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Posts Tagged ‘aplomb’

Peut-être avons-nous le sentiment d’avancer (Christophe Manon)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2024




Illustration: Gilbert Garcin
    
Peut-être
avons-nous
le sentiment d’avancer
quand nous tournons en rond
et que nous creusons
sans même y prendre garde
avec persévérance
la fosse
où nos os blanchiront
ainsi
nous marchons
nus frêles
et tremblants
à notre obscur destin.

*

Peinant et suant
comme bêtes de somme
sous le soleil
d’aplomb poing tendu
vers le ciel vide
avec entre les dents
ce petit os à ronger
— mais nul ne sait
quand cela cessera.

(Christophe Manon)

Recueil: Provisoires
Editions: NOUS

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Corps mémorable (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 8 novembre 2023



Illustration: Bruno Di Maio
    
Corps mémorable

I

Tes mains pourraient cacher ton corps
Car tes mains sont d’abord pour toi
Cacher ton corps tu fermerais les yeux
Et si tu les ouvrais on n’y verrait plus rien

Et sur ton corps tes mains font un très court chemin
De ton rêve à toi-même elles sont tes maîtresses
Au double de la paume est un miroir profond
Qui sait ce que les doigts composent et défont.

II

Si tes mains sont pour toi tes seins sont pour les autres
Comme ta bouche où tout revient prendre du goût
La voile de tes seins se gonfle avec la vague
De ta bouche qui s’ouvre et joint tous les rivages

Bonté d’être ivre de fatigue quand rougit
Ton visage rigide et que tes mains se vident
Ô mon agile et la plus lente et la plus vive
Tes jambes et tes bras passent la chair compacte

D’aplomb et renversée tu partages tes forces
A tous tu donnes de la joie comme une aurore
Qui se répand au fond du cœur d’un jour d’été
Tu oublies ta naissance et brûles d’exister.

III

Et tu te fends comme un fruit mûr ô savoureuse
Mouvement bien en vue spectacle humide et lisse
Gouffre franchi très bas en volant lourdement
Je suis partout en toi partout où bat ton sang

Limite de tous les voyages tu résonnes
Comme un voyage sans nuages tu frissonnes
Comme une pierre dénudée aux feux d’eau folle
Et ta soif d’être nue éteint toutes les nuits.

(Paul Eluard)

Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey

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Au Lotus bleu (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2023




    
Au Lotus bleu

Du sable dans les cheveux
De la neige sur les yeux
Du vent au bord des lèvres

Saisir l’éphémère qui est là et s’évade
Être encore avec Lao-tseu
Dans le flux de l’instant éternellement présent

Corps à l’aplomb de soi
Esprit en harmonie vagabonde
Souffle accordé à tous les univers
Quand rien ne reste inaccompli

Ce qui est soudain vient de si loin
Qu’il a défait le temps
Et nous veut sans cesse
Comme Li Po au Lotus bleu

Simple ermite du sans-limite

(André Velter)

Recueil: Trafiquer dans l’infini
Editions: Gallimard

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Les cabris (Gérard Bocholier)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2020



 

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Les cabris

Les cabris cherchent du bout
De leurs pattes de derrière
Si la terre est bien d’aplomb

Puis ils partent en avant
La tête déjà très fière
De leurs bosses sur le front

Ils dansent pour attraper
Dans un rayon de lumière
Le bonheur du papillon

(Gérard Bocholier)

Illustration

 

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BARDO (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 7 septembre 2019




    
BARDO
(Métamorphose des 5 poisons)

Je garde l’énergie d’une colère sans haine,
j’affronte l’ignorance sans cérémonie,
je repousse l’émotion jalouse sans complaisance,
j’accède à l’intensité du désir sans plus d’attachement,
je sais l’orgueil nocif mais tiens au sursaut de l’être
à l’aplomb de lui-même.

