Posts Tagged ‘se demander’
Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023

Il a une voiture depuis peu.
Il est en vacances.
Tous les matins
Il vient faire le ménage
De sa voiture.
Il rentre d’abord dedans
Sort le bras gauche
Met la main sur le toit
Et tapote avec trois doigts
En sifflotant
Il est content.
Puis il sort.
Il la regarde
En fait le tour
La caresse
Il l’aime.
Il lui flanquerait une petite panne
Avec plaisir,
Rien que pour pouvoir lui traficoter
Le ventre
Et se servir des outils tout neufs
Dans le bel étui.
On se demande où est sa femme
Pendant ce temps-là.
(Georges Perros)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023

Illustration: Edvard Munch
Pourtant j’ai souvent
la sensation que je dois
éprouver cette angoisse —
elle m’est nécessaire
— et que je ne pourrais pas
vivre sans — Souvent
je ressens aussi que la maladie
a été nécessaire — Dans
les périodes sans angoisse
et sans maladie je me suis
senti comme un bateau
voguant par vent violent —
mais sans gouvernail
— et me suis demandé vers où?
où vais-je échouer ?
(Edvard Munch)
Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais
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Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023

Mon nez vieillit
Ouaip.
Septembre, long regard paresseux
dans le miroir,
mais dis donc c’est vrai :
j’ai 31 ans
et mon nez
vieillit.
Ça commence à
un pouce
sous l’arête
et retombe gériatriquement
d’un pouce environ
avant de faire
halte.
Par chance, le reste
du nez est comparativement
jeune.
Je me demande si les filles
voudront de moi avec mon
vieux nez.
je les entends d’ici
les garces sans coeur !
« Il est adorable
mais son nez
est vieux. »
***
My Nose Is Growing Old
Yup.
A long lazy September look
in the mirror
says it’s true:
I’m 31
and my nose is growing
old.
It starts about
an inch
below the bridge
and strolls geriatrically
down
for another inch or so:
stopping.
Fortunately, the rest
of the nose is comparatively
young.
I wonder if girls
will want me with an
old nose.
I can hear them now
the heartless bitches!
« He’s cute
but his nose
is old ».
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
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Posted in poésie | Tagué: (Richard Brautigan), adorable, arête, chance, coeur, commencer, comparativement, entendre, fille, garce, gériatrie, halte, ici, jeune, long, miroir, nez, paresseux, pouce, regard, rester, retomber, se demander, septembre, vieillir, vouloir, vrai | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 août 2022

Illustration: Frédéric Rébéna
Le vieil homme et le chaton
Les volets sont ouverts sur le soleil de mai
Dans le lit le vieil homme se demande s’il vit
encore Il a du mal à faire entrer un peu d’air
dans ses poumons Il s’y prend doucement
pour respirer très lentement
avec une légère douleur
quand un filet d’air se glisse dans les bronches
Au pied du lit où le vieil homme attend la mort
un enfant chat joue avec la pantoufle du vieux
C’est un chaton tout noir le pelage tout doux
Le vieil homme ferme les yeux Le soleil l’éblouit
L’enfant chat regarde le soleil les yeux dans les yeux
Il est content de tout d’être noir et fourrure
Il saute comme une puce attaque la pantoufle
en combat singulier Il en sera vainqueur
Le vieil homme lui est sûr qu’il va perdre
Il ouvre les yeux Il regarde le chat
Le chat regarde l’homme et miaule doucement
Il ne sait pas très bien ce qu’il voudrait dire
mais il sent que le vieux a très bien tout compris
et la mort un instant s’arrête de mourir
(Claude Roy)
Recueil: Poèmes de Claude Roy
Traduction:
Editions : Bayard Jeunesse
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Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), air, attaquer, attendre, éblouir, bronche, chat, chaton, combat, comprendre, content, dire, doux, encore, enfant, entrer, fermer, filet, fourrure, homme, instant, jouer, lent, lit, mai, mal, miauler, mort, mourir, noir, ouvrir, pantoufle, pelage, perdre, poumon, puce, regarder, respirer, s'arrêter, sauter, savoir, se demander, se glisser, sentir, soleil, vainqueur, vieux, vivre, volet, vouloir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 mars 2022

Illustration: Daniel Ridgway
Les quatre-heures
A quatre heures, sous un arbre, on boit le café.
Une petite fille bien sage
l’a apporté dans un panier
avec le pain et le fromage;
il n’est ni trop froid ni trop chaud
il est tout juste comme il faut.
Les hommes et les femmes sont assis en rond,
chacun sa tasse à la main; ils parlent
du temps qu’il fait, de la moisson
qui va venir, et des ouvrages
qui changent selon les saisons,
mais sont toujours aussi pressants,
si bien qu’on n’a jamais le temps…
Le temps de quoi?… on se demande.
Un oiseau bouge dans les branches, les
sauterelles craquent dans le foin…
Oui, le temps de quoi?… Et on se regarde.
Mais, dès qu’on a vidé sa tasse, dès
qu’on a mangé à sa faim: «Est-ce
qu’on y va?… » Vous voyez bien: on
n’a jamais le temps de rien.
(Charles-Ferdinand Ramuz)
Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite
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Posted in poésie | Tagué: (Charles-Ferdinand Ramuz), aller, apporter, arbre, boire, bouger, branche, café, changer, chaud, craquer, en rond, faim, femme, foin, froid, fromage, homme, jamais, juste, main, manger, moisson, oiseau, ouvrage, pain, panier, parler, petite fille, pressant, quatre-heure, rien, sage, saison, sauterelle, se demander, se regarer, tasse, temps, venir, vider, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 février 2022

