Etoiles et grillon
Grand est le ciel
et en haut des mondes sont semés.
Imperturbable,
perdure dans la nuit
le grillon vilebrequin.
(Octavio Paz)
… avec le son!
et aussi:
Posted by arbrealettres sur 8 Mai 2024
Etoiles et grillon
Grand est le ciel
et en haut des mondes sont semés.
Imperturbable,
perdure dans la nuit
le grillon vilebrequin.
(Octavio Paz)
… avec le son!
et aussi:
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Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024
La Pluie
Oh ! la pluie ! oh ! la pluie ! oh ! les lentes traînées
De fils d’eau qu’on dévide aux fuseaux noirs du Temps
Et qui semblent mouillés aux larmes des années !
Oh ! la pluie ! oh ! l’automne et les soirs attristants !
Oh ! la pluie ! oh ! la pluie ! oh ! les lentes traînées !
Qui dira la douleur sombre du firmament,
Route de cimetière avec d’horribles voiles
Où les nuages vont élégiaquement,
Corbillards cahotant des cadavres d’étoiles,
Qui dira la douleur sombre du firmament ?
La pluie est un filet pour nos rêves anciens !
Et, dans ses mailles d’eau qui leur font prisonnières
Les ailes, ces divins oiseaux musiciens
Meurent très longuement d’un regret de lumières.
La pluie est un filet pour nos rêves anciens.
Comme un drapeau mouillé qui pend contre sa hampe,
Notre Ame, quand la pluie éveille ses douleurs,
Quand la pluie, en hiver, la pénètre et la trempe,
Notre Ame, elle n’est plus qu’un haillon sans couleurs,
Comme un drapeau mouillé qui pend contre sa hampe.
(Georges Rodenbach)
Posted in poésie | Tagué: (Georges Rodenbach), attristant, étoile, cadavre, cimetière, corbillard, couleur, douleur, drapeau, eau, firmament, fuseau, haillon, hampe, larme, lumière, mouillé, pendre, pluie, prisonnière, rêve, regret, sombre, temps | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024
La dame de l’automne
La dame de l’automne écrase les feuilles mortes
Dans l’allée des souvenirs :
C’était ici ou là… le vent passe et emporte
Les feuilles de nos désirs.
O vent, emporte aussi mon cœur : il est si lourd !
La dame de l’automne cueille des chrysanthèmes
Dans le jardin sans soleil :
C’est là que fleurissaient les roses pâles que j’aime,
Les roses pâles au cœur vermeil.
O soleil, feras-tu fleurir encore mes roses ?
La dame de l’automne tremble comme un oiseau
Dans l’air incertain du soir :
C’était ici ou là, et le ciel était beau
Et nos yeux remplis d’espoir.
O ciel, as-tu encore des étoiles et des songes ?
La dame de l’automne a laissé son jardin
Tout dépeuplé par l’automne :
C’était là… Nos cœurs eurent des moments divins…
Le vent passe et je frissonne…
O vent qui passe, emporte mon cœur : il est si lourd !
(Rémy de Gourmont)
Posted in poésie | Tagué: (Rémy de Gourmont), aimer, air, allée, automne, écraser, étoile, beau, chrysanthème, ciel, coeur, cueillir, dame, dépeupler, désir, divin, emporter, espoir, feuilles mortes, fleurir, frissonner, incertain, jardin, laisser, lourd, moment, oiseau, passer, pâle, remplir, rose, soir, soleil, songe, souvenir, trembler, vent, vermeil, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 Mai 2024
Je croyais bien vivre sans amour,
désormais en paix toute ma vie,
mais mon coeur dont je l’avais sauvé
m’a entraîné dans la folie.
J’ai entrepris plus grande folie
que le fol enfant qui crie
pour avoir la belle étoile
qu’il voit en haut briller immobile.
Bien que je me désespère,
Amour m’a bien récompensé
pour l’avoir autant que je pouvais
servi sans déloyauté:
il a fait de moi le roi des fous,
mais qui s’y fie prenne bien garde,
car grande faveur doit récompenser
ceux qui servent sans trahir.
Ce n’est pas merveille si je m’irrite
contre Amour qui m’a fait tant souffrir.
Dien! si je pouvais le tenir
un seul jour,à ma volonté!
elle paierait sa folie:
il lui faudrait mourir
s’il ne triomphait de ma dame.
