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Poésie

Posts Tagged ‘croisée’

La pluie (Mireille Gaglio)

Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024




La pluie

La pluie retentit
Sur ma croisée,
Ruisselle et crie
Sur la chaussée,
Le temps s’étire
Au fil de l’eau.

Monotone et obstinée
La pluie tombe sans cesse ;
Le temps aussi
Fuit sans regret.
Rien ne l’arrête,
Pas un désir,
Pas un soupir…

Demain, quand la pluie sera calmée,
Le temps, lui, aura coulé,
Emportant tout,
Souhaits, regrets…

(Mireille Gaglio)

 

 

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CROISÉE DES ROUTES (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2024




Illustration
    
CROISÉE DES ROUTES

Le soleil blanc des jardins
réchauffe les invalides
haute et touffue une haie
cache l’endroit des fusillés
devant les barrières on parle
du prix du blé
il passe des porteurs d’outils
des poules égarées aux ailes
couvertes de poussière
des écoliers à sang figé
sur leurs égratignures foncées
qui ouvrent leurs yeux pour tout voir
sous l’azur qui brûle.

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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Envois (Robert Louis Stevenson)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2023



Illustration: Hans Thoma
    
Envois

I
À Willie et Henrietta

Si deux peuvent lire correctement
Ces vers d’ancien bonheur,
Jeux de jardin et d’intérieur,
C’est vous deux, mes cousins, et vous seulement.

Vous dans le vert jardin
Avec moi fûtes reine ou roi,
Chasseur, marin, soldat,
les mille choses que sont les bambins.

Aujourd’hui dans les fauteuils des grands
Les pieds au calme reposant,
Nous contemplons par la croisée
enfants, nos successeurs, en train de jouer.

«Dans le temps, » la blonde tête
Déclare sans espoir de retour ;
Mais temps que rien n’arrête,
coule à toute vitesse, laisse derrière lui l’amour.

II
À Ma Mère

Aussi, ma mère, lis mes vers
l’amour des temps retrouvés,
Et par chance tu entendras le même air
Des petits pieds sur le plancher

***

Envoys

I
To Willie and Henrietta

If two may read aright
These rhymes of old delight
And house and garden play,
You two, my cousins, and you only, may.

You in a garden green
With me were king and queen,
Were hunter, soldier, tar,
And all the thousand things that children are.

Now in the elders’seat
We rest with quiet feet,
And from the window-bay
We watch the children, our successors, play.

« Time was », the golden head
Irrevocably said ;
But time which none can bind,
While flowing fast away, leaves love behind.

II
To My Mother

You too, my mother, read my rhymes
For love of unforgotten times,
And you may chance to hear once more
The little feet along the floor.

(Robert Louis Stevenson)

Recueil: Jardin de poèmes enfantins
Traduction: Jean-Pierre Naugrette
Editions: POINTS

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MATINALE (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2023



Illustration: Alice de Miramon    
    
MATINALE

Le jour cherche son chemin,
hésitant au fond du noir,
plus timide que la main
caresseuse au creux du soir.

Il entre par la fenêtre
glissant entre les amants
délie les corps que pénètre
sa tiédeur nonchalamment.

L’ange sage du mensonge
à la dormeuse à demi
livre le début d’un songe encore
embrouillé de nuit.

Si, trompeuse, la clarté
dessine un chiffre d’amour
avec les corps enlacés
sur le drap plus blanc que jour

c’est pour qu’un oiseau perdu
s’il entre par la croisée
garde très longuement tu
le secret qui reposait

dans les bras le sein la joue
le doux ventre clair-nacré
de l’enfant sur qui se joue
un rayon aventuré.

(Claude Roy)

Recueil: Poésies
Editions: Gallimard

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LIEDER OU L’ON SOURIT POUR NE PAS PLEURER (Léon-Paul Fargue)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2023



Illustration: Vera LP Cauwenberghs
    
LIEDER OU L’ON SOURIT POUR NE PAS PLEURER
Pour André Lebey.

