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Posts Tagged ‘trompeur’

UN ARBRE EMPOISONNÉ (William Blake)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024



Illustration: William Blake
    
UN ARBRE EMPOISONNÉ

J’en voulais à mon ami :
Je dis mon courroux, et mon courroux prit fin.
J’en voulais à mon ennemi ;
Je ne le dis point, mon courroux grandit.

Et je l’arrosai en tremblant,
Nuit et matin, de mes larmes,
Et je l’ensoleillai de sourires,
De douces ruses trompeuses,

Et il grandit nuit et jour
Jusqu’à ce qu’il engendrât une pomme éclatante,
Et mon ennemi la vit briller
Et il sut qu’elle était mienne,

Et dans mon jardin il se glissa
Quand la nuit eut volé le pôle,
Au matin, joyeux, je vis
Mon ennemi étendu mort sous l’arbre.

***

A Poison Tree

I was angry with my friend;
I told my wrath, my wrath did end.
I was angry with my foe:
I told it not, my wrath did grow.

And I waterd it in fears,
Night & morning with my tears:
And I sunned it with smiles,
And with soft deceitful wiles.

And it grew both day and night.
Till it bore an apple bright.
And my foe beheld it shine,
And he knew that it was mine.

And into my garden stole,
When the night had veild the pole;
In the morning glad I see;
My foe outstretched beneath the tree.

(William Blake)

Recueil: Chants d’Innocence et d’Expérience
Traduction: traduction de l’anglais par Marie-Louise et Philippe Soupault
Editions: Les belles lettres

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BOIRE POUR OUBLIER L’INFIDÈLE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023




    
BOIRE POUR OUBLIER L’INFIDÈLE

1

J’aime la jeune Sophie,
Mais d’un amour sans égal.
L’infidèle m’a trahi
En me donnant un rival.
Pour lui prouver ma constance
Je la voyais tous les jours
Je vivais dans l’ignorance
Que le sexe a de détours.

2

Je la croyais si sincère
Que je ne lui cache rien.
Le tendre nom de ma chère
Etait mon seul entretien.
Mais la cruelle Sophie
Vient de me jouer un tour.
Je n’oublierai de ma vie
Un aussi mauvais tour.

3

Le propre jour de sa fête
En lui portant un bouquet,
Je l’aperçus tête à tête
Avec un jeune cadet.
Il arrange sa frisure
Lui présentant son miroir.
Il retroussa sa coiffure
Jugez de mon désespoir.

4

Je lui dis « Belle Sophie
Je vous apporte une fleur.
Acceptez la je vous prie
Je vous l’offre de bon cœur ».
D’un petit ton d’arrogance
Elle le prit de ma main
En faisant la révérence
avec un air de dédain.

5

Je lui fais des durs reproches
Je ne pouvais plus tenir :
Cœur perfide, coin de roche
Tu veux me faire mourir
Tu m’as fait la promesse
De m’aimer jusqu’au trépas.
Je m’aperçois bien traîtresse
Que tu me fais un faux pas.

6

Rends moi, cruelle Sophie
Cette bague, ce clavier.
Elle, sans cérémonie,
Sans trop se faire prier,
Mes effets elle m’apporte.
Je les pris sans compliment.
Aussitôt je les emporte,
Un autre en eut fait autant.

7

Ah qu’un jeune homme est à plaindre !
Ah que le sexe est trompeur !
Que les filles sont à craindre,
Avec leurs airs enchanteurs
A présent je me méfie.
Il vaut mieux tard que jamais.
Je renonce pour la vie
A tous leurs charmants attraits.

8

Dorénavant je veux suivre
L’aimable dieu des raisins.
Dès aujourd’hui je m’enivre
Est-il plus heureux destin ?
Enrôlons nous camarade
Sous l’étendard de Bacchus
Allons boire des rasades,
Et renonçons à Vénus.

(Chansons du XVIIIè)

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L’AMANT VICTIME (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023




    
L’AMANT VICTIME

1

Un jour j’étais à m’amuser
Ou j’attendais mon amant soupirer.
En soupirant elle disait tout bas :
Amour, amour, tire moi d’embarras
Ciel quel tourment ; faut-il qu’un amant
Soit la victime de tant de tourment ?

2

Je la suivais de pas à pas
En me voyant seulette entre ses bras
Je plains ton sort, la raison dit encore :
Faut-il qu’un amant se soumette à l’instant ?
Ciel quel tourment ; faut-il qu’un amant
Soit la victime de tant de penchant ?

3

Amant trompeur tu as ravi mon cœur
Viens promptement soulager mes langueurs.
Je n’en dis rien que chacun garde le sien.
Moi j’ai trouvé mon berger dans le pré.
Ciel quel tourment ; faut-il qu’un amant
Soit la victime de tant de tourment ?

4

Si tu venais sur le vert gazon
J’aimerais mieux livrer tous mes moutons
A tous les loups qui sont dans la forêt.
Si j’attendais mon amant soupirer
Ciel quel tourment ; faut-il qu’un amant
Soit la victime de tant de penchant ?

(Chansons du XVIIIè)

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IRIS SE MEURT DE DESESPOIR (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 14 novembre 2023



Illustration: Jean-Jacques Henner
    
IRIS SE MEURT DE DESESPOIR

1

Le long de ce coteau
Paissait troupeau sans chien ni houlette.
Adieu tout mon bonheur
Hélas trompeur ; j’ai perdu le cœur.
Désormais dans le bois seulette
N’entendant plus sa tendre musette
Hélas je veux languir.
Allez troupeau laissez moi mourir.

2

Et vous cher agnelet
De mes regrets tu m’es trop cruel
Ici des faux serments
De mon amant que j’aime tendrement
Loin de moi mon amour t’appelle
Va cher agneau trouver l’infidèle
Et dis lui tous les jours
Que sa tendre Isis l’aimera toujours.

3

Et vous sombre forêt
De mes regrets tu m’es trop cruelle.
Ici des faux serments
De mon amant que j’aime tendrement
Souvenez-vous de ma vive tendresse
Et que partout l’on répète sans cesse
Iris …. gardant ta foi
Iris vaincue va mourir pour toi.

(Chansons du XVIIIè)

Recueil:
Editions:

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LE BESTIAIRE INCERTAIN (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2023




Illustration: Pascal Dugourd
    
LE BESTIAIRE INCERTAIN

Licorne chien de feu dragon oiseau-menteur
et vous serpent de mer
je sais vos longs soucis mes doux amis trompeurs
l’incertitude amère

Il n’est pas très aisé d’exister chaque jour
On oublie quelquefois
Un peu d’inattention et l’on meurt pour toujours
malgré sa bonne foi

Personne ne sait plus que vous êtes vivants
Les hommes sont sceptiques
On oublie votre nom dans les livres savants
qui nomment les moustiques

Malheureux exilés de la zoologie
je serai bon pour vous
Je construirai pour vous un fragile logis
Un zoo du dessous

Promettez seulement de mettre tous vos soins
à exister très fort
Appliquez-vous toujours même si je suis loin
à n’être jamais morts.

(Claude Roy)

Recueil: Poésies
Editions: Gallimard

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MATINALE (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2023



Illustration: Alice de Miramon    
    
MATINALE

Le jour cherche son chemin,
hésitant au fond du noir,
plus timide que la main
caresseuse au creux du soir.

Il entre par la fenêtre
glissant entre les amants
délie les corps que pénètre
sa tiédeur nonchalamment.

L’ange sage du mensonge
à la dormeuse à demi
livre le début d’un songe encore
embrouillé de nuit.

Si, trompeuse, la clarté
dessine un chiffre d’amour
avec les corps enlacés
sur le drap plus blanc que jour

c’est pour qu’un oiseau perdu
s’il entre par la croisée
garde très longuement tu
le secret qui reposait

dans les bras le sein la joue
le doux ventre clair-nacré
de l’enfant sur qui se joue
un rayon aventuré.

(Claude Roy)

Recueil: Poésies
Editions: Gallimard

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DORMANTE (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 22 septembre 2023



Illustration: Pierre Brault
    
DORMANTE

Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse
ma gisante aux pieds nus sur le sable mouillé
toi ma songeuse mon heureuse ma nageuse
ma lointaine aux yeux clos mon sommeillant œillet

distraite comme nuage et fraîche comme pluie
trompeuse comme l’eau légère comme vent
toi ma berceuse mon souci mon jour ma nuit
toi que j’attends toi qui te perds et me surprends

la vague en chuchotant glisse dans ton sommeil
te flaire et vient lécher tes jambes étonnées
ton corps abandonné respire le soleil
couleur de tes cheveux ruisselants et dénoués

Mon oublieuse ma paresseuse ma dormeuse
toi qui me trompes avec le vent avec la mer
avec le sable et le matin ma capricieuse
ma brûlante aux bras frais mon étoile légère

je t’attends je t’attends je guette ton retour
et le premier regard où je vois émerger
Eurydice aux pieds nus à la clarté du jour
dans cette enfant qui dort sur la plage allongée.

(Claude Roy)

Recueil: Poésies
Editions: Gallimard

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LA FRAGILE LÉGÈRETÉ DU CALENDRIER (Ramón Martínez López)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2023



Illustration: María Sánchez Aranda    
    
LA FRAGILE LÉGÈRETÉ DU CALENDRIER

Si je dois choisir entre Légèreté et Toi,
pas une seconde je n’hésiterai sur ma réponse.
Je choisirai le chemin que dessinent tes pas
dans le sable de la plage qui est la nôtre
et avec ce vent qui caresse ton visage
et grise ton sourire trompeur.

