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Les roses dans l’orage (Rémy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024




    

Les roses dans l’orage

Les roses pâles sont blessées
Par la rudesse de l’orage,
Mais elles sont plus parfumées,
Ayant souffert davantage.
Mets cette rose à ta ceinture,
Garde en ton cœur cette blessure,
Sois pareille aux roses de l’orage.
Mets cette rose en un coffret
Et souviens-toi de l’aventure
Des roses blessées par l’orage,
L’orage a gardé son secret,
Garde en ton cœur cette blessure.

(Rémy de Gourmont)

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Rondeau lyrique (Rémy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 6 Mai 2024




    
Rondeau lyrique

Les cœurs dorment dans des coffrets
Que ferment de belles serrures ;
Sous les émaux et les dorures
La poussière des vieux secrets
Et des lointaines impostures
Se mêle aux frêles moisissures
Des plus récentes aventures :
Chère, ôtez vos doigts indiscrets,
Les cœurs dorment.

Vos doigts ravivent des blessures
Et vos regards sont des injures,
Laissez-les reposer en paix.
Comme des rois dans leurs palais
Ou des morts dans leurs sépultures,
Les cœurs dorment.

(Rémy de Gourmont)

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AUTRES SECRETS DU VIDE ET DU PLEIN (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2024



Illustration et Vide Quantique
    
AUTRES SECRETS DU VIDE ET DU PLEIN

le vide vidé de son vide c’est le plein
le vide rempli de son vide c’est le vide
le vide rempli de son plein c’est le vide
le plein vidé de son plein c’est le plein
le plein vidé de son vide c’est le plein
le vide vidé de son plein c’est le vide
le plein rempli de son plein c’est le plein
le plein rempli de son vide c’est le vide
le vide rempli de son vide c’est le plein
le vide vidé de son plein c’est le plein
le plein rempli de son vide c’est le plein
le plein vidé de son vide c’est le vide
le vide rempli de son plein c’est le plein
le plein vidé de son plein c’est le vide
le plein rempli de son plein c’est le vide
le vide vidé de son vide c’est le vide
c’est le plein vide
le plein vide vidé de son plein vide
de son vide vide rempli et vidé
de son vide vide vidé de son plein
en plein vide

(Ghérasim Luca)

Recueil: Héros-Limite suivi de Le Chant de la carpe et de Paralipomènes
Editions: Gallimard

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Le matériau dont les mots sont faits (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2024



Illustration: Wordart Nuages de Mots
    
Le matériau dont les mots sont faits et le mortier qui les unit
m’ont peu à peu enseigné un rythme secret et solitaire.

J’ai appris que toute construction est une musique
et que toute musique est faite de regards.
Le regard d’un mot est son sens,
entre les paupières tremblantes d’une perte.

Car ce n’est pas nous qui regardons les mots :
ce sont eux qui nous regardent
et peut-être aussi au-delà de nous,
en battant des paupières d’un rythme secret et solitaire.

Peut-être que demain je trouverai un mot
qui ne regarde plus vers nulle part
et ne batte pas non plus des paupières.
Un mot qui se laisse regarder.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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Miserere (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024


 

La copla déchire le temps.
(Son secret à elle.)

Se plante dans l’amour.
(Sa douleur.)

Et réveille la Mort.
(Miserere!)

***

Miserere

La copla rasga al tiempo.
(Este es su secreto.)

Se clava en el amor.
(Este es su dolor.)

Y despierta a la Muerte.
(!Miserere!)

(Federico Garcia Lorca)

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Une fibre plus mince que la pensée Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 1 avril 2024



    

Une fibre plus mince que la pensée, un fil au calibre nul,
unit nos yeux quand nous ne nous regardons pas.

Quand nous nous regardons
nous unissent tous les fils du monde,
mais celui-là manque,
qui seul donne l’ombre
à la lumière la plus secrète de l’amour.

Quand nous ne serons plus, restera peut-être ce fil
pour unir nos places vides.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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JE SAIS (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024




    
JE SAIS

Je sais
Le coeur qui bat trop fort
et le plaisir des dieux à embrasser
les corps des diables amoureux

L’irrésistible attrait du désir interdit
et les peaux affolées
dans les replis du lit

La sauvage emmêlée les appétits de fauve
l’appel et le rejet les secrets de l’alcôve

Les amants séparés
par la distance et par les heures
les secondes d’éternité crispées sur la douleur

Les impatiences extrêmes les rendez-vous manqués
les taxis qui se traînent quand le corps est pressé

Je sais le feu aux joues
les yeux de braise, les faims de loup
les baisers dans le cou le vent qui rend les amant fous

Je sais

Les aveux suspendus à la bouche cousue
l’incendie des nuits blanches la retenue qui flanche

La rivière des souhaits sous le pont des soupirs
et le poids d’un sourire sur l’arche des regrets

Je sais

Je sais le peu de gratitude
le poison de l’ennui le désert de la solitude
et le froid qui détruit

La passion dans l’impasse
le mot blessant qui chasse le mot doux
qui retient le regard qui s’éteint

les «je t’aime», «je te hais»
le mal, le bien que l’on s’est faits
sans même l’avoir jamais cherché je sais l’aube désabusée

Je sais les mots de braise aux lèvres qui se taisent
et la peur qui nous hante et mes larmes brûlantes

Les appels au secours les signaux de détresse
désespérant d’amour et le vide qui oppresse

Je sais
le geste déplacé
tous les actes manqués
les mots qui dépassent la pensée
et les regards estomaqués

L’innocence des beaux jours les promesses oubliées
les serments pour toujours perdus à tout jamais

Je sais le feu qui passe et le spleen qui revient
le bras qui nous enlace et l’angoisse qui étreint

Mais je sais

Je sais les chagrins qui s’envolent au retour du printemps
et les humeurs frivoles sous le souffle du vent

Les frissons du désir et le temps qui s’étire
comme un chat langoureux comme un homme amoureux

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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LA CHAISE (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2024




    
LA CHAISE

Pourra-t-on jamais un jour compulser le dossier de la chaise?
Car il doit en connaître un rayon, le dossier, sur la chaise.
Il est sans doute là le faisceau d’indices,
peut-être même les preuves qui l’accusent.

Il faudrait pouvoir le consulter,
lire à travers les choses.
Que ne peut-on réunir les pièces à convictions
qui nous permettraient de juger de la chaise!

En attendant elle se tient là,
droite comme un i mobilier et la tête absente,
les pieds campés et les mains au barreau,
raide comme la justice, son dossier au secret.

(Laurent Albarracin)

Recueil: Contrebande
Editions: Le corridor bleu

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Les choses rêvent leurs rêves propres (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2024



Méconnaître que le fleuve est une épée
et que les choses rêvent leurs rêves propres
c’est ignorer qu’ici,
près de notre regard
en existe un autre:
le regard secret du monde.

Quand on le découvre,
la vie se retourne comme un gant
qui dégage la main qu’il enfermait
et le tact libéré
touche pour la première fois tout ce qui existe.

La réalité est un temps plié
qu’il faut déplier comme une toile
d’une singulière délicatesse
pour trouver au dedans
une autre main qui attend.

(Roberto Juarroz)


Illustration: René Magritte

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Une maison (Sôseki)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2024



Illustration: Kawase Hasui 
    
Une maison
Perce dans le silence
Le secret de la neige

(Sôseki)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Sôseki Haïkus
Traduction: Elisabeth Suetsugu
Editions: Picquier poche

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