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Sioux-Soldat-Vendu (Joy Harjo)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024




    
Sioux-Soldat-Vendu

Il y la loi du Créateur qui
Nous dit :
Ne prends pas ce qui ne te revient pas.
Ne prends pas davantage que tu n’en peux
utiliser.
Respecte la vie et qui donne la vie.
Redonne.
Défends ton peuple quand il a besoin
D’être défendu.
Et lorsqu’un peuple dépouille ton esprit de
Ton corps et vend tes « peaux rouges » contre
Une prime, alors c’est lui
Qui a bafoué la loi.

***

Sioux-Soldier-Sold
There is the law of the Creator which Tells us:
Do not take what is not yours to take.
Do not take more than you can use.
Respect life and the giver of life.
Give back.
Defend your people when there is need
For defense.
And when a people strips your spirit of
Your body and sells your « red skins » for
Bounty, then they are the ones
Who have broken the law.

(Joy Harjo)

Recueil: L’aube américaine
Traduction: de l’anglais (Etats Unis) par Héloïse Esquié
Editions: Globe

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Soldats (Joy Harjo)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024




Le-massacre-de-wounded-knee
    
Soldats

Nous étions prêts à défendre la terre
Et le peuple contre ceux
Qui voulaient ce qui ne leur revenait pas.
On nous appela sauvages
Mais qui est sauvage, là ?

***

Soldiers

We were ready to defend the land
And the people against those
Who wanted what was not theirs to take.
We were called heathen
But who is heathen here?

(Joy Harjo)

Recueil: L’aube américaine
Traduction: de l’anglais (Etats Unis) par Héloïse Esquié
Editions: Globe

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LA CHENILLE (Luba Yakymtchouk)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2024




    
LA CHENILLE

Ses doigts sont fins et gelés
Son alliance tombe et
Cogne contre le bitume
Ses doigts tremblent au vent
Telles les feuilles d’automne
Lorsque la chenille rampe à ses pieds
La chenille d’un char
Aux pieds de sa fille

Deux types s’approchent et lui ordonnent
D’ouvrir ses mains comme pour applaudir
Scrutent son passeport une fois, deux fois
Auscultent ses doigts calleux
Décèlent des brûlures, juste des brûlures
Au lieu de l’ampoule à l’index
Qui dénonce la carabine de sniper
Ils prononcent son nom de soldat
À moins que ce ne soit pas le sien
Femme Salope

Ils la déshabillent
Ils la dévisagent
Ils s’allongent
L’outragent
Enragent
Ils sont neuf
(Son chiffre préféré)
En tenue bleue
(Sa couleur préférée)
En baskets trouées
(Ses chaussures préférées)
Neuf
Pour une échevelée
Une femme et non une salope

Et la petite fille s’est roulée en boule
Elle regarde sans pleurer
Elle ramasse l’alliance de maman
La met dans sa bouche comme un chien un os
Et regarde la chenille dévorer leur verte ville

***

(Luba Yakymtchouk)

Recueil: Les Abricots du Donbas
Traduction: de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin)
Editions: des femmes

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Le chat et les rats (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024



Illustration: Grandville
    
Le chat et les rats

Un angora que sa maîtresse
Nourrissait de mets délicats
Ne faisait plus la guerre aux rats ;
Et les rats, connaissant sa bonté, sa paresse,
Allaient, trottaient partout, et ne se gênaient pas.

Un jour, dans un grenier retiré, solitaire,
Où notre chat dormait après un bon festin,
Plusieurs rats viennent dans le grain
Prendre leur repas ordinaire.

L’angora ne bougeait. Alors mes étourdis
Pensent qu’ils lui font peur ; l’orateur de la troupe
Parle des chats avec mépris.
On applaudit fort, on s’attroupe,

On le proclame général.
Grimpé sur un boisseau qui sert de tribunal :
Braves amis, dit-il, courons à la vengeance.
De ce grain désormais nous devons être las,
Jurons de ne manger désormais que des chats :
On les dit excellents, nous en ferons bombance.

