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Poésie

Posts Tagged ‘voguer’

COLLECTE (Luba Yakymtchouk)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2024




    
COLLECTE

Mais l’eau va descendre
Laissant apparaître les puits des mines
Telle une plante mystérieuse et tentaculaire
Et l’eau comme l’amour
Avalera tout d’une gorgée —
Pour ramasser les débris
Et enfantera la mer
Nouvelle et vivante
Et donnera naissance aux nouveaux
Non pas les hommes
Qui vogueront comme les poissons
Là où on n’a plus besoin d’hommes

***

(Luba Yakymtchouk)

Recueil: Les Abricots du Donbas
Traduction: de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin)
Editions: des femmes

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ADIEU LOUISON MON COEUR (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023




    
ADIEU LOUISON MON COEUR

1

Adieu chère Louison
Il faut partir tout de bon
Je vais voguer sur ces flots.
Dedans mon vaisseau
Conserve moi tes amours.
Chère mignonne.
Belle quand je reviendrai
Je t’épouserai.

2

Va, tu me perces le cœur
De m’annoncer ce malheur.
Voudrais-tu m’abandonner,
Et me quitter ?
Tu dois pourtant cher amant
Connaître mon zèle.
Me laissant dans l’embarras
Je cours au trépas.

3

Rassure toi de ma foi,
Belle, je n’aime que toi.
Tu connaîtras ton amant
Toujours constant.
Non, jamais d’autres beautés
Ne saurons me plaire.
Je te promets mon cher cœur
De faire ton bonheur.

4

Je crains que le mauvais temps
Ne fasse du changement
Lorsque la mer est agitée,
Vient à gronder,
L’on est fort embarrassé
Dans la nuit obscure.
Tu regretteras le moment
De l’embarquement.

5

Le grand dieu des matelots
Gardera notre vaisseau.
Lui seul peut nous préserver
De tous ces dangers.
Va, nous serons gouvernés
Par un bon pilote
Qui nous conduira au port,
Fera ses efforts.

6

Adieu mon fidèle amant.
Que ce départ est surprenant,
Me causera aujourd’hui Des pleurs !
Ah quelle douleur
Ressouviens-toi, cher amant,
De ta maîtresse
Que tu laisses sans secours
Jusqu’à ton retour

7

Il faut donc vous dire adieu
Embrassons-nous tous les deux.
Que le départ est fâcheux.
Dans ce triste lieu
L’équipage est préparé.
J’entends que l’on m’appelle.
Adieu Louison, mon cœur
Je pars tout à l’heure.

8

Dieu, soyez mon protecteur.
De Colin mon serviteur
Vous pouvez le préserver
De tous les dangers.
Il me quitte en effet
L’objet que j’aime.
Mais je languirai toujours
Jusqu’à ton retour.

(Chansons du XVIIIè)

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LE SANCTUAIRE DE NOOS (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2023




    
LE SANCTUAIRE DE NOOS

Entre dans mon sanctuaire.
Il vogue sur l’estuaire
Où la mer pénètre à flots
Pour que le reflux t’emporte
Au rythme d’autres galops,
Laisse ton corps à la porte

Plonge dans mes eaux sereines
J’ai des algues souveraines
Qui désagrègent les ans
Et ton âme à leur fragrance
Dans le remous des jusants
S’abreuvera de jouvence

Si tu crains que cette rose
Ne se fane à peine éclose
Certes il ne tient qu’à toi,
A ta rigueur de vestale,
De transmuer dans la foi
En or pur chaque pétale

Si ma lumière irisée
Te paraît trop tamisée
Si trop prompte à se voiler
Sa flamme toujours vacille,
C’est par crainte d’aveugler
Ton regard qui se dessille

Si ma surface habitée
Te paraît trop limitée,
S’il te coûte d’accepter,
Dans ta requête obstinée
S’il t’arrive de heurter
Une porte condamnée,

C’est que n’a pas sonné l’heure
C’est qu’il faut qu’un spectre meure
C’est que pour ouvrir j’attends
Que ton aile soit plus forte
Et qu’au-dessus des étangs
Dans l’éther elle t’emporte

Vers un autre sanctuaire
Sans limite ni frontière
Vaste comme l’univers
Où sans fin, de sphère en sphère,
Tu verras à découvert
Tout s’embraser de lumière.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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MÉTAMORPHOSE (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 13 septembre 2023



    

MÉTAMORPHOSE

Un jour vient où la chenille
Lasse d’avoir trop rampé,
Seule, se recroqueville
Dans un cocon tout fripé

Elle abandonne sa place
Sur les feuilles du mûrier
Sa bouche, jadis vorace,
Ne songe plus à broyer

Momie encore vivante
Elle livre son destin
Aux bandelettes qu’invente
Un écheveau de satin

Dans un va-et-vient d’aiguille
Ce fil coud son corps si bien
Que de l’ancienne guenille
Il ne demeure plus rien

