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Ce que vaut ma vie ? (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 12 Mai 2024



Illustration: Gilbert Garcin
    
Ce que vaut ma vie ? A la fin (je ne sais pas laquelle)
Quelqu’un dit : j’ai gagné trois cent mille écus,
Un autre dit : j’ai eu treize mille jours de gloire,
Quelqu’un d’autre dit : j’étais en paix avec ma conscience et c’est bien suffisant…
Et moi, si on vient me demander ce que j’ai fait,
Je répondrai : j’ai regardé les choses, c’est tout.
C’est pourquoi je porte ici l’Univers dans ma poche.
Et si Dieu vient me demander : et toi qu’as-tu vu dans les choses ?
Je réponds : les choses, c’est tout… Tu n’y as mis rien d’autre.
Et Dieu, qui malgré tout est malin, fera de moi une nouvelle sorte de saint.

(Fernando Pessoa)

Recueil: Poèmes jamais assemblés
Traduction: du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade,Fabienne Vallin
Editions: Unes

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Si vaste d’être seul (Tristan Cabral)

Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024



Fortino Samano
    
Si vaste d’être seul
Pour toi Fortino

Fortino Samano
en ce 12 février 1917
les mains dans les poches
un bout de cigare à la bouche
le chapeau un peu baissé sur les yeux
regarde son peloton d’exécution;
il jette sur ceux qui vont tirer
un dédain souverain;
on dirait qu’il n’y croit pas…
on dirait qu’il dit « alors vous tirez ou non? »
derrière lui
sur le mur
quelqu’un a écrit
« da me la muerte que me falta »
Fortino ! je t’envie!

Mexique, 12 février 1917

(Tristan Cabral)

Recueil: Si vaste d’être seul
Editions: Le Cherche Midi

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Croquis-Démolition (Extraits) Patricia Cottron-Daubigné)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2024



    

Croquis-Démolition (Extraits)

Je recule devant le coeur gueulant de l’usine, la brutalité de la machine;
ils ouvrent une porte, blindée, une deuxième, épaisses les deux et je recule,
le ventre tordu de l’odeur qui suffoque : des tuyaux, des fils, du bruit qui hurle,
du liquide partout qui pue et gicle, sur les parois, partout;
et les mains pleines, ne pas se sentir mal, il faut que je touche,
c’est la puissance de la machine qui claque ses roulements métal contre métal,
ne pas se sentir mal, je suis dans le coeur de la fierté de l’homme qui affronte la machine, la pire.
J’entends mal ce qu’ils expliquent, le roulement, le passage, la meule, la surveillance,
chaque jour et combien de fois, le ventre blindé de l’homme face,
et ses poumons comment blindés de quoi, le travail qui fait vivre et mourir je me dis,
les fils de mon cerveau raccrochent moins bien, le travail, sa perte,
vivre sans, et vivre avec, dans cette violence, je ne sais pas comment.

Les mains sont restées serrées dans les poches.
«On disait rien.» L’un après l’autre, les noms sont tombés
«C’est étrange comme on était calme. On disait rien.
Pourtant on avait envie, on sait pas, de crier, de casser;
la tension était là dans notre silence la colère tout au fond.
C’étaient pas des fainéants, pas des tire-au-flanc qu’on nous arrachait.
Des mecs bien, qui bossaient.» À la tristesse, ils ajoutaient la honte,
c’est ce qu’ils disaient «on a rien fait ».
Ils sont restés silencieux, en bleu de travail dans les odeurs d’huiles et de dissolvants,
avec des envies de pleurer. Il y avait le silence des machines et soi qui ne partait pas.

(Patricia Cottron-Daubigné)

Recueil: L’insurrection poétique Manifeste pour vivre ici
Editions: Bruno Doucey

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J’ai attrapé la poésie (Carl Norac)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2024




    
J’ai attrapé la poésie.
Je crois que j’ai serré la main
à une phrase qui s’éloignait déjà
où à une inconnue qui avait une étoile dans la poche.
J’ai dû embrasser les lèvres d’un hasard
qui ne s’était jamais retourné vers moi.
J’ai attrapé la poésie, cet espoir virulent.

(Carl Norac)

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Les papillons (Hala Mohammad)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2024




    
Les papillons
Emigrant avec les familles
Sur les ballots
Sur les fleurs des robes des filles
Dans les poches des grands-mères
Dans les supplications des mères,
A la frontière
Ils ont ôté leurs couleurs
Et sont entrés dans leur exil
Photo souvenir
En noir et blanc.

(Hala Mohammad)

 

Recueil: Ce peu de vie
Traduction: Antoine Jockey
Editions: Al Manar

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L’ABÎME (Ron Padgett)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2024




    
L’ABÎME

Après un dérapage nous nous arrêtons au bord
de ce qui s’avère être un précipice,
notre souffle s’élève et tombe lentement dans l’abîme.
L’abîme a tellement faim qu’il accepte même le souffle
– il répond d’un « merci » profond et caverneux –
l’abîme vide de tout sauf de chagrin.

Nous mettons la voiture au point mort,
nous sortons et la poussons vers le précipice.
Cette fois l’abîme renvoie un rot satisfait.
Nous vidons nos poches, nous enlevons nos vêtements
et jetons le tout par-dessus bord.

Mais nous ne nous y jetterons pas.
Nous ne le ferons jamais, car rien de ce qui tombe dans l’abîme
n’atteint jamais le fond.

