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Poésie

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LES MARTYRS (Roger Bevand)

Posted by arbrealettres sur 16 mai 2023




    
LES MARTYRS

Un soleil aveuglant martèle l’arène ronde.
L’air vibre, languissant, et la lumière poudroie.
Tassées dans des gradins qui s’énervent et qui grondent,
Vingt mille hyènes assoiffées y attendent leur proie.

C’est jour de grande liesse et c’est jour de carnage :
César Imperator donne à ses gens une fête,
Le rideau peut s’ouvrir sur la moisson sauvage
Où les faux sont des glaives et les épis des têtes.

Tremblant de tous leurs membres au ventre des cachots,
Les chrétiens enchaînés vomissent d’épouvante,
Et respirant leur mort au milieu des sanglots,
Ils reniflent au-dehors la rumeur impatiente.

Soudain les portes craquent sur la lumière violente,
Le cirque halluciné hurle ses pauvres haines,
Et face à l’empereur qu’un vague ennui tourmente,
Tout un peuple délire, ivre de joie païenne.

Les brebis sont groupées au centre de l’arène,
Terrorisées, muettes, elles se touchent et se serrent
Et lancent vers le ciel, dans la chaleur romaine,
Pour la dernière fois, une dernière prière.

Après ne restent plus sur le sable rougi,
Dans le soir qui descend aux marches italiennes,
Que l’ombre de leur peur et l’écho de leurs cris,
Et, fantôme debout, l’arche marmoréenne…

(Roger Bevand)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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Allô Maman bobo (Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2023




    
Allô Maman bobo

Je marche tout seul le long de la ligne de chemin de fer
Dans ma tête y a pas d’affaires
Je donne des coups de pied dans une petite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
Je suis mal en campagne et mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Je traîne fumée, je me retrouve avec mal au cœur
J’ai vomi tout mon quatre heures
Fêtes, nuits folles, avec les gens qu’ont du bol
Maintenant que je fais du music-hall
Je suis mal à la scène et mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman comment, tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Moi je voulais les sorties du port à la voile
La nuit, barrer les étoiles
Moi les chevaux, le revolver et le chapeau de clown
La belle Peggy du saloon
Je suis mal en homme dur
Et mal en petit cœur
Peut-être un petit peu trop rêveur
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Je marche tout seul le long de la ligne de chemin de fer
Dans ma tête y a pas d’affaires
Je donne des coups de pied dans une petite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
Je suis mal en campagne, j’suis mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau

(Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

 

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Il fait froid (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2021



Illustration: Fabienne Contat
    

Il fait froid

L’hiver blanchit le dur chemin
Tes jours aux méchants sont en proie.
La bise mord ta douce main ;
La haine souffle sur ta joie.

La neige emplit le noir sillon.
La lumière est diminuée…
Ferme ta porte à l’aquilon !
Ferme ta vitre à la nuée !

Et puis laisse ton coeur ouvert !
Le coeur, c’est la sainte fenêtre.
Le soleil de brume est couvert ;
Mais Dieu va rayonner peut-être !

Doute du bonheur, fruit mortel ;
Doute de l’homme plein d’envie ;
Doute du prêtre et de l’autel ;
Mais crois à l’amour, ô ma vie !

Crois à l’amour, toujours entier,
Toujours brillant sous tous les voiles !
A l’amour, tison du foyer !
A l’amour, rayon des étoiles !

Aime, et ne désespère pas.
Dans ton âme, où parfois je passe,
Où mes vers chuchotent tout bas,
Laisse chaque chose à sa place.

La fidélité sans ennui,
La paix des vertus élevées,
Et l’indulgence pour autrui,
Eponge des fautes lavées.

Dans ta pensée où tout est beau,
Que rien ne tombe ou ne recule.
Fais de ton amour ton flambeau.
On s’éclaire de ce qui brûle.

A ces démons d’inimitié
Oppose ta douceur sereine,
Et reverse leur en pitié
Tout ce qu’ils t’ont vomi de haine.

La haine, c’est l’hiver du coeur.
Plains-les ! mais garde ton courage.
Garde ton sourire vainqueur ;
Bel arc-en-ciel, sors de l’orage !

