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Posts Tagged ‘orange’

Elle attire comme une barque (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024




    
Elle attire comme une barque.
Elle a un air de chair d’orange.
Mon Dieu, quand еst-сe que j’embarque
Ô faim, quand est-ce que je mange ?

(Fernando Pessoa)

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CORBEAUX, RONDEAUX (Luba Yakymtchouk)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2024




    
CORBEAUX, RONDEAUX

Quand la ville n’était déjà plus
Un combat a commencé autour du cimetière
C’était la veille de Pâques
Avec les croix en bois sur les tombes d’à peine hier

Ils ont sorti leurs fleurs de papier —

Rouges, bleu ciel, néon,
Salades, oranges, framboises

Des familles joyeuses se sont versées de la horilka
Et pour les défunts, droit sur les tombes
Qui en demandaient encore plus, encore, et encore
Et les leurs ont continué de verser

Le carnaval cavalcade, cavalcade le carnaval
Jusqu’au moment où le gendre saute sur une mine
Près de la tombe de la belle-mère
Et que regardant fixement le ciel, le vieux grand-père

Se retrouve sans cieux
Un homme enveloppé explose de son verre
La clôture de la tombe de sa femme
Les éclats tombent à ses pieds
Comme la grêle des nuages d’orage

Le jour de Pâques est arrivé
Et sur la tombe d’Anna Andriivna Ravenova
Trône non pas un tombeau, mais un corbeau
Et au-dessus du caveau familial des Kolesnyk
Où gisent Maria Viktorivna, Pylyp Vasylovytch

Et Mykola Pylypovytch
Trônent les roues rondes d’un blindé

Qui sont-ils pour moi, ces roues et corbeaux ?

Qui sont-ils ? Déjà oublié

2015

***

(Luba Yakymtchouk)

Recueil: Les Abricots du Donbas
Traduction: de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin
Editions: des femmes

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Dansez l’orange… (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2024




    

Dansez l’orange…

Retenez-le — ah, ce goût ! — qui s’échappe.
— Sourde musique : un murmure en cadence, —
Jeunes filles, vous, chaudes, jeunes filles, muettes,
du fruit éprouvé exécutez la danse !

Dansez l’orange. Qui peut oublier
comme de sa douceur se défendait le fruit,
en soi-même fondant. Vous l’avez possédé,
en vous exquisément vous l’avez converti.

Dansez l’orange. Ce pays plus chaud,
projetez-le : qu’elle rayonne, mûre,
dans l’air natal. Dévoilez, embrasées,

tous ses parfums, pour créer le rapport
avec l’écorce pure et rebelle,
avec le suc dont l’heureuse ruisselle.

(Rainer Maria Rilke)

Recueil: Sonnets à Orphée
Editions:

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Il y a de ces moments et de ces lieux (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2024




    
Il y a de ces moments et de ces lieux où l’harmonie
des choses nous fait croire que nous résoudrons
l’insoluble de nos vies.
Angkor Tom.

Un vol de perroquets muets
sur le fouillis de pierres se perchait
Crâne rasé, vêtu d’orange, un bonze
silencieux frappait une cloche
Le bleu des ailes, les rumeurs du bronze
les feuillages gris de la roche
la prière dorée à l’ombre éclose
envahissaient la chair du couchant rose
et célébraient mes impossibles noces
Est-ce vivre un poème ou le mensonge
que d’accepter comme l’envers du songe
un son de ciel dans la couleur des choses ?

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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L’HUMAINE ESPÈCE (Pierre Vinclair)

Posted by arbrealettres sur 6 janvier 2024



 
Illustration: Rembrandt 
    
L’HUMAINE ESPÈCE AURAIT voulu peut-être être une race de mouettes
dessinant dans le ciel des ronds restés inaperçus,
n’eût été son désir de découper la Terre en quartiers d’orange,
trancher en bon boucher, parquer, scalper, délimiter de pointillés,
garantir la propriété de son onglet,
circonscrire dans la peau sinon des droits et des devoirs magiques,
au moins l’enclos aux dimensions multiples,
une échelle, des significations.

(Pierre Vinclair)

Recueil: La Sauvagerie
Editions: Biophilia

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Nul ne guérit de son enfance (Jean Ferrat)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2023




    
Nul ne guérit de son enfance

Sans que je puisse m’en défaire
Le temps met ses jambes à mon cou
Le temps qui part en marche arrière me fait sauter sur ses genoux
Mes parents, l’été, les vacances, mes frères et sœurs faisant les fous
J’ai dans la bouche l’innocence des confitures du mois d’août

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Les napperons et les ombrelles qu’on ouvrait à l’heure du thé
Pour rafraichir les demoiselles roses dans leurs robes d’été
Et moi le nez dans leurs dentelles, je respirais à contre-jour
Dans le parfum des mirabelles, l’odeur troublante de l’amour

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Le vent violent de l’histoire allait disperser à vau-l’eau
Notre jeunesse dérisoire, changer nos rires en sanglots
Amour orange amour amer, l’image d’un père évanoui
Qui disparut avec la guerre, renaît d’une force inouie

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Celui qui vient à disparaître, pourquoi l’a-t-on quitté des yeux ?
On fait un signe à la fenêtre sans savoir que c’est un adieu
Chacun de nous a son histoire et dans notre cœur à l’affût
Le va-et-vient de la mémoire ouvre et déchire ce qu’il fût

Nul ne guérit de son enfance, de son enfance
Nul ne guérit de son enfance, de son enfance

Belle cruelle et tendre enfance, aujourd’hui c’est à tes genoux
Que j’en retrouve l’innocence au fil du temps qui se dénoue
Ouvre tes bras, ouvre ton âme, que j’en savoure en toi le goût
Mon amour frais, mon amour femme
Le bonheur d’être et le temps doux

Pour me guérir de mon enfance, de mon enfance
Pour me guérir de mon enfance, de mon enfance.

(Jean Ferrat)

Recueil: Des chansons pour le dire Une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (Baptiste Vignol)
Editions: La Mascara TOURNON

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L’hiver est comme une orange ouverte (Denise Jallais)

Posted by arbrealettres sur 9 avril 2023



Illustration: Dennis Wojtkiewicz
    
L’hiver est comme une orange ouverte
Et je suis assise au fond de l’hiver
A manger des pépins
Toi, tu lis le journal
Et son ombre sur le mur
Est comme une feuille de yucca
Dans un jardin

(Denise Jallais)

Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Traduction:
Editions: Marabout

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NOTÉ UNE NUIT D’AVRIL (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023




    
NOTÉ UNE NUIT D’AVRIL

Qu’il y ait des couleurs, c’est étrange :
Blanc, jaune, bleu, vert, rouge, orange !

Etrange qu’il y ait des sons :
Cors, sopranos, hautbois, bassons !

Qu’il y ait une langue encore :
Vocables, vers, rimes, cadence,
Inflexion délicate ou sonore,
Syntaxe qui marche ou qui danse !

Qui se plaît à ces jeux,
Dans leur charme se baigne,
Pour lui le monde rit, joyeux,
Fleurit et lui enseigne
Son coeur, son sens mystérieux.

Ce que tu aimas, voulus,
Que tu rêvas ou vécus
Pour toi garde existence.
Fut-ce heure bonne ou mauvaise ?
Sol dièse ou la bémol, mi bémol ou ré dièse,
Fait-on la différence ?

***

NACHTS IM APRIL NOTIERT

O daß es Farben gibt :
Blau, Gelb, Weiß, Rot und Grün !

O daß es Töne gibt :
Sopran, Baß, Horn, Oboe !

O daß es Sprache gibt :
Vokabeln, Verse, Reime,
Zärtlichkeiten des Anklangs,
Marsch und Tänze der Syntax !

Wer ihre Spiele spielte,
Wer ihre Zauber schmeckte,
Ihm blüht die Welt,
Ihm lacht sie und weist ihm
Ihr Herz, ihren Sinn.

Was du liebtest und erstrebtest,
Was du träumtest und erlebtest,
Ist dir noch gewiß.
Ob es Wonne oder Leid war ?
Gis und As, Es oder Dis —
Sind dem Ohr sie unterscheidbar ?

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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La saison des herbes (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 21 mars 2023



La saison des herbes

L’air est libre

Les chemins sentent l’orange
Le soleil s’allonge en robes de safran

C’est la saison du rire et des herbes

O mon amour aux cent patiences
Ce soir est une première fois.

(Andrée Chedid)

 

 

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Verbe (Patrick Bertrand)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2023



Illustration: Serge Ceccarelli
    
Verbe

Chat touille
Ses petits rires
Dans un grand sac
De bonne humeur.
Chat cale
Sur son problème
De grain de sable
Dans le désert.
Chat pèle
Son orange,
Un sucre d’orge
Du Seigneur.
Chat leurre
Le soleil,
Chat est le prince
De la nuit.

(Patrick Bertrand)

 

Recueil: Silence la queue du chat balance
Traduction:
Editions: Actes Sud

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