Qu’un ductile sarcophage
Insolite sur la mer
Voguant vers des cieux d’orage
Jusqu’à l’invisible éclair

Dont la cisaille divise
D’un rectiligne sillon
La chrysalide où s’irise
Dans la soie, un papillon

Un papillon dont les ailes
En filaments diaprés
S’enflamment aux étincelles
De pétales empourprés

Un papillon qui dispose
Pour féconder tant de fleurs
Du temps que met une rose
Pour recueillir quelques pleurs

Mais orfèvre, à l’étamine
Il puise un pollen si fin
Qu’il a, quand le soir décline,
Semé d’or tout un jardin.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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Pourtant j’ai souvent la sensation (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023



Illustration: Edvard Munch
    
Pourtant j’ai souvent
la sensation que je dois
éprouver cette angoisse —
elle m’est nécessaire
— et que je ne pourrais pas
vivre sans — Souvent
je ressens aussi que la maladie
a été nécessaire — Dans
les périodes sans angoisse
et sans maladie je me suis
senti comme un bateau
voguant par vent violent —
mais sans gouvernail
— et me suis demandé vers où?
où vais-je échouer ?

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

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Toutes les natures ont leur inclination (Dante)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2023



Illustration: Josephine Wall
    
Toutes les natures ont leur inclination,
plus ou moins, selon leurs genres divers,
rapprochées de leur principe :

d’où vient qu’elles voguent vers divers ports
à travers la grande mer de l’Etre,
emportées chacune par l’instinct qu’elle a reçu :
celui-ci emporte le feu vers la lune ;
celui-ci meut les cœurs mortels ;
celui-ci condense et unit en une masse la terre.

Et les flèches de cet arc n’atteignent pas seulement
les créatures privées d’intelligence,
mais celles aussi douées d’intelligence et d’amour.

La Providence ordonnatrice de ce vaste tout,
par l’effusion de sa lumière
maintient perpétuellement en paix le ciel
où tourne le Cercle le plus rapide.

(Dante)

 

Recueil: Paradis
Traduction:
Editions:

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Bref (Barbara)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2023



Illustration: Margarita Sikorskaia
    
Bref

La fille, pour son plaisir,
Choisit le matelot.
L’eau voulut des navires
Pour voguer à son eau.
L’homme choisit la guerre
Pour jouer au soldat
Et partit pour la faire
Sur l’air de « Ca ira ».
Bref, chacun possédait
Ce qu’il avait souhaité.

Moi, je voulais un homme
Ni trop laid, ni trop beau,
Qui promènerait l’amour
Sur les coins de ma peau,
Un homme qui, au petit matin,

Me prendrait par la main
Pour m’emmener croquer
Un rayon de soleil.
Moi, je voulais un homme.
A chacun sa merveille
Et la vie, en passant
Un jour, me l’amena.

Puis, la fille prit des coups
Par son beau matelot.
La guerre, en plein mois d’août,
Nous faucha le soldat.
Le navire qui passait
Juste à ce moment-là,
Le navire qui passait
Prit l’eau et puis coula.
Bref, on ne sait pourquoi
Mais tout se renversa.

Moi, je pris en plein coeur
Un éclat de son rire
Quand il jeta mon bonheur
Dans la fosse aux souvenirs.
Je le vis s’en aller,
Emportent mon soleil,
Emportant mes étés.
J’avais voulu un homme.
J’aurais dû me méfier :
Cette garce de vie,
Un jour, me le reprit.

Qu’importe si la vie
Nous donne et nous reprend
Puisqu’ici-bas, tout n’est
Que recommencement.
La fille, pour son plaisir,

Reprendra des matelots.
On refera des navires
Pour le ventre de l’eau.
Y aura toujours des guerres
Pour jouer aux soldats
Qui s’en iront les faire
Sur l’air de « Ca ira ».

Eh ben moi, je reprendrai un homme.
Pas de mal à ça,
Un homme.
Les hommes, j’aime ça.
Un homme, un homme, un homme…

(Barbara)

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DANS L’ESTUAIRE VOGUE LE NAVIRE (Zhu Xi)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
DANS L’ESTUAIRE VOGUE LE NAVIRE

La nuit dernière sur le petit navire : un ciré pour la pluie,
Plein fleuve de vent et de vagues : à la nuit qu’y faire ?
Ce matin seul, on veut rouler la toile pour regarder,
Rien n’a changé : des montagnes bleues et des bois verts partout.

***

(Zhu Xi) (1130-1200)

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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Au fond de l’abîme (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022



 

Au fond de l’abîme
Je vogue à la voile

Alors qu’une étoile

S’accroche à la cime.

(Jean-Baptiste Besnard)

 

Illustration

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Errance (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2022



Errance

Sans cesse je vais
Sous des ciels mouillés
Sur des eaux où flottent
Voyages et rêves

Je vais où fleurit
La rose des vents
Sur la mer où voguent
Les pêcheurs de lunes.

(Jean-Baptiste Besnard)

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