Garde ton amour éternel.
L’hiver, l’astre éteint-il sa flamme ?
Dieu ne retire rien du ciel ;
Ne retire rien de ton âme !

(Victor Hugo)

 

Recueil: Cent poèmes de Vivtor Hugo
Traduction:
Editions: Omnibus

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Poème (Joyce Mansour)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2020



Joyce Mansour
    
Poème

Ne jamais dire son rêve
À celui qui ne vous aime pas
L’oreille hostile est tarie
La bouche amère calomnie
La haine vomit le sable du sablier
Plus vite toujours plus vite
La nuit trahie avorte
Une passion au présent déjà passée
Et la peur ne fait qu’augmenter
La rage du caïman
La taille du cancer
Enfouissez vos rêves dans les poches sous vos yeux
Ils seront à l’abri de l’envie
Ils seront à l’abri de l’adage
Qui veut que l’Africain babille
Et que tous les vieux soient sages

(Joyce Mansour)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Une petite mouche (Abbas Kiarostami)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2019



Une petite mouche
A envie de vomir
À cause de l’insecticide
Quelqu’un peut-il aider ?

(Abbas Kiarostami)

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Quand vous êtes très loin de moi (Pier Paolo Pasolini)

Posted by arbrealettres sur 10 juin 2018



 

Boleslas Biegas

Quand vous êtes très loin de moi mon mal
qui dure déjà depuis tant de mois
me domine à son bon vouloir et non selon la volonté
de notre dure réalité.

Dure réalité qui réclame seulement ma mort.
Mais moi je ne meurs pas, comme qui pris de nausée
refuse de vomir. On a toujours tort
de ne pas céder : malgré cela Seigneur

comme tout le monde moi je vous rends raison.
Ainsi vaut-il mieux que vous soyez au loin.
Au lieu de mourir, j’écris sur vous.

Pour cela, me restera vierge votre manière
de jouer à être un homme,
seule source de joie de mon passage au monde.

(Pier Paolo Pasolini)

Illustration: Boleslas Biega

 

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Avez-vous vu Lambert? (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2018




    
Avez-vous vu Lambert?

1
Je vais vous chanter
Un fait historique
Qui s’est déroulé
Avant l’avèn’ment de la République:
Au bois d’ Vincenn’ monsieur Lambert
Madame Lambert, les p’tits Lambert
Par un matin d’été superbe
Allèrent déjeuner sur l’herbe.
Monsieur Lambert sans crier gare
S’éloigna pour aller acheter un cigare.

Refrain 1
Madam’ Lambert affolée
Criait d’allée en allée
Lambert! Lambert!
Avez-vous vu Lambert ?
Les p’tits Lambert tout en larmes
Faisaient aussi du vacarme
Lambert! Lambert!
Avez-vous vu Lambert?
Les passants que ça fit rire
À leur tour se mir’nt à dire
Lambert! Lambert!
Avez-vous Lambert ?
Avez-vous Lambert?
Lambert ?

2
Rentrée dans Paris
La foule joyeuse
Continua ses cris
D’ la porte Dorée à la rue Vineuse
Faubourg Saint-Denis, Rue d’ Rivoli
Rue Rossini, rue Cassini
Place du Trôn’, quai de Grenelle
Et Boulevard Bonne Nouvelle
Chacun criait à perdre haleine
Comm’ des fous, comm’ des sourds, des putois, des baleines.

Refrain 2
Napoléon trois s’inquiète
La police est en alerte
Lambert! Lambert!
Arrêtez donc Lambert!
Le tocsin, la générale
Composent une chorale
Lambert! Lambert!
Avez-vous vu Lambert ?
Méfiez-vous il est terrible
Il pourrait vous prendr’ pour cible
Lambert! Lambert!
Avez-vous vu Lambert ?
Arrêtez donc Lambert!
Lambert!

3
Je connais des gens
Dont la renommée
Est comme un volcan
Vomissant des lay’s et de la fumée
Ils pouss’nt des cris, ils, font du bruit
On est surpris, on perd l’esprit
On court à gauche, on court à droite
Et le pantin sort de sa boîte
Quoi c’était ça le monstre horrible
Le dragon, le costaud, le méchant, le terrible.

