Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘essayer’

Un homme couvert de poussière (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 30 mai 2023




    
Un homme couvert de poussière
assis sur un trottoir
regarde au loin.
Sur ses genoux
un bébé d’une pâleur lumineuse
remue ses bras, ses mains,
en buvant
un biberon que l’homme porte à sa bouche.

Derrière eux
un jeune garçon
serre contre sa poitrine
un sac de pain
en regardant lui aussi au loin.

Dans un autre coin de la scène
deux silhouettes:
un enfant assis contre la porte
d’une maison détruite.
Une femme agenouillée devant lui,
essaie de calmer sa terreur.

Ce n’est pa une scène de western:
c’est une famille
en Syrie aujourd’hui.

(Maram al-Masri)

Recueil: Elle va nue la liberté
Editions: Bruno Doucey

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CHANT DE PRINTEMPS (Miguel León-Portilla)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2023




    
CHANT DE PRINTEMPS

Dans la maison des peintures
il se met à chanter
il essaie le chant
il répand des fleurs
il égaie le chant.

Le chant résonne
les grelots se font entendre
et nos sonnailles fleuries
leur répondent.
Il répand des fleurs
il égaie le chant.

Sur les fleurs chante
le superbe faisan,
son chant se déploie
à l’intérieur des eaux.
Viennent lui répondre
plusieurs oiseaux rouges
le bel oiseau rouge
chante superbement.
Ton coeur est un livre peint
tu es venu chanter
tu fais résonner les tambours
c’est toi le chanteur.
A l’intérieur de la maison du printemps
tu réjouis les gens.

Toi seul répartis
des fleurs qui enivrent
des fleurs précieuses.
C’est toi le chanteur.
A l’intérieur de la maison du printemps
tu réjouis les gens.

traduit du Nahuátl

(Miguel León-Portilla)

Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud

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Les morts (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2023



Illustration: Edvard Munch
    
Les morts
Ça n’a aucun sens
d’éprouver ce
qui dans la vie
a été mis en pièces —
Autant essayer
de recoller
Les morceaux
d’un verre brisé.

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

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C’est seulement en vieillissant (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023




    
C’est seulement en vieillissant
que j’ai appris à aimer le silence.
parfois il exalte plus que la musique.
Dans le silence apparaissent des signes frissonnants
et sur les carrefours de la mémoire
tu entends les noms
que le temps a essayé d’étouffer.
Le soir, dans les couronnes des arbres, j’entends même
les coeurs des oiseaux.
Et un soir au cimetière,
j’ai entendu comme au fond d’une tombe
craquait le cercueil.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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LES BARRIÈRES CÉLESTES (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023



Illustration: Ron Mueck
    
LES BARRIÈRES CÉLESTES

Quelques secondes avant de mourir
la mère tourna son visage vers nous
et d’une voix rauque s’écria :
Il n’y a rien !
Puis la voûte du silence s’éleva sur sa bouche.

Dans quel abîme se sont répandus
les grains de son chapelet
cent fois embrassés,
où sont tombés les mots de toutes ses prières
et le bruissement des chansons
qu’elle chantait depuis l’enfance ?
Que sont devenues la peur et l’angoisse
devant ses actes les plus menus ?
Ils portent les noms des péchés
sans être meilleurs ou pires
que les autres.

Quelle obscurité a-t-elle aperçue
dans cette cruelle seconde,
où, du talon, nous repoussons le sol
pour retomber aussitôt sur lui ?

e sortis sur le balcon
et de la chaise branlante de ma mère
je regardai quelque part,
dans les hauteurs célestes.
Durant toute notre longue vie
elles ne cessent de lorgner vers nos fenêtres,
elles n’ordonnent rien,
elles ne demandent rien
et, si vous voulez, elles
sont d’une beauté indicible.
Et nous, nous essayons de les acheter
par un grain d’encens par un grain du chapelet,
par des mots, par une larme !