MATIN

Loin de la ville
Sitôt crépite
La libellule
De linon bleu.

C’est le matin
Pauvre malade.
Il fait si doux
Qu’on est heureux.

La lampe soeur
Au col marin
Couve sa peur
Sous le clin bleu.

Elle contrôle
Qui dort encore
Et arque drôle
Sa clef d’or.

Au bleu baiser
Sur la croisée
L’oiseau commence
A chanter.

Sur la croisée
Triste ai-je dit
L’oiseau timide
Interdit.

Les hauts nuages
Qui frôlent vieux
Ont passé l’âge
D’être heureux.

Qu’est-ce qui trinque
Dans la rue bleue?
C’est un forçat
Délivré d’eux.

Un chant pas loin
Part de l’église.
Il fait si doux
Qu’on est sauvé.

(Léon-Paul Fargue)

Recueil: Poésies Tancrède. Ludions. Poëmes. Pour la musique.
Editions: Gallimard

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À l’improviste (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2023



    

À l’improviste
des tableaux des images
ce qui se faufile se transmet malgré

nommer
ces glissements
à la croisée des routes

lentement
déchiffrer ces séquences
leur lumière
leur envers

l’ombre portée du monde

écrire dans l’écart
des marges différentes
une langue désordonnée
permet de voir dans la nuit

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Mon amour du profond des nuits (Luc Bérimont)

Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2022




    
Mon amour du profond des nuits
Du fond de la terre et des arbres
Du fond des vagues, de l’oubli
Mon amour des soifs de l’enfance
Mon amour de désespérance
Je t’attends aux grilles des routes
Aux croisées du vent, du sommeil
Je crie ton nom du fond des soutes
Des marécages sans oiseaux
Du fond de ce désert de fonte
Où je pose, un à un, mes pas
J’attends la source de tes bras
De tes cheveux, de ton haleine
Tu me libères, tu m’enchaînes
Tu me dévastes, tu me fais
Je t’attends comme la forêt
Inextricable, enchevêtrée
Tissée de renards et de geais
Et que le matin fait chanter.

(Luc Bérimont)

Recueil: Le sang des hommes
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Premier Matin (Charles-Ferdinand Ramuz)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2022




    
Premier Matin

L’horloge a sonné quatre coups,
l’horloge sonne le réveil;
la rosée tombe et déjà l’aube cède à l’aurore.
L’aurore agite ses mains roses;
les fenêtres des étables
qui s’allument une une
ont de grandes ombres qui passent
à leurs croisées,
et les cheminées des cuisines fument.
Des sabots claquent sur les pavés,
un merle siffle dans les noyers
et, par les portes entr’ouvertes,
on entend le souffle des vaches,
le mouvement de leurs mâchoires
le bruit des chaînes contre le râtelier.

(Charles-Ferdinand Ramuz)

Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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CAIRNS (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2021




    
CAIRNS

À la croisée des vents,
il convient d’édifier pierre à pierre
son havre et sa maison de certitude.

Cairns : bouées de pierre
disposées tout au long des chemins d’éclairs et d’orages
pour orienter et pour aider les naufragés de l’altitude.

Une à une, sur le socle nu des saisons,
ces pierres déposées, distillées par le ciel,
comme les stalactites de l’azur.

Je suis seuil et je suis chemin.
Je suis pierre qui dit l’horizon.
Je suis l’enclos des pas nomades.

Je suis paume
où se lisent les lignes
de l’ailleurs.

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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Vie recluse (Wei Ying-wu)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2020




    
Vie recluse

Une humble cour entourée de bambous dépouillés
Les orchidées aux tiges cassées après le vent-pluie
Au profond des feuillages chantent les oiseaux
Sur les mousses vertes nulle trace humaine

Au pavillon Hirondelles durable est le jour
Les arbres sont lourds de fruits en été
Sur ma table s’accumulent des livres rares
Je m’y plonge à l’heure claire près d’une croisée

(Wei Ying-wu)

 

Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil

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