Posts Tagged ‘tailler’
Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2024
Illustration: ArbreaPhotos
LA MORT ROSE
Les pieuvres ailées guideront une dernière fois la barque
dont les voiles sont faites de ce seul jour heure par heure
C’est la veillée unique après quoi
tu sentiras monter dans tes cheveux le soleil blanc et noir
Des cachots suintera une liqueur plus forte que la mort
Quand on la contemple du haut d’un précipice
Les comètes s’appuieront tendrement aux forêts avant de les foudroyer
Et tout passera dans l’amour invincible
Si jamais le motif des fleuves disparaît
Avant qu’il fasse complètement nuit tu observeras
La grande pause de l’argent
Sur un pêcher en fleur apparaîtront les mains
Qui écrivirent ces vers et qui seront des fuseaux d’argent
Elles aussi et aussi des hirondelles d’argent sur le métier de la pluie
Tu verras l’horizon s’entrouvrir
et c’en sera fini tout à coup du baiser de l’espace
Mais la peur n’existera déjà plus et les carreaux du ciel et de la mer
Voleront au vent plus fort que nous
Que ferai-je du tremblement de ta voix
Souris valseuse autour du seul lustre qui ne tombera pas
Treuil du temps
Je monterai les cœurs des hommes
Pour une suprême lapidation
Ma faim tournoiera comme un diamant trop taillé
Elle nattera les cheveux de son enfant le feu
Silence et vie
Mais les noms des amants seront oubliés
Comme l’adonide goutte de sang
Dans la lumière folle
Demain tu mentiras à ta propre jeunesse
A ta grande jeunesse luciole
Les échos mouleront seuls tous ces lieux qui furent
Et dans l’infinie végétation transparente
Tu te promèneras avec la vitesse
Qui commande aux bêtes des bois
Mon épave peut-être tu t’y égratigneras
Sans la voir comme on se jette sur une arme flottante
C’est que j’appartiendrai au vide semblable aux marches
D’un escalier dont le mouvement s’appelle bien en peine
A toi les parfums dès lors les parfums défendus
L’angélique
Sous la mousse creuse et sous tes pas qui n’en sont pas
Mes rêves seront formels et vains
comme le bruit de paupières de l’eau dans l’ombre
Je m’introduirai dans les tiens pour y sonder la profondeur de tes larmes
Mes appels te laisseront doucement incertaine
Et dans le train fait de tortues de glace
Tu n’auras pas à tirer le signal d’alarme
Tu arriveras seule sur cette plage perdue
Où une étoile descendra sur tes bagages de sable
(André Breton)
Posted in poésie | Tagué: (André Breton), aile, alarme, amant, amour, angélique, apparaître, appartenir, appel, argent, arme, arriver, écho, écrire, égratigner, épave, étoile, bagage, baiser, barque, bête, blanc, bois, cachot, carreau, cheveux, ciel, coeur, comète, commander, complètement, contempler, creux, défendu, descendre, diamant, disparaître, doucement, eau, enfant, escalier, espace, exister, faim, feu, fini, fleur, fleuve, flotter, forêt, formel, fort, fou, foufroyer, fuseau, glace, goutte, guider, haut, heure, hirondelle, homme, horizon, incertain, infini, invincible, jeter, jeunesse, jour, laisser, larme, lieu, liqueur, luciole, lumière, lustre, main, marche, métier, mentir, mer, monter, mort, motif, mouler, mousse, mouvement, natter, noir, nom, nuit, observer, ombre, oublier, parfum, passer, paupière, pause, pêcher, peine, perdu, peur, pieuvre, plage, pluie, précipice, profondeur, rêve, rose, s'appeler, s'appuyer, s'entrouvir, s'introduire, sablebruit, sang, se promener, semblable, sentir, seul, signal, silence, soleil, sonder, souris, suinter, tailler, temps, tendrement, tirer, tomber, tortue, tournoyer, train, transparent, travail, tremblement, treuil, unique, vain, valseur, végétation, veillée, vent, vers, vide, vie, vitesse, voile, voir, voix, voler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2023
Renaître
Porté par le reflux des sèves
Par ces paroles qui font l’été
Par ces soleils gorgés d’échos
Tu graviras coeurs et sentiers
Tu ne cesseras de renaître
Taillant brèches et mots
Dans la paroi des jours.
