Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘revenir’

Étudie bien, ma fille (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2023




    
Étudie bien, ma fille,
ton pays a besoin de celui qui va le construire.

Tu as besoin de café?
De thé?

Tu vas réussir, je suis sûre
tu vas avoir ton diplôme
combien je serai heureuse
je vais te faire une grande fête.
Oui… ingénieur… c’est un beau métier…

Elle est partie au sein de l’université
chargée de stylos et de rêves.

Une de ses chaussures
est revenue dans les mains de sa mère.

(Maram al-Masri)

Recueil: Elle va nue la liberté
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

J’ai la fureur d’aimer (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2023




    
J’ai la fureur d’aimer

J’ai la fureur d’aimer. Mon cœur si faible est fou.
N’importe quand, n’importe quel et n’importe où,
Qu’un éclair de beauté, de vertu, de vaillance
Luise, il s’y précipite, il y vole, il s’y lance,

Et, le temps d’une étreinte, il embrasse cent fois
L’être ou l’objet qu’il a poursuivi de son choix;
Puis, quand l’illusion a replié son aile,
Il revient triste et seul bien souvent, mais fidèle,

Et laissant aux ingrats quelque chose de lui,
Sang ou chair. Mais, sans plus mourir dans son ennui,
Il embarque aussitôt pour l’île des Chimères
Et n’en apporte rien que des larmes amères

Qu’il savoure, et d’affreux désespoirs d’un instant,
Puis rembarque. – Il est brusque et volontaire tant
Qu’en ses courses dans les infinis il arrive,
Navigateur têtu, qu’il va droit à la rive,

Sans plus s’inquiéter que s’il n’existait pas
De l’écueil proche qui met son esquif à bas.
Mais lui, fait de l’écueil un tremplin et dirige
Sa nage vers le bord. L’y voilà. Le prodige

Serait qu’il n’eût pas fait avidement le tour,
Du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au jour,
Et le tour et le tour encor du promontoire,
Et rien ! Pas d’arbres ni d’herbes, pas d’eau pour boire,

La faim, la soif, et les yeux brûlés du soleil,
Et nul vestige humain, et pas un cœur pareil !
Non pas à lui, – jamais il n’aura son semblable –
Mais un cœur d’homme, un cœur vivant, un cœur palpable,

Fût-il faux, fût-il lâche, un cœur ! quoi, pas un cœur !
Il attendra, sans rien perdre de sa vigueur
Que la fièvre soutient et l’amour encourage,
Qu’un bateau montre un bout de mât dans ce parage,

Et fera des signaux qui seront aperçus,
Tel il raisonne. Et puis fiez-vous là-dessus ! –
Un jour il restera non vu, l’étrange apôtre.
Mais que lui fait la mort, sinon celle d’un autre ?

Ah, ses morts ! Ah, ses morts, mais il est plus mort qu’eux !
Quelque fibre toujours de son esprit fougueux
Vit dans leur fosse et puise une tristesse douce;
Il les aime comme un oiseau son nid de mousse;

Leur mémoire est son cher oreiller, il y dort,
Il rêve d’eux, les voit, cause avec et n’en sort
Plein d’eux que pour encor quelque effrayante affaire.
J’ai la fureur d’aimer. Qu’y faire ? Ah, laisser faire!

(Paul Verlaine)

Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LE CIEL ET L’ENFER (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2023




    
LE CIEL ET L’ENFER

Petite fille ton cerceau
est l’anneau d’or du souvenir
A la marelle des oiseaux
je t’attendrai pour revenir.

(Claude Roy)

Recueil: Claude Roy Poésies
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

COMME UN LABOUR (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2023




    
COMME UN LABOUR

Je me revois au coeur d’une maison d’amour
Où mon père et ma mère à l’intuitive flamme
Nous chérissaient des yeux en éduquant notre âme
Sachant la cultiver comme on fait au labour.
Très sûrs d’enraciner en elle l’espérance
Montraient qu’en toute vie apparaît la souffrance
Leur exemple entraînait bien mieux qu’un long discours
Si même au fil des ans subsiste un long parcours.
Oui, près d’eux je reviens comme pour rajeunir
Accorder ma pensée et refaire ma force
Rien ne semble plus fort qu’un vivant souvenir
Tant fut marqué mon cœur en sa première écorce…

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

«ON AIME REVENIR AU CHEMIN DE L’ENFANCE» (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023



Illustration: Céline Roussin
    
«ON AIME REVENIR AU CHEMIN DE L’ENFANCE»

On aime revenir, quand le temps a passé
Au chemin de l’enfance où l’on voudrait revivre
Les jours pleins d’innocence où le cœur a laissé
Avec son plus beau chant, l’âme d’un espoir ivre…
— Cherche à le retrouver tu sentiras, que rien
N’est plus jamais semblable à l’image adorée.
L’inexorable a fui tandis que, déjà, vient
L’heure de tout quitter à l’ombre mordorée.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Il pleut très doucement dans un poème (Claude Esteban)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023




    
Il pleut très doucement dans un poème
et la ville est couchée là tout près comme un bon chien,
des choses passent et puis d’autres reviennent

il y a des mots qui sont lourds de soleil
et qui disent très bien la fourrure secrète d’une femme
et d’autres qui sont pleins de brume jusqu’au réveil

il pleut si doucement que c’est peut-être un autre monde
pareil à celui-ci mais sans hâte et sans orgueil
et c’est dans le dedans de soi comme des gouttes de silence.

