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Poésie

Posts Tagged ‘arche’

Lorsque l’enfant paraît (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2024




    

Lorsque l’enfant paraît

Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux.

Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre
Fasse autour d’un grand feu vacillant dans la chambre
Les chaises se toucher,
Quand l’enfant vient, la joie arrive et nous éclaire.
On rit, on se récrie, on l’appelle, et sa mère
Tremble à le voir marcher.

Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l’âme
Qui s’élève en priant ;
L’enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poètes saints ! la grave causerie
S’arrête en souriant.

La nuit, quand l’homme dort, quand l’esprit rêve, à l’heure
Où l’on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L’onde entre les roseaux,
Si l’aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d’oiseaux.

Enfant, vous êtes l’aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez ;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S’emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !

Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies,
N’ont point mal fait encor ;
Jamais vos jeunes pas n’ont touché notre fange,
Tête sacrée ! enfant aux cheveux blonds ! bel ange
À l’auréole d’or !

Vous êtes parmi nous la colombe de l’arche.
Vos pieds tendres et purs n’ont point l’âge où l’on marche.
Vos ailes sont d’azur.
Sans le comprendre encor vous regardez le monde.
Double virginité ! corps où rien n’est immonde,
Âme où rien n’est impur !

Il est si beau, l’enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,
Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !

Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j’aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l’été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !

(Victor Hugo)

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JE SAIS (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024




    
JE SAIS

Je sais
Le coeur qui bat trop fort
et le plaisir des dieux à embrasser
les corps des diables amoureux

L’irrésistible attrait du désir interdit
et les peaux affolées
dans les replis du lit

La sauvage emmêlée les appétits de fauve
l’appel et le rejet les secrets de l’alcôve

Les amants séparés
par la distance et par les heures
les secondes d’éternité crispées sur la douleur

Les impatiences extrêmes les rendez-vous manqués
les taxis qui se traînent quand le corps est pressé

Je sais le feu aux joues
les yeux de braise, les faims de loup
les baisers dans le cou le vent qui rend les amant fous

Je sais

Les aveux suspendus à la bouche cousue
l’incendie des nuits blanches la retenue qui flanche

La rivière des souhaits sous le pont des soupirs
et le poids d’un sourire sur l’arche des regrets

Je sais

Je sais le peu de gratitude
le poison de l’ennui le désert de la solitude
et le froid qui détruit

La passion dans l’impasse
le mot blessant qui chasse le mot doux
qui retient le regard qui s’éteint

les «je t’aime», «je te hais»
le mal, le bien que l’on s’est faits
sans même l’avoir jamais cherché je sais l’aube désabusée

Je sais les mots de braise aux lèvres qui se taisent
et la peur qui nous hante et mes larmes brûlantes

Les appels au secours les signaux de détresse
désespérant d’amour et le vide qui oppresse

Je sais
le geste déplacé
tous les actes manqués
les mots qui dépassent la pensée
et les regards estomaqués

L’innocence des beaux jours les promesses oubliées
les serments pour toujours perdus à tout jamais

Je sais le feu qui passe et le spleen qui revient
le bras qui nous enlace et l’angoisse qui étreint

Mais je sais

Je sais les chagrins qui s’envolent au retour du printemps
et les humeurs frivoles sous le souffle du vent

Les frissons du désir et le temps qui s’étire
comme un chat langoureux comme un homme amoureux

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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LA FILLE DE NOÉ (Christine Chia)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2024



Illustration: Marie Amalia
    
LA FILLE DE NOÉ

T’as jamais entendu parler de moi ?
Ça m’étonne pas — les filles sont le sale petit secret du patriarcat.
Moi aussi j’étais dans l’arche réduite à pelleter la merde avec mes belle-soeurs.
Un éléphant, ça chie énormément.

Donc imagines-en deux et multiplie les tas de merdes fumantes par le nombre d’animaux.
On écopait la merde toute la journée, toute la nuit,
bravant vent de loup et mer déchaînée pour tenter d’échapper à la puanteur suffocante.

Et donc, qu’ont fait les patriarches ?
Du vin, bien sûr. Du fromage.

Nous avons fait le pain.

***

NOAH’S DAUGHTER

You never heard of me?
No surprise — daughters are the dirty secret
of the patriarchy. I too, was in the Ark,
slaved with my sisters-in-law to shovel
shit. An elephant is a pooping machine.

Now imagine two elephants.
Multiply the steaming piles of shit by ail the animais.
We tipped shit over ail day, ail night, braving the wolf wind and storm waters
to save ourselves from the suffocating stench.

Now, what did the patriarch do?
They made wine, of course. And cheese.

We made the bread.

(Christine Chia)

Recueil: La Sauvagerie
Editions: Biophilia

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Tout est trop loin de soi (Claude Esteban)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2023


rttbr

 

Le ciel
horizontal

Un oiseau sur le fil invisible
du rêve.

Tout est trop loin de soi.

Paysage en éclats, arches
démises du présent

– blessures.

J’effacerai du jour jusqu’à ma voix.

(Claude Esteban)

 

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DUO D’AMOUR FOU (extrait « Epiphanies ») (Henri Pichette)

Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2023



   

Illustration: Henri Matisse

    
DUO D’AMOUR FOU (extrait « Epiphanies »)

La scène est au soleil de midi, l’été, entre plaine et forêt.

Le Poète : Le lit des choses est grand ouvert.
Je me suis endormi, pensant que c’était trop beau
et que la terre s’échapperait.
Je craignais tout des ventilations absurdes d’une nuit en colère.
Les matins me fustigeaient.
Je vivais crédulement.
Sourcier infatigable, je cherchais l’Orifice originel,
premier ouvrage par où passer la tête et crier au Soleil.

J’ai trouvé ! Je confectionne sur mesure une amoureuse.
Ma femme sera mon paysage sensuel, le diorama de mon âme.
Le monde s’est embelli.
J’aspire littéralement l’avenir.
La clarté du jour m’assiste.
Je grimpe à l’échelle de corde de l’enthousiasme.
O c’est plus que jamais l’heure des diamants érectiles !

Les alentours se métamorphosent.
De coutume le cœur de la biche ne boule pas ainsi, l’eau a moins de charme,
les oiseaux ne tombent pas si verticalement sur le ciel,
l’air n’offre pas sa charpente avec autant de pompe ou de vigueur.
Je vois enfin le plus beau frisson de l’arbre.
Et le silence a trop vite plongé son glaive dans la pierre
pour que je ne devine rien : Tu es là.

L’Amoureuse : Je t’aime.

Le Poète : Je t’ai vue de toutes parts.
Je n’osais décoller tes lèvres du poème.
Il y a tant de choses qui nous invitent
aux festins de la terre.
Toi présente je n’ai plus que ta vérité
pour sauver les mots de leur honte.
Je voudrais pouvoir me taire.
Or pourquoi ai-je toujours une question à poser ?

L’Amoureuse : Dis-moi.

Le Poète : A quoi reconnais-tu que je t’aime ?

L’Amoureuse : A ta volonté. Et toi ?

Le Poète : Au plaisir que tu as à m’obéir.

L’Amoureuse : Ne suis-je point ta femme ?

Le Poète : Il est vrai.
Tu te donnes fière, fine, florissante, agenouillée,
rejetée en arrière, arche harmonieuse
d’où les serviteurs fous de lumière s’envolent ;
étale, pour tracer à la langue les routes fraîches qui mènent au cri.

L’Amoureuse : Quand il fait jour je pense à la nuit

Le Poète : et la nuit je fêle ta voix,
je m’initie à ton parfum, tes seins fermissent,
tu tires mes yeux

L’Amoureuse : et tu me frises
et me tutoies avec des gants.

Le Poète : Je tords la joie de vivre.
Je te visite entière. Je t’irise.
A mon aise je t’incendie.

L’Amoureuse : Tu me parcours

Le Poète : C’est alors que j’oublie le revers des villes,
le souci de vivre au milieu des flèches.
Je retrouve intacte mon enfance.
Je jouerais des siècles avec tes boucles.
Je t’emmènerai au Pays des Manières limpides.
Je t’accrocherais un cristal de neige éternelle au corsage.
Tu choisirais tes lacs, tes rives, tes chaînes de montagnes.
Tu commanderais ton ciel, ta saison, les robes des lendemains.
Pour toi, sur les chemins de ronde,
nous sortirions minuit de nos poches
et nous ferions du feu.

L’Amoureuse : Comme je t’appartiens !
Tu as le sens des mouvements qui me grisent,
et la diction d’un fanal.
Mes flots se teintent.
Tu renverses l’azur en moi.
Tu jalonnes mon ventre d’ifs tout allumés.
C’est la fête. Je t’accompagne.

Nous descendons au ralenti un escalier de pourpre,
je me voile dans l’écume, le vent se lève,
tu t’effaces devant les portes, où suis-je ?
Mais tu ne réponds pas, tu m’inspires des flambeaux de passage,
tu déplies soigneusement la volupté, tu détournes ma soif,
tu me prolonges, tu me chrysalides
et je suis de nouveau élue.

Alors je danse, je danse, je danse !
comme une flamme debout sur la mer !
les paupières fermées. Je suis nue, j’en ai conscience
et je te remercie parce que la fin de la folie est imprévisible.
Tu échafaudes des merveilles.
Tu me crucifies à toi.
Je suis bien.