(Ron Padgett)

 

Recueil: On ne sait jamais
Traduction: Claire Guillot
Editions: Joca Seria

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Tashlich (Stanley H. Barkan)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2023



Illustration: NCT Leopard
    
Tashlich

Je n’ai pas d’hameçon,
ni de filets
à tendre
dans l’eau qui s’agite.
Rien que des miettes et des débris
pour les poissons
qui attendent sous le pont,
en bas dans les profondeurs,
pour les trouver mâchoire béante
à la surface.
J’ai jeté mon pain
dans l’eau
comme rachat
pour tous mes faux pas
dans l’espoir d’une année encore,
une année où mes poches
seront vides
et ne contiendront plus rien
que je puisse vider dans la mer.

(Stanley H. Barkan)

, EU

Traduction de Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

Autres langues:

Anglais: https://www.point-editions.com/en/775-tashlich
Espagnol: https://www.point-editions.com/es/775-tashlich
Néerlandais: https://www.point-editions.com/nl/775-tashlich
Autres: https://www.point-editions.com/ww/775-tashlich

Recueil: ITHACA 775
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

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… J’ai dix ans (Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2023




    
… J’ai dix ans

Je sais qu’c’est pas vrai mais j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
Ça fait bientôt quinze ans que j’ai dix ans
Ça paraît bizarre mais

… Si tu m’crois pas, hé
Tar’ ta gueule à la récré

… J’ai dix ans
Je vais a l’école et j’entends
De belles paroles doucement
Moi je rigole, cerf-volant
Je rêve, je vole

… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré

… Le mercredi je m’balade
Une paille dans ma limonade
Je vais embêter les quilles à la vanille
Et les gars en chocolat

… J’ai dix ans
Je vis dans des sphères où les grands
N’ont rien à faire, j’vois souvent
Dans des montgolfières, des géants
Et des petits hommes verts

… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… J’ai dix ans
Des billes plein les poches, j’ai dix ans
Les filles c’est des cloches, j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans

… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Bien caché dans ma cabane
Je suis l’roi d’la sarbacane
J’envoie des chewing-gums mâchés à tous les vents
J’ai des prix chez le marchand
… J’ai dix ans
Je sais que c’est pas vrai mais j’ai dix ans
Laissez-moi rêver que j’ai dix ans
Ça fait bientôt quinze ans que j’ai dix ans
Ça paraît bizarre mais

… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Si tu m’crois pas, hé
T’ar ta gueule à la récré
… Si tu m’crois pas
T’ar ta gueule
À la récré
T’ar ta gueule

(Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

 

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LE BRUIT QUE VOUS FAITES GÂTE TOUT (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2023



Illustration: Jean-Honoré Fragonard  
    
LE BRUIT QUE VOUS FAITES GÂTE TOUT

1

– J’entre ici sans cérémonie
Conduit par un parfait amour.
Disposez-vous chère Sophie
A recevoir un petit bonjour.
– Restez dit Sophie, où vous êtes
N’approchez pas de moi surtout,
Le bruit que vous faites gâte tout ! (bis)

2

– Quel changement de caractère !
D’où vient cette vérité ?
N’ai-je plus le don de vous plaire ?
Ah, j’espère à votre bonté
– Quoi, faut-il que je répète
Je vous le dis encore un coup,
Le bruit que vous faites gâte tout ! (bis).

3

– Permettez moi je vous supplie
De toucher votre belle main
Encore une fois dans ma vie.
Je voudrais mais je suis trop loin
– Que vos poursuites m’inquiètent
C’est vouloir me pousser à bout
Le bruit que vous faites gâte tout (bis).

4

– J’ai pour vous ici dans ma poche,
Un mignon et galant bouquet
Permettez au moins que j’approche
Pour l’attacher à ce corset.
– Je crois vos façons indiscrètes
Vous ne vous gênez pas beaucoup
Le bruit que vous faites gâte tout (bis).

5

– Se peut-il, étant aussi belle
Donner des lois qui font languir.
Si vous étiez toujours cruelle.
Je crois qu’il en faudra mourir
– Loin d’ici toutes vos fleurettes
La crainte en fait passer le goût.
Le bruit que vous faites gâte tout (bis)(2).

(Chansons du XVIIIè)

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LA BATELIÈRE ÉVANOUIE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023



Illustration

    

LA BATELIÈRE ÉVANOUIE

1

Sur le bord de la rivière
Un jour m’allant promener
J’aperçus une batelière
De moi elle s’est approchée,
En me disant d’un air si tendre
« Monsieur, venez me passer l’eau »
Sur ma foi (sans) plus attendre (bis)
J’ai entré dans son bateau (bis).

2

Quand nous y fûmes au large
Le vent se mit à souffler.
J’apercevais que l’orage,
Les eaux se sont abaissées.
Mon bateau fait la cadence,
Est tout prêt à renverser,
La belle perd connaissance (bis)
Sans me pouvoir plus parler (bis).

3

Je ne savais comment faire,
Me voyant en pareil cas.
J’employais mon savoir faire
Pour la tirer d’embarras.
Son corset je lui délace
Pour qu’elle puisse respirer.
Son cœur froid comme une glace (bis)
M’annonce tout le danger (bis).

4

Par bonheur que dans ma poche
J’avais un joli flacon.
Je le prends, je le débouche.
Cette odeur je lui fait sentir.
Le beau bouchon reprend lumière,
Me regarde tendrement
Me prend ma main, me la serre (bis).
Je l’embrasse tendrement (bis).

5

J’apercevais que l’orage
Les eaux s’étiont abaissées.
La belle reprend courage.
En voyant nous approcher
Elle m’embrassa cette belle.
Et en me donnant la main,
En me disant d’un air tendre (bis),
Demain vous repasserez (bis)

(Chansons du XVIIIè)

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