À ces mots, partageant son belliqueux transport,
Chaque nouveau guerrier sur l’angora s’élance,
Et réveille le chat qui dort.
Celui-ci, comme on croit, dans sa juste colère,
Couche bientôt sur la poussière
Général, tribuns et soldats.
Il ne s’échappa que deux rats

Qui disaient, en fuyant bien vite à leur tanière :
Il ne faut point pousser à bout
L’ennemi le plus débonnaire ;
On perd ce que l’on tient quand on veut gagner tout.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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LE PRINTEMPS VIENT DE NAÎTRE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023




    
LE PRINTEMPS VIENT DE NAÎTRE

1

Le printemps vient de naître
Tous nos soldats s’apprêtent.
Le roi fit avertir qu’il faut tous partir.
J’entends le bruit des armes,
L’armée marche à grand pas.
L’on bat la générale
Ne l’entendez-vous pas ? (bis).

2

Que dirons toutes ces filles
Là-haut dans leurs chambrettes ?
Diront tout en pleurant :
Où vont tous nos amants ?
Ils sont dessous les armes
Là bas dedans ces bois,
En plaine et en campagne,
Au service du roi.

(Chansons du XVIIIè)

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LE SOLDAT QUI TROUVE SA MIE MORTE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023




    
LE SOLDAT QUI TROUVE SA MIE MORTE

1

Ils étions trois soldats
S’en allaient à la guerre,
S’en allaient à la guerre
Sans pouvoir l’éviter.
Et leurs chères maîtresses
Ne faisaient que pleurer.

2

Le plus jeune des trois
Regrettait bien la sienne,
Regrettait bien la sienne.
Puisqu’il faut la quitter,
Puisqu’il faut la quitter
Dans le bois de merveilles
Fut la reconsoler.

3

Quand ils furent au Piémont
Prêts à monter la garde :
« Bonjour mon capitaine,
Donnez-moi un congé
Pour aller voir ma maîtresse,
Celle que j’ai tant aimé ».

4

Le capitaine répond,
Comme un brave gendarme :
« Voilà la carte blanche
Et un joli passeport.
Va t’en voir ta maîtresse
Et reviens tout d’abord ».

5

Quand il fut au pays
Demande à voir la belle.
« Va ta maîtresse est morte
Et enterrée aussi.
Son corps est sous la terre
Son âme au paradis ».

6

Battez, battez tambours,
Sonnez, sonnez trompettes,
Sonnez, sonnez trompettes,
Puisque ma maîtresse est morte
Je retourne au régiment.

7

Que maudit soit l’amour
Que bénie soit la guerre,
Que bénie soit la guerre
Et celui qui la fait.
Tout le temps de ma vie
Je la regretterai.

(Chansons du XVIIIè)

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Envois (Robert Louis Stevenson)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2023



Illustration: Hans Thoma
    
Envois

I
À Willie et Henrietta

Si deux peuvent lire correctement
Ces vers d’ancien bonheur,
Jeux de jardin et d’intérieur,
C’est vous deux, mes cousins, et vous seulement.

Vous dans le vert jardin
Avec moi fûtes reine ou roi,
Chasseur, marin, soldat,
les mille choses que sont les bambins.

Aujourd’hui dans les fauteuils des grands
Les pieds au calme reposant,
Nous contemplons par la croisée
enfants, nos successeurs, en train de jouer.

«Dans le temps, » la blonde tête
Déclare sans espoir de retour ;
Mais temps que rien n’arrête,
coule à toute vitesse, laisse derrière lui l’amour.

II
À Ma Mère

Aussi, ma mère, lis mes vers
l’amour des temps retrouvés,
Et par chance tu entendras le même air
Des petits pieds sur le plancher

***

Envoys

I
To Willie and Henrietta

If two may read aright
These rhymes of old delight
And house and garden play,
You two, my cousins, and you only, may.

You in a garden green
With me were king and queen,
Were hunter, soldier, tar,
And all the thousand things that children are.

Now in the elders’seat
We rest with quiet feet,
And from the window-bay
We watch the children, our successors, play.

« Time was », the golden head
Irrevocably said ;
But time which none can bind,
While flowing fast away, leaves love behind.

II
To My Mother

You too, my mother, read my rhymes
For love of unforgotten times,
And you may chance to hear once more
The little feet along the floor.

(Robert Louis Stevenson)

Recueil: Jardin de poèmes enfantins
Traduction: Jean-Pierre Naugrette
Editions: POINTS

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Le Soldat Muet (Robert Louis Stevenson)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2023




    
Le Soldat Muet

Un jour où l’herbe était tondue,
marchant tout seul sur le gazon,
Dans l’herbe un trou j’ai vu
y cachai un soldat de plomb.

Vinrent printemps et pâquerettes ;
Les herbes cachent ma cachette ;
L’océan vert envahit tout
Le gazon jusqu’au genou.

