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Poésie

Posts Tagged ‘surprendre’

Sous le ciel écarlate (Jean-Claude Pirotte)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2024



Illustration
    
sous le ciel écarlate
l’espoir d’une autre vie
emplit un coeur mystique

le soir vient comme un baume
et les oiseaux se taisent
on surprend la chevêche

dans la forêt prochaine
un fantôme d’ermite
prie au pied du vieux chêne

(Jean-Claude Pirotte)

Recueil: Plein emploi
Editions: Le Castor Astral

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Il se pourrait (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2024



Illustration: Eric Principaud
    
Il se pourrait que la clarté soit dans le dos
et pivote avec moi
quand je me retourne vivement pour la surprendre.

Il se pourrait que cette apparence de jeu soit la plus
sérieuse donnée physiologique
et que la clarté soit une partie de moi,
celle de derrière.

Il se pourrait qu’il n’y ait pas eu erreur mais pureté :
la clarté, sans mains ;
les yeux donc, près d’autres yeux.

Il se pourrait que tout tende à ouvrir quelque chose,
à nous mettre les mains ou les yeux
dans l’unique clarté tangible,
dans le dos de l’autre,
nous apprenant à faire volte-face dans l’autre.

Il se pourrait que la clarté soit un organe
pour multiplier l’obscur à travers nous,
par on ne sait quelle affaire sans nous.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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CRAVATE NOIRE (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2024



Illustration
    
CRAVATE NOIRE

[…]

Écris que je pleure à cause des mères.
De mes mères plus anciennes.
Des fines et belles
amantes aux fenêtres,
que le mort a surprises inabouties
et qui traînent leurs journées, maternelles
sur les photographies d’un salon
et les broderies.

Je pleure à cause des lumières qui s’allument
et de dimanche ce chat pelotonné
à ma fenêtre.
La peur met ses beaux habits
et attend.
Écris.
Que je pleure à cause des cyclones,
du peu de nourriture,
de tous les Peu,
des séismes
qui ne préviennent pas.

Je pleure car elle est venue en vain,
la nouvelle qu’hier tu as vu
le premier papillon.
je pleure car l’éphémère n’est pas une nouvelle.

Écris. Je pleure
car le hasard s’est enfermé chez lui,
le sursis est arrivé au bourreau,
la gourde est arrivée au désert,
la Jeunesse est arrivée à la photo.
Je pleure car qui sait qui fermera
les yeux de mes jours.

Arrose toi-même la plante
et laisse-moi pleurer car…

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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DANSE (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2024




    
DANSE

Dansons la Capucine…
Que le bonheur est doux !
J’en vois chez la voisine
Mais ce n’est pas pour nous.

Mes vers, dansons la ronde,
Mes vers jeunes et fous,
Je n’ai plus rien au monde
Que le plaisir de vous.

Ma peine solitaire
Crie à remplir le soir.
Chantons, faisons-la taire,
Dansons dans mon coeur noir.

Dansons, tonton, tontaine,
Chantons un air vermeil
Qui vous prend et vous mène
D’un saut en plein soleil.

Dans mon coeur, hors du monde,
Voici le mois de Mai !…
— Dansons une seconde
Comme si c’était vrai ! —

En moi l’azur se lève
Loin de mon sort obscur,
— Vite dansons en rêve
Comme si c’était sûr ! —

Dansons, chansons légères,
En rond. Donnez vos mains,
Cueillons les passagères
Musiques des chemins.

Entrez tous dans la danse,
Jours tendres, jeunes mois,
Enlacez en cadence
Vos souffles à ma voix.

Mars, entre ! Je t’attrape,
Espiègle ! Vert cabri
Qui de l’hiver t’échappes,
Trop las d’être à l’abri.

Entrez, Avril la folle
Qui rit entre ses pleurs,
Mai dont le coeur s’envole
Dans le pollen des fleurs ;

Entrez ! Sur la pelouse,
Dansez, mois gais, mois purs…
Mais le reste des douze
Est trop vieux ou trop mûr…

Entrez, les enfantines
Minutes du matin
Qui tournez argentines
Au fond d’un vieux jardin ;

Entrez, naïves heures,
Vos nattes dans le dos…
Mais va-t’en, toi qui pleures,
Jeunesse, le coeur gros.