Chanson, salut la belle, objet de ma folie,
et prie là
que pour Dieu et pour son honneur
elle ne me trahisse pas.
(Le Chatelain de Coucy)
Posted in poésie | Tagué: (Le Chatelain de Coucy), amour, étoile, beau, briller, chanson, coeur, crier, croire, dame, désormaix, Dieu, enfant, entraîner, entreprendre, faveur, fol, folie, fou, garde, haut, honneur, immobile, irriter, loyauté, merveille, mourir, paix, payer, pouvoir, prier, récompenser, roi, salut, sauver, se désespérer, se fier, servir, souffrir, tenir, trahir, triompher, vie, vivre, voir, volonté | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024
Illustration: Otto Dix
Sa dernière lettre à Dieu
Le sol tombe…
De l’autre côté du sang
Un cheval n’a pas échappé à sa solitude… Le sol tombe
Un homme aux mains d’oiseaux
Bien plus seul qu’une étoile
Jette des pierres dans le ciel
La neige est noire
Le cheval s’est noyé
Sur les charniers
Un homme écrit une dernière lettre à Dieu : Elle commence comme ça :
“À toi le Silencieux ! À toi le grand Aveugle !
Et elle se finit par ASSEZ, ÇA SUFFIT ! “.
(Tristan Cabral)
Posted in poésie | Tagué: (Tristan Cabral), assez, aveuglé, échapper, étoile, côte, charnier, cheval, ciel, commencer, dernier, Dieu, grand, homme, jeter, lettre, main, neige, noir, oiseau, pierre, sang, se noyer, seul, sil, silencieux, sol, solitude, suffire, tomber | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2024
Illustration: Edvard Munch
Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage
Quien no ama, no vive.
Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage,
Si jamais vous n’avez épié le passage,
Le soir, d’un pas léger, d’un pas mélodieux,
D’un voile blanc qui glisse et fuit dans les ténèbres,
Et, comme un météore au sein des nuits funèbres,
Vous laisse dans le coeur un sillon radieux ;
Si vous ne connaissez que pour l’entendre dire
Au poète amoureux qui chante et qui soupire,
Ce suprême bonheur qui fait nos jours dorés,
De posséder un coeur sans réserve et sans voiles,
De n’avoir pour flambeaux, de n’avoir pour étoiles,
De n’avoir pour soleils que deux yeux adorés ;
Si vous n’avez jamais attendu, morne et sombre,
Sous les vitres d’un bal qui rayonne dans l’ombre,
L’heure où pour le départ les portes s’ouvriront,
Pour voir votre beauté, comme un éclair qui brille,
Rose avec des yeux bleus et toute jeune fille,
Passer dans la lumière avec des fleurs au front ;
Si vous n’avez jamais senti la frénésie
De voir la main qu’on veut par d’autres mains choisie,
De voir le coeur aimé battre sur d’autres coeurs ;
Si vous n’avez jamais vu d’un oeil de colère
La valse impure, au vol lascif et circulaire,
Effeuiller en courant les femmes et les fleurs ;
Si jamais vous n’avez descendu les collines,
Le coeur tout débordant d’émotions divines ;
Si jamais vous n’avez le soir, sous les tilleuls,
Tandis qu’au ciel luisaient des étoiles sans nombre,
Aspiré, couple heureux, la volupté de l’ombre,
Cachés, et vous parlant tout bas, quoique tout seuls ;
Si jamais une main n’a fait trembler la vôtre ;
Si jamais ce seul mot qu’on dit l’un après l’autre,
JE T’AIME ! n’a rempli votre âme tout un jour ;
Si jamais vous n’avez pris en pitié les trônes
En songeant qu’on cherchait les sceptres, les couronnes,
Et la gloire, et l’empire, et qu’on avait l’amour !
