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LES MARTYRS (Roger Bevand)

Posted by arbrealettres sur 16 mai 2023




    
LES MARTYRS

Un soleil aveuglant martèle l’arène ronde.
L’air vibre, languissant, et la lumière poudroie.
Tassées dans des gradins qui s’énervent et qui grondent,
Vingt mille hyènes assoiffées y attendent leur proie.

C’est jour de grande liesse et c’est jour de carnage :
César Imperator donne à ses gens une fête,
Le rideau peut s’ouvrir sur la moisson sauvage
Où les faux sont des glaives et les épis des têtes.

Tremblant de tous leurs membres au ventre des cachots,
Les chrétiens enchaînés vomissent d’épouvante,
Et respirant leur mort au milieu des sanglots,
Ils reniflent au-dehors la rumeur impatiente.

Soudain les portes craquent sur la lumière violente,
Le cirque halluciné hurle ses pauvres haines,
Et face à l’empereur qu’un vague ennui tourmente,
Tout un peuple délire, ivre de joie païenne.

Les brebis sont groupées au centre de l’arène,
Terrorisées, muettes, elles se touchent et se serrent
Et lancent vers le ciel, dans la chaleur romaine,
Pour la dernière fois, une dernière prière.

Après ne restent plus sur le sable rougi,
Dans le soir qui descend aux marches italiennes,
Que l’ombre de leur peur et l’écho de leurs cris,
Et, fantôme debout, l’arche marmoréenne…

(Roger Bevand)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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Les Rois Mages (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2021



Leopold Kupelwieser _1796- rois mages_jpeg

Les Rois Mages

Avancerons-nous aussi vite que l’étoile
La randonnée n’a-t-elle pas assez duré
Réussirons-nous enfin à l’égarer
cette lueur au milieu de la lune et des bêtes
qui ne s’impatiente pas

La neige avait tissé les pays du retour
avec ses fleurs fondues où se perd la mémoire
De nouveaux compagnons se mêlaient à la troupe
qui sortaient des arbres comme les bûcherons
Le Juif errant peinait, aux blessures bafouées
Des fourrures couvraient le roi noir malade à mourir
Le pasteur de la faim est avec nous
Ses yeux bleus éclairent son manteau d’épluchures
et le troupeau rageur des enfants prisonniers

Nous allions voir la joie nous l’avons cru
la joie du monde née dans une maison par ici
C’était au commencement … Maintenant on ne parle pas
Nous allions délivrer un tombeau radieux
marqué d’une croix par les torches dans la forêt

Le pays n’est pas sűr les châteaux se glissent derrière nous
Pas de feu dans l’âtre des relais Les frontières
remuent à l’aube par les coups défendus
Nos paumes qui ont brisé les tempêtes de sable
sont trouées par la charançon et j’ai peur de la nuit

Ceux qui nous attendaient dans le vent de la route
se sont lassés le chœur se tourne contre nous
Par les banlieues fermées à l’aube les pays sans amour
nous avançons mêlés à tous et séparés
Sous les lourdes paupières de l’espérance
La peur haletait comme une haridelle

Nous arriverons trop tard le massacre est commencé
les innocents sont couchés dans l’herbe
Et chaque jour, nous remuons des flaques dans les contrées
Et la rumeur se creuse des morts non secourus
qui avaient espéré en notre diligence

Tout l’encens a pourri dans les boîtes en ivoire
et l’or a caillé nos cœurs comme du lait
La jeune fille s’est donnée aux soldats
que nous gardions dans l’arche pour le rayonnement
pour le sourire de sa face

Nous sommes perdus On nous a fait de faux rapports
C’est depuis le début du voyage
Il n’y avait pas de route il n’y a pas de lumière
Seul un épi d’or surgi du songe
que le poids de nos chutes n’a pas su gonfler
Et nous poursuivons en murmurant contre nous
tous le trois brouillés autant qu’un seul
peut l’être avec lui-même
Et le monde rêve à travers notre marche
dans l’herbe des bas-lieux
et ils espèrent
quand nous nous sommes trompés de chemin

Egarés dans les moires du temps – les durs méandres
qu’anime le sourire de l’Enfant –
chevaliers à la poursuite de la fuyante naissance
du futur qui nous guide comme un toucheur de bœufs
je maudis l’aventure je voudrais retourner
vers la maison et le platane
pour boire l’eau de mon puits que ne trouble pas la lune
et m’accomplir sur mes terrasses toujours égales
dans la fraîcheur immobile de mon ombre…

Mais je ne puis guérir d’un appel insensé.

