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Poésie

Posts Tagged ‘boulevard’

LE VOYAGE (Boris Pasternak)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2024




Illustration: Claude Monet
    
LE VOYAGE

Lancé derrière sa machine,
A pleins sifflets, le train rugit,
Et la forêt sent la résine,
Et sur les bords croît l’aubépine,
Et le lointain soudain surgit.

Et la voie file à toute allure,
Et se défont les chevelures,
Et l’air devient amer et sur
Quand la suie vole des bogies.

Les bielles, les cylindres hurlent,
Des rails s’échappent des éclairs.
Et l’aigle à la belle envergure
Escorte le chemin de fer.

Le train s’enfuit toujours plus vite,
Emmitouflé dans sa vapeur,
Mais la forêt du temps des mythes,
Qui vit jadis passer les Scythes,
Sans voir qu’alentour on s’agite,
Poursuit sa sieste de bon coeur.

Et loin, très, très loin, des cités
Dansent en lueurs clignotantes,
Et la machine haletante
Amène aux gares somnolentes
Des passagers tout hébétés.

La vieille gare enfin libère
Des flots pressés de voyageurs,
Des cheminots, des wagonnières,
Des contrôleurs, des conducteurs.

Et la voici, secrète, altière,
Qui se dérobe sous les yeux,
En arborant pavés de pierre
Dans un désordre cahoteux,
Affiches, niches, toits, gouttières,
Théâtres, clubs, hôtels, auberges,
Parcs, boulevards, épais tilleuls,

Portes cochères, cours, maisons,
Plaques, paliers, halls en rotonde,
Appartements où les passions
Exaspérées refont le monde.

(Boris Pasternak)

 

Recueil: Ma soeur la vie et autres poèmes
Traduction: sous la direction d’Hélène Henry
Editions: Gallimard

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BOULEVARD NOËL MARC (Jean-Charles Michel)

Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2022




BOULEVARD NOËL MARC

Sous les tilleuls, en file drue,
Les chevaux-vapeur font le mort,
Le cheval a perdu le Nord
En même temps que la charrue.

L’été s’en vient, la bienvenue
On la lui souhaite, d’accord !
Très élégant le joli port
De cette épaule dévêtue.

Le trottoir est aux chiens errants,
Et quelques badauds bons enfants,
Cherchent, penchés sur l’eau du fleuve

Où flotte encore un serpentin,
Le reflet du matin certain
Où la joie était toute neuve.

(Jean-Charles Michel)

 

 

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Revoir Paris (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021


 


 

Revoir Paris

Revoir Paris
Un petit séjour d´un mois
Revoir Paris
Et me retrouver chez moi
Seul sous la pluie
Parmi la foule des grands boulevards
Quelle joie inouïe
D´aller ainsi au hasard
Prendre un taxi

Qui va le long de la Seine
Et me revoici
Au fond du Bois de Vincennes
Roulant joyeux
Vers ma maison de banlieue
Où ma mère m´attend
Les larmes aux yeux
Le cœur content

Mon Dieu que tout le monde est gentil
Mon Dieu quel sourire à la vie
Mon Dieu merci
Mon Dieu merci d´être ici

Ce n´est pas un rêve
C´est l´île d´amour que je vois
Le jour se lève
Et sèche les pleurs des bois
Dans la petite gare
Un sémaphore appelle ces gens
Tous ces braves gens
De la Varenne et de Nogent

Bonjour la vie
Bonjour mon vieux soleil
Bonjour ma mie
Bonjour l´automne vermeil
Je suis un enfant
Rien qu´un enfant tu sais
Je suis un petit Français
Rien qu´un enfant
Tout simplement

Paris

(Charles Trenet)

 

 

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Ils iront travailler sur les boulevards (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2021



 

Ils iront travailler sur les boulevards
Aucun ne verra la beauté du jour
et le soir arrive – ils sont dans le métro…
La lune n’aura pas de mal à les endormir.

(André Frénaud)

Illustration

 

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Il est 5 heures, Paris s’éveille (Jacques Dutronc)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2020



Il est 5 heures, Paris s’éveille

Je suis l’dauphin d’la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins d’balais

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

Les travestis vont se raser
Les stripteaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n’est plus qu’une carcasse

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

La tour Eiffel a froid aux pieds
L’Arc de Triomphe est ranimé
Et l’Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

Les banlieusards sont dans les gares
A la Villette on tranche le lard
Paris by night, regagne les cars
Les boulangers font des bâtards

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C’est l’heure où je vais me coucher

Il est cinq heures
Paris se lève
Il est cinq heures
Je n’ai pas sommeil

(Jacques Dutronc)


Illustration

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POÈMES DE LA SEINE (Elhonen Vogler)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2019



Illustration: Leonod Afremov
    
POÈMES DE LA SEINE
(extrait)

Qui ne mesure nuit et jour
Que par Vénus aux bras ouverts
Voit dans le giron de Lutèce
Le songe devenir un ver.

À travers les prés verdissants
La terre sent, par lui foulée,
Dans la fumée des jours naissants
Les villes, ruines, s’écrouler.

Qui ne possède point de femme
Muet vers la Seine descend
Pour voir se mirer dans sa larme
Sa tête aux cheveux déjà blancs.

À qui n’a rien, pas même un toit,
Elle apprend, au bruit de sa vague,
Le langage du désarroi
Sur le boulevard Saint-Michel.

Pour tous les vagabonds elle est
Véritablement une mère
Qui sait apaiser toute plaie
Brûlant aux pieds de ceux qui errent.

(Elhonen Vogler)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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Qui n’a pas rêvé (René Char)

Posted by arbrealettres sur 29 septembre 2019



 

rose bc09

Qui n’a pas rêvé,
en flânant sur le boulevard des villes,
d’un monde qui,
au lieu de commencer avec la parole,
débuterait avec les intentions?

(René Char)

 

 

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En compagnie des géraniums (Josée Tripodi)

Posted by arbrealettres sur 12 Mai 2019



Illustration
    
En compagnie des géraniums
Grosses têtes de chou
Penchées vers le boulevard

J’écoute le dimanche qui pétarade

Impatiences d’autos
Clameurs de gosses

Le ciel est si joyeux
Et le vent s’amuse dans les marronniers

Un beau dimanche

Dans l’ambulance qui crie
Quelqu’un peut-être
Ne le sait déjà plus

(Josée Tripodi)

 

Recueil: Le temps court plus vite que moi
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Je ne sais pas où finit La rue de Lagny (Josée Tripodi)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2019




    
Je ne sais pas où finit
La rue de Lagny

Elle jaillit d’un coup
Boulevard de Charonne
Et suit son cours
Sans méandres
Canal domestique

Se goinfre de carbone
En sautant le périph

Et va partager ses eaux
Entre Saint-Mandé
Rive droite
Et Montreuil
Rive gauche

Tour à tour elle irrigue
Des immeubles morts
Machines à mouliner
Le fric
Des bâtisses à habiter
En batterie
Des pavillons de banlieue

Avec arbre
Derrière leurs remparts

Je tourne
Dans la rue Robespierre

Aujourd’hui encore
Je ne saurai où finit
La rue de Lagny

(Josée Tripodi)

 

Recueil: Le temps court plus vite que moi
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Ambiance diabolo menthe (Josée Tripodi)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2019




    
Ambiance diabolo menthe
Sur le boulevard

Vert des arbres
Encore verts
Glaçons crus
D’un vent sans indulgence

Le soir tombe
D’un coup
Porte de Montreuil

La petite foule du vendredi
S’irrite

Entre les palissades des chantiers
Gisant noir
Dodu
Un sac poubelle
Embarrasse le trottoir

Le temps presse

Il est bientôt l’heure
De se repaître
Des malheurs du monde
Au journal télévisé

(Josée Tripodi)

 

Recueil: Le temps court plus vite que moi
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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