Illustration
Cerisiers en fleurs :
Est-il un seul arbre à l’abri
Des querelles des joueurs de dés ?
(Issa)
Traduction: Philippe Jaccottet
Editions: Fata Morga
Posted by arbrealettres sur 9 mars 2024
Illustration
Cerisiers en fleurs :
Est-il un seul arbre à l’abri
Des querelles des joueurs de dés ?
(Issa)
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Posted by arbrealettres sur 22 janvier 2024
Illustration: Robert Cattan
CHERCHE TA PLACE
Je m’en vais cheminant, cheminant, dans ce monde,
Chaque jour je franchis un nouvel horizon.
Je cherche pour m’asseoir le seuil de ma maison
Et mes frères et soeurs pour entrer dans leur ronde.
Mais las ! J’ai beau descendre et monter les chemins,
Nul toit rêveur ne m’a reconnue au passage,
Et les gens que j’ai vus ont surpris mon visage
Sans s’arrêter, sourire et me tendre les mains.
Va plus loin, va-t’en ! qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place…
J’ai vu sauter dans l’herbe et rire au nez du vent
Des filles pleines d’aise et de force divine
Qui partaient, le soleil sur l’épaule, en avant,
L’air large des pays en fleurs dans la poitrine…
Ah ! pauvre corps frileux même sous le soleil
Qui sans te ranimer te surcharge et te blesse.
Toi qu’un insecte effraye, ô craintive faiblesse,
Honteuse d’être pâle et d’avoir tant sommeil.
Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.
Ainsi qu’à la Saint-Jean les roses de jardin,
Fleurs doubles dont le coeur n’est plus qu’une corolle,
J’ai regardé fleurir autour de leur festin
Les reines, les beautés qu’on aime d’amour folle.
Las ! je t’ai vue aussi, toi, gauche laideron,
Mal faite, mal vêtue, âme que son corps gêne,
Herbe sans fleur que le vent sèche avec sa graine
Et que ne goûterait pas même un puceron…
Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.
De rien sachant tout faire, ici menant le fil,
Puis là, dessus, dessous, vite, vite, des fées,
Sous leurs doigts réguliers trouvent un point subtil,
Sans avoir l’air de rien, calmes et bien coiffées…
Toi qui pour ton travail uses le temps en vain,
Toi dont l’aiguille borgne, attentive à sa piste,
Pique trop haut, trop bas, choppe, accroche, résiste,
Prise aux pièges du fil tout le long du chemin,
Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.
D’autres, fermes esprits, têtes pleines de mots,
Connaissent tout : les dieux, les pays, leur langage,
Les causes, les effets, les remèdes, les maux,
Les mondes et leurs lois, les temps et leur ouvrage…
Tête qui fuis, et tel un grès à filtrer l’eau.
Laisse les mots se perdre à travers ta cervelle,
Ignorante qui crois que la terre est nouvelle
Tous les matins, et tous les soirs le ciel nouveau,
Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.
D’autres ont pris leur rêve au piège et l’ont tout vif
Enfermé malgré lui dans leur strophe sonore
D’airain vaste, d’or calme ou de cristal plaintif,
Et l’applaudissement des hommes les honore…
Mais toi ! Tes rêves, comme un vol de moucherons,
T’étourdissent, dansant autour de tes prunelles,
Et ta main d’écolier trop lente pour leurs ailes
Sans en saisir un seul s’égare dans leurs ronds.
Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.
D’autres, se retirant à l’ombre de leurs cils,
Patients, cherchent la vermine de leur âme
Et pèsent dans l’angoisse avec des poids subtils
Son ombre et sa clarté, sa froidure et sa flamme.
Mais toi qui cours à Dieu comme un petit enfant,
Sans réfléchir, toi qui n’as pas d’autre science
Que d’aimer, que d’aimer et d’avoir confiance
Et de te jeter toute en ses bras qu’Il te tend,
Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.
Sans beauté ni savoir, sans force ni vertu,
Être qui par hasard ne ressemble à personne,
Je sais bien qui je suis, l’amour ne m’est pas dû
Et ne pas le trouver n’a plus rien qui m’étonne.
Mais malgré moi j’ai mal… De l’hiver à l’hiver,
Je m’en vais et partout je me sens plus lointaine,
Seule, seule, et le coeur qu’en silence je traîne
Me semble un poids trop lourd, sombre, inutile, amer…
Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.
Bah ! c’est au même lieu que les chemins divers
Aboutissent enfin, le mien comme les vôtres.
Bonne à rien que le sort conduisit de travers,
Je ferai mon squelette aussi bien que les autres.
Mais où me mettrez-vous, mon Dieu ?… Pas en enfer ;
Je n’eus pas dans le mal assez de savoir-faire.
Et pas au paradis : je n’ai rien pour vous plaire…
Hélas ! me direz-vous comme le monde hier :
Va plus loin, va-t’en ! Qui te connaît ? Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.
N’aurai-je au dernier jour ni feu, ni lieu, ni toit
Où reposer enfin ma longue lassitude ?