Si je dois choisir, tu le sais bien,
je reste avec les lèvres rebelles
qui pour un instant frôlent ton corps
et s’abandonnent au plaisir fugace
des pierres que punit l’eau.

Si je dois choisir
je reste avec le frémissement de ta peau,
quand le soleil se couche
et que la nuit réduit la conscience à néant
sur la rambarde fatiguée de la lune nouvelle.

Si je dois choisir, aucune hésitation,
je demeure avec toi des jours qui ne renient pas
la fragile légèreté du calendrier.

(Ramón Martínez López)

, Espagne (1975)

Traduction de Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

de ”Manual de supervivencia”, Ediciones Valparaíso, Granada

***

Autres langues:

Anglais: https://www.point-editions.com/en/766-the-fragility-of-the-calendar/
Espagnol: https://www.point-editions.com/es/766-the-fragility-of-the-calendar/
Néerlandais: https://www.point-editions.com/nl/766-the-fragility-of-the-calendar/
Autres: https://www.point-editions.com/ww/766-the-fragility-of-the-calendar/

Recueil: ITHACA 766
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

FRIENDS ITHACA
Holland: https://boekenplan.nl
Poland: http://www.poetrybridges.com.pl
France: https://arbrealettres.wordpress.com
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Spain: https://www.point-editions.com; https://www.luzcultural.com
India: https://nvsr.wordpress.com; https://ourpoetryarchive.blogspot.com>
USA-Romania: http://www.iwj-magazine.com/journal02

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Fuyez, amants (Michel Ange)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2023



Illustration: Edvard Munch
    
Fuyez, amants, fuyez l’amour et ses ardeurs;
sa flamme est âpre ; sa blessure mortelle.
Qui ne le fuit soudain, lui opposera vainement plus tard
le courage et la force, l’absence et la raison.

Fuyez : que le trait mortel qui m’a frappé
ne soit pas pour vous une stérile leçon!
Voyez en moi les maux qui vous attendent,
et combien sont barbares les jeux de cet enfant.

Fuyez-le , sans tarder, fuyez dès le premier regard.
Je crus pouvoir en tout temps obtenir de lui le repos :
hélas ! voyez maintenant le feu qui me dévore.

Insensé , celui qui, violemment épris d’une beauté séduisante,
égaré par de trompeurs désirs,
ferme l’oreille et les yeux à son propre bonheur,
pour courir au-devant des traits empoisonnés de l’amour!

(Michel Ange)

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Quoi qu’il en soit (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2022



Illustration: Amedeo Bocchi
    
Quoi qu’il en soit

Soit la nuit la plus noire, et plus profonde,
Et gelée, et sombre la mer des monstres:
Soit l’oeil de Dieu comme celui du serpent :
Une fente d’écailles dans une pierre.

Soit le centre de la terre feu ou cendres,
Et plus tortueuse et sulfureuse la cicatrice
Des incendies qui vont d’un côté à l’autre
De cette face mesquine, lamentable.

Soit la rue la plus longue et découverte,
Et à son extrémité le plus haut mur qui
De la suspension du pas fait commerce
D’étoffes ternes et d’ors sans poinçons.

Soit le fruit le plus pourri et trompeur,
Entre la main et le blé l’araignée noire.
Soit la chaleur du soleil autre fantasme
Dans la froideur de la grotte des spectres.

Soit le monde mordu et toute la chair
Par les mandibules difformes ou ventouses,
Ou des aiguilles mortelles de combien d’êtres
D’autres terres du ciel descendant sur celle-ci.

Peu importe quoi que ce soit, ou vienne à être,
Ou ait été de douleur et d’agonie,
De misère, épouvante et amertume,
Si ton ventre s’ouvre et me cherche.

***

Ainda que seja

Seja a noite mais negra, e mais profundo,
E gelado, e sombrio o mar dos monstros.
Seja o olho de Deus como o da cobra:
Urna fenda de escamas numa pedra.

Seja o centro da terra fogo ou cinzas,
E mais torta e sulfúrea a cicatriz
Dos incêndios que vão de lado a lado
Desta face mesquinha, lamentável.

Seja a rua mais longa e descoberta,
E mais alta a parede que ao fim dela
Da suspensão do passo faz comércio
De panos baços e ouros sem contraste.

Seja o fruto mais podre e enganoso,
Entre a mão e o trigo a aranha preta.
Seja o calor do sol outro fantasma
Na frieza da gruta dos espectros.

Seja o mundo mordido e toda a carne
Pelas mandíbulas disformes ou ventosas,
Ou agulhas mortais de quantos seres
Doutras terras do céu desçam a esta.

Seja là o que for, ou venha a ser,
Ou tenha sido em dor e agonia,
Em miséria, pavor e amargura,
Se o teu ventre se abre e me procura.

(José Saramago)

 

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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