Laisse-moi te dire : j’ai besoin d’être voyagée comme une femme.
Depuis des jours et des nuits tu me révèles.
Depuis des nuits et des jours
je me préparais à la noce parfaite.
Je suis libre avec ton corps.
Je t’aime au fil de mes ongles,
je te dessine.
Le cœur te lave. Je t’endimanche.
Je te filtre dans mes lèvres.
Tu te ramasses entre mes membres.
Je m’évase.
Je te déchaîne

Le Poète : Je t’imprime

L’Amoureuse : je te savoure

Le Poète : je te rame

L’Amoureuse : je te précède

Le Poète : je te vertige

L’Amoureuse : et tu me recommences

Le Poète : je t’innerve te musique

L’Amoureuse : te gamme te greffe

Le Poète : te mouve

L’Amoureuse : te luge

Le Poète : te hanche te harpe te herse te larme

L’Amoureuse : te mire t’infuse te cytise te valve

Le Poète : te balise te losange te pylône te spirale te corymbe

L’Amoureuse : l’hirondelle te reptile t’anémone
te pouliche te cigale te nageoire

Le Poète : te calcaire te pulpe te golfe te disque

L’Amoureuse : te langue le lune te givre

Le Poète : te chaise te table te lucarne te môle

L’Amoureuse : te meule

Le Poète : te havre te cèdre

L’Amoureuse : te rose te rouge te jaune
te mauve te laine te lyre te guêpe

Le Poète : te troène

L’Amoureuse : te corolle

Le Poète : te résine

L’Amoureuse : te margelle

Le Poète : te savane

L’Amoureuse : te panthère

Le Poète : te goyave

L’Amoureuse : te solive te salive

Le Poète : te scaphandre

L’Amoureuse : te navire te nomade

Le Poète : t’arque-en-ciel

L’Amoureuse : te neige

Le Poète : te marécage

L’Amoureuse : te luzule

Le Poète : te sisymbre te gingembre
t’amande te chatte

L’Amoureuse : t’émeraude

Le Poète : t’ardoise

L’Amoureuse : te fruite

Le Poète : te liège

L’Amoureuse : te loutre

Le Poète : te phalène

L’Amoureuse : te pervenche

Le Poète : te septembre octobre novembre décembre
et le temps qu’il faudra

(Henri Pichette)

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Rien qu’un cri différé qui perce sous le coeur (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2023




    

Illustration: Olivier Suire-Verley

Rien qu’un cri différé qui perce sous le coeur

Et je réveille en moi des êtres endormis.
Un à un, comme dans un dortoir sans limites,
Tous, dans leurs sentiments d’âges antérieurs,
Frêles, mais décidés à me prêter main forte

Je vais, je viens, je les appelle et les exhorte,
Les hommes, les enfants, les vieillards et les femmes,
La foule entière et sans bigarrures de l’âme
Qui tire sa couleur de l’iris de nos yeux
Et n’a droit de regard qu’à travers nos pupilles.

Oh! population de gens qui vont et viennent,
Habitants délicats des forêts de nous-mêmes,
Toujours à la merci du moindre coup de vent
Et toujours quand il est passé, se redressant.

Voilà que lentement nous nous mettons en marche,
Une arche d’hommes remontant aux patriarches
Et lorsque l’on nous voit on distingue un seul homme
Qui s’avance et fait face et répond pour les autres.

Se peut-il qu’il périsse alors que l’équipage
A survécu à tant de vents et de mirages.

(Jules Supervielle)

Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard

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LES MARTYRS (Roger Bevand)

Posted by arbrealettres sur 16 Mai 2023




    
LES MARTYRS

Un soleil aveuglant martèle l’arène ronde.
L’air vibre, languissant, et la lumière poudroie.
Tassées dans des gradins qui s’énervent et qui grondent,
Vingt mille hyènes assoiffées y attendent leur proie.

C’est jour de grande liesse et c’est jour de carnage :
César Imperator donne à ses gens une fête,
Le rideau peut s’ouvrir sur la moisson sauvage
Où les faux sont des glaives et les épis des têtes.

Tremblant de tous leurs membres au ventre des cachots,
Les chrétiens enchaînés vomissent d’épouvante,
Et respirant leur mort au milieu des sanglots,
Ils reniflent au-dehors la rumeur impatiente.

Soudain les portes craquent sur la lumière violente,
Le cirque halluciné hurle ses pauvres haines,
Et face à l’empereur qu’un vague ennui tourmente,
Tout un peuple délire, ivre de joie païenne.

Les brebis sont groupées au centre de l’arène,
Terrorisées, muettes, elles se touchent et se serrent
Et lancent vers le ciel, dans la chaleur romaine,
Pour la dernière fois, une dernière prière.

Après ne restent plus sur le sable rougi,
Dans le soir qui descend aux marches italiennes,
Que l’ombre de leur peur et l’écho de leurs cris,
Et, fantôme debout, l’arche marmoréenne…

(Roger Bevand)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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Les Rois Mages (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2021



Leopold Kupelwieser _1796- rois mages_jpeg

Les Rois Mages

Avancerons-nous aussi vite que l’étoile
La randonnée n’a-t-elle pas assez duré
Réussirons-nous enfin à l’égarer
cette lueur au milieu de la lune et des bêtes
qui ne s’impatiente pas

La neige avait tissé les pays du retour
avec ses fleurs fondues où se perd la mémoire
De nouveaux compagnons se mêlaient à la troupe
qui sortaient des arbres comme les bûcherons
Le Juif errant peinait, aux blessures bafouées
Des fourrures couvraient le roi noir malade à mourir
Le pasteur de la faim est avec nous
Ses yeux bleus éclairent son manteau d’épluchures
et le troupeau rageur des enfants prisonniers

Nous allions voir la joie nous l’avons cru
la joie du monde née dans une maison par ici
C’était au commencement … Maintenant on ne parle pas
Nous allions délivrer un tombeau radieux
marqué d’une croix par les torches dans la forêt

Le pays n’est pas sűr les châteaux se glissent derrière nous
Pas de feu dans l’âtre des relais Les frontières
remuent à l’aube par les coups défendus
Nos paumes qui ont brisé les tempêtes de sable
sont trouées par la charançon et j’ai peur de la nuit

Ceux qui nous attendaient dans le vent de la route
se sont lassés le chœur se tourne contre nous
Par les banlieues fermées à l’aube les pays sans amour
nous avançons mêlés à tous et séparés
Sous les lourdes paupières de l’espérance
La peur haletait comme une haridelle

Nous arriverons trop tard le massacre est commencé
les innocents sont couchés dans l’herbe
Et chaque jour, nous remuons des flaques dans les contrées
Et la rumeur se creuse des morts non secourus
qui avaient espéré en notre diligence

Tout l’encens a pourri dans les boîtes en ivoire
et l’or a caillé nos cœurs comme du lait
La jeune fille s’est donnée aux soldats
que nous gardions dans l’arche pour le rayonnement
pour le sourire de sa face

Nous sommes perdus On nous a fait de faux rapports
C’est depuis le début du voyage
Il n’y avait pas de route il n’y a pas de lumière
Seul un épi d’or surgi du songe
que le poids de nos chutes n’a pas su gonfler
Et nous poursuivons en murmurant contre nous
tous le trois brouillés autant qu’un seul
peut l’être avec lui-même
Et le monde rêve à travers notre marche
dans l’herbe des bas-lieux
et ils espèrent
quand nous nous sommes trompés de chemin

Egarés dans les moires du temps – les durs méandres
qu’anime le sourire de l’Enfant –
chevaliers à la poursuite de la fuyante naissance
du futur qui nous guide comme un toucheur de bœufs
je maudis l’aventure je voudrais retourner
vers la maison et le platane
pour boire l’eau de mon puits que ne trouble pas la lune
et m’accomplir sur mes terrasses toujours égales
dans la fraîcheur immobile de mon ombre…

Mais je ne puis guérir d’un appel insensé.

(André Frénaud)

Illustration: Leopold Kupelwieser

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EVOLUTION (Borche Panov)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2021



Illustration:  Jodi Trujillo
    
Poem in French, Italian, German, Portuguese, Romanian, Greek, Icelandic, Sicilian, Polish, Chinese, Arab, Hindi, Japanese, Farsi, Kurdisch, Russian, Filipino,
Hebrew, Tamil, Bangla, Irish, Serbian, Armenian, Macedonian, Indonesian,
Malay, Catalan, Bulgarian

Footprints in the Sand, by Jodi Trujillo Art, Hawaii

Poem of the Week Ithaca 695 “EVOLUTION”, BORCHE PANOV, North Macedonia, 1961

– All translations are made in collaboration with Germain Droogenbroodt –

EVOLUTION

Nous étions nus
et vîmes alors la pomme
qui contenait le ver
comme un embryon de chagrin.

La poutre d’équilibre détrempée
dégoutte sans arrêt de nos yeux,
à la recherche de la grande marée
avec l’arche de notre salut
flottant là-haut.

L’océan abandonne un flot d’écume
sur nos chevilles
tandis que nous courons sur le sable
d’une longue évolution.

L’eau efface les traces
pour nous faire oublier
qu’un jour nous sommes allés au paradis.

(Borche Panov)

Traduction de Daniela Andonovska Trajkovska – Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

***

EVOLUZIONE

Eravamo nudi
poi abbiamo visto la mela
con dentro il verme
come un embrione di dolore.

La sbarra da equilibrista fatta d’acqua
sgorga senza sosta dai nostri occhi,
cerca il grande diluvio
con l’arco della nostra salvezza
librarsi in alto.

L’oceano lascia una scia di schiuma
sulle nostre anche
mentra camminiamo sulla sabbia
di una lunga evoluzione.

L’acqua cancella le impronte
per farci dimenticare
di essere stati in paradiso.

Traduzione di Daniela Andonovska-Trajkovska – Stanley Barkan – Luca Benassi

***

EVOLUTION

Wir waren nackt
und dann sahen wir den Apfel
mit dem Wurm darin
wie ein Embryo des Kummers.

Der wässrige Kielholm
sickert aus unseren Augen, ohne Unterlass
auf der Suche nach der großen Flut
während die Arche unserer Erlösung
darüber schwebt.

Der Ozean hinterlässt eine Mähne von Schaum
an unseren Knöcheln
während wir auf dem Sand
einer langen Evolution laufen.

Das Wasser löscht die Fußabdrücke
und lässt uns vergessen
dass wir jemals im Paradies gewesen sind.