Il gît tout seul sous l’herbe,
Levant ses yeux plombés,
Habit de pourpre, fusil pointé,
Vers les étoiles et le soleil.

Une fois l’herbe mûre comme blé,
La faux de nouveau aiguisée,
Et le gazon tondu à ras,
Alors mon trou apparaîtra.

Je le trouverai, assurément,
Je trouverai mon grenadier ;
Mais malgré tous les événements,
Mon soldat restera muet.

Il a vécu, petitement,
Dans les bois d’herbe du printemps ;
Fait, s’il pouvait à moi se confier,
Tout ce dont j’aurais rêvé.

Il a vu les heures étoilées
Et les fleurs en train de pousser ;
Et passer les créatures de fées
dans l’herbe des forêts.

Dans le silence a perçu son oreille
Abeille parlant à coccinelle ;
À tire-d’aile le papillon
L’a survolé dans sa prison.

Il se refuse à tout commentaire,
Ne dira rien de son savoir.
À moi de le poser sur l’étagère
Et de fabriquer l’histoire.

***

The Dumb Soldier

When the grass was closely mown,
Walking on the lawn alone,
In the turf a hole I found
And hid a soldier underground.

Spring and daisies came apace ;
Grasses hide my hiding place ;
Grasses run like a green sea
O’er the lawn up to my knee.

Under grass alone he lies,
Looking up with leaden eyes,
Scarlet coat and pointed gun,
To the stars and to the sun.

When the grass is ripe like grain,
When the scythe is stoned again,
When the lawn is shaven clear,
Then my hole shall reappear.

I shall find him, never fear,
I shall find my grenadier ;
But for all that’s gone and come,
I shall find my soldier dumb.

He has lived, a little thing,
In the grassy woods of spring ;
Done, if he could tell me true,
Just as I should like to do.

He has seen the starry hours
And the springing of the flowers ;
And the fairy things that pass
In the forests of the grass.

In the silence he has heard
Talking bee and ladybird,
And the butterfly has flown
O’er him as he lay alone.

Not a word will he disclose,
Not a word of all he knows.
I must lay him on the shelf,
And make up the tale myself.

(Robert Louis Stevenson)

Recueil: Jardin de poèmes enfantins
Traduction: Jean-Pierre Naugrette
Editions: POINTS

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Non, mon doux ami merveilleux (Marina Tsvetaeva)

Posted by arbrealettres sur 1 octobre 2023




    
Non, mon doux ami merveilleux,
Je ne partagerai pas mes loisirs avec toi,
Je me suis fait un autre ami,
Un nouvel ami, un fils prodigue.

Tu as palais et chambres hautes,
Lui — des forêts et des déserts.
Tu as des armées de soldats
Il a les sables de la mer.

Aujourd’hui nous partons faire la fête en mer,
Demain en forêt avec les loups.
Pour chaque nuit une couche nouvelle,
Aujourd’hui des gravats, demain des cailloux.

Et il aime, mon bon ami
Qu’il fasse clair comme à Pâques.
Aujourd’hui la lune est notre lanterne
Demain les étoiles — nos lumignons.

Il était un enviable cavalier
Un doux hôte ! Le doux fils du tsar,
Mais aussitôt qu’il a vu mes yeux,
Il a quitté toutes ses armées…

(Marina Tsvetaeva)

Recueil: Poèmes de Russie (1912-1920) suivi de La Porte arrachée par Marina
Traduction: Véronique Lossky & Georges Nivat
Editions: Des Syrthes

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REGLES DE VIE (Max-Pol Fouchet)

Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2023



 

Jean-Emile Laboureur   -1877-1943-le-soldat-sous-la-pluie 551

REGLES DE VIE

Sur l’un des sentiers de la pluie
Dans une flaque d’eau brisée
Nous lirons au détour la lettre
D’un soldat mort en de vieilles guerres

Il y eut un temps où sa marche
Étoilait les miroirs du gel
Les chemins étaient déserts le jour
Le soir venu les corbeaux criaient

Qu’avons-nous appris de cette lettre
Nous reconnaissons le langage
Un ancien mal s’y lit en clair
Le bruit des pas va vers la forêt

L’heure est entre l’aube et le soir
On ne sait la saison ni l’année
Mais la marche d’un soldat la pluie
La nuit qui efface le sentier

(Max-Pol Fouchet)

Illustration: Jean-Emile Laboureur

 

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