Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘oisillon’

Les serins et le chardonneret (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020




    
Les serins et le chardonneret

Un amateur d’oiseaux avait, en grand secret,
Parmi les œufs d’une serine
Glissé l’œuf d’un chardonneret.
La mère des serins, bien plus tendre que fine,
Ne s’en aperçut point, et couva comme sien
Cet œuf qui dans peu vint à bien.
Le petit étranger, sorti de sa coquille,
Des deux époux trompés reçoit les tendres soins,
Par eux traité ni plus ni moins
Que s’il était de la famille.
Couché dans le duvet, il dort le long du jour
À côté des serins dont il se croit le frère,
Reçoit la béquée à son tour,
Et repose la nuit sous l’aile de la mère.
Chaque oisillon grandit, et, devenant oiseau,
D’un brillant plumage s’habille ;
Le chardonneret seul ne devient point jonquille,
Et ne s’en croit pas moins des serins le plus beau.
Ses frères pensent tout de même :
Douce erreur qui toujours fait voir l’objet qu’on aime
Ressemblant à nous trait pour trait !
Jaloux de son bonheur, un vieux chardonneret
Vient lui dire : il est temps enfin de vous connaître ;
Ceux pour qui vous avez de si doux sentiments
Ne sont point du tout vos parents.
C’est d’un chardonneret que le sort vous fit naître.
Vous ne fûtes jamais serin : regardez-vous,
Vous avez le corps fauve et la tête écarlate,
Le bec… oui, dit l’oiseau, j’ai ce qu’il vous plaira,
Mais je n’ai point une âme ingrate,
Et mon cœur toujours chérira
Ceux qui soignèrent mon enfance.
Si mon plumage au leur ne ressemble pas bien,
J’en suis fâché, mais leur cœur et le mien
Ont une grande ressemblance.
Vous prétendez prouver que je ne leur suis rien,
Leurs soins me prouvent le contraire.
Rien n’est vrai comme ce qu’on sent.
Pour un oiseau reconnaissant
Un bienfaiteur est plus qu’un père.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

ET S’IL PLAIT (Isabelle de Gill)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2020




Illustration: ArbreaPhotos     
   
ET S’IL PLAIT

Et s’il plaît à la lune
De coucher sur les dunes
Et s’il plaît au soleil
D’ajourner son réveil

Et s’il plaît à la source
D’interrompre sa course
Et s’il plaît à l’oiseau
De quitter son rameau

Et s’il plaît à l’orage
De brouiller le rivage
Et s’il plaît au violon
D’imiter l’oisillon

Laissons faire les Muses
Et que chacun s’amuse
D’un éclair, d’un rayon
D’un vol de papillon

(Isabelle de Gill)

 

Recueil: Arpèges
Traduction:
Editions: Les Délices

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Oisillon bleu (Jean Moréas)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2019



 

Oisillon bleu

Oisillon bleu couleur-du-temps,
Tes chants, tes chants
Dorlotent doucement les coeurs
Meurtris par les destins moqueurs.

Oisillon bleu couleur-du-temps,
Tes chants, tes chants
Donnent de nouvelles vigueurs
Aux corps minés par les langueurs.

Oisillon bleu couleur-du-temps,
Tes chants, tes chants
Font revivre les espoirs morts
Et terrassent les vieux remords.

Oisillon bleu couleur-du-temps,
Je t’ai cherché longtemps, longtemps,
Par mont, par val et par ravin
En vain, en vain !

(Jean Moréas)

Illustration: Georges Braque

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Oisillon bleu (Jean Moréas)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2018



Oisillon bleu

Oisillon bleu couleur-du-temps,
Tes chants, tes chants
Dorlotent doucement les coeurs
Meurtris par les destins moqueurs.

Oisillon bleu couleur-du-temps,
Tes chants, tes chants
Donnent de nouvelles vigueurs
Aux corps minés par les langueurs.

Oisillon bleu couleur-du-temps,
Tes chants, tes chants
Font revivre les espoirs morts
Et terrassent les vieux remords.

Oisillon bleu couleur-du-temps,
Je t’ai cherché longtemps, longtemps,
Par mont, par val et par ravin
En vain, en vain !

