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Posts Tagged ‘épervier’

ÉNIGME (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2024




ÉNIGME

Seigneur du vertige,
l’épervier
solitaire dans la hauteur
trace un signe,
aussitôt
évanoui dans la lumière, dans l’air.
Obstiné, de l’aube jusqu’au soir
il le répète.
Il dessine, sans le savoir,
une question :
le pouvoir est-il liberté,
la liberté est-elle destin ?
Lumière et air.

(Octavio Paz)

Illustration

 

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La carpe et les carpillons (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020




    
La carpe et les carpillons

Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l’épervier, plus dangereux encor.
C’est ainsi que parlait une carpe de Seine
À de jeunes poissons qui l’écoutaient à peine.
C’était au mois d’avril ; les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes ;
Le fleuve enflé par eux s’élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! Ah ! Criaient les carpillons,
Qu’en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse ;
Regarde : on ne voit plus que les eaux et le ciel,
Les arbres sont cachés sous l’onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C’est le déluge universel.
Ne croyez pas cela, répond la vieille mère ;
Pour que l’eau se retire il ne faut qu’un instant.
Ne vous éloignez point, et, de peur d’accident,
Suivez, suivez toujours le fond de la rivière.
Bah ! Disent les poissons, tu répètes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s’en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu’arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? Je le sais trop, hélas !
C’est qu’on se croit toujours plus sage que sa mère,
C’est qu’on veut sortir de sa sphère,
C’est que… c’est que… je ne finirais pas.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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ECCE HOMO (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2020




    

ECCE HOMO

Tout ce qu’on voit est le jeu des reflets
De la grande, incertaine vérité,
Voilée, dévoilée, celle qu’on arrache
A l’infiniment fugace infini.

Mais chacun prend l’attitude qu’il peut,
Volant, couché, se dressant, accoudé
Sur le rocher, orgueilleux ou petit,
Pour contempler ou l’azur ou l’abîme.

Au loin les éperviers tournent et guettent
Et dans l’eau veillent les requins agiles,
Pendant qu’impassible un soleil éclaire
Le monde tordu par tant de tempêtes.

Mais tu es l’homme Et, là-haut, tu dois rompre,
Parmi les loups, un rameau d’olivier
Chargé de fleurs qui appellent la paix.
A toi de décider ce que tu fais.

(Mihai Beniuc)

 

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Maintenant (Michael Edwards)

Posted by arbrealettres sur 28 Mai 2020



van gogh
Maintenant

Le soleil lourd
A la fin du jour
Brûle les champs de blé.

La brune qui avance
C’est le silence
Entre l’épervier et l’effraie.

A travers le voile
D’un or de gloire
Et d’un bleu fictif

Immensité
De ténèbres et de lumière.

***

Now

The heavy sun
Of the end of the day
Burns the cornfields.

The creeping dusk
Is the pause between
The hawk and the owl.

Through the veil
Of splendour of gold
And fictive blue:

Immensity
Of darkness and light.

(Michael Edwards)

(NB: l’auteur est bilingue et il a traduit en français son poème puis reconstruit le poème anglais)

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Ce qui est à moi (Aimé Césaire)

Posted by arbrealettres sur 1 novembre 2019



 

Toussaint Louverture

Ce qui est à moi
c’est un homme seul emprisonné de blanc
c’est un homme seul qui défie les cris blancs de la mort blanche
(TOUSSAINT, TOUSSAINT LOUVERTURE)
c’est un homme seul qui fascine l’épervier blanc de la mort blanche
c’est un homme seul dans la mer inféconde de sable blanc
c’est un moricaud vieux dressé contre les eaux du ciel
La mort décrit un cercle brillant au-dessus de cet homme
la mort étoile doucement au-dessus de sa tête
la mort souffle, folle, dans la cannaie mûre de ses bras
la mort galope dans la prison comme un cheval blanc
la mort luit dans l’ombre comme des yeux de chat
la mort hoquette comme l’eau sous les Cayes
la mort est un oiseau blessé
la mort décroît
la mort vacille
la mort est un patyura ombrageux
la mort expire dans une blanche mare de silence.

(Aimé Césaire)

 

 

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Un silence (Tomas Tranströmer)

Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2018



 

rapace

un silence
comme si l’épervier allait venir.

(Tomas Tranströmer)

 

 

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Je ne trace pas de cercle (Anise Koltz)

Posted by arbrealettres sur 21 juin 2018



Illustration
    
Je ne trace pas de cercle
je le franchis —

Je veux des mots
comme des éperviers
volant
fonçant
ivres de soleil
sanguinaires
sans pardon

(Anise Koltz)

 

Recueil: Somnambule du jour Poèmes choisis
Traduction:
Editions: Gallimard

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QU’ON EST BIEN (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



QU’ON EST BIEN

Qu’on est bien
Dans les bras
D’une personne du sexe opposé
Qu’on est bien
Dans les bras

Qu’on est bien
Dans les bras
D’une personne du genre qu’on n’a pas
Qu’on est bien
Dans ces bras

C’est la vraie prière
La prochaine aime le prochain
C’est la vraie grammaire
Le masculin s’accorde avec le féminin

Certains jouent quand même
Les atouts de même couleur
Libre à eux moi j’aime
Les valets sur les dames
les trèfles sur les cours

Les creux sur les bosses
Tout finit par se marier
Les bons sur les rosses
Et même les colombes avec les éperviers

Qu’on est bien
Dans les bras
D’une personne du sexe opposé
Qu’on est bien
Dans ces bras

(Guy Béart)

 

 

 

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SECRET (Philippe Delaveau)

Posted by arbrealettres sur 1 mars 2018



    


    
SECRET

Plusieurs vies se sont partagé ma vie
Pendant que je ceinturais la terre.
Il ne sert à rien de rêver :
Je croyais étreindre les astres,
Sonder l’intensité de l’ombre.

Ciel où l’être perdure. Mer couleur de papier
D’emballage et le môle. Épervier d’une grue,
Drague épileptique avec son bruit de rouille
Dans le chenal. Mais le navire à quai
Pour l’aventure. Rien sans exil ni solitude.

Je ne chercherai plus dehors ce qui est au-dedans
Le convoi lent de la sagesse et les images.
Sur cette terre aux masques blancs
D’Hécate, aux sauvagines
Sur les marais que troue le groin des barques,
Je craignais de me perdre : loin de toi
Le monde est mort, halliers déserts.

Souris-moi, parle de ta voix
Grave et douce et légère, joyeuse,
Des profondeurs et de ce temps.
Tes pas traversent doucement
La neige du silence et l’ombre sous les arbres.
Ô fée vêtue de fleurs.
Ta main au feu des bagues.

(Philippe Delaveau)

 

Recueil: Le Veilleur amoureux précédé d’Eucharis
Traduction:
Editions: Gallimard

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Neige de deux hivers (Olivier Larronde)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2017




    
Neige de deux hivers ne se reconnaîtraient
Ni vous ne figerez les plis de mon eau froide,
Gel du poème, ou son fouillis ne ferez roide.
– Plus que l’épervier les demeures m’effraient,

Quand l’aurore me donne à sa serre féline,
Plus l’indiscret oiseau dont je suis la volière:
Mésange – cœur de fraise – aux tortures encline
Qui me met en morceaux comme on casse les oeufs.

(Olivier Larronde)

 

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