(Vairocana)
Ce n’est déjà plus l’heure
de survivre à blanc
au centre des illusions ou des cieux,
la roue a pris le temps de vitesse
et distancé les dieux,
elle rejoint la sphère pareille
à la conscience pure, sans limites et sans âge.

(Aksobhya)
J’ai confié ma colère
à la lumière bleue
qui se lève à l’est,
ô sagesse, ô miroir,
comme un baiser à bouche close
chante un autre ciel
libre de nos enfers.

(André Velter)

 

Recueil: Le Haut-Pays suivi de La traversée du Tsangpo
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’océan là-devant là devant (Milo de Angelis)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2018




Illustration: ArbreaPhotos
    
L’océan là-devant là devant
comme une idée d’aplomb
ou une hémoptysie
dans le plus court intervalle entre les tempes.
Le gris souffre. Le gris n’est pas une couleur
mais un retournement, c’est scruter par terre
l’absolue moitié de toute chose, plier en quatre
les planètes de la fortune
qui nous donnent une limite au fond de la poche,
de même qu’en hiver cette rangée de maisons
signifie marcher côte à côte, être en hiver.

***

L’oceano li davanti lí davanti
come un’idea a perpendioolo
o uno sbocco di sangue
nell’intervallo più piccolo tra le tempie.
Il grigio soffre. Il grigio non è un colore
ma un voltarsi, scrutare per terra
l’assoluta meta di ogni cosa, piegare in quattro
i pianeti della fortuna,
ohe dentro la tasca ci danno un confine,
come questa fila di case, d’inverno,
significa camminarci accanto, essere d’inverno.

(Milo de Angelis)

 

Recueil: L’océan autour de Milan
Traduction: Jean-Baptiste Para
Editions: Maison des écrivains étrangers

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Qu’est-ce qui bout (Aphorismes Bretons)

Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2017




    
– Petra a verv hep beañ tomm ?
Ur varrikenn jistr
Mat en he flom.

– Qu’est-ce qui bout
sans être chaud ?
– Une barrique de bon cidre
bien d’aplomb.

(Aphorismes Bretons)

 

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SONATE A S. (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 17 octobre 2016



SONATE A S.

(ALLEGRO)
Midi dans cet aplomb du sang
L’ardeur qui monte aux lèvres
L’azur que j’improvise
Et la vie si légère
quand elle ne faiblit pas

(LARGO)
L’ascension et la grâce
L’impératif avec ses inconnues
Un coup plus haut que tout
Et une aile partagée
qui subjugue la terre

(ALLEGRO VIVACE)
D’un mouvement le ciel
Sa joie sans autre frein
Ses anges libertins
Et les mots aimantés
qui vont perdre le nord

(André Velter)

 Illustration: Pascal Renoux

 

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Voici venir les baladins (Jim Morrison)

Posted by arbrealettres sur 11 juin 2016



 

René Julien_Chagall

Voici venir les baladins
Regardez leurs sourires
Observez-les bondir tels des Indiens.
Regardez leurs mimiques
Avec quel aplomb
Ils gesticulent devant nous.
Mots perfides
Mots ricanent
Mots qui guident comme des cannes.
Semez-les ils croîtront
Observez-les osciller sous le vent.
Je serai toujours un homme de mots
Plus qu’un homme-oiseau.

(Jim Morrison)

Découvert chez Lara ici

Illustration: René Julien

 

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À vol d’oiseau (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2015




À vol d’oiseau

Furieusement
vire
sur un reflet
pique
à l’aplomb
brusque
blancheur
monte
sanglant déjà le bec
sel dispersé
ligne à peine
en tombant
droit
ton regard
sur cette page
éparse

***

A vista de pájaro

Furiosamente
gira
sobre un reflejo
cae
en línea recta
afilada
blancura
asciende
ya sangriento el pico
sal dispersa
apenas línea
al caer
recta
tu mirada
sobre esta página
disuelta

(Octavio Paz)

 

 

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