il ne répond pas aussitôt
la même voix
clamant alors plus fort son nom
à l’unique syllabe brève
trouble à peine le calme des îles.

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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ANIMAUX (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2024




    
ANIMAUX

Couverts de taches de couleur
les animaux restaient aux barrières des champs
près des fleurs que courbaient les brises
d’autres se couchaient
au fond des loges sombres
et des mains les venaient capter
des bêtes plaintives
peuplaient les jours sans fin
de leurs fourrures de leurs pelages
mystères éclatants de leur vie
parfois il en mourait au fond des bois
que leurs gardiennes
cherchaient dans les nuits claires.

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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LE SAGITTAIRE (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 29 septembre 2023




    
LE SAGITTAIRE

La mer comme un tambour de lansquenet
Le ciel comme un bavardage éclatant
L’esprit comme un enfant aux osselets
La vie comme un amour entre les dents.

*

A tes noces spirituelles
Quelle joie, époux de l’idée
A saisi ta blanche épousée
Qui rayonne en sources nouvelles.

(Henry Bauchau)

Recueil: Poésie complète
Editions: ACTES SUD

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Vers La Lance (Michael Edwards)

Posted by arbrealettres sur 27 juillet 2023


ubac-adret

Vers La Lance

Les ombres des nuages
Qui maneuvrent là-haut
Rôdent sur les versants,
Eteignent tour à tour
Les arbres, les maisons.

Le noir de la lumière
Creuse des puits profonds
Dans la terre surprise,
Et libère en partant
D’éclatantes collines.

***

Towards La Lance

The clouds process.
Their shadows range
the slopes at will,
dousing each tree
and house in turn.

The dark of light
sinks in the earth,
hollowing deep.
Its going leaves
luminous hills.

(Michael Edwards)

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POÈME D’AMOUR (Maurice Fombeure)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



Georges Jeanclos L'Extase  [800x600]

POÈME D’AMOUR

Je te ferai ce soir un poème d’amour
Où l’on verra ton ombre apparaître à la rime
Mes désirs rouleront ainsi que des tambours
Dans l’odeur du sommeil et des algues marines

Viens. Tu seras pour moi l’orbe éclatant du monde,
D’étendards déployés claquant dans tes regards
Sur tes cheveux au vent, noirs escadrons de l’ombre
La neige des baisers légère comme un cil

Tu es mon Amérique immense et familière,
Mon ciel extravasé. J’adore mon vautour
Grande femme bruissant de soies et de lumières
Je suis parti vers toi sans espoir de retour

Parmi l’adoration des fleurs et des abeilles,
Sur les étés stridents, sur l’automne incertain
Je te retrouve en moi plus vivante, et pareille
A ce que j’ai toujours espéré du destin
Ô mon pain quotidien, ma sereine merveille.

(Maurice Fombeure)

Illustration: Georges Jeanclos

 

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Perfide et limpide (Paul Nougé)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2022



Perfide
et
limpide
éclatante
et
timide
un doigt dans l’air
un doigt dans l’eau

tout cela dépend de vous

(Paul Nougé)

Illustration

 

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Vagues (Katherine Mansfield)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022




    

Vagues

J’ai vu un Dieu minuscule
Assis
sous un parapluie bleu vif
Qui avait des glands blancs
Et des baleines d’or fourchues.
Au-dessous de lui
Son petit monde
S’expose au soleil.
L’ombre de Son chapeau
S’étale sur la ville.
Quand il étire Son bras
Un lac devient un sombre tremblement.
Quand il donne un coup de pied
Il fait nuit sur les cols des montagnes.
Mais tu es petit !
Il y a des dieux bien plus grands que toi ;
Ils s’élèvent et chutent,
Les dieux de la mer dévalant.
Ton coeur peut-il avoir de tels soupirs,
De tels cris sauvages et vains,
Un tel souffle venteux,
Une telle mort gémissante ?
Et ton bras peut-il envelopper
Le vieux,
Le froid,
L’immuable et épouvantable lieu
Où les hordes
De monstres de mer cornus
Et où les oiseaux hurlant
Se réunissent?
De ces hommes silencieux
Qui gisent dans
Nos prisons nacrées,
Peux-tu en faire ta proie?

Comme nous peux-tu rester
Attendant ton heure,
Et alors t’élever comme une tour
Et t’écraser et te fracasser?
Il n’y a ni arbres ni buissons
Dans mon pays,
Dit le Dieu minuscule.
Mais il y a des ruisseaux
Et des cascades
Et des pics montagneux
Couverts de jolies herbes.
Il y a de petites côtes et des ports sûrs,
Des grottes pour la fraîcheur et des plaines pour le soleil et le vent.
Joli est le son des rivières,
Jolie l’éclatante lumière
Des pics jolis.
Je suis satisfait.

Mais Ton royaume est petit,
Dit le Dieu de la Mer.
Ton royaume va choir,
Je ne peux te tolérer.
Tu es fier!
Avec un bruyant
Carillon de rires,
Il s’est redressé et a recouvert
Le pays du Dieu minuscule
De l’extrémité de sa main,
De la pointe de son doigt: Et après —

Le Dieu minuscule
Se mit à pleurer.

***

Waves

I saw a tiny God
Sitting
Under a bright blue Umbrella
That had white tassels
And forked ribs of gold.
Below him His little world
Lay open to the sun.
The shadow of His hat
Lay upon a city.
When he stretched forth His hand
A lake became a dark tremble.
When he kicked up His foot
It became night in the mountain passes.
But thou art small!
There are gods fargreater than thou;
They rise and fall
The tumbling gods of the sea.
Can thy heart heave such sighs,
Such hollow savage cries,
Such windy breath,
Such groaning death?
And can thy arm enfold
The o1d
The cold
The changeless dreadful place
Where the herds
Of horned sea-monsters
And the screaming birds
Gather together.
From those silent men That lie in the pen
Of our pearly prisons,
Canst thou hunt thy prey?
Like us cant thou stay
Awaiting thine hour,
And then rise like a tower
And crash and shatter?

There are neither trees nor bushes
In my country,
Said the tiny God
But there are streams
And waterfalls
And mountain peaks
Covered with lovely weed
There are little shores and safe harbours,
Caves for cool and plains for sun and wind.
Lovely is the sound of the rivers,
Lovely the flashing brightness
Of the lovely peaks.
I am content.

But Thy kingdom is small
Said the God of the Sea.
Thy kingdom shall fall,
I shall not let thee be.
Thou art proud
With a loud
Pealing of laughter,
He rose and covered
The tiny God’s land
With the tip of his hand
With the curl of his fingers:
And after—

The tiny God
Began to cry.

(Katherine Mansfield)

Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe

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