Entrez, les téméraires
Espoirs, d’un saut trop prompt,
Comme des petits frères
Qui se cognent le front ;

Entre, timide joie,
Comme avec sa douceur,
Son col frêle qui ploie,
Une petite soeur ;

Entrez, cousins, cousines,
Jeux, cris, rires légers ;
Entrez, voisins, voisines,
Plaisirs, beaux étrangers.

Sautons dans l’herbe brune
Ou rose avec le vent,
Et sautons dans la lune
Si nous passons devant !

Si quelqu’un nous rencontre,
Giroflé, Girofla,
Dans la lune et nous montre
Qu’il faut sortir de là ;

Si ce garde champêtre
Interroge nos chants,
Gai ! Nous l’enverrons paître
Le trèfle de ses champs.

Si quelque effroi circule
Dans l’ombre tout à coup,
Menons au crépuscule
La ronde au nez du loup.

Dansons ! Si la fortune
Nous rejoint par ici,
Dansons ! De l’importune,
Qui de nous a souci ?

Si la gloire elle-même
Rit à côté de nous,
Dansons, mes vers, je n’aime
Que courir après vous.

Mais si l’amour qui passe
Nous surprend à baller…
Chut ! Laissez-le de grâce
À mi-voix me parler.

(Marie Noël)

 

Recueil: Les Chansons et les Heures / Le Rosaire des joies
Editions: Gallimard

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CHERCHE TA PLACE (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2024



 Illustration: Robert Cattan
    
CHERCHE TA PLACE

Je m’en vais cheminant, cheminant, dans ce monde,
Chaque jour je franchis un nouvel horizon.
Je cherche pour m’asseoir le seuil de ma maison
Et mes frères et soeurs pour entrer dans leur ronde.

Mais las ! J’ai beau descendre et monter les chemins,
Nul toit rêveur ne m’a reconnue au passage,

Et les gens que j’ai vus ont surpris mon visage
Sans s’arrêter, sourire et me tendre les mains.
Va plus loin, va-t’en ! qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place…

J’ai vu sauter dans l’herbe et rire au nez du vent
Des filles pleines d’aise et de force divine

Qui partaient, le soleil sur l’épaule, en avant,
L’air large des pays en fleurs dans la poitrine…
Ah ! pauvre corps frileux même sous le soleil
Qui sans te ranimer te surcharge et te blesse.

Toi qu’un insecte effraye, ô craintive faiblesse,
Honteuse d’être pâle et d’avoir tant sommeil.

Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.

Ainsi qu’à la Saint-Jean les roses de jardin,
Fleurs doubles dont le coeur n’est plus qu’une corolle,
J’ai regardé fleurir autour de leur festin
Les reines, les beautés qu’on aime d’amour folle.

Las ! je t’ai vue aussi, toi, gauche laideron,
Mal faite, mal vêtue, âme que son corps gêne,

Herbe sans fleur que le vent sèche avec sa graine
Et que ne goûterait pas même un puceron…
Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.

De rien sachant tout faire, ici menant le fil,
Puis là, dessus, dessous, vite, vite, des fées,

Sous leurs doigts réguliers trouvent un point subtil,
Sans avoir l’air de rien, calmes et bien coiffées…
Toi qui pour ton travail uses le temps en vain,
Toi dont l’aiguille borgne, attentive à sa piste,

Pique trop haut, trop bas, choppe, accroche, résiste,
Prise aux pièges du fil tout le long du chemin,

Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.

D’autres, fermes esprits, têtes pleines de mots,
Connaissent tout : les dieux, les pays, leur langage,
Les causes, les effets, les remèdes, les maux,
Les mondes et leurs lois, les temps et leur ouvrage…

Tête qui fuis, et tel un grès à filtrer l’eau.
Laisse les mots se perdre à travers ta cervelle,
Ignorante qui crois que la terre est nouvelle
Tous les matins, et tous les soirs le ciel nouveau,

Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.

D’autres ont pris leur rêve au piège et l’ont tout vif
Enfermé malgré lui dans leur strophe sonore
D’airain vaste, d’or calme ou de cristal plaintif,
Et l’applaudissement des hommes les honore…

Mais toi ! Tes rêves, comme un vol de moucherons,
T’étourdissent, dansant autour de tes prunelles,
Et ta main d’écolier trop lente pour leurs ailes
Sans en saisir un seul s’égare dans leurs ronds.

Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.

D’autres, se retirant à l’ombre de leurs cils,
Patients, cherchent la vermine de leur âme
Et pèsent dans l’angoisse avec des poids subtils
Son ombre et sa clarté, sa froidure et sa flamme.