(André Frénaud)

Illustration: Leopold Kupelwieser

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EVOLUTION (Borche Panov)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2021



Illustration:  Jodi Trujillo
    
Poem in French, Italian, German, Portuguese, Romanian, Greek, Icelandic, Sicilian, Polish, Chinese, Arab, Hindi, Japanese, Farsi, Kurdisch, Russian, Filipino,
Hebrew, Tamil, Bangla, Irish, Serbian, Armenian, Macedonian, Indonesian,
Malay, Catalan, Bulgarian

Footprints in the Sand, by Jodi Trujillo Art, Hawaii

Poem of the Week Ithaca 695 “EVOLUTION”, BORCHE PANOV, North Macedonia, 1961

– All translations are made in collaboration with Germain Droogenbroodt –

EVOLUTION

Nous étions nus
et vîmes alors la pomme
qui contenait le ver
comme un embryon de chagrin.

La poutre d’équilibre détrempée
dégoutte sans arrêt de nos yeux,
à la recherche de la grande marée
avec l’arche de notre salut
flottant là-haut.

L’océan abandonne un flot d’écume
sur nos chevilles
tandis que nous courons sur le sable
d’une longue évolution.

L’eau efface les traces
pour nous faire oublier
qu’un jour nous sommes allés au paradis.

(Borche Panov)

Traduction de Daniela Andonovska Trajkovska – Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

***

EVOLUZIONE

Eravamo nudi
poi abbiamo visto la mela
con dentro il verme
come un embrione di dolore.

La sbarra da equilibrista fatta d’acqua
sgorga senza sosta dai nostri occhi,
cerca il grande diluvio
con l’arco della nostra salvezza
librarsi in alto.

L’oceano lascia una scia di schiuma
sulle nostre anche
mentra camminiamo sulla sabbia
di una lunga evoluzione.

L’acqua cancella le impronte
per farci dimenticare
di essere stati in paradiso.

Traduzione di Daniela Andonovska-Trajkovska – Stanley Barkan – Luca Benassi

***

EVOLUTION

Wir waren nackt
und dann sahen wir den Apfel
mit dem Wurm darin
wie ein Embryo des Kummers.

Der wässrige Kielholm
sickert aus unseren Augen, ohne Unterlass
auf der Suche nach der großen Flut
während die Arche unserer Erlösung
darüber schwebt.

Der Ozean hinterlässt eine Mähne von Schaum
an unseren Knöcheln
während wir auf dem Sand
einer langen Evolution laufen.

Das Wasser löscht die Fußabdrücke
und lässt uns vergessen
dass wir jemals im Paradies gewesen sind.

Übersetzung Daniela Andonovska-Trajkovska – Germain Droogenbroodt – Wolfgang Klinck

***

EVOLUÇÃO

Estávamos nus
e vimos então a maçã
com o verme por dentro
como um embrião de dor.

A cintilação do equilíbrio aquoso
vai-se apagando dos nossos olhos para sempre
em busca do grande dilúvio
com a arca da nossa salvação
flutuando por cima.

O oceano deixa uma corrente de espuma
nos nossos tornozelos
enquanto caminhamos na areia
de uma longa evolução.

A água apaga as pegadas
para nos fazer esquecer que estivemos,
um dia, no paraíso.

Tradução portuguesa: Maria do Sameiro Barroso

***

EVOLUTIE

Eram goi
când am văzut mărul
cu viermele înăuntru,
un fel de embrion al suferinței.

Cumpăna apei se scurgea
din ochii noștri către veșnicie
visând la contopirea cu marele potop,
iar arca mântuirii noastre
plutea în balans deasupra ei.

O coamă înspumată ne așterne marea
în jurul gleznelor
în timp ce noi pășim peste nisipul
unei îndelungate evoluții.

Astfel, se șterge urma pașilor noștri
și acest lucru ne face să uităm
că am fost cândva în paradis.

Traducere Gabriela Căluțiu Sonnenberg
Translated into Romanian by Gabriela Căluțiu Sonnenberg

***

ΕΞΕΛΙΞΗ

Ισορροπίας του νερού αχτίνα
κυλούσε απ’ τα μάτια σου
να βρει κατακλυσμό και κιβωτό
της σωτηρίας μας

Γυμνοί περπατούσαμε
το μήλο όταν είδαμε
με το σκουλήκι μέσα του
έμβρυο πένθους.

Κύματα ωκεάνια αφρός
γύρω απ’ τα πόδια σου
σαν βηματίζαμε στην
άμμο της εξέλιξης μας.

Νερό που σβήνει πατημασιές
για να ξεχάσουμε πως
κάποτε ζήσαμε στον Παράδεισο.

Μετάφραση Μανώλη Αλυγιζάκη
Translated into Greek by Manolis Aligizakis

***

ÞRÓUN

Við vorum nakin
og svo sáum við eplið
með orminum í
eins og vísi að sorg.

Votur vogargeisli
lekur án afláts úr augum okkar,
leitar að flóðinu mikla
með sáluhjálparörkina
á sveimi yfir.

Sjávarlöðrið verður eftir
um ökkla okkar
þar sem við göngum í sandi
langrar þróunar.

Sjórinn skolar burt sporin
svo að við gleymum
að við vorum einu sinni í paradís.

Þór Stefánsson þýddi samkvæmt enskri þýðingu Danielu Andonovska-Trajkovska og Stanleys Barkan
Translated into Icelandic by Þór Stefánsson

***

EVOLUZIONI

Eramu a nuda
e vittimu lu pumu
cu lu vermu dintra
comu un embriuni di duluri.

La travi acquusa ca bbilanza
cuntinua a nesciri di l’occhi
in cerca di lu gran sdilluviu
cu l’arca di la nostra salvizza
suspisa supra a nui.

L’oceanu lassa na unna di scuma
A li nostri cavigghi
mentri caminamu supra a rina
di na evoluzioni longa.

L’acqua cancella li pidati
pi farinni scurdari
ca am’â statu mai ntô paradisu.

Traduzioni in siciliano di Gaetano Cipolla

***

EWOLUCJA

Byliśmy nadzy
i wtedy zobaczyliśmy jabłko
z robakiem w środku
jak z zarodkiem smutku.

Wodna belka równoważąca
na zawsze robi przeciek z naszych oczu,
wyglądając wielkiego potopu,
z arką naszego zbawienia
unoszącą się nad nim.

Ocean pozostawia strumień piany
na kostkach naszych nóg
gdy chodzimy po piasku
długiej ewolucji.

Woda zaciera ślady stop,
abyśmy zapominali
że byliśmy kiedykolwiek w raju.

Przekład na polski: Mirosław Grudzień
Translated into Polish by Mirosław Grudzień

***

进 化

我们曾经赤身裸体
然后我们看见了这苹果
苹果里面有虫子
这虫像一个悲伤的胚胎。
我们的眼睛永远泄漏
这水样的平衡梁,
用拯救我们的方舟
寻求大洪水
颠簸其上。
我们在漫长进化的
沙滩上行走时
海洋在我们的脚踝上
留下了泡沫。
海水抹去沙滩的脚印
让我们忘记
我们曾经到达过天堂。

原 作: 北马其顿 博尔切·帕诺夫 1961 年
英 译:丹妮拉·安多诺夫斯卡-特拉伊科夫斯卡-斯坦利·巴坎
汉 译:中 国 周道模 2021-8-25
Translated into Chinese by William Zhou

***

تَطَوُّرْ

كُنَّا عُرَاةً
ثُمَّ رَأيْنَا التُّفَاحَة
وَدَاخِلَها…. كَجَنِينِ الحُزْنِ
تَقْبَعُ « الدُّودَة »

مِيزَانُ الحِسَابِ الدَّامِع
يَتَسَرَّبُ دَائِمًا مِن أعْيُنِنَا
تَتُوقُ إلى الطُّوفَانِ العَظِيمِ
مَعَ فُلْكِ خَلاصِنَا الذِي يَحُومُ في الأَعْلَى
يَتْرُكُ المُحُيطُ تَدَفْقًا مِن الزَّبَد

عَلَى أَعْقَابِنَا وَنَحْنُ نَسِيرُ فَوقَ
رِمَالِ التَّطَورِ الطَّويِل
يَمْحُو المَاءُ أَثَارَ أَقْدَامِنا
حَتَّى نَنْسَى بِأَنَّنَا لَمْ نَكْن في الجَنَّة