Ou m’enfermerez-vous — hélas ! que j’aurai froid ! —
Dans une lune vide avec ma solitude ?…
Mais à quoi bon, Seigneur, chercher la fin de tout ?
Vous arrangerez bien ceci sans que j’y songe.
Je m’en vais, mon chemin dénudé se prolonge…
Vous êtes quelque part pour m’arrêter au bout.
(Marie Noël)
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Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2023
Les cerisiers en fleurs
multiplient leurs fontaines
leurs caresses en flammes
J’écoute par instant
le jacassement des pies
et vers l’est
le grignotement de la ville
ses autoroutes fécondes
Le ciel du tilleul
est troué de paradis
(Georges Bonnet)
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Posted by arbrealettres sur 29 juin 2023
Illustration: Laoshu
Sous un arbre en fleurs,
J’oublie les choses du présent.
Serein, je laisse couler le temps.
Après quelques instants,
J’entends les battements de mon cœur.
(Laoshu)
Recueil: Un monde simple et tranquille
Traduction: du chinois par Jean-Claude Pastor
Editions: Philippe Picquier
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Posted by arbrealettres sur 13 Mai 2023
VENEZ LA POUR M’AIMER
Venez là pour m’aimer, dit la fleur du jardin,
L’herbe haute de Juin et l’écho de la plaine,
Le cerisier en fleurs, l’oiseau la gorge pleine…
De chants ensoleillés et de paix du matin.
Venez là pour m’aimer, dit la source profonde,
Le murmure du vent d’un son harmonieux,
Les oiseaux du rivage aux vols ingénieux,
Le profond bleu du ciel, comme celui de l’onde.
Venez là pour m’aimer, dit le faible roseau,
La tourterelle blanche et la petite ânesse,
Le long troupeau qui passe, aînés comme jeunesse,
Le rouet patiné, son bois et son fuseau.
Venez là pour m’aimer, dit notre belle France
Nombreuses régions, véritables trésors
Aux sites sans pareils dans leurs frondaisons d’or
Aimez-moi comme un coeur beau comme l’espérance.
(Rosa Burel)
Posted in poésie | Tagué: (Rosa Burel), aîné, aimer, âne, écho, beau, blanc, bleu, bois, cerisier, chant, ciel, coeur, en fleurs, ensoleiller, espérance, faible, fleur, France, frondaison, fuseau, gorge, harmonieux, herbe, ingénieux, jardin, jeunesse, matin, murmuré, oiseau, onde, or, paix, pareil, passer, patiner, petit, plaine, plein, profond, région, rivage, roseau, rouet, site, son, source, tourterelle, trésoir, troupeau, venir, vent, vol | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 avril 2023
ONZE HEURES EN MARS
Rien encore, rien, sinon le forsythia pour tenir
le jour en flamme au beau milieu de la cour
cuvant les pluies et les ombres de mars
comme un ivrogne
entre les quatre murs de sa détresse, rien d’autre,
contre la grisaille et le froid, que l’exaltation
de l’amour au bord du gouffre : ce bouquet
d’abeilles en fleurs
dans le vent, rien de plus chaud entre les tempes
pour défroisser dans mes doigts engourdis
la lettre obscure du silence, y déposer
le pollen des mots
réchappés du vieil hiver et de la boue des songes.
(Guy Goffette)
Recueil: Petits riens pour jours absolus
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (Guy Goffette), amour, bord, bouquet abeille, chaud, contre, cour, cuver, défroisser, déposer, détresse, doigt, en fleurs, encore, engourdir, exaltation, flamme, forsythia, froid, gouffre, grisaille, ivrogne, jour, lettre, mars, milieu, mot, mur, obscur, ombre, pluie, pollen, rien, silence, tempe, tenir, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2023
Illustration: Benjamin Chaud
À l’ombre des jeunes filles en fleurs
Les jeunes filles en fleurs ne manquent pas de ronces
ni d’épines,
tâchez de vous en souvenir.
(Cécile Coulon)
Recueil: Les romantiques
Traduction:
Editions: Robert Laffont
Posted in humour, poésie | Tagué: (Cécile Coulon), épine, en fleurs, jeune fille, ombre, ronce, se souvenir, tacher | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2022
Illustration: Christian Lepère
C’EST POURTANT BIEN L’ÉTÉ
c’est pourtant bien l’été
rien ne manque la lumière
les arbres les sourires la musique
les jeunes filles en fleurs
le soleil qui surveille
et s’occupe des convives
tout est tendre éternel
ondoyant tel un regard langoureux
à peine le galet froid va-t-il tomber
de cette fissure infime
telle une larme tu vas couler
hors du tableau
(Vangelis Kassos)
Posted in poésie | Tagué: (Vangelis Kassos), arbre, à peine, été, éternel, convive, couler, en fleurs, fissure, froid, galet, hors, infime, jeune fille, langoureux, larme, lumière, manquer, musique, ondoyer, pourtant, regard, s'occuper, soleil, sourire, surveiller, tableau, tendre, tomber | Leave a Comment »