Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘(Octavio Paz)’

Un toast (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 14 Mai 2024




Un toast

A San Juan de los Lagos
j’ai trouvé un chapeau rouge:
je l’ai caché dans la mer,
je l’ai enterré dans la montagne,
je l’ai gardé en tête.
Aujourd’hui, il jaillit de cette table,
marée de mots
et la nappe se couvre
de regards.

(Octavio Paz)

Illustration: Kees Van Dongen

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

VENT ET NUIT (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2024





VENT ET NUIT

Heure de vent,
nuit contre la nuit,
ici, dans ma nuit.

Le vent taureau,
court, s’arrête, tourne,
va-t-il quelque part ?

Vent courroucé :
aux carrefours
l’âme se brise.

Comme moi-même,
colère accumulée
sans dénouement.

Vers où suis-je ?
Le vent vient et va.
Ni ici ni là.

Miroir aveugle.

(Octavio Paz)

Illustration

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Paysage antique (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2024




Paysage antique

Haut soleil. La plaine dort.
Rien ne bouge.
Entre les rochers, Echo épie.

(Octavio Paz)

Illustration: Dali-Disney

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , | 1 Comment »

ÉNIGME (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2024




ÉNIGME

Seigneur du vertige,
l’épervier
solitaire dans la hauteur
trace un signe,
aussitôt
évanoui dans la lumière, dans l’air.
Obstiné, de l’aube jusqu’au soir
il le répète.
Il dessine, sans le savoir,
une question :
le pouvoir est-il liberté,
la liberté est-elle destin ?
Lumière et air.

(Octavio Paz)

Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

INSOMNIE (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2024




INSOMNIE

Veille du miroir :
la lune l’accompagne.
Reflet sur reflet
l’araignée ourdit ses trames.

À peine cligne-t-elle
la pensée en veille :
elle n’est ni fantôme ni idée
ma mort sentinelle.

Je ne suis ni vivant ni mort:
réveillé je suis, réveillé
dans un oeil désert.

(Octavio Paz)

Illustration: Salvador Dali

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Non-vision (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2024




Non-vision

Heure nulle, citerne
où ma pensée
elle-même se boit.

Un instant immense
j’ai oublié mon nom.
Peu à peu je dénais,
diaphane avènement.

(Octavio Paz)

Illustration: Odilon Redon

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Griffonnage (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 8 Mai 2024




Griffonnage

Avec un morceau de charbon
avec ma craie cassée et mon crayon rouge
dessiner ton nom
le nom de ta bouche
le signe de tes jambes
sur le mur de personne
Sur la porte interdite
graver le nom de ton corps
jusqu’à ce que la lame de mon couteau
saigne
et la pierre crie
et le mur respire comme un sein

***

Garabato

Con un trozo de carbón
con mi gis roto y mi lápiz rojo
dibujar tu nombre
el nombre de tu boca
el signo de tus piernas
en la pared de nadie
En la puerta prohibida
grabar el nombre de tu cuerpo
hasta que la hoja de mi navaja
sangre
y la piedra grite
y el muro respire como un pecho

(Octavio Paz)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Aube (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 8 Mai 2024




Aube

Sur le sable
écriture d’oiseaux:
mémoires du vent.

(Octavio Paz)

Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , | 2 Comments »

Etoiles et grillon (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 8 Mai 2024




Etoiles et grillon

Grand est le ciel
et en haut des mondes sont semés.
Imperturbable,
perdure dans la nuit
le grillon vilebrequin.

(Octavio Paz)

… avec le son!
et aussi:

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , | 6 Comments »

INTERVALLE (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024




INTERVALLE

Architectures instantanées
sur une pause suspendues,
apparitions non appelées
ni pensées, formes de vent,
insubstantielles comme du temps
et comme du temps dissipées.

Faites de temps, elles ne sont pas le temps;
elles sont la fente, l’interstice,
le vertige bref du entre
où s’ouvre la fleur diaphane :
haute sur la tige d’un reflet
elle s’évanouit pendant qu’elle tourne.

Jamais touchées, clartés
vues avec les yeux fermés :
la naissance transparente
et la chute cristalline
dans cet instant de cet instant,
interminable encore.

Derrière la fenêtre : terrasses
désolées et nuages rapides.
Le jour s’éteint, la ville
s’allume, proche et lointaine.
Heure sans poids. Je respire
l’instant vide, éternel.

(Octavio Paz)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »