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Poésie

Posts Tagged ‘pendule’

L’OUBLI (Mohammed Dib)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023



    

L’OUBLI

Il y avait une table.
Il y avait des chaises.

Et il oublia quoi.
Il retenait son souffle.

Il y avait une pendule.
Il y avait un buffet.

Il y avait une fenêtre.
Des oiseaux y passaient.

Il leva les yeux.
Il les vit passer.

(Mohammed Dib)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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RETOUCHE A LA MÉLANCOLIE (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023



RETOUCHE A LA MÉLANCOLIE

L’amour garde la chambre
et ceux qu’il a mis au monde
observent la pendule
dont les étoiles tombent
prises du haut mal
qui vide le ciel.

(Daniel Boulanger)

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L’Américain à Tokyo avec sa pendule cassée (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2023




    
L’Américain à Tokyo avec sa pendule cassée
Pour Shiina Takako

Les gens me regardent —
Ils sont des millions.
pourquoi cet étrange Américain
arpente-t-il les rues du début de soirée
tenant une pendule cassée
à la main ?
Est-il réel ou n’est-il qu’une illusion ?
Comment la pendule s’est cassée, peu importe.
Les pendules se cassent.
Tout se casse.
Les gens nous regardent moi et la pendule cassée
que je tiens comme un rêve

dans mes mains.

*
L’américain à Tokyo avec sa pendule cassée / suite
Pour Shiina Takako

C’est incroyable le nombre de
personnes que l’on rencontre quand on
transporte une pendule cassée à Tokyo.

Aujourd’hui je transportais la pendule
à nouveau, essayant de la remplacer
à l’identique.
La pendule n’était plus du tout réparable.

Toutes sortes de gens s’intéressaient
à la pendule. De parfaits inconnus sont venus me voir
pour se renseigner sur la pendule en japonais
bien sûr
et j’acquiesçais : oui, j’ai une pendule cassée.

Je l’ai emportée au restaurant et les gens
se sont rassemblés autour. Je recommande de
transporter une pendule cassée toutes les fois où vous
voulez rencontrer de nouveaux amis. Je pense que ça
marcherait n’importe où dans le monde.

Si vous voulez aller en Islande
et rencontrer les gens, emportez
une pendule cassée.
Ils se rassembleront comme des mouches.

***

The American in Tokyo with a Broken Clock
For Shiina Takako

People stare at me —
There are millions of them.
Why is this strange American
walking the streets of early night
carrying a broken clock
in his hands?
Is he for real or is he just an illusion?
How the clock got broken is not important.
Clocks break.
Everything breaks.
People stare at me and the broken clock
that I carry like a dream

in my hands.

*

The American Carrying a Broken Clock in Tokyo Again
For Shiina Takako

It is amazing how many people you
meet when you are carrying a
broken clock around in Tokyo.

Today I was carrying the broken clock
around again, trying to get an exact
replacement for it.
The clock was far beyond repair.

All sorts of people were interested
in the clock. Total strangers came up to me
and inquired about the clock in Japanese
of course
and I nodded my head: Yes, I have a broken clock.

I took it to a restaurant and people gathered
around. I recommend carrying a broken clock
with you at all times if you want to meet new
friends. I think it would work anyplace in the world.

If you want to got to Iceland
and meet the people, take
a broken clock with you.
They will gather around like flies.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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LA NUIT, quand le pendule de l’amour balance (Paul Celan)

Posted by arbrealettres sur 20 décembre 2021



Illustration: Marc Chagall

    

LA NUIT, quand le pendule de l’amour balance
entre Toujours et Jamais,
ta parole vient rejoindre les lunes du coeur
et ton oeil bleu
d’orage tend le ciel à la terre.

D’un bois lointain, d’un bosquet noirci de rêve
l’Expiré nous effleure
et le Manqué hante l’espace,
grand comme les spectres du futur.

Ce qui maintenant s’enfonce et soulève
vaut pour l’Enseveli au plus intime :
embrasse, aveugle, comme le regard que
nous échangeons, le temps sur la bouche.

(Paul Celan)

Recueil: Choix de poèmes
Traduction: Jean-Pierre Lefebvre
Editions: Gallimard

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Je me rappelle fort bien une autre jeune fille (Hugo von Hofmannsthal)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2020



    

Je me rappelle fort bien une autre jeune fille
[…]
Mais il me paraît si invraisemblable
que j’aie pu être cette petite Resi
et que je serai un jour une vieille femme.
[…]
Comment ces choses-là arrivent-elles ?
Comment le bon Dieu peut-Il faire cela ?
Alors que moi, je reste toujours la même.
Et s’il faut qu’il agisse ainsi, pourquoi me laisse-t-Il le voir en spectatrice,
avec une aussi nette perception ? Pourquoi ne me le cache-t-Il pas ?
Tout cela est mystérieux, si profondément mystérieux
[…]
Je suis d’une humeur où je ressens très fortement
la fragilité de toutes les choses de ce monde.
Je sens jusqu’au fond du coeur, que l’on ne doit rien garder,
que l’on ne peut rien saisir, que tout nous coule entre les doigts,
que tout ce que nous cherchons à prendre se dissout,
que tout s’évanouit comme une vapeur ou un rêve.
[…]
Le temps, c’est une chose étrange.
Tant qu’on se laisse vivre, il ne signifie absolument rien du tout.
Et puis, brusquement,
on n’est plus conscient de rien d’autre.
Il est tout autour de nous. Il est même en nous.
Il ruisselle sur nos visages, il ruisselle sur le miroir,
il coule entre mes tempes.
Et, entre toi et moi,
il coule encore, sans bruit, comme un sablier.
Oh, Quinquin ! Parfois, je l’entends qui coule— irrémédiablement.
Parfois, je me lève, au milieu de la nuit
et j’arrête toutes les pendules, toutes.

(Hugo von Hofmannsthal)

    

Recueil: Le chevalier à la rose
Traduction:
Editions:

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CHOSES ILLICITES (William Carlos Williams)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020



CHOSES ILLICITES

L’EAU continue de couler—
La grive de chanter

pourtant
au bord du ciel

au fin fond
du lointain

se mêlent…
… les échos du canon !

Dont le silence rappelle
de vallée

en vallée à la paix
de même que les poèmes conservent

le langage
d’anciennes extases.

les éclairs et les bruits de la guerre ;
demeures dont les chambres
sont les plus froides que l’on puisse imaginer,

ils sont partis tous ceux que nous aimions,
les lits restent vides, les divans
moites, les chaises inutiles —

Allez cacher tout cela quelque part
hors de l’esprit, que cela s’enracine
et pousse, à l’écart

des oreilles et des yeux jaloux — pour soi-même.
Dans cette mine, ils viennent tous creuser.
Est-ce la souche de la plus douce

musique ? La source de la poésie qui
voyant la pendule arrêtée, dit
La pendule s’est arrêtée

qui hier encore marchait si bien ?
et elle entend le clapotis de l’eau du lac
— qui maintenant est devenue de pierre.

***

ILLEGITIMATE THINGS

WATER still flows —
The thrush still stings

though in
the skirts of the sky

at the bottom of
the distance

huddle…
…echoing cannon !

Whose silence revives
valley after

valley to peace
as poems still conserve

the language
of old ecstasies.

the flashes and booms of war ;
houses of whose rooms
the cold is greater than can be thought,

the people gone that we loved,
the beds lying empty, the couches
damp, the chairs unused —

Hide it away somewhere
out of the mind, let it get roots
and grow, unrelated to jealous

ears and eyes — for itself.
In this mine they come to dig — all.
Is this the counterfoil to sweetest

music ? The source of poetry that
seeing the clock stopped, says,
The clock has stopped

that ticked yersterday so well ?
and hears the sound of lakewater
splashing — that is now stone.

(William Carlos Williams)
Illustration: ArbreaPhotos

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OUVRIERE A LA JOURNEE (Francis Jammes)

Posted by arbrealettres sur 8 mai 2020



 

Leonor Fini couturiere 1978

OUVRIERE A LA JOURNEE

Noire dans le jour trouble et filtré par le tulle,
Elle coud sur du blanc, assise de profil ;
Puis, relevant la tête, elle place du fil
Entre ses dents et trouve lente la pendule.

(Francis Jammes)

Illustration: Leonor Fini

 

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Retouche à l’âge (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2020


elle_stars_sans_maquillage_sans_retouche_monica_bellucci

loin et si loin et sait-on pour quel voeu
dans les mains du silence
le chapelet de la pendule

sur le bonheur du jour la vie laisse un cheveu

(Daniel Boulanger)

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UNE HEURE OU DEUX (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2019



 

UNE HEURE OU DEUX

Les mots s’échappent par la cheminée
O
la pendule
la pendule
Dehors
Lorsque je lève la tête le portrait me sourit
le pin parasol et le parapluie
Et nous savons
qu’il y a des cris ce soir
On ferme les rideaux
le pin parasol et le parapluie
Tout de même
la lampe fait un trou au plafond
Entrez

(Philippe Soupault)

Illustration: René Magritte

 

 

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Une pendule fée (Paul Valéry)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2019




    
Une pendule fée ;
et toutes fois que l’on écoute le toc du balancier,
elle s’arrête, elle ne peut marcher
que dans ma demi-conscience,
non écoutée, non regardée.

Et une autre qui ne travaille que sous ma garde.
Si je m’en désintéresse
et ne la soutienne de ma présence,
— de ma prière,
— elle s’arrête net

(Paul Valéry)

 

Recueil: Poésie perdue
Traduction:
Editions: Gallimard

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