Mon âne, mon âne
a bien mal à sa tête,
Madame lui fait faire
un bonnet pour sa tête,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.
Mon âne, mon âne
a bien mal aux oreilles,
Madame lui fait faire
une paire de boucles d’oreille,
Une paire de boucles d’oreille,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.
Mon âne, mon âne
a bien mal à ses yeux,
Madame lui fait faire
une paire de lunettes bleues,
Une paire de lunettes bleues,
Une paire de boucles d’oreille,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.
Mon âne, mon âne
a mal à l’estomac,
Madame lui fait faire
une tasse de chocolat.
Une tasse de chocolat,
Une paire de lunettes bleues,
Une paire de boucles d’oreille,
Un bonnet pour sa tête,
Et des souliers lilas la la,
et des souliers lilas.
(Anonyme)
Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette
I
Je ne vois pas un maître dans la foule.
Les cygnes se déploient sur le lacet
il n’y a pas un aigle à l’horizon.
L’eau est stagnante
et les rives sont plus proches
que le bout de ton nez.
L’air est lourd.
La lumière est lourde.
L’âne parle, mais pas par miracle.
L’aveugle voit, pas par miracle.
Le mort se lève, pas par miracle.
Le miracle est un chiffre dans une machine,
et le ciel est resté dans l’inconnu.
J’étais silencieux tout en parlant.
La femme près de moi est un vêtement déserté.
Je boirai la coupe, et la coupe est vide.
Je sourirai et ma bouche est sans lèvres.
Je récolterai un champ
que j’ai planté dans les ténèbres.
Je suis la nuit,
et les voleurs m’attendent.
***
(Yusuf al-Khal)
Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral
L’âne broutant le chardon bleu
la jument en robe sombre
le porc buveur de lait maigre
le chien au front étoilé
le chat sensible aux orages
devant lui seront les mêmes
qu’en la dure antiquité.
Les gens de Glenbeigh boivent et chantent
dans l’auberge des Towers illuminée
de rose à travers la nuit froide étoilée
Un petit âne regarde par la fenêtre
étincelante de ses grands yeux résignés
comme ceux du vieil homme à casquette
qui boit en battant la mesure sans chanter
L’âne se perd dans le noir qu’il cadence
de son pas droit, menu, sûr. Le vieil homme
quitte l’auberge en se tenant aux murs
Les refrains des ballades marines résonnent
sur les prairies et les troupeaux obscurs
le vent prend l’ombre par la taille et danse
Je ne sais celui que je voudrais être
dans la vitrine claire de la fête
et le nocturne où se pâture l’existence
peut-être la lumière des abat-jour
qui donne aux visages lourds
la légèreté des transparences.
Un bœuf, un baudet, un cheval,
Se disputaient la préséance.
Un baudet ! Direz-vous, tant d’orgueil lui sied mal.
À qui l’orgueil sied-il ? Et qui de nous ne pense
Valoir ceux que le rang, les talents, la naissance,
Élèvent au-dessus de nous ?
Le bœuf, d’un ton modeste et doux,
Alléguait ses nombreux services,
Sa force, sa docilité ;
Le coursier sa valeur, ses nobles exercices ;
Et l’âne son utilité.
Prenons, dit le cheval, les hommes pour arbitres :
En voici venir trois, exposons-leur nos titres.
Si deux sont d’un avis, le procès est jugé.
Les trois hommes venus, notre bœuf est chargé
D’être le rapporteur ; il explique l’affaire,
Et demande le jugement.
Un des juges choisis, maquignon bas-normand,
Crie aussitôt : la chose est claire,
Le cheval a gagné. Non pas, mon cher confrère,
Dit le second jugeur, c’était un gros meunier,
L’âne doit marcher le premier ;
Tout autre avis serait d’une injustice extrême.
Oh que nenni, dit le troisième,
Fermier de sa paroisse et riche laboureur ;
Au bœuf appartient cet honneur.
Quoi ! Reprend le coursier écumant de colère ;
Votre avis n’est dicté que par votre intérêt !
Eh mais ! Dit le normand, par qui donc, s’il vous plaît ?
N’est-ce pas le code ordinaire ?
OH nez à l’arête puissante et aux trous profonds
qui est le mien ! que ne sentirais-tu ?
Quels ânes indiscrets nous sommes, toi et moi, nez ossu,
toujours à l’aventure, toujours effronté,
et voici maintenant les fleurs amères des peupliers
en haillons : une pulpe suppurante sur la terre humide
au-dessous d’eux. De quelle soif profonde
s’exaspèrent nos désirs
pour ce parfum fétide du printemps qui passe !
Ne sois pas indécent. Ne peux-tu réserver tes ardeurs
pour des choses plus aimables ? Quelle fille prendra garde
à nous, penses-tu, si nous continuons ainsi?
Dois-tu goûter à toute chose ? Dois-tu connaître toute chose ?
Dois-tu prendre part à toute chose ?
***
SMELL
OH strong ridged and deeply hollowed
nose of mine ! what will you not be smelling ?
What tactless asses we are , you and I, boney nose,
always indiscriminate, always unashamed,
and now it is the souring flowers of the bedraggled
poplars : a festering pulp on the wet earth
beneath them. With what deep thirst
we quicken our desires
to that rank odor of a passing springtime !
Can you not be decent ? Can you not reserve your ardors
for something less unlovely ? What girl will care
for us, do you think, if we, continue in these ways ?
Must you taste everything? Must you know everything ?
Must you have a part in everything ?