Mais toi qui cours à Dieu comme un petit enfant,
Sans réfléchir, toi qui n’as pas d’autre science
Que d’aimer, que d’aimer et d’avoir confiance
Et de te jeter toute en ses bras qu’Il te tend,

Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.

Sans beauté ni savoir, sans force ni vertu,
Être qui par hasard ne ressemble à personne,
Je sais bien qui je suis, l’amour ne m’est pas dû
Et ne pas le trouver n’a plus rien qui m’étonne.

Mais malgré moi j’ai mal… De l’hiver à l’hiver,
Je m’en vais et partout je me sens plus lointaine,
Seule, seule, et le coeur qu’en silence je traîne
Me semble un poids trop lourd, sombre, inutile, amer…

Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.

Bah ! c’est au même lieu que les chemins divers
Aboutissent enfin, le mien comme les vôtres.
Bonne à rien que le sort conduisit de travers,
Je ferai mon squelette aussi bien que les autres.

Mais où me mettrez-vous, mon Dieu ?… Pas en enfer ;
Je n’eus pas dans le mal assez de savoir-faire.
Et pas au paradis : je n’ai rien pour vous plaire…
Hélas ! me direz-vous comme le monde hier :

Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.

N’aurai-je au dernier jour ni feu, ni lieu, ni toit
Où reposer enfin ma longue lassitude ?
Ou m’enfermerez-vous — hélas ! que j’aurai froid ! —
Dans une lune vide avec ma solitude ?…

Mais à quoi bon, Seigneur, chercher la fin de tout ?
Vous arrangerez bien ceci sans que j’y songe.
Je m’en vais, mon chemin dénudé se prolonge…
Vous êtes quelque part pour m’arrêter au bout.

(Marie Noël)

 

Recueil: Les Chansons et les Heures / Le Rosaire des joies
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le mur (Antoine Emaz)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2023


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A force, le mur ne surprend plus.
On se dit qu’il fallait bien s’attendre
à quelque chose comme ça.

(Antoine Emaz)

Illustration

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SÉDUITE, ENCEINTE, ABANDONNÉE ET FLÉTRIE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2023



    

SÉDUITE, ENCEINTE, ABANDONNÉE ET FLÉTRIE

1

Mon amant m’a abandonnée
Que je suis malheureuse.
Hélas pourquoi m’a-t-il délaissée
Quand j’étais amoureuse ?
J’ai beau gémir et soupirer,
Ma perte est douloureuse.

2

Je lui ai fait présent d’un chapeau
Bordé à point d’Espagne
Le cordon de canne le plus beau
Qui venait d’Allemagne
Et une bourse au goût nouveau.
Tout cela de mes épargnes.

3

Quand il a vu que j’avais pour lui
Un amour si violente,
Par un beau jour il m’a surpris
Que j’étais chez ma tante.
Mon pucelage il m’a ravi
Mais sa beauté m’enchante.

4

Hélas maman que dira-t-on
De moi dans le village ?
Pour une fois que j’ai été
Dessus le vert bocage,
Mon pucelage j’ai laissé
Hélas pour moi quelle disgrâce.

5

Me voilà enceinte à présent
Le fardeau me désole.
Adieu ma joie et agrément
Car ma beauté s’envole.
Beaucoup des filles en ont fait autant
De cela je me console.

6

Je lui reproche mais c’est en vain
Son action et sa conquête.
Etant donc dans le chagrin
Me répondit le traître :
« Belle j’ai cueilli votre raisin
Adieu panier vendange faite ».

7

Méfiez-vous de ce libertin
Jeunes filles à votre âge
Car ces jeunes hommes sont si malins.
N’ouvrez pas votre cage.
Et ne montrez jamais le chemin
Aux oiseaux si volages.

(Chansons du XVIIIè)

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JE NE PUIS PLUS ATTENDRE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2023



Illustration: François Boucher
    
JE NE PUIS PLUS ATTENDRE

1

Jardin rempli des charmes
Que vous êtes charmant.
Vous suspendez mes larmes
Et les maux que je ressens.
Tous les plaisirs j’éprouve
Dans ce lieu enchanté.
Heureux si je retrouve
Ma chère liberté.

2

J’adore une inhumaine
Qui ne m’aime pas .
Insensible à ma peine
Elle cause mon trépas.
Je gémis, je soupire
Enchaîné par l’amour.
Je conte mon martyr
Aux échos d’alentour.