Refrain 3
Et pendant ce temps les heures
Sont rentrées dans leur demeure
Lambert! Lambert!
Avez-vous vu Lambert ?
C’est le vent qui le remporte
Le destin ouvre sa porte
Lambert! Lambert!
Viens te coucher Lambert
Et les enfants des écoles
S’amusent sur ces paroles
Lambert! Lambert!
Avez-vous vu Lambert ?
Avez-vous vu Lambert ?
Lambert!

(Robert Desnos)

 

Recueil: Les Voix intérieures
Traduction:
Editions: L’Arganier

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Cela me frappait – chaque Jour – (Emily Dickinson)

Posted by arbrealettres sur 24 janvier 2018



Cela me frappait – chaque Jour –
Foudre aussi neuve
Que si la Nue à l’instant se fendait
Pour vomir le Feu –

Cela Me brûlait – dans la Nuit –
Et Calcinait Mon Rêve –
Et se ravivait à mes yeux –
A chaque retour du Matin –

Je croyais l’Orage – chose brève –
La plus Folle – la plus vite –
Mais de Ceci la Nature a perdu la Date –
Elle l’a laissé dans le Ciel –

***

It struck me — every Day –
The Lightning was as new
As if the Cloud that instant slit
And let the Fire through —

It burned Me — in the Night —
It Blistered to My Dream —
It sickened fresh opon my sight —
With every Morn that came —

I thought that Storm — was brief—
The Maddest — quickest by –
But Nature lost the Date of This –
And left it in the Sky —

(Emily Dickinson)


Illustration: Odilon Redon

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On se verrait bien maintenant (Jean-Marie Barnaud)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2017



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nbsp;   

On se verrait bien maintenant
l’égal du réprouvé et de son chien
roulés en boule
dans la nuée qui monte
à vomir
par une grille de métro

La belle image
pour qui médite sous abri
avec ses armes de nanti
On peut blesser la phrase
barboter dans les signes
jouer ses tours de funambule
ça fait toujours autant de bruit
le monde
autour de la feuille

(Jean-Marie Barnaud)

 

Recueil: Fragments d’un corps incertain
Editions: Cheyne

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La profondeur du subconscient vomit trop de monstres incongrus (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2017



Les murs ne tombent pas
[32]

La profondeur du subconscient vomit
trop de monstres incongrus

et de matière indigeste figée
telle que coquillage, perle ; imagerie

usée jusqu’à la corde ; ascension périlleuse,
descente ridicule ; rime, ritournelle,

assonance fatiguée, nonsense,
juxtaposition de mots pour les mots eux-mêmes,

dépourvus de sens, non définis ; imposition,
déception, girouette indécise ;

syllabes désagréables, inconséquentes,
trop malléables, trop cassantes,

sur-délicates, sous-définitives,
heurt des contraires, lutte de l’émotion

et de l’invention stérile —
tout cela, tu le trouves ?

conditionné à la discrimination
des couleurs de l’arc-en-ciel lunaire

et des couches extérieures des plumes
sur les antennes des papillons,

nous fûmes surpris par la tornade
et déposés sur un sol peu plaisant,

mais comprimes que l’angle d’incidence
est égal à l’angle de réflexion ;

séparés des étoiles errantes
et des habitudes des nobles étoiles fixes,

nous vîmes que même la comète calcinée erratique
possède son orbite particulière.

***

Depth of the sub-conscious spews forth
too many incongruent monsters

and fixed indigestible matter
such as shell, pear ; imagery

done to death; perilous ascent,
ridiculous descent; rhyme, jingle,

overworked assonance, nonsense,
juxtaposition of words for words’ sake,

without meaning, undefined; imposition,
deception, indecisive weather-vane;

disagreeable, inconsequent syllables,
too malleable, too brittle,

over-sensitive, under-definitive,
clash of opposites, fight of emotion

and sterile invention—
you find all this?

conditioned to the discrimination
of the colours of the lunar rainbow

and the outer layers of the feathers
of the butterfly’s antennae,

we were caught up by the tornado
and deposited on no pleasant ground,

but we found the angle of incidence
equals the angle of reflection;

separated from the wandering stars
and the habits of the lordly fixed ones,

we noted that even the erratic burnt-out comet
has its peculiar orbit.

(Hilda Doolittle)

 

 

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