Posts Tagged ‘suffoquer’
Posted by arbrealettres sur 8 février 2023

JE TUE LE TEMPS
Je tue le temps en taillant dans la houille.
Engorgé je me débarrasse ou j’essaie.
Je tue le temps au vin rouge, à la délicatesse,
à la franche gaieté, à la morale,
à l’excès de zèle, à qui perd gagne, à la boussole,
avec un miroir d’emprunt,
avec un regard farouche,
avec un sourire componctueux,
avec une envie de pleurer.
Je tue le temps à creuse rêverie,
avec un marteau-piqueur, avec un petit flageolet,
avec une superbe convoitise,
avec une raillerie épaisse,
en toute bonne foi, avec un oeil en coin,
avec les discours habituels, avec des mots écrits,
avec du vent.
Je n’approche pas du recours imaginé.
Je tue le temps. Je taille en suffoquant, j’essaie.
Je tue le temps. Si un faucon au poing j’allais,
je saurais faire.
(André Frénaud)
Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (André Frénaud), aller, approcher, écrit, épais, bon, boussole, coin, componctueux, convoitise, creux, délicatesse, discours, emprunt, engorger, envie, essayer, excès, faire, farouche, faucon, flageolet, foi, franc, gaîté, gagner, habituel, houille, imaginer, marteau-piqueur, miroir, morale, mot, oeil, perdre, pleurer, poing, raillerie, rêverie, recours, regard, savoir, se débarrasser, sourire, suffoquer, superbe, tailler, temps, tuer, vent, vin, zèle | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2022

Si nous ne respirons plus dans le ciel,
alors nous suffoquons dans le néant:
c’est aussi simple et net.
(Christian Bobin)
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Posted in méditations | Tagué: (Christian Bobin), ciel, néant, net, respirer, simple, suffoquer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2021

NÉVRALGIES
Il me reste des névralgies d’une jeune belle
pareilles à de pauvres nostalgies de djebell’s
où de lents soleils mauves
rouillent et cuivrent, face et pile,
ses jambes déjà fauves.
Je tiens des névralgies de mous ciels versatiles
déversant sur sa peau moite d’inutiles averses,
que de lents remous bleus d’ étoiles traversent.. .
Là où des plages repues vacillent
sous des formes lascives
qu’essorent
des nuages aux loques phosphores.
Je tiens des symphonies de son long corps indolent
somnolant,
parfumé d’herbes et d’odeurs
plaquées sous maille et sueur,
quand la traverse feule
roulant branches et feuilles
que foulent
d’atones fumées saoules…
J’ai des nostalgies d’une longue belle
telles des frénésies de décibels.
La plaine suffoque de vapeurs saugrenues,
la vague vient faire grève
sur son corps presque nu.
(Yves Morel)
Illustration: William Bouguereau
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Posted in poésie | Tagué: (Yves Morel), belle, corps, essorer, fauve, frénésie, fumée, grève, herbe, jambe, lascive, névralgie, nostalgie, nu, odeur, plage, saoule, soleil, sueur, suffoquer, vague | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 février 2021

Illustration: Josephine Wall
Quand tu te tiens
dans la proximité du centre
la moindre parcelle de vie
est intégrée à la sphère
Avoir la force de t’arracher
aux joies plaisirs émotions
que te donnent tes semblables
Pour boire à cette source
où capiteuse se fait la vie
Combien seul
combien étranger à ce monde
celui que le manque
contraint à chercher
une vie plus haute
Instants
de folle ébriété
Quand un même flux
mêle en son torrent
la lumière et les eaux
Ce feu doux
de l’amour
quand l’oeil
a clarifié la flamme
Femme
c’est de toi
que me vient la vie
et je n’en finirai pas
de te louer te célébrer
que comprendre
comment rendre compte
parfois c’est le dégoût
la détresse
cette fureur du sang
parce que tout avorte
que chaque effort est vain
que rien n’échappe à la faux
ou parfois
c’est cette vénération cette joie
jubilante cette suffocante
lumière
et chaque visage m’émeut
alors jusqu’aux larmes
je déambule
dans la rue
parmi la foule
désobstrué
transparent
anonyme
avec
oui
avec
comme une lumière invaincue
qui pétille
et bat dans mes veines
minutieusement
goulûment
je vois les visages
happe cette vie
qui déferle
je me livre à chacun
je me love en chacun
en moi
s’enlacent des regards
se nouent des étreintes
s’ébauchent des nuits d’amour
et soudain me saisit
le sentiment suffocant
du mystère de la vie
hautes lames
de l’immense
dévotion éperdue
spacieux vertige
(Charles Juliet)
Recueil: Moisson
Traduction:
Editions: P.O.L.
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Posted in poésie | Tagué: (Charles Juliet), amour, avorter, ébriété, échapper, émotion, émouvoir, éperdu, étranger, étreinte, battre, boire, capiteux, célèbre, centre, chercher, clarifier, comprendre, contraindre, déambuler, dégoût, désobstruer, détresse, dévotion, donner, doux, eau, effort, faux, femme, feu, finir, flamme, flux, fou, foule, fureur, goulu, haut, immense, instant, intégrer, invaincu, joie, jublier, larme, louer, lumière, manquer, mêler, minutieux, moindre, monde, mystère, nuit, oeil, parcelle, pétiller, plaisir, proximité, regard, rien, rue, s'arracher, s'ébaucher, s'enlacer, saisir, sang, se livrer, se lover, se nouer, se tenir, semblable, sentiment, seul, soudain, source, spacieux, sphère, suffoquer, torrent, transparent, vain, vartige, vénération, veine, venir, vie, visage, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2021