ترجمة للعربية: عبد القادر كشيدة
Translated into Arab by Mesaoud Abdelkader

***

विकास

हम नंगे थे
और फिर हमने सेब देखा
अंदर कीड़ा के साथ
दुख के भ्रूण की तरह l

पानीदार संतुलन बीम
हमारी आँखों से हमेशा के लिए रिस रहा है,
बड़ी बाढ़ की तलाश
हमारे उद्धार के सन्दूक के साथ
ऊपर मंडरा रहा है।

सागर झाग का प्रवाह छोड़ता है
हमारे टखनों पर
जब हम रेत पर चल रहे होते हैं
एक लंबे विकास के लिए।

पानी पैरों के निशान मिटा देता है
हमें भूलने के लिए
कि हम कभी जन्नत में गए हैं।

Hindi translation by Jyotirmaya Thakur.

***

進化

わたしたちは裸だった
そしてそのリンゴをみた
中に虫が巣くっているものを
まるで悲しみの胎芽のように

涙を抑える光は
目からいつまでも漏れている
救済の箱舟が宙に浮かぶ
洪水を待ちながら

波打ち際の
長い進化の途上の砂の上を歩くとき
海は足首に白い泡の流れを残す

私たちがかつて天国にいたことを
忘れるために
波は砂上の足跡を消す

Translated into Japanese by Manabu Kitawaki

***

فرگشت

ما برهنه بودیم
و‌سپس سیب را دیدیم
با کرمی داخلش
مانند جنینی از اندوه

پرتوی از توازنی لرزان
تا ابدیت از چشم‌مان می‌چکد
در جستجوی طغیان بزرگ
در نقطه‌ی نجات ما
معلق در هوا.

اقیانوس ردی از کف بر جا می‌گذارد
روی مچ‌ پاهایمان
همچنانکه روی شن‌ها قدم می‌زنیم
از فرگشتی طولانی.

آب جای پاها را برایمان
می‌شوید تا فراموش کنیم
که زمانی در بهشت بوده‌ایم.

Translated into Farsi by Sepideh Zamani

***

WERARÎ

Em rwîtbûn
û paşê me sêv dît
kurmî bû
wek pizeke xemgîniyê.

Hevsengiya terazoya avî
li pêş çehvên me dilive,
li lehiya mezin digere
çawa di dema keştiya Noh de
ku rizgariya me metirsîdar e.

Derya komeke kef li şûna xwe dihêle
ta ber gwîskên me
di gava em li ser zîxê
werariyeke dirêj beziyan.

Avê rêçên lingên me bi xwe re birin
û hêşt em jibîrbikin
ku em demekê di biheştê de bûn.

Translated into Kurdisch by Hussein Habasch

****

РАЗВИТИЕ

Мы жили обнаженные
и вдруг сорвали плод
внутри червяк –
зачаток всех страданий.

Вода из чаш весов
струится без конца из наших глаз,
ища большой потоп,
где нас ковчег спасет,
дрейфуя над водой.

Морская пена
остается на ногах,
пока мы по песку
развития бредем.

Наши следы сотрет вконец вода,
когда-то позабудется,
что были мы в раю.

Translated into Russian by Daria Mishueva

***

EBOLUSYON

Nakahubad kami
at pagdaka ay nakita namin ang mansanas
na may uod sa loob
tulad ng isang binhi ng kalungkutan.

Ang poste ng tubig na balanseng balanse
ay walang hanggan na tumutulo mula sa aming mga mata,
naghahanap ng malaking baha
kasama ang arko ng ating kaligtasan
umaaligid sa itaas.

Ang karagatan ay nag-iiwan ng daloy ng bula
sa aming mga bukung-bukong
habang naglalakad kami sa buhangin
ng isang mahabang ebolusyon.

Binubura ng tubig ang mga bakas ng mga paa
upang makalimutan natin
na nanggaling na kami sa paraiso.