Illustration: ArbreaPhotos
Parfois, en ces jours à la lumière exacte et parfaite,
En lesquels les choses ont toute la réalité qu’elles peuvent avoir,
Je me demande à moi-même lentement
Pourquoi je vais moi aussi jusqu’à attribuer
De la beauté aux choses.
De la beauté, une fleur en aurait-elle par hasard ?
Un fruit aurait-il par hasard de la beauté ?
Quе non : ils ont couleur et forme
Et existence, rien de plus.
La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas
Quе je donne aux choses en échange du plaisir qu’elles me donnent.
Elle ne signifie rien.
Alors pourquoi est-ce que je dis des choses : elles sont belles ?
Eh oui, même en moi, qui ne vis que de vivre,
Invisibles, ils s’immiscent, les mensonges des hommes
Devant les choses,
Devant les choses qui tout simplement existent.
Qu’il est difficile d’être soi-même et de ne voir que le visible!
(Fernando Pessoa)
Recueil: Oeuvres poétiques
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 4 avril 2021

Je me demande
Voici mon visage aujourd’hui, rien à faire.
Des cernes marqués, des cheveux mal coiffés,
des lèvres gonflées. C’est tout.
Je me demande, car je peux le faire,
à quoi ressemblera aujourd’hui ton visage ;
pendant que ton cœur bat à rebours,
depuis quatre ans déjà,
sous terre.
***
Me pregunto
Definitivamente este es mi rostro de hoy.
Ojeras marcadas, pelo desparejo;
los labios hinchados. Nada más.
Me pregunto, porque puedo hacerlo,
cómo será tu rostro de hoy;
mientras tu corazón late al revés,
hace ya cuatro años
bajo la tierra.
(Fabián Casas)
Recueil: Le Voyage du saumon
Traduction: Traduit de l’espagnol (Argentine) par Julia Azaretto
Editions:
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Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2021

Illustration
MANGO
Je m’appelle Mango et le soir tombe sur la lagune d’Ébrié.
Il n’y a que le bruit de ma pagaie dans l’eau à peine mouvante.
Et mon frère, derrière moi, qui essaie de me rejoindre,
Déjà confondu dans la mer des ombres, et détaché de ma solitude.
Je suis Mango, le pêcheur de carpes et je vais vers ma femme,
Vers mes enfants,
Vers ma paillote. Qui m’attendent.
Quelle est mon attente ?
Les jours sont pareils, pareilles sont les nuits, pareils les visages de ma vie.
Quelle est mon attente ?
L’obscurité déjà m’enveloppe, et je ne suis plus qu’une silhouette,
Sur la lagune d’Ébrié,
Sous le ciel encore mauve avant de s’éteindre dans mon coeur au sang noir.
Je n’étais plus Mango, tantôt, au milieu de la lagune d’Ébrié,
Mais l’air humide et lourd qui couvrait mon corps nu ;
Mais l’eau qui me portait ;
J’étais tout et l’infini de mes paysages,
J’étais la forêt et la savane.
Je n’étais plus Mango, mais le chant qui sourd au fond de moi,
Âme de toutes les âmes,
Respiration secrète du fromager et du feu flamboyant.
J’étais terre et eau, et la sève de l’arbre enraciné dans la vérité de ma nature.
Maintenant, je m’approche de la rive obscure,
Et je retournerai parmi vous, mes amis :
Vous me demanderez qui je suis ?
Je serai le matin où je vous ai quittés et la nuit de mon retour.
Je serai le lieu entre deux pôles et vêtu d’univers,
Ma voix montera des origines avec le murmure des sources.
J’ai peu du poids que je porte en moi :
C’est le poids de ma vérité et le poids du monde.
Je suis Mango, le pêcheur de la lagune d’Ébrié, et vous ne me reconnaîtrez pas.
(Adrien Jens)
Recueil: Je est un autre Anthologie des plus beaux poèmes sur l’étranger en soi
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020

Illustration: Pascal Renoux
MÉDITATION
Il me dit
que je suis un ange
et caresse ma tête.
Puis, s’enfonce
dans le premier corps de femme
émergé du mur en liège
de la terrasse
et moi, depuis des années je me demande
laquelle de mes deux moitiés sombres
est la plus angélique.
(Aksinia Mihaylova)
Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard
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