Übersetzung Daniela Andonovska-Trajkovska – Germain Droogenbroodt – Wolfgang Klinck

***

EVOLUÇÃO

Estávamos nus
e vimos então a maçã
com o verme por dentro
como um embrião de dor.

A cintilação do equilíbrio aquoso
vai-se apagando dos nossos olhos para sempre
em busca do grande dilúvio
com a arca da nossa salvação
flutuando por cima.

O oceano deixa uma corrente de espuma
nos nossos tornozelos
enquanto caminhamos na areia
de uma longa evolução.

A água apaga as pegadas
para nos fazer esquecer que estivemos,
um dia, no paraíso.

Tradução portuguesa: Maria do Sameiro Barroso

***

EVOLUTIE

Eram goi
când am văzut mărul
cu viermele înăuntru,
un fel de embrion al suferinței.

Cumpăna apei se scurgea
din ochii noștri către veșnicie
visând la contopirea cu marele potop,
iar arca mântuirii noastre
plutea în balans deasupra ei.

O coamă înspumată ne așterne marea
în jurul gleznelor
în timp ce noi pășim peste nisipul
unei îndelungate evoluții.

Astfel, se șterge urma pașilor noștri
și acest lucru ne face să uităm
că am fost cândva în paradis.

Traducere Gabriela Căluțiu Sonnenberg
Translated into Romanian by Gabriela Căluțiu Sonnenberg

***

ΕΞΕΛΙΞΗ

Ισορροπίας του νερού αχτίνα
κυλούσε απ’ τα μάτια σου
να βρει κατακλυσμό και κιβωτό
της σωτηρίας μας

Γυμνοί περπατούσαμε
το μήλο όταν είδαμε
με το σκουλήκι μέσα του
έμβρυο πένθους.

Κύματα ωκεάνια αφρός
γύρω απ’ τα πόδια σου
σαν βηματίζαμε στην
άμμο της εξέλιξης μας.

Νερό που σβήνει πατημασιές
για να ξεχάσουμε πως
κάποτε ζήσαμε στον Παράδεισο.

Μετάφραση Μανώλη Αλυγιζάκη
Translated into Greek by Manolis Aligizakis

***

ÞRÓUN

Við vorum nakin
og svo sáum við eplið
með orminum í
eins og vísi að sorg.

Votur vogargeisli
lekur án afláts úr augum okkar,
leitar að flóðinu mikla
með sáluhjálparörkina
á sveimi yfir.

Sjávarlöðrið verður eftir
um ökkla okkar
þar sem við göngum í sandi
langrar þróunar.

Sjórinn skolar burt sporin
svo að við gleymum
að við vorum einu sinni í paradís.

Þór Stefánsson þýddi samkvæmt enskri þýðingu Danielu Andonovska-Trajkovska og Stanleys Barkan
Translated into Icelandic by Þór Stefánsson

***

EVOLUZIONI

Eramu a nuda
e vittimu lu pumu
cu lu vermu dintra
comu un embriuni di duluri.

La travi acquusa ca bbilanza
cuntinua a nesciri di l’occhi
in cerca di lu gran sdilluviu
cu l’arca di la nostra salvizza
suspisa supra a nui.

L’oceanu lassa na unna di scuma
A li nostri cavigghi
mentri caminamu supra a rina
di na evoluzioni longa.

L’acqua cancella li pidati
pi farinni scurdari
ca am’â statu mai ntô paradisu.

Traduzioni in siciliano di Gaetano Cipolla

***

EWOLUCJA

Byliśmy nadzy
i wtedy zobaczyliśmy jabłko
z robakiem w środku
jak z zarodkiem smutku.

Wodna belka równoważąca
na zawsze robi przeciek z naszych oczu,
wyglądając wielkiego potopu,
z arką naszego zbawienia
unoszącą się nad nim.

Ocean pozostawia strumień piany
na kostkach naszych nóg
gdy chodzimy po piasku
długiej ewolucji.

Woda zaciera ślady stop,
abyśmy zapominali
że byliśmy kiedykolwiek w raju.

Przekład na polski: Mirosław Grudzień
Translated into Polish by Mirosław Grudzień

***

进 化

我们曾经赤身裸体
然后我们看见了这苹果
苹果里面有虫子
这虫像一个悲伤的胚胎。
我们的眼睛永远泄漏
这水样的平衡梁,
用拯救我们的方舟
寻求大洪水
颠簸其上。
我们在漫长进化的
沙滩上行走时
海洋在我们的脚踝上
留下了泡沫。
海水抹去沙滩的脚印
让我们忘记
我们曾经到达过天堂。

原 作: 北马其顿 博尔切·帕诺夫 1961 年
英 译:丹妮拉·安多诺夫斯卡-特拉伊科夫斯卡-斯坦利·巴坎
汉 译:中 国 周道模 2021-8-25
Translated into Chinese by William Zhou

***

تَطَوُّرْ

كُنَّا عُرَاةً
ثُمَّ رَأيْنَا التُّفَاحَة
وَدَاخِلَها…. كَجَنِينِ الحُزْنِ
تَقْبَعُ « الدُّودَة »