Et à la fin
nous voulons soulever leurs barrières lumineuses
par notre dernier soupir,
celui qui, de tous nos gémissements,
est le plus vain.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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CENT FOIS RIEN (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023



Illustration: Karen LaMonte
    
CENT FOIS RIEN

Peut-être une fois de plus me rendra fou
votre sourire
et sur le bord de mon lit viendront s’asseoir
mère Douleur, l’amie Amour,
comme toujours toutes les deux à la fois.

Peut-être une fois de plus me rendra fou
le son du clairon
et quand j’irai comme si j’étais tombé de la lune
mes cheveux auront l’odeur de la poudre à canon.

Peut-être une fois de plus me rendra fou un baiser :
comme la flamme d’une lanterne, hésitant dans sa cage,
je tremblerai
lorsqu’il viendra se poser sur mon visage.

Je n’aurai, pourtant, que le vent sur les lèvres
et c’est bien en vain que, cette fois,
dans la main j’essaierai de prendre
sa robe sans poids.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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L’eau de cette rivière (Stéphane Bataillon)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2023



Illustration: ArbreaPhotos
    
L’eau de cette rivière
n’essaie même pas
de submerger la roche

Elle sait depuis sa source
qu’il faut la contourner.

(Stéphane Bataillon)

 

Recueil: Où nos ombres s’épousent Vivre l’absence
Traduction:
Editions:Bruno Doucey

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JE TUE LE TEMPS (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 8 février 2023




    
JE TUE LE TEMPS

Je tue le temps en taillant dans la houille.
Engorgé je me débarrasse ou j’essaie.

Je tue le temps au vin rouge, à la délicatesse,
à la franche gaieté, à la morale,
à l’excès de zèle, à qui perd gagne, à la boussole,
avec un miroir d’emprunt,
avec un regard farouche,
avec un sourire componctueux,
avec une envie de pleurer.

Je tue le temps à creuse rêverie,
avec un marteau-piqueur, avec un petit flageolet,
avec une superbe convoitise,
avec une raillerie épaisse,
en toute bonne foi, avec un oeil en coin,
avec les discours habituels, avec des mots écrits,
avec du vent.
Je n’approche pas du recours imaginé.

Je tue le temps. Je taille en suffoquant, j’essaie.

Je tue le temps. Si un faucon au poing j’allais,
je saurais faire.

(André Frénaud)

Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard

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Dans une rue longue (Luqman Dayrakyi)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023



    


    
Dans une rue longue
(extraits)

Tu viendrais
dans ta précipitation tu jetterais ton manteau sur la chaise
tu courrais vers la chambre
tu me trouverais à ma table occupé à quelque chose
sans que je sois étonné de ta venue
sans le rire de la surprise
et tu t’assiérais même à côté de moi
sans que je remarque ta présence
et tu verrais de tes propres yeux
combien j’ai du mal
à essayer de recoller ta photo déchirée

***

(Luqman Dayrakyi)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Sourate de la distillation (Khayr al-Din al-Asadi)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2023




    

Sourate de la distillation
(extrait)

Mon bien-aimé au visage brun,
à la bouche souriante, aux yeux ivres,
au front étoilé, et à l’allure gracieuse

mon bien-aimé au désir fougueux
est l’oeillet des joies,
l’apogée de la jeunesse,
l’ivre à longueur de temps,

ses cheveux sont doux,
autour de ses lèvres humides
— comme une colonie de fourmis
aux abords d’une source

le temps a essayé de représenter la beauté
et il a créé des fleurs variées dans le vaste paradis
puis intimidé devant Lui
il les a vite cachées dans les bourgeons

les langues des bougies ont rivalisé
avec les lumières de la pureté
dans la bouche du bien-aimé,
alors sa peine fut la brûlure

les lumières de la pureté, ô voeu de l’oeil !
En elles je hume la quintessence de la vie

***

(Khayr al-Din al-Asadi)

 

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