les morts minuscules
nous respirons bruyamment de chaleur suffocante
dormant dans la même pièce
l’angoisse plus lourde que l’air
remplit l’espace comme le dioxyde de carbone
et nous étouffons dans le cauchemar
dans le rêve de mon père le vide prolifère
comme les doryphores sur les pommes de terre
jusqu’à la destruction complète des plantations
souvent il tousse
comme un chat qui rejette
une boule de poils
mon frère grince des dents
ma mère est immobile
les lèvres serrées
à l’image de la madone qu’elle prie
quelquefois je me penche sur son visage
pour vérifier si elle respire
j’écoute aussi
nos pieds dépasser les chaussures devenues étroites
nos cheveux s’assombrir
nos cartilages s’user à courir
dehors l’atmosphère se consume
et en nous brûlent nos corps d’enfants
comme les bougies d’anniversaire
suffisamment vite pour que le matin on
ne s’en souvienne plus
(Monika Herceg)
Traduit du croate par Martina Kramer
Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
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Posted in poésie | Tagué: (Monika Herceg), air, angoisse, anniversaire, atmosphère, écouter, étouffer, étroit, bougie, brûler, bruyant, cartilage, cauchemar, chaleur, chat, chaussure, cheveux, complet, corps, courir, dépasser, dehors, dent, destruction, dioxyde, dormir, doryphore, enfant, espace, frère, grincer, image, immobile, lèvres, lourd, madone, matin, mère, minuscule, mort, père, pièce, pied, plantation, pomme de terre, prier, proliférer, rêve, rejeter, remplir, respirer, s'assombrir, s'user, se consumer, se pencher, se souvenir, serrer, suffisamment, suffoquer, tousser, vérifier, vide, visage, vite | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2020

Forêt marine à l’aurore,
Touffue et trempée de vent,
J’entre et je suffoque en toi
(Philippe Jaccottet)
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Posted by arbrealettres sur 6 juin 2019

L’lNTIME ABSOLU
Antaratama
L’objet de mon désir que je poursuivais
divaguant
n’était que peu de chose.
J’arpentais le désert
ce qu’y cherchait mon coeur altéré
n’était ni or ni diamant,
rien qu’un peu d’eau au creux des mains
rien qu’une ombre sous les palmes d’une source
pour un instant.
Ce rien réconcilie la mort et la vie,
ce rien délasse la fatigue du chemin.
Au marché où l’air n’est que bruit
et poussière
entendre quelques notes d’un chant
est entre tout rarissime et pourtant
ce n’est que peu de chose.
C’est comme une averse éphémère
au passage imprévu d’un nuage
qu’attend la terre aride
en fin de baishakha brûlant,
comme une douce main qui réveille
d’un cauchemar suffocant.
C’est si peu de chose et pourtant
que son manque m’accable
et mon coeur inconsolable
le recherche éperdument.
Il était d’impossibles rêves
que je poursuivis et fis miens
mais que je désertai
en passant.
Le trésor qu’on ne sent que sourdre
dans ses veines,
qui fait la trame des songes,
qui siège au coeur du mouvement,
qui ne laisse d’épigraphe
ni de gloire ni de mémoire
sur écriteau de pierre ;
dans l’étoile du soir de phâlguna
s’inscrit son histoire,
son langage seule ma flûte le connaît
ce don au tréfonds de ma vie fusionné
qui fut au-delà de mon espérance,
pour qui je ne bâtis aucune maison,
qui hors pesanteur reste dérobé à la vision,
c’est sa douleur qui emplit
mon être tout entier
c’est sa nostalgie
qui fait mon univers.
(Rabindranath Tagore)
Recueil: L’écrin vert
Traduction: Saraju Gita Banerjee
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 24 février 2019