مِيزَانُ الحِسَابِ الدَّامِع
يَتَسَرَّبُ دَائِمًا مِن أعْيُنِنَا
تَتُوقُ إلى الطُّوفَانِ العَظِيمِ
مَعَ فُلْكِ خَلاصِنَا الذِي يَحُومُ في الأَعْلَى
يَتْرُكُ المُحُيطُ تَدَفْقًا مِن الزَّبَد

عَلَى أَعْقَابِنَا وَنَحْنُ نَسِيرُ فَوقَ
رِمَالِ التَّطَورِ الطَّويِل
يَمْحُو المَاءُ أَثَارَ أَقْدَامِنا
حَتَّى نَنْسَى بِأَنَّنَا لَمْ نَكْن في الجَنَّة

ترجمة للعربية: عبد القادر كشيدة
Translated into Arab by Mesaoud Abdelkader

***

विकास

हम नंगे थे
और फिर हमने सेब देखा
अंदर कीड़ा के साथ
दुख के भ्रूण की तरह l

पानीदार संतुलन बीम
हमारी आँखों से हमेशा के लिए रिस रहा है,
बड़ी बाढ़ की तलाश
हमारे उद्धार के सन्दूक के साथ
ऊपर मंडरा रहा है।

सागर झाग का प्रवाह छोड़ता है
हमारे टखनों पर
जब हम रेत पर चल रहे होते हैं
एक लंबे विकास के लिए।

पानी पैरों के निशान मिटा देता है
हमें भूलने के लिए
कि हम कभी जन्नत में गए हैं।

Hindi translation by Jyotirmaya Thakur.

***

進化

わたしたちは裸だった
そしてそのリンゴをみた
中に虫が巣くっているものを
まるで悲しみの胎芽のように

涙を抑える光は
目からいつまでも漏れている
救済の箱舟が宙に浮かぶ
洪水を待ちながら

波打ち際の
長い進化の途上の砂の上を歩くとき
海は足首に白い泡の流れを残す

私たちがかつて天国にいたことを
忘れるために
波は砂上の足跡を消す

Translated into Japanese by Manabu Kitawaki

***

فرگشت

ما برهنه بودیم
و‌سپس سیب را دیدیم
با کرمی داخلش
مانند جنینی از اندوه

پرتوی از توازنی لرزان
تا ابدیت از چشم‌مان می‌چکد
در جستجوی طغیان بزرگ
در نقطه‌ی نجات ما
معلق در هوا.

اقیانوس ردی از کف بر جا می‌گذارد
روی مچ‌ پاهایمان
همچنانکه روی شن‌ها قدم می‌زنیم
از فرگشتی طولانی.

آب جای پاها را برایمان
می‌شوید تا فراموش کنیم
که زمانی در بهشت بوده‌ایم.

Translated into Farsi by Sepideh Zamani

***

WERARÎ

Em rwîtbûn
û paşê me sêv dît
kurmî bû
wek pizeke xemgîniyê.

Hevsengiya terazoya avî
li pêş çehvên me dilive,
li lehiya mezin digere
çawa di dema keştiya Noh de
ku rizgariya me metirsîdar e.

Derya komeke kef li şûna xwe dihêle
ta ber gwîskên me
di gava em li ser zîxê
werariyeke dirêj beziyan.

Avê rêçên lingên me bi xwe re birin
û hêşt em jibîrbikin
ku em demekê di biheştê de bûn.

Translated into Kurdisch by Hussein Habasch

****

РАЗВИТИЕ

Мы жили обнаженные
и вдруг сорвали плод
внутри червяк –
зачаток всех страданий.

Вода из чаш весов
струится без конца из наших глаз,
ища большой потоп,
где нас ковчег спасет,
дрейфуя над водой.

Морская пена
остается на ногах,
пока мы по песку
развития бредем.

Наши следы сотрет вконец вода,
когда-то позабудется,
что были мы в раю.

Translated into Russian by Daria Mishueva

***

EBOLUSYON

Nakahubad kami
at pagdaka ay nakita namin ang mansanas
na may uod sa loob
tulad ng isang binhi ng kalungkutan.

Ang poste ng tubig na balanseng balanse
ay walang hanggan na tumutulo mula sa aming mga mata,
naghahanap ng malaking baha
kasama ang arko ng ating kaligtasan
umaaligid sa itaas.

Ang karagatan ay nag-iiwan ng daloy ng bula
sa aming mga bukung-bukong
habang naglalakad kami sa buhangin
ng isang mahabang ebolusyon.

Binubura ng tubig ang mga bakas ng mga paa
upang makalimutan natin
na nanggaling na kami sa paraiso.