La nuit, quand la veilleuse agonise dans l’urne,
Quand Paris, enfoui sous la brume nocturne
Avec la tour saxonne et l’église des Goths,
Laisse sans les compter passer les heures noires
Qui, douze fois, semant les rêves illusoires,
S’envolent des clochers par groupes inégaux ;
Si jamais vous n’avez, à l’heure où tout sommeille,
Tandis qu’elle dormait, oublieuse et vermeille,
Pleuré comme un enfant à force de souffrir,
Crié cent fois son nom du soir jusqu’à l’aurore,
Et cru qu’elle viendrait en l’appelant encore,
Et maudit votre mère, et désiré mourir ;
Si jamais vous n’avez senti que d’une femme
Le regard dans votre âme allumait une autre âme,
Que vous étiez charmé, qu’un ciel s’était ouvert,
Et que pour cette enfant, qui de vos pleurs se joue,
Il vous serait bien doux d’expirer sur la roue ; …
Vous n’avez point aimé, vous n’avez point souffert !
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), adorer, agoniser, aimer, allumer, amour, amoureux, appeler, aspirer, attendre, aurore, automne, âme, éclair, église, émotion, épier, étoile, bas, battre, beauté, bleu, bonheur, briller, brume, cacher, chanter, charmer, chercher, choisir, ciel, circulaire, clocher, coeur, colère, colline, compter, connaître, couple, courir, couronné, crier, croire, déborder, départ, désirer, descendre, dire, divin, doré, dormir, doux, effeuiller, empire, enfant, enfouir, entendre, expirer, femme, flambeau, fleur, frénésie, front, fuir, funèbre, glisser, gloire, groupe, heure, heureux, illusoire, impur, inégal, jamais, jeune, jeune fille, jour, laisser, lascif, léger, luire, lumière, main, maudire, mère, météore, morne, mourir, noir, nuit, oeil, ombre, oublieux, ouvert, parler, pas, passage, passer, pitié, pleurer, poète, porte, posséder, radieux, ragard, réserve, rêve, remplir, riche, rose, roue, s'envoler, s'ouvrir, sage, sceptre, se jouer, sein, semer, sentir, seul, sillon, soir, soleil, sombre, songer, souffrir, soupirer, suprême, ténèbres, tilleul, tour, trône, trembler, urne, valse, veilleuse, venir, vermeil, vieux, voile, voir, vol, volupté, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2024
Illustration: ArbreaPhotos
Je lisais. Que lisais-je ? Oh ! le vieux livre austère,
Le poème éternel ! — La Bible ? — Non, la terre.
Platon, tous les matins, quand revit le ciel bleu,
Lisait les vers d’Homère, et moi les fleurs de Dieu.
J’épelle les buissons, les brins d’herbe, les sources ;
Et je n’ai pas besoin d’emporter dans mes courses
Mon livre sous mon bras, car je l’ai sous mes pieds.
Je m’en vais devant moi dans les lieux non frayés,
Et j’étudie à fond le texte, et je me penche,
Cherchant à déchiffrer la corolle et la branche.
Donc, courbé, — c’est ainsi qu’en marchant je traduis
La lumière en idée, en syllabes les bruits, —
J’étais en train de lire un champ, page fleurie.
Je fus interrompu dans cette rêverie ;
Un doux martinet noir avec un ventre blanc
Me parlait ; il disait : « Ô pauvre homme, tremblant
Entre le doute morne et la foi qui délivre,
Je t’approuve. Il est bon de lire dans ce livre.
Lis toujours, lis sans cesse, ô penseur agité,
Et que les champs profonds t’emplissent de clarté !
Il est sain de toujours feuilleter la nature,
Car c’est la grande lettre et la grande écriture ;
Car la terre, cantique où nous nous abîmons,
A pour versets les bois et pour strophes les monts !
Lis. Il n’est rien dans tout ce que peut sonder l’homme
Qui, bien questionné par l’âme, ne se nomme.
Médite. Tout est plein de jour, même la nuit ;
Et tout ce qui travaille, éclaire, aime ou détruit,
A des rayons : la roue au dur moyeu, l’étoile,
La fleur, et l’araignée au centre de sa toile.
Rends-toi compte de Dieu. Comprendre, c’est aimer.
Les plaines où le ciel aide l’herbe à germer,
L’eau, les prés, sont autant de phrases où le sage
Voit serpenter des sens qu’il saisit au passage.
Marche au vrai. Le réel, c’est le juste, vois-tu ;
Et voir la vérité, c’est trouver la vertu.
Bien lire l’univers, c’est bien lire la vie.
Le monde est l’oeuvre où rien ne ment et ne dévie,
Et dont les mots sacrés répandent de l’encens.
L’homme injuste est celui qui fait des contre-sens.
