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Poésie

Posts Tagged ‘franchir’

PRÉLUDE (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 2 juin 2023



 


    
PRÉLUDE

Dans notre ancien jardin
les enfants étaient grands
Ils voyaient déjà des choses
aux confins du feuillage
qu’ils pensaient plus tard atteindre
dans un seul élan
et qui restent leur secret
car l’ultime distance
nous ne l’avons jamais franchie
C’est nous aujourd’hui
au souvenir des arbres
qui sommes devenus petits

(Maram al-Masri)

Recueil: Cerise rouge sur carrelage blanc
Editions: Bruno Doucey

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Je m’en vais cheminant (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2023




    
Je m’en vais cheminant, cheminant, dans ce monde,
Chaque jour je franchis un nouvel horizon.
Je cherche pour m’asseoir le seuil de ma maison
Et mes frères et soeurs pour entrer dans leur ronde.

Mais las ! J’ai beau descendre et monter les chemins,
Nul toit rêveur ne m’a reconnue au passage,
Et les gens que j’ai vus ont surpris mon visage
Sans s’arrêter, sourire et me tendre les mains.

Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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NUL BONHEUR (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2023




Illustration: Jean-Jacques Henner
    
NUL BONHEUR

Nul bonheur ne peut me toucher
Tout a fui par ton absence
Une fleur vient m’effaroucher
L’oiseau chante ma réticence.
Nul bonheur ne m’aide à revivre
Ton silence est un poids cruel
Si lourd à mon âme en duel…
Car sur la terre il me faut vivre…

Nul bonheur ne m’a plus comblée
Le jardin me parait désert
Dans sa blessure, l’exilée
N’entend que son morne concert.
Nul bonheur ne franchit ma porte
Le silence frappe mon coeur
Seule ma peine n’est point morte
Heureux qui ne sent sa rigueur.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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Considérez le ciel solaire (Philippe Jaccottet)

Posted by arbrealettres sur 22 avril 2023



Illustration: Vincent Van Gogh
    
Considérez le ciel solaire
à l’heure de l’extrême incandescence :
c’est là qu’il nous faut traverser.

Des barques croisent dans ce lac de lumière.

Aiguisez mieux votre regard :
vous les verrez franchir sans bruit cette brume éblouie
et, par-delà, s’ancrer dans les eaux de la nuit
pour y plonger éternellement leurs filets

dans les profondeurs.

(Philippe Jaccottet)

Recueil: Le dernier livre de Madrigaux
Editions: Gallimard

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Les ailes du papillon (Bashō)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2023




    
Les ailes du papillon
combien de fois ont-elles franchi
le haut du mur?

***

(Bashō)

Recueil: L’intégralité des Haïkus
Traduction: Makoto Kemmoku et Dominique Chipot
Editions: Points

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La montée ardue (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 10 février 2023



Illustration: Hiroshige
    
La montée ardue
de Saya no Nakayama
c’est étrangement une fois franchie
que j’éprouve de la peine
pour l’avoir quittée

***

Wake-noboru Saya
no Nakayama nakanaka
ni koete
nagori zo
kurushikarikeru

(Anonyme)

Recueil: En longeant la mer de Kyôto à Kamakura
Traduction: Le groupe Koten
Editions: Le bruit du Temps

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OBSTACLE (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023




    
OBSTACLE

Je me heurte à l’obstacle
Je m’ensable
Et je m’envase

Je résiste et me démène
Je combats
Et je bataille
L’obstacle se réduit

Je m’en dégage
Suis-je délivrée ?
Est-il franchi ?

(Andrée Chedid)

 

Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion

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La traversée du Fongmu Ling (Gu Lin)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022




Illustration: Shan Sa
    
La traversée du Fongmu Ling

Le doigt tendu vers la cime embrumée
Indique la haute frontière indécise, entre terre et ciel.
Voilà la montagne magnifique
Qu’aucun oiseau en son vol n’a jamais dépassée.
Qui saurait franchir ces hauts degrés de pierre ?
Nos mains s’agrippent le long des sentiers sinueux.
À chaque pas gagné, l’abîme grandit devant mes yeux terrifiés
Et la brume généreuse empoisse mes vêtements alourdis.
Je m’empourpre des derniers traits du soleil qui meurt,
Tandis qu’à mesure, c’est la vallée qui s’enténèbre.
Mon pays natal me rappelle alors et détourne vers lui mon regard.
Je vois les flots hardis du grand fleuve ;
Je sens le souffle vif des confins du monde.
Comment rester debout quand tout vous porte à être à genoux.

(Gu Lin)

(1476-1545)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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La voyageuse (Luc Bérimont)

Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2022




    
La voyageuse

Les trains du petit jour partent mieux que des salves
Si chaude la dormeuse à l’aube des boulons
Arrachée — arrachée — franchissant les collines
Arrachée de mon corps comme une affiche humide.

Crucifixion des mots d’amour dressés en toi
Je capture la nuit qui te flaire à la trace
Je roule avec le sang qui brûle entre mes bras
Je déroule les bois endormis sous la neige.

À l’heure où le brouillard enroue l’écho des coqs
Mon sommeil a des fils noués à ton visage
Je m’efforce à plonger plus profond que le roc
Plus profond que la mer et plus sourd que ma voix.

(Luc Bérimont)

Recueil: Le sang des hommes
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Dans l’image on n’entre pas (Jacques Ancet)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2022



Illustration: Jean Murat
    
Dans l’image
on n’entre pas.

Elle reste en face,
comme posée devant les yeux
qui lui donnent limites et profondeur.

La beauté est cette distance infranchissable
tissée de lumière et de vols
qu’on croit toujours pouvoir franchir.

La main se tend, la bouche s’ouvre.
Les doigts et les mots se confondent.

On n’y voit plus.
On touche le murmure.

(Jacques Ancet)

 

Recueil: L’âge du fragment
Traduction:
Editions: AENCRAGES

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