Translated into Filipino by Eden Soriano Trinidad

***

אבולוציה / בורצ’ה פאנוב

הָ יִינּו עֵ ירֻ מִ ים
וְ ָאז רָ אִ ינּו אֶ ת הַ תַ ּפּוחַ
עִ ם הַ תוֹלַעַ ת בְ תוֹכוֹ
כְמוֹ עֻבָ ר שֶ ל צַ עַ ר.בְ עֵינֵינּו, לַנֶצַ ח,

לְ שוֹן הַ מֹ אזְנַיִם הַ מֵ ימִ ית
מְ בַ קֶ שֶ ת לְ אַ זֵ ן בֵ ין הַ מַ בּול הַ גָדוֹל
לְ בֵין תֵ בַ ת הַ צָ לָתֵ נּו
שֶ מְ רַ חֶ פֶ ת מֵ עַ ל.
הָ אוֹקְ יָנוֹס מַ שְ אִ יר שֶ טֶ ף שֶ ל קֶ צֶ ף

עַ ל קַ רְ סֻלֵינּו
בְ עוֹד אֲנַחְ נּו הוֹלְ כִ ים עַ ל הַ חוֹל
שֶ ל אֶ בוֹלּוצְ יָה מִ תְ מַ שֶ כֶת.
הַ מַ יִם מוֹחֲקִ ים אֶ ת עִ קְ בוֹת הָ רַ גְ לַיִם

עַ ל מְ נַת שֶ נִשְ כַ ח
שֶ הָ יִינּו אֵ י ּפַ עַ ם בְ גַן עֵ דֶ ן.
תרגום לאנגלית:

לעברית: דורית ויסמן
Translated into Hebrew by Dorit Weisman

***

உயிரியல் கோட்பாடு

நாம் நிர்வாணிகள்
வேதனையின் கருமுனை போன்று
உள்ளே ஒரு புழுவை
பிறகு ஆப்பிள் பழத்தில் கண்டோம்

நம் கண்களிலிருந்து கசியும்
தண்ணீர் உத்தரம் போன்ற ஒளிக்கற்றை
பெரும் வெள்ளத்தை எதிர்நோக்கி
மேலே சுழன்றுகொண்டிருக்கும்
நம் மீட்சியின் வளையம் போன்று.

நாம் கடல்மணலில் நடக்கும்பொழுது
கடல் நுரைகளின் ஓட்டத்தை
கணுக்கால்களில் விட்டு நீங்குகிறது.
நீண்ட உயிரியல் கோட்பாடுகளாக!

நாம் எப்பொழுதோ
சொர்கத்திற்குச் சென்றதை
நாம் மறப்பதற்காக
நீர் நமது கால் அடிகளை
அழித்துவிடுகிறது!

Translated into Tamil by DR. N V Subbaraman

***

বিবর্ধন

আমরা ছিলাম নগ্ন
আর ঠিক তখনই দেখতে পেলাম আপেল ফল
যার ভিতরে ছিল কীট
ঠিক যেন বেদনার ভ্রূণের মত ।

আমাদের অশ্রুজল সংবরণ করা ঠিক যেন ভারসাম্যের বাঁধের মতো
যা চিরকাল ঝরে পড়ে আমাদের চোখ দিয়ে,
নিয়ে আসো মহাপ্লাবন সাথে নিয়ে নুহু নবীর জাহাজ
যা আমাদের পরিত্রাণ
ঘুরছে আমাদের উপর ।

মহাসাগরের ফেনা আছড়ে পড়ে
আমাদের গোড়ালিতে
যখন আমরা হেঁটে যাই বালুকাময় সাগরতীরে
দীর্ঘ বিবর্তনের ।

সাগরের জল কনা মুছে দেয় পদাঙ্ক
যেন আমরা ভুলে যাই
যে আমরা যেন কখনো ছিলাম স্বর্গে

Bangla Translation: – Tabassum Tahmina Shagufta Hussein

***

ÉABHLÓID

Nocht a bhíomar
nuair a chonaiceamar an t-úll,
an phéist meallta ann:
an dólás i dtús fáis.

Sileann deor go síoraí
ó chrann fulaingthe na súl,
an díle á lorg aige,
áirc an tslánaithe
os a chionn.

Briseann cúr na farraige
ar ár gcosa
agus muid ag siúl bóthar
fada na héabhlóide

Glanann an t-uisce lorg na gcos,
an chuimhne ar an bparthas
ina rabhamar tráth.

Aistrithe go Gaeilge ag Rua Breathnach
Translated into Gaelic by Rua Breathnach

***

EVOLUCIJA

Bili smo nagi
i onda smo videli jabuku
u kojoj je bio crv
kao embrion tuge.

Vodena terezija
Stalno istice iz naših očiju
tražeći potop
iznad koga lebdi
arka našeg spasenja.

Okean ostavlja grivne od pene
oko naših gležnjeva
dok koračamo po pesku
nove evolucije.

Voda briše otiske stopala
da bi zaboravili
da smo ikada bili u raju.