Translated into Filipino by Eden Soriano Trinidad

***

אבולוציה / בורצ’ה פאנוב

הָ יִינּו עֵ ירֻ מִ ים
וְ ָאז רָ אִ ינּו אֶ ת הַ תַ ּפּוחַ
עִ ם הַ תוֹלַעַ ת בְ תוֹכוֹ
כְמוֹ עֻבָ ר שֶ ל צַ עַ ר.בְ עֵינֵינּו, לַנֶצַ ח,

לְ שוֹן הַ מֹ אזְנַיִם הַ מֵ ימִ ית
מְ בַ קֶ שֶ ת לְ אַ זֵ ן בֵ ין הַ מַ בּול הַ גָדוֹל
לְ בֵין תֵ בַ ת הַ צָ לָתֵ נּו
שֶ מְ רַ חֶ פֶ ת מֵ עַ ל.
הָ אוֹקְ יָנוֹס מַ שְ אִ יר שֶ טֶ ף שֶ ל קֶ צֶ ף

עַ ל קַ רְ סֻלֵינּו
בְ עוֹד אֲנַחְ נּו הוֹלְ כִ ים עַ ל הַ חוֹל
שֶ ל אֶ בוֹלּוצְ יָה מִ תְ מַ שֶ כֶת.
הַ מַ יִם מוֹחֲקִ ים אֶ ת עִ קְ בוֹת הָ רַ גְ לַיִם

עַ ל מְ נַת שֶ נִשְ כַ ח
שֶ הָ יִינּו אֵ י ּפַ עַ ם בְ גַן עֵ דֶ ן.
תרגום לאנגלית:

לעברית: דורית ויסמן
Translated into Hebrew by Dorit Weisman

***

உயிரியல் கோட்பாடு

நாம் நிர்வாணிகள்
வேதனையின் கருமுனை போன்று
உள்ளே ஒரு புழுவை
பிறகு ஆப்பிள் பழத்தில் கண்டோம்

நம் கண்களிலிருந்து கசியும்
தண்ணீர் உத்தரம் போன்ற ஒளிக்கற்றை
பெரும் வெள்ளத்தை எதிர்நோக்கி
மேலே சுழன்றுகொண்டிருக்கும்
நம் மீட்சியின் வளையம் போன்று.

நாம் கடல்மணலில் நடக்கும்பொழுது
கடல் நுரைகளின் ஓட்டத்தை
கணுக்கால்களில் விட்டு நீங்குகிறது.
நீண்ட உயிரியல் கோட்பாடுகளாக!

நாம் எப்பொழுதோ
சொர்கத்திற்குச் சென்றதை
நாம் மறப்பதற்காக
நீர் நமது கால் அடிகளை
அழித்துவிடுகிறது!

Translated into Tamil by DR. N V Subbaraman

***

বিবর্ধন

আমরা ছিলাম নগ্ন
আর ঠিক তখনই দেখতে পেলাম আপেল ফল
যার ভিতরে ছিল কীট
ঠিক যেন বেদনার ভ্রূণের মত ।

আমাদের অশ্রুজল সংবরণ করা ঠিক যেন ভারসাম্যের বাঁধের মতো
যা চিরকাল ঝরে পড়ে আমাদের চোখ দিয়ে,
নিয়ে আসো মহাপ্লাবন সাথে নিয়ে নুহু নবীর জাহাজ
যা আমাদের পরিত্রাণ
ঘুরছে আমাদের উপর ।

মহাসাগরের ফেনা আছড়ে পড়ে
আমাদের গোড়ালিতে
যখন আমরা হেঁটে যাই বালুকাময় সাগরতীরে
দীর্ঘ বিবর্তনের ।

সাগরের জল কনা মুছে দেয় পদাঙ্ক
যেন আমরা ভুলে যাই
যে আমরা যেন কখনো ছিলাম স্বর্গে

Bangla Translation: – Tabassum Tahmina Shagufta Hussein

***

ÉABHLÓID

Nocht a bhíomar
nuair a chonaiceamar an t-úll,
an phéist meallta ann:
an dólás i dtús fáis.

Sileann deor go síoraí
ó chrann fulaingthe na súl,
an díle á lorg aige,
áirc an tslánaithe
os a chionn.

Briseann cúr na farraige
ar ár gcosa
agus muid ag siúl bóthar
fada na héabhlóide

Glanann an t-uisce lorg na gcos,
an chuimhne ar an bparthas
ina rabhamar tráth.

Aistrithe go Gaeilge ag Rua Breathnach
Translated into Gaelic by Rua Breathnach

***

EVOLUCIJA

Bili smo nagi
i onda smo videli jabuku
u kojoj je bio crv
kao embrion tuge.