Chanson
Vous, avec vos yeux, avec tes yeux,
Dans la bastille que tu hantes !
Celui qui dormait s’est éveillé
Au tocsin des heures beuglantes.
Il prendra sans doute
Son bâton de route
Dans ses mains aux paumes sanglantes.
Il ira, du tournoi au combat,
À la défaite réciproque ;
Qu’il fende heaumes beaux et si clairs,
Son pennon, qu’il ventèle, est loque !
Le haubert qui lace
Sa poitrine lasse,
Si léger ! il fait qu’il suffoque.
Ah, que de tes jeux, que de tes pleurs
Aux rémissions tu l’exhortes,
Ah laisse ! tout l’orage a passé
Sur les lys, sur les roses fortes.
Comme un feu de flamme
Ton âme et son âme,
Toutes deux vos âmes sont mortes.
(Jean Moréas)
Illustration: Frank Bernard Dicksee
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Moréas), âme, bastille, bâton, chanson, combat, défaite, dormir, exhorter, flamme, hanter, haubert, heaume, jeux, lys, morte, orage, pleur, poitrine, rémission, rose, route, sanglante, suffoquer, tocsin, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2019

AUSCHWITZ
Là-bas, à Auschwitz, loin de la Vistule,
mon amour, le long de la plaine nordique,
dans un champ de mort: froide et funèbre,
la pluie sur la rouille des poteaux
et les barbelés entortillés de l’enceinte :
ni arbre ni oiseaux dans l’air gris
ou surgissant en nous, mais l’inertie
et la douleur que laisse la mémoire
à son silence sans ironie ni colère.
Tu ne veux ni élégies, ni idylles : juste
des raisons à notre destin, ici,
toi qui t’émeus des contrastes de l’esprit,
incertaine d’une présence
claire de la vie. Et la vie est ici,
dans chaque non qui semble être une certitude :
ici nous entendrons pleurer l’ange, le monstre
et nos heures futures
parcourir l’au-delà, qui est ici, éternel
et mouvant, et n’est pas une image
de rêves, de possible pitié.
Ici les métamorphoses, les mythes.
Sans nom de symboles ni de dieu,
ils sont la chronique, les lieux de la terre,
ils sont Auschwitz, mon amour. Pareil au cher corps
d’Alphée et d’Aréthuse qui subitement
se changea en fumée d’ombre.
De cet enfer ouvert par une inscription
blanche : « Le travail vous rendra libre »
s’échappa continuellement la fumée
de milliers de femmes poussées
à l’aube hors des chenils contre le mur
du stand ou suffocant en criant
pitié avec leurs bouches
de squelettes sous les douches à gaz.
Les retrouveras-tu, soldat, dans ton
histoire en forme de fleuves, d’animaux,
ou bien es-tu toi aussi cendres d’Auschwitz,
médaille de silence ?
Il reste de longues tresses enfermées dans des urnes
de verre encore nouées par des amulettes
et les ombres infinies des petits souliers
et des écharpes hébraïques : ce sont les reliques
d’un âge de sagesse et de savoir
où l’homme connaissait la mesure des armes,
ce sont les mythes, nos métamorphoses.
Sur les plaines où l’amour, les pleurs
et la pitié pourrirent, sous la pluie,
là-bas, un non frappait au fond de nous,
un non à la mort, morte à Auschwitz,
afin que dans ce trou elle ne se relève plus
des cendres, la mort.
(Salvatore Quasimodo)
Recueil: Ouvrier de songes
Traduction: Thierry Gillyboeuf
Editions: LA NERTHE
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Posted in poésie | Tagué: (Salvatore Quasimodo), amour, amulette, ange, animal, arbre, arme, Auschwitz, élégie, éternel, barbelé, cendre, certitude, champ, chenil, clair, colère, contraste, corps, crier, destin, Dieu, douche, douleur, enceinte, entortillé, esprit, femme, fleuve, frapper, froid, fumée, funèbre, gaz, idylle, image, inertie, ironie, libre, médaille, mémoire, métamorphose, monstre, mort, mur, mythe, non, oiseau, ombre, pitié, plaine, pleur, pleurer, pluie, poteau, pourrir, pousser, présence, raison, rêve, rouille, s'émouvoir, silence, soldat, squelette, suffoquer, surgir, symbole, travail, trou, urne, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 27 décembre 2018

LA MAIN AU FEU
Au bout de la journée
Je cherche un point d’appui :
Le soleil a choisi
Un talus pour l’épaule.
Dans les décombres vains
Bat le coeur fou du temps,
Dans l’abîme s’entasse
Le sable fin des rêves,
Sous la ronce et la pierre
L’éternité sommeille.
Vienne le vent qui blesse
Le velours de tes lèvres.
Chaque pas fait le bruit
De la mer qui recule.
Immortelle et cachée
Dans le terreau des caves,
La révolte grandit
Et calcule ses chances.
La muraille est griffée
De traits blancs et de chiffres.
Objet de ton délire,
Sur le dernier caillou
Le vieil été se saigne.
Il suffoque et je crie.
(Albert Ayguesparse)
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Posted in poésie | Tagué: (Albert Ayguesparse), abîme, appui, épaule, été, éternité, blesser, caché, caillou, cave, chance, chiffre, choisir, coeur, crier, décombres, délire, feu, fou, main, muraille, pierre, révolte, ronce, sable, saigner, soleil, sommeiller, suffoquer, velours, vent | Leave a Comment »