(Andrée Chedid)
Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion
Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), écho, été, brèche, cesser, coeur, gorger, gravir, jour, mot, paroi, parole, porter, reflux, renaître, sève, sentier, soleil, tailler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2023
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Paroles de terre
Hantée par nos soifs
Taillée par nos rêves
Provoquée par d’autres voix
La Parole
Jaillie des bouches humides
Soulève les sédiments du songe
Remue les herbes de la mémoire
Laboure les champs d’avenir
Mêlée d’ancêtres et de présence
Gorgée de chants et de peurs
La Parole
Brûle à travers âges
S’aventure
Ensemence
S’accroît
et retentit !
(Andrée Chedid)
Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion
Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), ancêtre, avenir, âge, bouche, brûler, champ, chant, ensemencer, gorger, hanter, herbe, humide, jaillir, labourer, mémoire, mêler, parole, peur, présence, provoquer, rêve, remuer, retentir, s'accroître, s'aventurer, sédiment, soif, songe, soulever, tailler, terre, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 juillet 2023
Illustration: ArbreaPhotos
Dans le tourbillon et le fracas de la vie,
ô Beauté taillée dans la pierre,
tu restes muette et tranquille,
solitaire et lointaine.
A tes pieds l’éternel Amour murmure :
« Parle, parle-moi mon adorée ;
parle, ma bien-aimée. »
Mais tes paroles
restent figées dans la pierre,
ô insensible Beauté.
(Rabindranath Tagore)
Recueil: Le Jardinier d’Amour
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), adoré, amour, éternel, beauté, bien-aimé, figer, fracas, insensible, lointain, muet, murmurer, parler, parole, pied, pierre, rester, solitaire, tailler, tourbillon, tranquille, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 février 2023
JE TUE LE TEMPS
Je tue le temps en taillant dans la houille.
Engorgé je me débarrasse ou j’essaie.
Je tue le temps au vin rouge, à la délicatesse,
à la franche gaieté, à la morale,
à l’excès de zèle, à qui perd gagne, à la boussole,
avec un miroir d’emprunt,
avec un regard farouche,
avec un sourire componctueux,
avec une envie de pleurer.
Je tue le temps à creuse rêverie,
avec un marteau-piqueur, avec un petit flageolet,
avec une superbe convoitise,
avec une raillerie épaisse,
en toute bonne foi, avec un oeil en coin,
avec les discours habituels, avec des mots écrits,
avec du vent.
Je n’approche pas du recours imaginé.
Je tue le temps. Je taille en suffoquant, j’essaie.
Je tue le temps. Si un faucon au poing j’allais,
je saurais faire.
(André Frénaud)
Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (André Frénaud), aller, approcher, écrit, épais, bon, boussole, coin, componctueux, convoitise, creux, délicatesse, discours, emprunt, engorger, envie, essayer, excès, faire, farouche, faucon, flageolet, foi, franc, gaîté, gagner, habituel, houille, imaginer, marteau-piqueur, miroir, morale, mot, oeil, perdre, pleurer, poing, raillerie, rêverie, recours, regard, savoir, se débarrasser, sourire, suffoquer, superbe, tailler, temps, tuer, vent, vin, zèle | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2022
Il a taillé la haie
avant de mourir.
Elle reprend de plus belle.
(Anne Tardy)
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Anne Tardy), de plus belle, haie, mourir, tailler | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 mars 2021
La Dame de Syros
Bras croisés sur moi-même
je suis ma propre cage
à la fois prison et prisonnière
Visage absent du visage
nez repérant les morts serrés dans leurs bandelettes
ma silhouette silencieuse régnait
sur toute une nécropole
Le sculpteur de Syros le voulait il
m’avait élaguée tel un arbre malade
tailié le superflu à ma survie
effacé l’excédent à ma
temporalité gardé le cri invisible
le regard gelé tourné vers l’intérieur
Le sculpteur de Syros m’a voulue longiligne
comme un pieu
muette comme l’argile
immobile dans mon ossature
bras croisés au seuil de l’infini
(Vénus Khoury-Ghata)
Recueil: La Dame de Syros
Traduction:
Editions: Ekphrasis
Posted in poésie | Tagué: (Venus Khoury Ghata), absent, arbre, argile, élaguer, bandelette, bras, cage, cri, croiser, effacer, excédent, garder, geler, immobile, infini, intérieur, invisible, longiligne, malade, mort, muet, nécropole, nez, ossature, pieu, prison, prisonnier, propre, règner, regard, repérer, sculpteur, serrer, seuil, silencieux, silhouette, superflu, survie, tailler, temporalité, tourner, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 mars 2021
La Tête à couper
Homme de nulle part
Immobile sur la page blanche de la langue
Couteau dans la gorge
Homme de nulle part
qui broie le langage et ses pierres
comme d’autres broient leurs vertèbres
Homme de nulle part
dont tous les sens se jettent dans le vide
exilé dans la langue
Homme de nulle part
Photocopie recto A4 noir et blanc
que l’on lave sur les murs d’un business plan
Homme de nulle part
Photocopie du caporal-solitude
Voix étouffée du quotidien
Homme de nulle part
Chômeur de longue haleine
Ils te jetteront du haut d’une montagne
taillée à pic dans tes entrailles
Balayés par la pluie
tes rêves ne laisseront aucune trace.