Vodena terezija
Stalno istice iz naših očiju
tražeći potop
iznad koga lebdi
arka našeg spasenja.

Okean ostavlja grivne od pene
oko naših gležnjeva
dok koračamo po pesku
nove evolucije.

Voda briše otiske stopala
da bi zaboravili
da smo ikada bili u raju.

Sa engleskog prevelar S. Piksiades
Translated into Serbian by S. Piksiades

***

ЕВОЛУЦИЈА

Бевме голи
и го видовме тогаш јаболкото
со црвот внатре
како ембрион на тагата

Водената терезија
постојано ни истекува од очите
барајќи го потопот
врз кој ќе лебди
арката на нашиот спас

Океанот ти остава гривни од пена
над глужовите
додека чекориш по песокот
на една долга еволуција

Водата ги брише стапалките
за да заборавиме
дека некогаш сме биле во рајот

BORCHE PANOV

***

ԷՎՈԼՅՈՒՑԻԱ

Մենք մերկ էինք,
հետո տեսանք խնձորը՝
որդը ներսում,
որպես վշտի սաղմ:

Ջրի հավասարակշռության մակարդակը,
որ հավերժորեն հոսում է մեր աչքերից,
փնտրում է մեծ ջրհեղեղ՝
մեր փրկության տապանով,
սավառնելով բարձրում:

Օվկիանոսը փրփուրի հոսք է թողնում
մեր կոճերի վրա,
մինչ մենք քայլում ենք
էվոլյուցիայի երկար ավազի վրայով:

Ջուրը ջնջում է ոտնահետքերը,
որ չհիշենք,
թե մենք երբևէ եղել ենք դրախտում:

Հայերեն թարգմանությունը՝ Արմենուհի Սիսյանի
Translated into Armenian by Armenuhi Sisyan

***

EVOLUSI

Kami telanjang
kemudian melihat apel
dengan cacing berada di dalam
seperti benih kesedihan.

Balok keseimbangan tergenang air
yang selamanya mengalir dari mata,
mencoba untuk menjadi banjir besar
dengan tabut keselamatan
melayang di atas.

Lautan meninggalkan buih
di pergelangan mata kaki
ketika berjalan di atas pasir
dengan perubahan yang lama.

Air menghapus jejak kaki
untuk dilupakan
bahwa kita pernah berada di surga.

Translated into Indonesian by Lily Siti Multatuliana

***

تَطَوُّرْ

تَطَوُّرْ
كُنَّا عُرَاةً
ثُمَّ رَأيْنَا التُّفَاحَة
وَدَاخِلَها…. كَجَنِينِ الحُزْنِ

تَقْبَعُ « الدُّودَة »
مِيزَانُ الحِسَابِ الدَّامِع
يَتَسَرَّبُ دَائِمًا مِن أعْيُنِنَا
تَتُوقُ إلى الطُّوفَانِ العَظِيمِ
مَعَ فُلْكِ خَلاصِنَا الذِي يَحُومُ في الأَعْلَى

يَتْرُكُ المُحُيطُ تَدَفْقًا مِن الزَّبَد
عَلَى أَعْقَابِنَا وَنَحْنُ نَسِيرُ فَوقَ
رِمَالِ التَّطَورِ الطَّويِل
يَمْحُو المَاءُ أَثَارَ أَقْدَامِنا
حَتَّى نَنْسَى بِأَنَّنَا لَمْ نَكْن في الجَنَّة

ترجمة للعربية: عبد القادر كشيدة
Malayan translation by Dr. Irwan Abu Bakar

***

EVOLUCIÓ

Estàvem nus
i vam veure llavors la poma
amb el cuc dins
com un embrió de dolor.

La barra d’equilibri aquosa
fuig per sempre dels nostres ulls,
buscant el gran diluvi
amb l’arca de la nostra salvació
flotant per sobre.

L’oceà deixa un flux d’escuma
en els nostres turmells
mentre transitem la sorra
d’una llarga evolució.

L’aigua esborra les petjades
per fer-nos oblidar que alguna vegada
hem estat al paradís.

