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Non, tu ne sais pas (Shaül Tchernichovsky)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2017



Illustration
    
Non, tu ne sais pas

Non, tu ne sais pas ta beauté,
La longueur de tes jambes,
Le secret prodigieux
Qui file vers une hanche suave,
Vivace et ténu, gracieux et coquet,
Telle la trace d’une sirène sur la dune
Par la lame rejetée…
Non, tu ne sais pas ta beauté !

Non, tu ne sais pas ta beauté !
Tes yeux, deux amandes
Taillées couleur de mer,
Captifs du secret de la création,
Témoins des mystères d’une décision
Qui t’appellent dans une langue perpétuée,
Séduisants ensorceleurs.

Tu ne réponds pas, figée d’immobilité.
Non, tu ne sais pas ta beauté !
Non, tu ne sais pas ta beauté !

Pour mon bonheur, parfois,
Tu es toute à moi,
Caprice turbulent, tempête déchaînée.
Prise et pas prise, attrapée et manquée,
Conquise et libre, étincelle rescapée du feu,
Oisillon au nid resté,
Non, tu ne sais pas ta beauté !

(Shaül Tchernichovsky)

 

Recueil: Anthologie de la poésie en hébreu moderne
Traduction: M. Itzhaki et M Garel
Editions: Gallimard

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Dans l’armoire (Zbigniew Herbert)

Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2017



Dans l’armoire

J’ai toujours soupçonné que cette ville était une attrape.
Mais ce n’est qu’au midi embrumé d’un printemps précoce,
quand l’air sent l’amidon, que j’ai découvert la tromperie.
Nous habitons à l’intérieur d’une armoire, tout au fond de l’oubli,
au milieu de cannes brisées et de boîtes ficelées.
Six murs marron, des bas de nuages au-dessus de nos têtes,
et ce que nous prenions encore récemment pour une cathédrale :
une bouteille effilée de parfums éventés.
Oh, les pauvres nuits où nous prions la comète filante d’une mite.

(Zbigniew Herbert)

 

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