Sa engleskog prevelar S. Piksiades
Translated into Serbian by S. Piksiades

***

ЕВОЛУЦИЈА

Бевме голи
и го видовме тогаш јаболкото
со црвот внатре
како ембрион на тагата

Водената терезија
постојано ни истекува од очите
барајќи го потопот
врз кој ќе лебди
арката на нашиот спас

Океанот ти остава гривни од пена
над глужовите
додека чекориш по песокот
на една долга еволуција

Водата ги брише стапалките
за да заборавиме
дека некогаш сме биле во рајот

BORCHE PANOV

***

ԷՎՈԼՅՈՒՑԻԱ

Մենք մերկ էինք,
հետո տեսանք խնձորը՝
որդը ներսում,
որպես վշտի սաղմ:

Ջրի հավասարակշռության մակարդակը,
որ հավերժորեն հոսում է մեր աչքերից,
փնտրում է մեծ ջրհեղեղ՝
մեր փրկության տապանով,
սավառնելով բարձրում:

Օվկիանոսը փրփուրի հոսք է թողնում
մեր կոճերի վրա,
մինչ մենք քայլում ենք
էվոլյուցիայի երկար ավազի վրայով:

Ջուրը ջնջում է ոտնահետքերը,
որ չհիշենք,
թե մենք երբևէ եղել ենք դրախտում:

Հայերեն թարգմանությունը՝ Արմենուհի Սիսյանի
Translated into Armenian by Armenuhi Sisyan

***

EVOLUSI

Kami telanjang
kemudian melihat apel
dengan cacing berada di dalam
seperti benih kesedihan.

Balok keseimbangan tergenang air
yang selamanya mengalir dari mata,
mencoba untuk menjadi banjir besar
dengan tabut keselamatan
melayang di atas.

Lautan meninggalkan buih
di pergelangan mata kaki
ketika berjalan di atas pasir
dengan perubahan yang lama.

Air menghapus jejak kaki
untuk dilupakan
bahwa kita pernah berada di surga.

Translated into Indonesian by Lily Siti Multatuliana

***

تَطَوُّرْ

تَطَوُّرْ
كُنَّا عُرَاةً
ثُمَّ رَأيْنَا التُّفَاحَة
وَدَاخِلَها…. كَجَنِينِ الحُزْنِ

تَقْبَعُ « الدُّودَة »
مِيزَانُ الحِسَابِ الدَّامِع
يَتَسَرَّبُ دَائِمًا مِن أعْيُنِنَا
تَتُوقُ إلى الطُّوفَانِ العَظِيمِ
مَعَ فُلْكِ خَلاصِنَا الذِي يَحُومُ في الأَعْلَى

يَتْرُكُ المُحُيطُ تَدَفْقًا مِن الزَّبَد
عَلَى أَعْقَابِنَا وَنَحْنُ نَسِيرُ فَوقَ
رِمَالِ التَّطَورِ الطَّويِل
يَمْحُو المَاءُ أَثَارَ أَقْدَامِنا
حَتَّى نَنْسَى بِأَنَّنَا لَمْ نَكْن في الجَنَّة

ترجمة للعربية: عبد القادر كشيدة
Malayan translation by Dr. Irwan Abu Bakar

***

EVOLUCIÓ

Estàvem nus
i vam veure llavors la poma
amb el cuc dins
com un embrió de dolor.

La barra d’equilibri aquosa
fuig per sempre dels nostres ulls,
buscant el gran diluvi
amb l’arca de la nostra salvació
flotant per sobre.

L’oceà deixa un flux d’escuma
en els nostres turmells
mentre transitem la sorra
d’una llarga evolució.

L’aigua esborra les petjades
per fer-nos oblidar que alguna vegada
hem estat al paradís.

Traducció al català: Natalia Fernández Díaz-Cabal
Translated into Catalan by Natalia Fernández Díaz-Cabal

***

ЕВОЛЮЦИЯ

Бяхме голи
и тогава видяхме ябълката
с червея вътре
като ембрион на тъгата

Водната везна
постоянно изтича от очите ни,
търсейки потопа,
върху който ще плава
ковчегът на нашето спасение

Океанът ти оставя гривни от пяна
над глезените,
докато крачиш по пясъка
на една дълга еволюция

Водата изтрива стъпките,
за да забравим,
че някога сме били в рая

превод: Борче Панов

(Borche Panov)

 

Recueil: ITHACA 695
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

FRIENDS ITHACA
Holland: https://boekenplan.nl
Poland: http://www.poetrybridges.com.pl
France: https://arbrealettres.wordpress.com
Poland: http://www.poetrybridges.com.pl
Romania: http://www.logossiagape.ro; http://la-gamba.net/ro; http://climate.literare.ro; http://www.curteadelaarges.ro.; https://cetatealuibucur.wordpress.com
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DANS L’ÉGALITÉ DU TORRENT (António Ramos Rosa)

Posted by arbrealettres sur 21 juin 2021




    
DANS L’ÉGALITÉ DU TORRENT

Dans l’égalité du torrent, un seul arbre,
des mots et des pierres accueillant un
visage au rythme des vagues, et une
ombre ovale sur les épaules, respirant
lentement le cercle d’air, les reflets
dans les branches, semblants de
souffle, les anneaux du jour, sans bord
ni centre l’arche inachevée, errante, qui
sur la mer est la permanence.

(António Ramos Rosa)

 

Recueil: Le cycle du cheval
Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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