Oui, la création tout entière, les choses,
Les êtres, les rapports, les éléments, les causes,
Rameaux dont le ciel clair perce le réseau noir,
L’arabesque des bois sur les cuivres du soir,
La bête, le rocher, l’épi d’or, l’aile peinte,
Tout cet ensemble obscur, végétation sainte,
Compose en se croisant ce chiffre énorme : DIEU.
L’éternel est écrit dans ce qui dure peu ;
Toute l’immensité, sombre, bleue, étoilée,
Traverse l’humble fleur, du penseur contemplée ;
On voit les champs, mais c’est de Dieu qu’on s’éblouit.
Le lys que tu comprends en toi s’épanouit ;
Les roses que tu lis s’ajoutent à ton âme.
Les fleurs chastes, d’où sort une invisible flamme,
Sont les conseils que Dieu sème sur le chemin ;
C’est l’âme qui les doit cueillir, et non la main.
Ainsi tu fais ; aussi l’aube est sur ton front sombre ;
Aussi tu deviens bon, juste et sage; et dans l’ombre
Tu reprends la candeur sublime du berceau. »
Je répondis : « Hélas ! tu te trompes, oiseau.
Ma chair, faite de cendre, à chaque instant succombe ;
Mon âme ne sera blanche que dans la tombe ;
Car l’homme, quoi qu’il fasse, est aveugle ou méchant. »
Et je continuai la lecture du champ.
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), abîmer, agité, aider, aile, aimer, approuver, arabesque, aube, austère, aveuglé, à fond, âme, éclairer, écrire, écriture, élément, épeler, épi, éternel, étoile, étudier, être, bête, berceau, besoin, bible, blanc, bleu, bois, bon, branche, bras, brin, bruit, buisson, candeur, cantique, cause, cendre, chair, champ, chaste, chemin, chercher, ciel, clarté, comprendre, conseil, contempler, continuer, contre-sens, corolle, courbe, course, création, cueillir, cuivre, déchiffrer, délivrer, détruire, dévier, devenir, Dieu, doute, dur, durer, eau, emplir, emporter, encens, ensemble, feuilleter, flamme, fleur, fleuri, foi, frayer, front, germer, hélas, herbe, homme, humble, idée, immensité, injuste, instant, interrompre, invisible, jour, juste, lecture, lettre, lieu, lire, livre, lumière, lys, main, marcher, martinet, matin, méchant, méditer, mentir, monde, mont, morne, mot, moyeu, nature, noir, nuit, oeuvre, ombre, or, parler, passage, pauvre, peindre, penseur, percer, peu, phrase, pied, plaine, poème, pré, profond, questionner, rameau, rapport, rayon, réel, répandre, réseau, rêverie, reprendre, revivre, rocher, rose, roue, s'ajouter, s'éblouir, s'épanouir, sacré, sage, sain, saint, saisir, sans cesse, se nommer, se pencher, se tromper, semer, sens, serpenter, sombre, sonder, source, strophe, sublime, succomber, syllabe, texte, tombe, traduire, travailler, traverser, trembler, trouver, univers, végétation, vérité, ventre, vers, verset, vertu, vieux, voir, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 avril 2024
THE NIGHT YOU SLEPT
La nuit elle aussi te ressemble,
nuit lointaine qui pleure
muette, dans le coeur profond,
et mornes les étoiles passent.
Une joue effleure une joue
— c’est un frisson glacé,
quelqu’un se débat et t’implore,
seul, perdu en toi, dans ta fièvre.
La nuit souffre et aspire vers
l’aube, pauvre coeur qui tressailles.
O visage fermé, sombre angoisse,
fièvre qui attristes les étoiles,
certains attendent l’aube
comme toi épiant ton visage en silence.
Tu reposes sous la nuit
comme un horizon mort et fermé.
Pauvre coeur qui tressailles,
un jour lointain tu étais l’aube.
(Cesare Pavese)
Posted in poésie | Tagué: (Cesare Pavese), angoisse, aspirer, attendre, attrister, aube, épier, étoile, coeur, effleurer, fermé, fièvre, frisson, glace, horizon, implorer, joue, jour, lointain, morne, mort, muet, nuit, passer, pauvre, perdu, pleurer, profond, quelqu'un, reposer, ressembler, se débattre, seul, silence, sombre, souffrir, tressaillir, visage | Leave a Comment »