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Poésie

Posts Tagged ‘s’entretenir’

RUINE (Jean-Pierre Duprey)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2024




    
RUINE

La ruine a manqué la maison
D’une pierre qui
N’est retombée dans le salon
Qu’après le cri.

La ruine a manqué le salon
Où s’entretient la famille défunte.
Les grands-parents prêchent le pardon
Pour la branche éteinte.

Et le cousin mort à Sainte-Anne
Cherche son esprit sur un âne
Galopant par les champs d’avoine
Que sema la maladie feinte.

(Jean-Pierre Duprey)

 

Recueil: LA FIN et LA MANIÈRE
Editions: SOLEIL NOIR

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Printemps (Ghjuvan Teramu Rocchi)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2022




    
Printemps

Tu te lèves un matin
Et tu te sens ému
Un rien te remplit de joie
Tu portes le Bien.
Tu t’entretiens avec les fleurs,
Les pierres, ta fenêtre
Tu comprends le déversoir du moulin
Et tu comprends l’oiseau.
Tu te prends à envoyer des baisers
À tout ce qui t’entoure.
Tu chantes à tue-tête.
C’est comme ça le printemps !

***

(Ghjuvan Teramu Rocchi)

Traduction du Corse de Denis Montebello

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Quand on est amoureux on est ivre (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Quand on est amoureux on est ivre.
Comme cet homme hier dans la rue.

Il avançait, étourdi de boisson.
La voix forte, le geste ample.
Il s’entretenait avec lui-même.

Il a soudain fouillé dans son manteau, en a sorti de l’argent
Qu’il a jeté par poignées sur la route.

Puis s’en est allé.
Dédaigneux de sa fortune. Délié de soi.
Déprit de tout royaume.

Oui l’on est un peu comme ça lorsqu’on est amoureux.
On vide ses poches, on perd son nom.

On découvre avec ravissement la certitude de n’être rien.

(Christian Bobin)

 

 

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La bibliothèque (Alexàndra Galanou)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2018




    
La bibliothèque

Des livres réconciliés
jusqu’à l’asphyxie
s’entretiennent sans bruit
avec le pendule du mur.

Des pages
en attente
accompagnent ce qui écoute
le silence habitant des nuits.
Elles attendent une ouverture,
ne serait-ce qu’un souffle de vie
momentané, insignifiant.
Effleurement fugitif
qui les feuillette.

À la tige desséchée
d’une rose
pend la promesse
d’une visite
sans cesse remise.

(Alexàndra Galanou)

 

Recueil: Dans les recoins des mots
Traduction:
Editions: Circé

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Au coeur de la nuit (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2017



Au coeur de la nuit je veux m’entretenir avec l’ange,
lui demander s’il reconnaît mes yeux.
S’il demandait soudain : vois-tu l’Éden ?
il me faudrait dire alors : l’Éden est en feu

Je veux élever ma bouche jusqu’à lui,
insensible comme celui qui ne désire rien.
Et si l’ange parlait ainsi : que pressens-tu de la vie ?
il me faudrait dire alors : la vie consume

S’il trouvait en moi cette joie
qui devient éternelle en son esprit, —
et qu’il la prît, l’élevât dans ses mains,
il me faudrait dire alors : la joie est folie

***

Nächtens will ich mit dem Engel reden,
ob er meine Augen anerkennt.
Wenn er plötzlich fragte: Schaust du Eden?
Und ich müßte sagen: Eden brennt

Meinen Mund will ich zu ihm erheben,
hart wie einer, welcher nicht begehrt.
Und der Engel spräche: Ahnst du Leben?
Und ich müßte sagen: Leben zehrt

Wenn er jene Freude in mir fände,
die in seinem Geiste ewig wird, —
und er hübe sie in seine Hände,
und ich müßte sagen: Freude irrt

(Rainer Maria Rilke)

Illustration: Georges de la Tour

 

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Marée contre le gré des eaux (Emmanuel Damon)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2016



Marée contre le gré des eaux

Où la neige La vive
L’éphémère neige
Ce poids de fraîcheur sur la main
Qui s’accroît dans le silence
La terre d’ici
Est poussière qui enfle sur le vent
Se mêle à l’os et pèse sur la langue
Poussière
Sur la pierre blanche des villes
Sur les routes les coupoles
Le bois d’olive et la nuque des hommes
Qui s’entretiennent avec le ciel

***

Qui veille sur cette terre enclose,
dans la friche les écorces de liane ?
À voix éteinte sous le ballant des branches ?
Quand notre faim dort sous la ronce,
dans le voeu des labours où l’étourneau s’égaye
qui veille et fait grincer les chênes, et lever le vanneau,
ardoise clairsemée d’une aile sur la plaine ?
Course le chevreuil sous les hêtres
et touche le lièvre au gîte ?
Le taillis ouvre pour l’oeil un arpent de ciel
sur le flambeau des sources.
Une parenté nous y retient
— ses mots dans le cours du sang trouvent refuge,
et nous gardent debout.

(Emmanuel Damon)

Découvert ici: http://revuedepoesie.blog.lemonde.fr/

 

 

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