(Jean Moréas)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Dans un pré (Aya Cheddadi)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2018




    
Dans un pré à Hammam Lif
un âne parlait à un chardon

Les automobilistes pensifs
n’y prêtaient pas attention

Un coquelicot tardif
brillait au bord d’un sillon

Un engoulevent plaintif
appelait son oisillon

Dans un pré à Hammam Lif
sur la route du Cap Bon

(Aya Cheddadi)

 

Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Un oisillon mort (Jack Kerouac)

Posted by arbrealettres sur 19 août 2017



Sur le trottoir
Un oisillon mort
Pour les fourmis

***

On the side walk
A dead baby bird
For the ants

(Jack Kerouac)

Posted in haïku, méditations | Tagué: , , , , | Leave a Comment »

Non, tu ne sais pas (Shaül Tchernichovsky)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2017



Illustration
    
Non, tu ne sais pas

Non, tu ne sais pas ta beauté,
La longueur de tes jambes,
Le secret prodigieux
Qui file vers une hanche suave,
Vivace et ténu, gracieux et coquet,
Telle la trace d’une sirène sur la dune
Par la lame rejetée…
Non, tu ne sais pas ta beauté !

Non, tu ne sais pas ta beauté !
Tes yeux, deux amandes
Taillées couleur de mer,
Captifs du secret de la création,
Témoins des mystères d’une décision
Qui t’appellent dans une langue perpétuée,
Séduisants ensorceleurs.

Tu ne réponds pas, figée d’immobilité.
Non, tu ne sais pas ta beauté !
Non, tu ne sais pas ta beauté !

Pour mon bonheur, parfois,
Tu es toute à moi,
Caprice turbulent, tempête déchaînée.
Prise et pas prise, attrapée et manquée,
Conquise et libre, étincelle rescapée du feu,
Oisillon au nid resté,
Non, tu ne sais pas ta beauté !

(Shaül Tchernichovsky)

 

Recueil: Anthologie de la poésie en hébreu moderne
Traduction: M. Itzhaki et M Garel
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

JOUR DE NUAGES (Rafael Alberti)

Posted by arbrealettres sur 25 avril 2017



 

JOUR DE NUAGES

Mes yeux, mes deux amours,
ont chu dans la fontaine.
J’ai perdu pour toujours
l’étoile des aurores.

Les zéphyrs tournoyants
vont ravir à mon front
l’oisillon innocent,
sans plainte, de mes cris.

Sans yeux, déjà muet, froid,
qui s’assoira au bord
de mon coeur vagabond?

Quelle oiselle légère,
sans but, carabinière,
viendra briser mon coeur?

(Rafael Alberti)

Illustration: Frantisek Drtikol

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’enfant peint un arc-en-ciel (Milan Rúfus)

Posted by arbrealettres sur 26 septembre 2016



josephine-wall-enfant-arc-en-ciel-14aca8-800x600

L’enfant peint un arc-en-ciel (Chlapec mal’uje dúhu)

Aveugle comme
l’oisillon à peine éclos
tout tendre
et hardi comme l’inconscience
l’amour m’a fait connaître la douleur
semblable au sel, je n’en connaissais pas le prix.

Le jour s’est assombri
une angoisse enragée a fouetté
ses chevaux gris
sur ses genoux désertés le poème a découpé des ailes
et commis de tristes rimes.

Et l’arc-en-ciel d’été s’abreuve
aux eaux troubles
comme aujourd’hui ma paix boit à mes veines.
Pardonne-moi,
joie,
si j’ai blasphémé de toi
avant même d’avoir appris à aimer.

***

A Boy Paints a Rainbow

Blind, too,
like a fledgling,
and tender
and unconsciously brazen,
love offered me pain;
like salt, I didn’t know its worth.

And the day grew dark
and a mad anguish whipped on
the day’s gray horses.
The poem folded its wings in an empty lap
and with a sad rhyme sinned.

Yet from murky waters
the summer rainbow drinks
just as my repose from my veins today.
Forgive me,
joy,
if I blasphemed you
before I learned to love.

(Milan Rúfus)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Illustration: Josephine Wall 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Comme il se doit (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2015



Comme il se doit

Que veux-tu, toi qui viens de si loin
et pénètres d’un vol aveugle dans le brouillard
jusqu’ici où même les oisillons de nid
de branche en branche perdent leur chemin?

La vie comme il se doit se perpétue,
s’éparpille en mille ruisseaux. La mère
rompt le pain aux petits, alimente
le feu ; la journée s’écoule pleine
ou maussade, un étranger arrive, s’en va,
la neige tombe, il y a une éclaircie, ou bien une bruine
de fin d’hiver estompe les couleurs,
imprègne souliers et vêtements, il fait nuit.

C’est peu, d’autre chose point de signe.

(Mario Luzi)

Illustration: André Jolly

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

 
%d blogueurs aiment cette page :