(Christophe Dauphin)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil: Totems aux yeux de rasoir, poèmes 2001-2008
Traduction:
Editions: Librairie-Galerie Racine
Posted in poésie | Tagué: (Christophe Dauphin), à-pic, étouffer, balayer, blanc, broyer, business plan, caporal, chômeur, couper, couteau, entrailles, exiler, gorge, haleine, haut, homme, immobile, laisser, langage, langue, laver, long, montagne, mur, noir, numme part, page, photocopie, pierre, pluie, quotidien, rêve, recto, se jeter, sens, solitude, tailler, tête, trace, vertèbre, vide, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2021
C’EST UN COQ…
C’est un coq dont le cri taille à coups de ciseaux
l’azur net qui s’aiguise au tranchant du coteau.
Mais je veux autre chose encore?
C’est la salle à manger sur un parc, à midi.
Une femme en blanc, lourde et blonde, pèle un fruit.
— Je veux voir autre chose encore?
C’est une eau tendrement aimée par le village
qui s’y mire et dénoue sur elle ses feuillages,
— Je veux voir autre chose encore?
Mais quoi donc? — Oh! Tais-toi, car je souffre!
Je veux je veux voir, je veux voir au-delà de mes yeux
je ne sais quelle chose encore…
(Francis Jammes)
Recueil: Clairières dans le Ciel
Traduction:
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (Francis Jammes), aimer, au-delà, azur, blond, ciseau, coq, coteau, coup, cri, dénouer, eau, encore, femme;blanc, feuillage, fruit, lourd, midi, net, parc, peler, quoi, s'aiguiser, salle à manger, savoir, se mirer, se taire, souffrir, tailler, tendre, trancher, village, vouloir, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2021
Illustration: James Jacques Joseph Tissot
Dans la barque oubliée,
le fil des reflets
nous emporte le
long des rives
aux verts contrastés.
Jaillissent des boutons rosés,
curieux, par milliers,
tendus vers le bleu du ciel.
Avec urgence
ils froissent leurs pétales de soleil.
Les friselis des arbres fleurissent
retiennent leur rire
devant le vert franc
des nuages de canopée bien taillés.
bambous
bambous noirs
bambous
bambous droits
pulse le vert tendre
A travers les entrelacs des branches
la transparence s’apprivoise.
Elle verdit
au plus près des nervures,
le grand écart de la sève
qui n’attend plus.
Lumière à ne plus savoir
à voguer sur l’instant
à fermer nos paupières chlorophylles.
Les pierres ont guidé nos errances.
Le pont moussu n’a pas arrêté notre barque
et sans cesser
la lumière douce du couchant
nous berce encore dans son sillage.
(Brigitte Sensevy)
Recueil: Bruissement d’elles
Traduction:
Editions: L’Harmattan
Posted in poésie | Tagué: (Brigitte Sensevy), arbre, arrêter, attendre, à travers, écart, bambou, barque, bercer, bleu, bouton, branche, canopée, cesser, chlorophylle, ciel, constrater, couchant, curieux, doux, droit, emporter, encore, entrelacs, errance, fermer, fil, fleurir, franc, friselis, froisser, guider, instant, jaillir, long, lumière, millier, moussu, nervure, noir, nuage, oublier, paupière, pétale, pierre, pont, pulser, reflet, retenir, rire, rive, rose, s'apprivoiser, savoir, sève, sillage, soleil, tailler, tendre, transparence, urgence, verdir, vert, voguer | Leave a Comment »