Traducció al català: Natalia Fernández Díaz-Cabal
Translated into Catalan by Natalia Fernández Díaz-Cabal

***

ЕВОЛЮЦИЯ

Бяхме голи
и тогава видяхме ябълката
с червея вътре
като ембрион на тъгата

Водната везна
постоянно изтича от очите ни,
търсейки потопа,
върху който ще плава
ковчегът на нашето спасение

Океанът ти оставя гривни от пяна
над глезените,
докато крачиш по пясъка
на една дълга еволюция

Водата изтрива стъпките,
за да забравим,
че някога сме били в рая

превод: Борче Панов

(Borche Panov)

 

Recueil: ITHACA 695
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

FRIENDS ITHACA
Holland: https://boekenplan.nl
Poland: http://www.poetrybridges.com.pl
France: https://arbrealettres.wordpress.com
Poland: http://www.poetrybridges.com.pl
Romania: http://www.logossiagape.ro; http://la-gamba.net/ro; http://climate.literare.ro; http://www.curteadelaarges.ro.; https://cetatealuibucur.wordpress.com
Spain: https://www.point-editions.com; https://www.luzcultural.com
India: https://nvsr.wordpress.com; https://ourpoetryarchive.blogspot.com>
USA-Romania: http://www.iwj-magazine.com/journal02

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DANS L’ÉGALITÉ DU TORRENT (António Ramos Rosa)

Posted by arbrealettres sur 21 juin 2021




    
DANS L’ÉGALITÉ DU TORRENT

Dans l’égalité du torrent, un seul arbre,
des mots et des pierres accueillant un
visage au rythme des vagues, et une
ombre ovale sur les épaules, respirant
lentement le cercle d’air, les reflets
dans les branches, semblants de
souffle, les anneaux du jour, sans bord
ni centre l’arche inachevée, errante, qui
sur la mer est la permanence.

(António Ramos Rosa)

 

Recueil: Le cycle du cheval
Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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Par amour d’amour incertain (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 10 juin 2021



La première arche, merveilleusement hardie, heureuse,
immatérielle
Du pont dont la beauté future est encore perdue dans
la brume
Car la forme accomplie, le songe inapaisé du vrai
La deuxième arche à la courbe pensive
Doit demeurer, mon âme, imaginaire.

C’est seul, et sans savoir comment, qu’il faudra faire
la traversée des eaux
jusqu’à la rive qui peut-être n’existe pas

C’est le coeur, le coeur chevalier
Le coeur en lumière épuisée
Qui va par la route incertaine
Par amour d’amour incertain.

(Henry Bauchau)


Illustration

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Giboulées (Raymond Richard)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2021



Giboulées

La pluie éparpille un bouquet
De perles tièdes et légères.
On entend chanter les bergères
Et les oiseaux dans les bosquets.

Le soleil joue à cache cache
Avec les gros nuages gris.
Les moutons blancs, les veaux, les vaches,
Dans les prés semblent tout surpris.

Et voici que parmi l’ondée,
Comme du fond d’un vrai pastel,
On voit monter, arche irisée,
Le pont joyeux d’un arc-en-ciel.

(Raymond Richard)

Illustration: John Everett Millais

 

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Au-delà du torii (Annick Carré)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2021



Illustration
    
Au-delà du torii
Un nouveau monde se lève
Les lignes du temps se relâchent
Profondes respirations
Le long du sentier
De fines branches
Roses, rouges, blanches
Bruines colorées

Sur le vert des herbes tendres
Passé le petit pont moussu
Au fond de la rivière
Les galets chuchotent
Bercés par les saules pleureurs
Au détour d’un chemin
Une prairie gorgée de soleil
Des danseuses métalliques
S’élancent en cadence
Sous les arches d’un pont millénaire
Un peu plus loin
Sur l’onde calme
Reflets déliés
Des feuillages silencieux

Au-delà du torii
Une douce lenteur s’invite
Majestueuses partitions
D’ombres et de lumières

Embruns de bonheur

Seules les lanternes de pierre
Aux regards immobiles
Gardent mémoire du passage

(Annick Carré)

 

Recueil: Bruissement d’elles
Traduction:
Editions: L’Harmattan

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Assis, les pieds pendants (François Coppée)

Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2021



Illustration: Frans Masereel
    
Assis, les pieds pendants, sous l’arche du vieux pont,
Et sourd aux bruits lointains à qui l’écho répond,
Le pêcheur suit des yeux le petit flotteur rouge.
L’eau du fleuve pétille au soleil. Rien ne bouge.
Le liège soudain fait un plongeon trompeur,
La ligne saute. – Avec un hoquet de vapeur
Passe un joyeux bateau tout pavoisé d’ombrelles ;
Et, tandis que les flots apaisent leurs querelles,
L’homme, un instant tiré de son rêve engourdi,
Met une amorce neuve et songe : – Il est midi.