(Claude Esteban)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Mon enfance (Monique Serf)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023




Illustration
    
Mon enfance

J’ai eu tort, je suis revenue dans cette ville au loin perdue
Où j’avais passé mon enfance
J’ai eu tort, j’ai voulu revoir le coteau où glissait le soir
Bleu et gris, ombres de silence
Et j’ai retrouvé comme avant
Longtemps après
Le coteau, l’arbre se dressant
Comme au passé

J’ai marché les tempes brûlantes
Croyant étouffer sous mes pas
Les voies du passé qui nous hantent
Et reviennent sonner le glas
Et je me suis couchée sous l’arbre
Et c’était les mêmes odeurs
Et j’ai laissé couler mes pleurs
Mes pleurs

J’ai mis mon dos nu à l’écorce, l’arbre m’a redonné des forces
Tout comme au temps de mon enfance
Et longtemps j’ai fermé les yeux, je crois que j’ai prié un peu
Je retrouvais mon innocence
Avant que le soir ne se pose
J’ai voulu voir
La maison fleurie sous les roses
J’ai voulu voir
Le jardin où nos cris d’enfants
Jaillissaient comme source claire
Jean-claude et Régine et puis Jean
Tout redevenait comme hier
Le parfum lourd des sauges rouges
Les dahlias fauves dans l’allée
Le puits, tout, j’ai tout retrouvé
Hélas

La guerre nous avait jeté là, d’autres furent moins heureux je crois
Au temps joli de leur enfance
La guerre nous avait jeté là, nous vivions comme hors-la-loi
Et j’aimais cela quand j’y pense
Oh mes printemps, oh mes soleils, oh mes folles années perdues
Oh mes quinze ans, oh mes merveilles
Que j’ai mal d’être revenue
Oh les noix fraîches de septembre
Et l’odeur des mûres écrasées
C’est fou, tout, j’ai tout retrouvé
Hélas

Il ne faut jamais revenir aux temps cachés des souvenirs
Du temps béni de son enfance
Car parmi tous les souvenirs, ceux de l’enfance sont les pires
Ceux de l’enfance nous déchirent
Oh ma très chérie, oh ma mère, où êtes-vous donc aujourd’hui?
Vous dormez au chaud de la terre
Et moi je suis venue ici
Pour y retrouver votre rire
Vos colères et votre jeunesse
Et je reste seule avec ma détresse
Hélas

Pourquoi suis-je donc revenue et seule au détour de ces rues
J’ai froid, j’ai peur, le soir se penche
Pourquoi suis-je venue ici, où mon passé me crucifie
Et ne dort jamais mon enfance?

(Monique Serf)

Recueil: Des chansons pour le dire Une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (Baptiste Vignol)
Editions: La Mascara TOURNON

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Vent léger (Marie Tenaille)

Posted by arbrealettres sur 5 mai 2023



Illustration: Danièle Schulthess
    
Vent léger

Qui passe sur mon nez
Caresse ma joue
Joue dans mes cheveux
Frôle mes yeux ?
Le vent malicieux !

Qui chuchote à mon oreille
Agite les feuilles
Souffle sur le gazon
Pousse mon ballon ?
Le vent vagabond !

Qui touche ma main
File entre mes doigts
Sans que je le vois ?
Le vent coquin !

Où est-il passé ?
Léger, léger…
Il s’est envolé
Et revient me chatouiller !

(Marie Tenaille)

Recueil: Petites Comptines pour tous les jours
Editions: Nathan

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Parfois les mains (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2023




    
parfois les mains serrent un morceau de mémoire
elles ne l’ont pas pris ils est là sur leur peau
revenu depuis le fond de la chair compacte
à moins qu’un coeur ne coule tout à coup
dans un autre coeur

(Bernard Noël)

Recueil: Le reste du voyage et autres poèmes

Editions: Points

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

BIBLE BELT (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
BIBLE BELT

Quel dommage ce serait si Jésus
Revenait et qu’il était noir.
Il y a tant d’églises
Où il ne pourrait prier
Aux États-Unis,
Où l’accès aux Noirs,
Baptisés ou non,
Est refusé.
Où la race, non la religion,
Est glorifiée.
Mais dites-le —
Et vous pourriez être
Crucifié.

***

BIBLE BELT

It would be too bad if Jesus
Were to come back black.
There are so many churches
Where he could not pray
In the U.S.A.,
Where entrance to Negroes,
No matter how sanctified,
Is denied.
Where race, not religion,
Is glorified.
But say it—
You may be
Crucified.

(Langston Hughes)

Recueil: La panthère et le fouet
Traduction: Pascal Neveu
Editions: YPSILON

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :