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Posts Tagged ‘danser’

Ce rien (Tristan Cabral)

Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024




    
Ce rien

Certains soirs,
On appuierait bien sur la gâchette,
On tenterait bien le trou noir et la tendre blessure
Mais on ne le fait pas
Par peur
Par peur qu’après
Il n’y ait plus Rien
Même pas cette fêlure
Qui fait danser la Vie !

(Tristan Cabral)

Recueil: Poèmes à dire
Editions: Chemins de Plume

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CLAIR DE LUNE (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024




    
CLAIR DE LUNE

Clair de lune
Soleil de minuit sur la dune
Coucher de sommeil admirable
Au lever de merveilles
De tes yeux insondables
De joli diable

Clair de lune
Né sous le signe du croissant
Et de l’étoile du Berger
A l’aube d’un matin d’été

Clair de lune
Soleil de minuit sur la crête
Où se profilent en silhouette
Les chameaux de la caravane
Du marchand de sable

Esprit léger
Esprit rêvant, esprit volage
C’est le soupir et le silence
D’un esprit qui veille et qui danse

Clair de lune
Soleil de minuit sur la dune
Sous le rideau de tes paupières Mystère

Coucher de sommeil éveillé
Sur l’insaisissable beauté

Mercredi 28 août 1996.

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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LE VENT (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024




    
LE VENT

Le vent
ça brasse de l’air
ça fait danser les feuilles mortes
ça fait claquer les portes
et baisser les paupières

Le vent ça donne des ailes
à ceux qui traînent la patte
ça ramène des nouvelles
de la Terre de Feu aux Carpates

Le vent ça vous matraque
juste ce qu’il faut derrière l’oreille

Ça fait voler les châles
ça fait gonfler les voiles
ça fait danser les flammes
et ça plaque les volants des robes
sur les cuisses des femmes…
ça fait chanter les morts
et vibrer les étoiles

Le vent ça hurle dehors
ça hurle dans la nuit
ça murmure sous les portes
et puis ça pousse des cris

Le vent ça affole les cerveaux
ça bouscule les poivrots
ça retourne les bagnoles

Le vent
ça enflamme les crinières
ça gicle dans l’ornière
ça souffle dans les crânes

Le vent ça sculpte les rochers
ça couche les champs de blé
ça décoiffe les beautés

Le vent ça claque les étendards
ça déchire les drapeaux
ça balaie les remparts

Le vent ça vous plaque contre un mur
ça vous lèche la figure
comme un grand chien joyeux.

Le vent
qui fait tourner la Terre
et tourner la poussière autour de tes pieds nus

Le vent
qui souffle dans ma tête
me chante un air de fête un air de liberté

Le vent

Emportera mes restes
balaiera la poussière
de mes os sur la terre
où j’ai dansé
mortel
parmi les ombres
entre les flammes
autour du feu qui crache
sur le ciel étoilé
des milliards d’étincelles

Vendredi 30 décembre 1994, à Calvi
Un soir de grand vent, la nuit, dans la citadelle.
En repensant aux feux de la Saint-Jean.

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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LA NAPPE FRÉNÉTIQUE (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2024




    
LA NAPPE FRÉNÉTIQUE

C’est une étendue d’eau que dressent les vibrisses
Des araignées de l’eau qui concentrent leurs cernes
Sur la cible voilée de ce vinyle terne
Parcouru de frissons au milieu des iris.

C’est une flaque morte où dansent les gerris,
Une mare lassée, fatiguée d’être soi.
De grossiers batraciens y font plouf dans la soie
S’asseyant de leur pet dans l’eau qui se hérisse.

Tout ce peuple y vivote, y barbote, y ovule.
Le moustique y fait tache à la façon d’un poil
Incongru dans la soupe, une chute d’étoile:

Dans la plate musique elle a mis sa virgule.
Écoutons maintenant ce silence amplifié:
La mare bruit d’un rien et tout est modifié.

(Laurent Albarracin)

Recueil: Contrebande
Editions: Le corridor bleu

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Je pense tendrement (Ishikawa Takuboku)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2024




Illustration: Dai Dunbang
    
Je pense tendrement à celle qui m’avait dit
le jour de la fête des morts
Trouvons des vêtements et allons danser

(Ishikawa Takuboku)

Recueil: Ceux que l’on oublie difficilement Précédé de Fumées
Traduction: du japonais par Alain Gouvret, Pascal Hervieu, Yasuko Kudaka et Gérard Pfister
Editions: Arfuyen

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Dansez l’orange… (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2024




    

Dansez l’orange…

Retenez-le — ah, ce goût ! — qui s’échappe.
— Sourde musique : un murmure en cadence, —
Jeunes filles, vous, chaudes, jeunes filles, muettes,
du fruit éprouvé exécutez la danse !

Dansez l’orange. Qui peut oublier
comme de sa douceur se défendait le fruit,
en soi-même fondant. Vous l’avez possédé,
en vous exquisément vous l’avez converti.

Dansez l’orange. Ce pays plus chaud,
projetez-le : qu’elle rayonne, mûre,
dans l’air natal. Dévoilez, embrasées,

tous ses parfums, pour créer le rapport
avec l’écorce pure et rebelle,
avec le suc dont l’heureuse ruisselle.

(Rainer Maria Rilke)

Recueil: Sonnets à Orphée
Editions:

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Près de l’aigrette du grand pont (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2024




    
Près de l’aigrette du grand pont
L’orgueil au large
J’attends tout ce que j’ai connu
Comblée d’espace scintillant
Ma mémoire est immense.

La bonté danse sur mes lèvres
Des haillons tièdes m’illuminent
Une route part de mon front
Proche et lointaine
La mer bondit et me salue
Elle a la forme d’une grappe
D’un plaisir mûr

J’aimais hier et j’aime encore
Je ne me dérobe à rien
Mon passé m’est fidèle
Le temps court dans mes veines

(Paul Eluard)

Recueil: Le livre ouvert 1938-1944
Editions: Gallimard

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FIN D’UN MONSTRE (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2024



Illustration
    
FIN D’UN MONSTRE

II faut que tu te voies mourir
Pour savoir que tu vis encore
La mer est si haute et ton cœur bien bas
Fils de la terre mangeur de fleurs fruit de la cendre
Dans ta poitrine les ténèbres pour toujours couvrent le ciel

Soleil lâche la corde les murs ne dansent plus
Soleil laisse aux oiseaux des voies impénétrables.

(Paul Eluard)

Recueil: Le livre ouvert 1938-1944
Editions: Gallimard

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Je persiste à sonder les brumes (Frankétienne)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2024



Illustration: Viviane-Josée Restieau
    
Je persiste à sonder les brumes
et les nuages de l’horizon
sous le clignotement
de la toute petite flamme
rebelle à la mort.

Vivre
Frémir
Bondir
Sauter
Piaffer
Courir
Danser
Voltiger
Sans jamais briser mes tremplins.

(Frankétienne)

Recueil: Anthologie secrète
Editions: Mémoire d’encrier

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La fièvre aux tempes (Frankétienne)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2024



Illustration: Salvador Dali
    
La fièvre aux tempes, le corps entransé de désirs,
je me couche dans le vif de ma lampe,
j’apprends à dormir au centre de ma flamme.
Et je prépare mon réveil aux éclats de mes songes.

Par effraction, je m’installe au plus profond du mystère
à la recherche de mes noeuds.
Je brûle mes livres mes images mes parasites mes vermines
et mes yeux pour la permanence du refus,
le bourgeonnement du cri, la germination du sang
et la résonance de mes gouffres.

Masque et métamorphose.
D’avoir marché
D’avoir tant vu
D’avoir trop lu
D’avoir trop dit
D’avoir changé
D’avoir dansé
Et d’avoir trébuché si souvent
Nous nous méfions des grimaces de nos ombres.

Une lueur de sang creuse la passion du voyeur
enfiévré par la lumière du massacre
La phrase du crime assassine le sommeil du témoin
Tympan crevé en héritage
La surdité du ciel
La solitude du pouvoir

(Frankétienne)

Recueil: Anthologie secrète
Editions: Mémoire d’encrier

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