(François Coppée)

 

Recueil: Promenades et interieurs
Traduction:
Editions:

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Jadis, la Seine était verte et pure (François Coppée)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2021



    
À mes jeunes camarades, aux équipiers du Club nautique de Chatou

Jadis, la Seine était verte et pure à Saint-Ouen,
Et, dans cette banlieue aujourd’hui sale et rêche,
J’ai canoté, j’ai même essayé de la pêche.
Le lieu semblait alors champêtre. Que c’est loin !

On dînait là. Le beurre, au cabaret du coin,
Était rance, et le vin fait de bois de campêche.
Mais les charmants retours, sur l’eau, dans la nuit fraîche,
Quand, sur les prés fauchés, flottait l’odeur du foin !

Oh ! quels vieux souvenirs et comme le temps marche !
Pourtant je vois encor le couchant, sous une arche,
Refléter ses rubis dans les flots miroitants.

Amis, embarquez-moi sur vos bateaux à voiles,
Par un beau soir, à l’heure où naissent les étoiles,
Afin que je revive un peu de mes vingt ans.

(François Coppée)

 

Recueil: Promenades et interieurs
Traduction:
Editions:

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PASSE TA ROUTE (Herri Gwilherm Kerouredan)

Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2020



PASSE TA ROUTE

I
L’égire du matin
stances muettes sur le seuil
lave ton corps déchu

avant qu’un fouet de houx
porteur d’une voix sans écaille
sillonne l’horizon

d’une main rejeté
à ta limite de l’épaule
dans la nuit de l’extase.

II
Lavandières voici minuit
l’eau trouble de la fontaine
attend déserte dans les pierres
recel d’une arche de frai
votre rencontre du blasphème
un siècle l’autre parfois

vierges jusqu’aux primes lueurs
lustrez d’oxyde les glaives
sous l’argile bleue répandus.

III
Salve dans l’oreille
dure fuyant par les ajoncs
certains qui le guettent
se terrent dans l’ajour des volets

jaunes sont les yeux
durant que le chemin se trace
déjà saccagé
par un geste aveugle de l’obscur

visage entre les bibelots
d’argile brûlé.

IV
Etreinte sombre de l’aïeul
des icônes se dérobe
lorsque cerné d’un linceul de plomb
se lève le soleil
lui franc gladiateur déjà ivre
d’un signe assèche les fleuves

bercée loin de l’étoile du gîte
sur les dalles se révulse
une complainte des sources.

V
Soleil de trembler
entre la plaine
la chute des épis
dans l’oreille vespérale
tu soulèves le vent
poitrine nue
à perte d’horizon.

VI
A midi germe de l’obscur
un pas sous le cèdre mesure
terreau d’ancienne douleur
le lieu perfide du repos

par la profusion des épis
l’oeil s’aveugle de désir.

Qui du ciel de l’été
épuise par l’hiver
l’aube des frissons

de ce geste figé
un pas dans les frimas
l’autre sous la lampe

enchante-t-il ce ciel
carmin de l’horizon
sur les routes blanches

où se bercent les corps
près des sources du soir
embaumés de songes.

Le fruit se gâte
quinquet sous la pluie
femme de ta main noire
guide vers le seuil

va quérir l’urne
mais le vent referme
qui de l’aube à la nuit
se trace des fleuves

terroir veux-tu
s’évasent les mains
brodeuses de repos
pour l’arbre du soir.

lX
Ses doigts se joignent sur sa plaie
par le sillon il titube
avant l’arbre de chez nous

le ventre s’ouvre sur la terre
appelant de l’océan
l’ondée du matin sur lui

passe ta route dira l’hôte
une pierre dans les yeux.

X
Mante glaciale du regard
contre la vitre dressé
recouvre de ton charme l’os
d’une blême nudité
hors la pluie se glissant caverne
flammes sur des lèvres de cire

brise la fleur des fournaises
souffle ce maître verrier
teintant de nuit l’âme des sables.

(Herri Gwilherm Kerouredan)

Illustration: Josiane Moïmont

 

 

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