3

Pour dissiper ma peine
Et mon cuisant chagrin
Je vais, je me promène.
Quelque tour au jardin
L’amour me favorise :
Dans ce jardin fleuri
Je vis, quelle surprise,
Ma bergère endormie.

4

Quel transport me dévore !
Qu’entends-je, où suis-je hélas !
L’amour m’occupe encore
Qui est donc, qui voilà ?
C’est Colin ou je rêve.
Le sommeil l’a surpris
Il faut que je me lève
Pour joindre mes brebis.

5

Au bord d’une fontaine
Elle était étendue
Alors mes yeux promènent.
Sa gorge toute nue.
Non jamais dans Cythère
L’amour ne fut si beau.
Cette entrevue si chère
A donné tous mes maux.

6

Je vis sur une rose
Un papillon léger,
De la sucer il n’ose
Sans prévoir le danger.
De là je vis une belle
Caresser son amant.
Que ne puis-je ma chère
En faire tout autant.

7

Doux zéphyr de l’aurore
Voltigez doucement,
La beauté que j’adore
Dort bien tranquillement.
Doux oiseaux de nos plaines
Chantez un peu plus bas.
Laissez dormir Climène
Ne l’interrompez pas.

8

Où courez-vous si vite
Insensible beauté ?
Pour vous mon cœur palpite
…. Arrêtez, arrêtez…
A des discours si tendres
Colin soit mon vainqueur.
Je ne peux plus attendre,
Je te donne mon cœur.

(Chansons du XVIIIè)

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L’ABUS SUR UNE ENDORMIE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023



Illustration: William Wynne Ryland
    
L’ABUS SUR UNE ENDORMIE

1

Un berger se vante à l’amour
Que sa bergère était fort gentille
Il l’a trouvée c’était un jour
Endormie sur l’herbe fleurie.
Parbleu dit-il, réveillons la
Pour voir un peu, pour voir un peu
Comment tout cela se fera (bis).

2

J’aperçus sous son mouchoir de soie
Deux boutons de rose vermeille
J’ai mis la main sur ce rosier
Croyant de faire épanouir la rose
Parbleu dit-il, réveillons la
Pour voir un peu, pour voir un peu,
Comment tout cela se fera (bis).

3

Après avoir touché cet endroit
Faisons dit-il autre chose
Usons pour l’éveiller enfin
Des biens que l’amour nous propose
De cette épine piquons là
Pour voir un peu, pour voir un peu
Comment tout cela se fera (bis).

4

Mon beau berger tu n’y penses pas
De me surprendre ici à l’ombrage.
Tu serais mort entre mes bras
Si je n’aurais pas pris mon courage.
Un autre fois tu me préviendras
Quand tu voudras, quand tu pourras
Me faire cela, me faire cela.

(Chansons du XVIIIè)

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Épreuves du langage (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2023



Andrée Chedid
    
Épreuves du langage
I

D’où vient le son
Qui nous ébranle
Où va le sens
Qui se dérobe
D’où vient le mot
Qui libère
Où va le chant
Qui nous entraîne
D’où surgit la parole
Qui comble le vide
Qui fauche le temps ?

II

Quel alphabet
Prend en compte
Nos clartés comme nos ombres
Quel langage
Raboté par nos riens
Ameute le souffle
Quel désir
Devient cadences
Images … métamorphoses
Quel cri
Se ramifie
Pour reverdir ailleurs
Quel poème
Fructifie
Pour se dire autrement ?

III

Issu de notre chair
Tissé de siècles
Et d’océans
Quel verbe
Criblera nos murs
Sondera nos puits
Modèlera nos saisons ?

Avec quels mots
Saisir les miettes
Du mystère
Qui nous enchâsse
Ou de l’énigme
Qui nous surprend ?

IV

Que veut la Poésie
Qui dit
Sans vraiment dire
Qui dévoie la parole
Et multiplie l’horizon

Que cherche-t-elle
Devant les grilles
De l’indicible
Dont nous sommes
Fleur et racine
Mais jamais ne posséderons ?

V

Ainsi chemine
Le langage
De terre en terre
De voix en voix

Ainsi nous devance
Le poème
Plus tenace que la soif
Plus affranchi que le vent !

(Andrée Chedid)

Recueil: Poèmes & Poèmes Les plus belles poésies de la langue française
Editions: Castor Poche

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